M. MARCHI - ALLOCUTION À L'OCCASION DU DÎNER D'HONNEUR ANNUEL DEL'ASSOCIATION DES UNIVERSITÉS ET COLLÈGES DU CANADA - OTTAWA (ONTARIO)
Sous embargo
jusqu'à 20 h 30
98/15 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU DÎNER D'HONNEUR ANNUEL DE
L'ASSOCIATION DES UNIVERSITÉS ET COLLÈGES DU CANADA
OTTAWA (Ontario)
Le 10 mars 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
C'est pour moi un réel privilège que de me trouver parmi vous ce soir et de
contribuer à la célébration des réalisations remarquables des lauréats de l'AUCC
[Association des universités et collèges du Canada] pour cette année.
Vous me permettrez, de plus, de féliciter personnellement toutes les universités
que nous honorons ce soir. Vous me pardonnerez de faire état en particulier de
l'université York, mon alma mater!
Je souhaiterais également remercier la banque Scotia -- qui a donné naissance à la
présente fête -- de parrainer la manifestation qui nous réunit. Compte tenu de
toutes les fusions auxquelles nous assistons dans le secteur bancaire, je
craignais que la banque Scotia ne fusionne avec la société McDonald's et que nous
ne mangions tous des Big Macs ce soir!
Heureusement, mes craintes ne se sont pas concrétisées et nous avons tous pu
déguster un excellent repas!
Pendant que je me préparais pour la présente soirée, quelqu'un m'a rappelé une
blague qu'on raconte au sujet de Ronald Reagan, à l'époque où il était gouverneur
de la Californie. Des étudiants contestataires avaient encerclé sa limousine et
bon nombre d'entre eux brandissaient des affiches où était inscrit le slogan :
« L'avenir, c'est nous ».
M. Reagan a griffonné sa réponse et l'a présentée sur la vitre de la voiture. Elle
était libellée comme suit : « Je vais vendre mes obligations. »
Dieu merci, les lauréats des prix de ce soir n'ont pas adopté le même type
d'attitude avec leurs étudiants! Ils ont choisi d'investir non pas dans des
obligations, mais dans le marché à terme, le marché de l'avenir : l'avenir de
leurs étudiants et le leur, aussi.
D'ailleurs, si toutes les universités auxquelles nous rendons hommage ce soir ont
un point en commun, c'est bien leur volonté de préparer lucidement l'avenir et de
prévoir les exigences qui en découleront pour leurs étudiants et pour notre
économie.
Chacune d'elles a reconnu que les nouvelles réalités d'une économie mondiale
appellent une nouvelle façon de concevoir l'éducation et la place du Canada dans
le monde.
Dans notre récent budget, un budget qui marque une percée pour le secteur de
l'éducation, notre gouvernement a très clairement identifié ceux qui, à son avis,
devraient être les premiers bénéficiaires des dividendes budgétaires : les
étudiants.
Au moyen de la Stratégie pour l'égalité des chances, nous avons affecté
2,5 milliards de dollars à une Fondation canadienne d'études du millénaire, dont
bénéficieront chaque année 100 000 étudiants à temps complet et à mi-temps, et ce,
pendant 10 ans. De plus, le ministre des Finances a indiqué qu'une partie de cette
Fondation sera consacrée expressément à l'éducation internationale.
Le gouvernement a également proposé dans le budget des mesures importantes visant
à aider les étudiants à gérer le fardeau de leur endettement et à rendre
l'éducation davantage accessible.
Ces initiatives, ainsi que d'autres dispositions de la Stratégie canadienne pour
l'égalité des chances, constituent un important investissement dans nos jeunes et
dans notre avenir.
Comme vous le savez, on peut relever deux aspects de l'internationalisation de
l'éducation : le premier tient à la nécessité d'une vision globale du monde chez
les étudiants que nous formons et le deuxième concerne les possibilités qui se
présentent au Canada de participer à la prestation de services d'éducation à un
ensemble de plus en plus international d'étudiants.
Permettez-moi de commenter brièvement chacun de ces deux aspects.
Dans l'économie d'aujourd'hui, nous avons besoin de diplômés qui considèrent que
la communauté mondiale constitue leur marché et qui disposent des compétences leur
permettant de tirer parti des débouchés qu'elle nous offre.
De plus, il nous faut bien comprendre que les changements auxquels nous avons
assisté ces dernières années marquent simplement un début : aujourd'hui, nous nous
trouvons en effet au seuil d'une nouvelle ère exaltante.
La mondialisation et la libéralisation des échanges commerciaux font s'écrouler
les barrières qui nous séparaient autrefois et créent une communauté d'intérêts
qui nous unit. Des murs s'effondrent, des marchés s'ouvrent et les possibilités
qui se présentent aux entreprises sur la scène internationale sont tout à fait
inouïes.
Le village planétaire entrevu par Marshall McLuhan s'est concrétisé. Le réseau
Internet a acquis le statut de lieu de rencontre de la collectivité, où on échange
des informations et où on tient des débats. En outre, notre village s'enorgueillit
de comporter un marché où chacun de nous peut présenter ses biens et offrir ses
services.
Il s'agit d'un milieu qui ne subit pas les effets de l'éloignement, qui n'est pas
limité par la technologie et qui ne tient pas compte du pays d'origine des biens
et services. Les entreprises -- et les pays -- qui comprennent ces nouvelles
réalités en récolteront les avantages.
Il importe également que nous voyions dans notre système d'éducation une ressource
précieuse, non seulement pour nos jeunes à nous, mais une réalité très valorisée
dans le monde entier.
Dans le monde d'aujourd'hui, l'éducation est un produit qui s'exporte. Nous devons
commencer à y réfléchir et à commercialiser ce produit dans cette optique.
À l'occasion de mes déplacements, je constate à quel point les diplômés et les
établissements d'éducation de notre pays bénéficient d'un grand prestige dans le
monde entier. Ce n'est pas par hasard que, chaque année, les sociétés de type
Microsoft de notre monde se déplacent vers le Nord pour y faire du recrutement
dans nos universités : elles savent que notre système d'éducation figure parmi les
meilleurs du monde.
De plus, d'un bout à l'autre du monde, nous trouvons des dirigeants des secteurs
public et privé qui ont été façonnés par l'enseignement qu'ils ont reçu chez nous,
au Canada.
Dans un monde où les pays sont de plus en plus tributaires les uns des autres, il
n'est pas vraiment nécessaire que j'attire votre attention sur le caractère
précieux de ces réseaux! Ni sur les possibilités qu'ils nous offrent, en notre
qualité de Canadiennes et de Canadiens, d'exercer une influence sur la prochaine
génération de dirigeants étrangers, sur les plans à la fois des politiques et de
l'activité commerciale.
Cette problématique comporte aussi un élément économique véritablement indéniable.
Contribuer à l'éducation du monde, c'est une activité commerciale rentable, une
très importante activité commerciale. En 1994-1995, les étudiants étrangers ont
fait un apport de 2,3 milliards de dollars à notre économie. Cela équivaut à
21 000 emplois!
Voilà pourquoi le secteur de l'éducation a pris une telle importance dans les
missions commerciales d'Équipe Canada. D'ailleurs, dans le cadre de notre plus
récente mission, qui nous a conduits en Amérique latine, l'éducation se classait
au troisième rang des secteurs représentés; la délégation d'Équipe Canada
comportait 56 participants provenant de ce secteur, dont sept recteurs
d'universités.
Au fur et à mesure qu'une part croissante du monde commence à s'intéresser à
l'éducation et en perçoit l'importance dans une économie du savoir, le Canada est
bien placé pour engranger des bénéfices en répondant au besoin de compétences de
haut niveau.
Je crois qu'il n'est guère nécessaire que je rappelle devant le présent auditoire
qu'à une période de diminution des inscriptions d'étudiants canadiens et de baisse
des budgets des universités, il nous faut trouver de nouvelles sources de
recettes.
L'an dernier, on a recensé environ 95 000 étudiants étrangers au Canada -- nombre
que nous pouvons et devons accroître au cours des prochaines années.
Nous recourons à divers moyens pour y arriver. Permettez-moi d'en mentionner deux,
brièvement.
Le Réseau mondial d'information sur les exportations (Exportations WIN) constitue
une énorme base de données qui établit des corrélations entre des entreprises
canadiennes et des débouchés à l'étranger. On s'en sert maintenant pour mettre nos
fournisseurs de services éducatifs au courant de l'existence de marchés éventuels
dans le monde entier.
Nous avons également mis sur pied un certain nombre de Centres de
commercialisation de l'éducation au Canada, désignés par le sigle CEC, par
l'intermédiaire de nos diverses missions dans le monde. Ces centres visent à
inciter les étudiants de ces pays à venir poursuivre leur formation au Canada.
En plus de recruter des étudiants à l'étranger, les CEC contribuent à la
conclusion de contrats de formation avec des gouvernements et des entreprises, et
à la mise en place de nouveaux liens entre les établissements d'enseignement du
Canada et leurs interlocuteurs dans les divers pays.
Il existe actuellement 14 de ces CEC et nous espérons en faire passer le nombre
à 25 d'ici l'an 2000. Nous avons inauguré quatre CEC en Amérique latine pendant
notre récente mission commerciale.
Nous nous employons également à accélérer le processus de délivrance de visas
d'étudiants. Nous ne voulons pas perdre des étudiants qui, sur le plan éducatif,
ont d'abord choisi le Canada au bénéfice d'autres pays qui les auraient accueillis
plus rapidement et de manière plus sûre.
Dans la nouvelle économie d'aujourd'hui, nous avons besoin d'un plus grand nombre
de jeunes qui possèdent une vaste connaissance de la culture mondiale et de
l'activité commerciale à l'étranger. Il importe qu'ils étudient au Canada, qu'ils
y travaillent et qu'ils travaillent également dans les pays avec lesquels nous
avons des échanges commerciaux.
Dans le contexte de la poursuite de ces objectifs, le Ministère est déterminé à
oeuvrer dans un esprit de partenariat avec les milieux de l'éducation, tout comme
l'AUCC, l'ACCC [Association des collèges communautaires du Canada] et le BCEI
[Bureau canadien de l'éducation internationale] ont conjugué leurs efforts avec
ceux de certains établissements, provinces et commissions scolaires. Nous
n'arriverons jamais à une efficacité maximale si nous agissons isolément.
En fait, dans le but de mieux coordonner, et commercialiser, notre action sur le
plan de l'internationalisation de l'éducation, j'ai organisé une table ronde, qui
se déroulera à l'Université York le 8 mai; cette table ronde réunira des parties
intéressées provenant de tous les horizons des milieux de l'éducation, y compris
des gouvernements provinciaux.
Vous savez, on a dit que la victoire dans cette course ne reviendra pas uniquement
à ceux qui interviennent avec célérité, mais aussi à ceux qui voient les choses à
long terme, à ceux qui prévoient les changements et s'y adaptent. Chacun des
lauréats de ce soir prévoit les changements et s'y adapte.
Grâce aux efforts que vous avez déployés pour étendre votre champ d'action à
l'étranger, vous avez contribué à positionner vos étudiants -- et le Canada -- de
manière à bien soutenir la concurrence au sein de la nouvelle économie mondiale
et, en bout de ligne, à remporter la course.
C'est pourquoi je félicite et je remercie tous les lauréats.