M. MARCHI - ALLOCUTION À LA QUATRIÈME RÉUNIONDES MINISTRES DU COMMERCEDE L'HÉMISPHÈRE OCCIDENTAL - SAN JOSÉ, COSTA RICA
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ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA QUATRIÈME RÉUNION
DES MINISTRES DU COMMERCE
DE L'HÉMISPHÈRE OCCIDENTAL
SAN JOSÉ, Costa Rica
Le 19 mars 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
La réunion d'aujourd'hui revêt un caractère historique : on nous demande de donner
forme à la vision du Sommet de Miami, à savoir bâtir une communauté des Amériques
qui soit vraie, variée et dynamique. Or, l'un des éléments importants de cette
vision, pour ne pas dire son fondement, réside dans une entente qui étendrait à
tout l'hémisphère les bienfaits du libre-échange.
C'est une vision d'une très grande envergure. Pour qu'elle devienne réalité, il
faudra du courage; il nous faudra aussi penser différemment et nous défaire de nos
vieilles idées préconçues. Pour réussir, nous devrons agir, sinon en citoyens de
la planète, du moins en citoyens de l'hémisphère.
Le Canada est déterminé à couronner cette entreprise de succès, parce que nous
croyons qu'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) sera une bonne chose
pour le Canada et aussi pour l'hémisphère. Nous croyons que c'est sur cette base
que les pays de la région continueront de bâtir des économies solides et
dynamiques et de créer des emplois pour tous leurs citoyens.
Le Canada a toujours été un pays des Amériques, mais ce n'est que dernièrement
qu'il a fait de cette région une priorité au chapitre de l'expansion du commerce
et des investissements. Effectivement, ces dernières années, le commerce et
l'investissement ont augmenté en flèche. Les entreprises canadiennes, fortes du
succès remporté sur les marchés de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), regardent maintenant plus au sud. Une nouvelle relation commerciale
dynamique se développe entre le Canada et les pays d'Amérique latine et des
Antilles.
Nous avons approfondi nos rapports avec nos partenaires de l'ALENA et mis en œuvre
un accord de libre-échange avec le Chili. Nous avons intensifié notre dialogue
avec le Mercosur et continué de chercher à conclure un Accord de coopération en
matière de commerce et d'investissement avec ce groupe de pays. Nous négocions
aussi en ce moment des accords bilatéraux de protection des investissements avec
plusieurs pays d'Amérique latine. Encore hier, le Canada a signé un Accord de
promotion et de protection de l'investissement étranger avec le Costa Rica, et un
Mémoire d'entente sur le commerce et l'investissement avec le Marché commun des
pays d'Amérique centrale et des Antilles.
Lors de la dernière mission commerciale d'Équipe Canada, la plus imposante aussi,
qui a été effectuée en janvier en Amérique latine, les entreprises canadiennes et
leurs partenaires ont signé 306 ententes, soit plus que pendant toute autre
mission d'Équipe Canada avant. Il s'agissait dans bien des cas d'entreprises
relativement petites et nouvelles dans la région. Équipe Canada 98 est la preuve
qu'il existe au Canada un nouveau « code de conduite » prédisposant à faire du
commerce, à prendre des risques et à aller sonder de nouveaux marchés fort
intéressants.
Le Canada croit en lui-même et dans la région. C'est pourquoi nous sommes
déterminés à préserver le momentum créé par cette réunion et par le prochain
Sommet de Santiago.
Nous avons quatre objectifs immédiats en ce qui a trait à la ZLEA.
1. Nous devrions lancer les négociations le mois prochain à Santiago.
2. Les négociations détaillées et complètes devraient commencer rapidement --
d'ici juin. Nous devons mettre toutes nos cartes sur la table et faire démarrer
les choses sans tarder.
3. Les craintes des petites économies devraient être écoutées. Le Canada, qui a
signé un accord avec un partenaire dix fois plus gros que lui il y a dix ans, est
sensible aux préoccupations de ces économies. Un exercice de cette ampleur
nécessitera, dans le cas des petites économies, un traitement spécial à l'étape de
la mise en œuvre dans certains secteurs et certaines disciplines.
4. Les négociations devraient tendre vers un régime transparent et réglementé,
doté d'un processus de règlement des différends rendant tous les partenaires
égaux.
Nous avons aussi à régler dans l'immédiat quatre difficultés pour que les travaux
sur la ZLEA continuent de progresser.
1. Le défaut d'obtenir la procédure accélérée aux États-Unis amènera certes
quelques pays à réfléchir, mais ce sera loin d'être le coup fatal comme certains
le laissent entendre. Après tout, pourquoi toute la région s'engagerait-elle dans
des travaux de plus en plus complexes et difficiles sur la ZLEA si le rôle des
États-Unis est incertain? Il faut bien se rappeler que la ZLEA est une négociation
multilatérale qui prendra jusqu'à sept ans à conclure. Nous avons fait face à la
même situation en 1986 lorsque nous avons entrepris l'Uruguay Round. Par ailleurs,
les milieux d'affaires américains appuient vigoureusement la ZLEA. Nous ne pouvons
pas permettre au scepticisme de se transformer en paralysie. Nous devons foncer,
sinon nous risquons de perdre notre élan. Tout comme nous ne pouvons pas avoir
peur du moindre soubresaut sur les marchés mondiaux, nous ne pouvons pas laisser
la peur de la procédure accélérée devenir une phobie.
2. Il faut aussi comprendre que nous nous engageons dans une arène publique
beaucoup plus ouverte. Ce point est important : si nous voulons que nos
populations appuient la ZLEA, il faut les engager dans le processus. Au Canada, de
nombreux groupes de la société civile ont été consultés sur ce qu'ils attendent de
la ZLEA. Nous devons tous maintenant faire participer nos citoyens d'une manière
ouverte et directe et cet exercice devrait faire partie intégrante du processus de
la ZLEA. Nous devons leur expliquer les avantages de la libéralisation du commerce
et nous assurer de leur appui pour bâtir une ZLEA qui reflète bien l'esprit de
Miami -- une entente qui profitera à tous nos citoyens et qui traduira les critères
les plus élevés. Je suis convaincu que les citoyens de la région continueront
d'accepter cette vision d'un commerce plus libre comme ils ont su faire bon
accueil à la démocratie et à un changement social positif.
3. Nous devons parvenir à des conclusions fermes sur la structure même des
négociations, sur des questions comme le lieu des négociations et leur présidence
au cours des 18 prochains mois. Le Canada croit qu'il est ambitieux mais non
irréalisable de chercher à conclure les négociations d'ici 2005. Il préconise la
tenue de réunions régulières des ministres pour les superviser et donner l'élan
politique voulu pour les mener à bien. Nous devrions aussi décider aujourd'hui de
tenir une autre réunion en 2001.
4. La dernière difficulté sera de garder les leaders engagés après Santiago.
L'orientation et le momentum qu'ils pourront apporter revêtent une importance
critique pour le succès de notre projet. Il est par conséquent impératif de nous
engager à réaliser des progrès concrets d'ici l'an 2000.
Le Canada a pris un engagement envers l'hémisphère, envers son avenir. Nous
faisons un investissement à long terme dans cette région, dans notre région. Sans
une action rapide et décisive, cependant, la communauté des Amériques que nous
essayons si fort de bâtir demeurera plus un concept intéressant -- pour ne pas dire
une chimère -- qu'une vraie communauté des nations, dynamique et interdépendante.
Prenons la résolution que la réunion d'aujourd'hui, puis celle du Sommet,
donneront naissance à quelque chose de nouveau et de passionnant -- une nouvelle
communauté pour le Nouveau Monde.