M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LE NEW ENGLAND-CANADA BUSINESS COUNCIL« DÉVELOPPER LES PARTENARIATSDANS LA RÉGION DE L'ATLANTIQUE » - BOSTON, MASSACHUSETTS
98/53 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE NEW ENGLAND-CANADA BUSINESS COUNCIL
« DÉVELOPPER LES PARTENARIATS
DANS LA RÉGION DE L'ATLANTIQUE »
BOSTON, Massachusetts
Le 11 septembre 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis très honoré de me trouver ici aujourd'hui, non seulement parce que la
ville de Boston et le Massachusetts se sont distingués dans l'histoire de votre
pays, mais aussi parce que j'ai le plaisir indéniable d'être le premier ministre
canadien du Commerce international d'origine italienne à séjourner dans votre
ville durant le mandat du maire Menino.
Hier, j'ai eu le privilège de prendre la parole devant un auditoire semblable de
gens d'affaires à Halifax, et j'ai parlé des liens étroits qui ont toujours existé
entre les États de la Nouvelle-Angleterre et les provinces atlantiques.
Il est particulièrement approprié que je sois venu directement de Halifax à
Boston, parce que ces deux villes entretiennent une relation spéciale remontant à
l'explosion qui dévasta le port de Halifax en 1917. Les habitants de Boston
offrirent alors rapidement leur aide et, pour exprimer sa reconnaissance, la
Nouvelle-Écosse envoie encore un arbre de Noël pour le rituel de l'éclairage des
arbres de Noël qui se déroule chaque année ici à Boston.
Le fait est que les habitants de la Nouvelle-Angleterre et les Canadiens de
l'Atlantique ont des relations très spéciales depuis fort longtemps. Nous nous
connaissons, nous nous comprenons et, même si vous persistez à jouer au football à
quatre essais sur un terrain court, nous nous aimons bien.
Il n'est donc pas surprenant que ces liens d'amitié aient donné lieu à
d'importants liens commerciaux.
Les échanges bilatéraux entre la Nouvelle-Angleterre et le Canada atlantique ont
atteint un total de près de 4 milliards de dollars l'an dernier. Les liens entre
le Massachusetts et le Nouveau-Brunswick ont dépassé à eux seuls les 800 millions
de dollars.
On observe aussi d'importants mouvements de capitaux d'investissement entre les
deux régions, car 75 sociétés affiliées à des entreprises canadiennes sont
actuellement actives en Nouvelle-Angleterre et 95 de vos compagnies font des
affaires au Canada atlantique.
Tout cela se passe dans le contexte d'une relation florissante entre nos deux
pays. Les échanges commerciaux bilatéraux entre le Canada et les États-Unis ont
doublé depuis 1989, l'année où nous avons signé l'Accord de libre-échange,
prédécesseur de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain]. Et nous sommes
de loin le premier partenaire commercial l'un de l'autre : près de 1 milliard de
dollars de produits franchissent notre frontière commune chaque jour.
En fait, vous commercez deux fois plus avec nous qu'avec le Japon, et le volume de
nos échanges augmente chaque jour. Cette année encore, les exportations des États-Unis vers le Canada sont de 10 p. 100 supérieures à celles de l'an dernier.
Les relations entre les États-Unis et le Canada sont remarquables et
exceptionnelles parce que nous réussissons en général à les isoler des
fluctuations dues à l'instabilité que connaît le reste du monde.
Il est certain que les événements récents d'Asie et de Russie nous rappellent une
fois de plus quelle chance nous avons d'être partenaires.
Mais, comme dans toute relation étroite, il y a toujours le risque que notre
familiarité engendre la suffisance, que notre proximité émousse notre
appréciation, que notre succès passé éclipse le potentiel que renferme l'avenir.
Et quel potentiel! Car nous ne faisons qu'effleurer la surface de ce que
pourraient être nos échanges commerciaux et financiers. Et c'est particulièrement
vrai ici, sur le littoral oriental.
Quant à nous, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada, nous avons mis
en place un certain nombre d'initiatives pour encourager les entreprises du Canada
atlantique à exporter chez leurs plus proches voisins et meilleurs clients.
Par exemple, nous avons introduit un programme intitulé « Nouveaux exportateurs
aux États frontaliers », qui organise des missions aux États-Unis pour nos petites
et moyennes entreprises [PME]. L'an dernier, 73 sociétés ont participé à des
activités ici à Boston.
Il y a aussi les missions commerciales provinciales, qui encouragent les liens et
facilitent les échanges de capitaux avec des partenaires américains. L'automne
dernier, le programme « Partnerships » a réuni à Moncton, au Nouveau-Brunswick,
plus de 400 compagnies et organismes désireux de former des coentreprises et
d'explorer les possibilités d'investissement.
Et bien sûr, notre consulat ici à Boston, dirigé par mon excellente amie et ex-collègue parlementaire, Mme Mary Clancy, s'emploie sans relâche à présenter des
gens d'affaires canadiens à des partenaires éventuels ici aux États-Unis et à
jouer les entremetteurs pour les entreprises de Nouvelle-Angleterre qui cherchent
des débouchés au Canada atlantique.
Nous sommes donc déterminés à bâtir des liens à long terme encore plus étroits
avec nos amis et partenaires de la Nouvelle-Angleterre.
Nous voulons que vous sachiez que le Canada est un excellent endroit pour faire
des affaires : la qualité de la vie y est excellente, nos travailleurs sont
hautement qualifiés, notre économie est vigoureuse et nos budgets sont équilibrés.
Permettez-moi de suggérer rapidement cinq moyens d'exploiter les bases que nous
avons déjà créées.
Premièrement, je crois qu'il faut miser sur la force de notre population active.
Personne, dans cette salle, n'a besoin de se faire dire que la Nouvelle-Angleterre, et Boston en particulier, possède plusieurs universités de calibre
mondial. De notre côté, nous devons déployer beaucoup plus d'efforts pour vendre
les établissements canadiens. Notre argument de vente, comme vous le savez
probablement, c'est « l'excellence à prix abordable ».
Le fait que nous puissions offrir ce genre de choix aux étudiants américains
profite aux économies des deux côtés de la frontière parce qu'il améliore les
qualifications et le niveau de scolarité de la région tout entière, qui devient
ainsi plus attrayante pour les investissements extérieurs générateurs de nouvelle
richesse.
Prenez Halifax, par exemple. Une étude du groupe de consultants KPMG a conclu
récemment que cette ville avait la plus grande réserve de travailleurs qualifiés
en Amérique du Nord. Cela signifie que si une entreprise de Nouvelle-Angleterre
veut mettre sur pied un nouvel établissement de R-D [recherche-développement] sur
la côte Est, elle a intérêt à envisager sérieusement de l'implanter à Halifax.
Cela veut aussi dire qu'une entreprise informatique de Boston à la recherche de
nouveaux employés dans un des marchés de la main-d'oeuvre les plus « serrés » du
pays, elle n'a pas à chercher très loin.
Deuxièmement, nous devons faire savoir que le Canada -- et le Canada atlantique
plus spécialement -- n'est pas simplement une économie axée sur les ressources
naturelles. Nous avons développé les technologies les plus perfectionnées au monde
dans les domaines des télécommunications, de l'exploitation minière, de
l'environnement et de l'informatique -- et nous avons peut-être justement les
solutions que vous cherchez. C'est certainement le cas pour l'un des secteurs les
plus dynamiques de la région : les technologies de l'information. Il y a quelques
mois, le consulat de Boston a réuni de hauts représentants des milieux de
l'informatique du Canada atlantique et de la Nouvelle-Angleterre, et formé un
conseil consultatif. J'ai le plaisir d'annoncer que, durant sa courte vie, ce
conseil a déjà acquis un statut qui n'est plus seulement « consultatif ».
Une coentreprise majeure de deux des membres du conseil, la Learning Company de
Cambridge et MT&T, une société des Maritimes, est déjà réalité. Dans une belle
manifestation d'ingéniosité, la Learning Company louera des logiciels éducatifs
multimédias à des enfants et à leurs parents en Nouvelle-Écosse par la voie d'une
connexion Internet de MT&T. Cela ne signifie pas seulement plus d'emplois et un
meilleur service des deux côtés de la frontière, mais cela veut dire aussi que la
combinaison des atouts de la région a généré un nouveau produit et une nouvelle
idée.
Il s'agit maintenant d'étendre ce genre de réflexion créatrice à d'autres
secteurs, comme les services financiers et la biotechnologie, où elle peut
produire les mêmes avantages réciproques.
Il faut aussi appliquer la réflexion créatrice à mon troisième point, qui est la
nécessité de mieux utiliser nos systèmes de transport existants. Il y a environ un
mois, la région a eu un avant-goût de l'avenir lorsque le plus grand cargo du
monde, le Regina Maersk, est entré dans le port de Halifax. Ce navire énorme --
dont la longueur dépasse largement celle de trois terrains de football -- n'a fait
qu'un petit nombre d'escales durant sa récente visite en Amérique du Nord.
Pourquoi? Parce que seuls quelques ports de la côte Est sont assez grands pour
l'accueillir. Et, comme vous le savez sans doute, les cargos grossissent partout
dans le monde.
Si Halifax a le seul port assez grand et assez développé de la région pour
accueillir ce genre de navire, c'est la taille du marché de la Nouvelle-Angleterre
qui rend ce port attrayant pour les sociétés de transport maritime. Le Regina
Maersk, c'est l'avenir de la navigation maritime. Si nous sommes séparés en deux
régions, nous ne pouvons pas tirer pleinement parti des économies énormes que ces
grands navires nous offriront. Ensemble, nous le pouvons.
Et quand je parle de repenser les liens de transport, je ne pense pas seulement
aux marchandises, mais aussi au tourisme. Les nouvelles technologies compriment
les distances entre la Nouvelle-Angleterre et le Canada atlantique.
Le CAT, par exemple, est un service de traversier-catamaran à haute vitesse entre
Bar Harbor (Maine) et Yarmouth (Nouvelle-Écosse), qui effectue le trajet en moins
de trois heures. Non seulement le nord de la Nouvelle-Angleterre attire les
touristes des Maritimes et vice-versa, mais la région tout entière attire des
visiteurs du monde entier qui veulent profiter de tout de ce que le Nord-Est a à
offrir.
Quatrièmement, il faut réaliser le potentiel économique que renferme l'énergie
propre et peu coûteuse de l'île de Sable. Le projet de mise en valeur de l'énergie
au large de l'île de Sable est un excellent exemple d'une situation où l'on a
constaté un problème régional -- le coût élevé de l'énergie -- auquel on a apporté
une réponse stratégique.
Alors que la Nouvelle-Écosse a la chance de se trouver au-dessus d'une des plus
grandes sources inexploitées de gaz naturel du monde, la Nouvelle-Angleterre a le
marché et la demande énergétique grâce auxquels il est rentable de construire les
plates-formes de forage en mer et les pipelines nécessaires. Séparément, nous
n'avons rien résolu. Ensemble, nous avons lancé un projet de développement
économique qui durera plus d'une génération et nous avons aussi résolu une grande
partie de nos problèmes d'approvisionnement en énergie et de prix de l'énergie.
Cinquièmement, et en dernier lieu, il faut multiplier les partenariats entre la
Nouvelle-Écosse et le Canada atlantique. Ces initiatives sont peut-être les canaux
les plus productifs qui permettront à nos PME de nouer les liens dont elles ont
besoin pour donner à leurs affaires une dimension internationale.
Vous savez, Tip O'Neill disait que la politique est toujours locale. Il en va de
même pour le commerce. Ce n'est pas quelque chose qui se passe « ailleurs ». Le
commerce, ce sont des entreprises, grande et petites, qui créent des emplois pour
nos voisins, dans nos localités. Alors, il faut encourager nos PME à chercher à
l'étranger de nouveaux débouchés.
Dans tous ces dossiers -- éducation, haute technologie, transports, île de Sable et
partenariats transfrontières --, nous avons vu combien nous gagnons à travailler
ensemble plutôt qu'isolément.
En terminant, je tiens à vous remercier encore une fois de votre aimable
invitation. Le visiteur qui arrive dans votre ville magnifique ne peut qu'être
impressionné par la richesse de son histoire, par les lieux et les noms qui sont
gravés dans l'histoire des États-Unis : Paul Revere, le port de Boston, Beacon
Hill et, bien entendu, le vieux jardin de Boston.
Mais si vous avez les pieds bien campés dans le passé, vos yeux sont braqués sur
l'avenir.
Aujourd'hui, je vous invite à vous joindre à nous pour forger cet avenir -- un
avenir profitable aux habitants du Canada atlantique aussi bien qu'à ceux de la
Nouvelle-Angleterre; un avenir qui réunit notre histoire et nos espoirs et qui
empreint notre présent d'un sens renouvelé du but à atteindre.
Je suis persuadé que si nous agissons ainsi, l'avenir que nous construirons sera
plus brillant que nous ne pouvons l'imaginer.
Merci.