M. AXWORTHY - ALLOCUTION À LA PREMIÈRE RÉUNION MINISTÉRIELLEDU CONSEIL DE L'ARCTIQUE - IQALUIT (TERRITOIRES DU NORD-OUEST)
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À LA PREMIÈRE RÉUNION MINISTÉRIELLE
DU CONSEIL DE L'ARCTIQUE
IQALUIT (Territoires du Nord-Ouest)
Le 17 septembre 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à Iqaluit en tant qu'hôte avec
la ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Mme Jane Stewart, de cette
première réunion ministérielle du Conseil de l'Arctique.
Je suis particulièrement ravi de me trouver à Iqaluit, la capitale du nouveau
gouvernement du Nunavut. Plus tôt aujourd'hui, nous avons rencontré des
fonctionnaires nunavut et des leaders autochtones pour passer en revue les
événements qui ont conduit à la création du Nunavut et discuter des plans pour
l'avenir.
On peut palper l'anticipation et l'énergie dans cette région et cette communauté à
mesure qu'approche l'échéance du 1er avril, date à laquelle le nouveau gouvernement
entrera en fonctions. C'est donc dans un climat exceptionnel et tout à fait
approprié que nous nous réunissons. Le processus qui a conduit à la création du
Nunavut est en large partie attribuable à une dynamique nouvelle au Canada -- un
ensemble différent de circonstances et de besoins nationaux qui commandent un
renouvellement de la fédération canadienne. Le processus s'est appuyé sur une
coopération d'un nouveau genre, inclusive, impliquant différents paliers de
gouvernement et différents acteurs, de manière à assurer une issue positive et
représentative. Et il reflète un nouveau type d'arrangement politique, assorti
d'une structure institutionnelle unique adaptée à la situation locale pour
répondre le mieux possible aux besoins de la population de la région.
De nouveaux défis, de nouvelles institutions et de nouveaux partenariats. Je suis
frappé par les parallèles entre l'expérience du Nunavut et celle du Conseil de
l'Arctique. L'impulsion qui a conduit à la création du Conseil, le mécanisme que
nous avons mis en place subséquemment et le caractère novateur des partenariats
qu'on retrouve au Conseil se ressemblent en effet à bien des égards.
Il y a deux ans, nous avons donné le coup d'envoi au Conseil de l'Arctique parce
que nous étions conscients des défis uniques qui se posaient dans la région et
convaincus que, pour les relever avec succès, une approche différente et globale
s'imposait. Il s'agissait en grande partie de promouvoir le développement des
populations de la région tout en assurant l'intégrité de l'environnement arctique
et en protégeant les valeurs sociales et culturelles existantes. C'étaient des
enjeux qui, par leur essence même, avaient un impact direct sur la vie des
habitants de l'Arctique mais qui, comme ils faisaient fi des frontières, devaient
être gérés au moyen d'une nouvelle forme de coopération entre les États de
l'Arctique et leurs populations.
Les circonstances et les priorités nouvelles qui nous ont motivés à créer le
Conseil ont aussi commandé des institutions et des solutions novatrices. Je pense
que nous avons largement réussi à concevoir ce genre d'arrangement et à trouver
des solutions créatrices tout en préparant l'avenir. Nous avons accompli
énormément de choses en l'espace de deux ans.
Nous avons réussi à jeter les bases procédurales d'une organisation dynamique et
ouverte sur l'avenir. Je tiens d'ailleurs à exprimer ma reconnaissance à mes
collègues et à leur personnel pour avoir finalisé les règles de procédure et le
mandat du Conseil de l'Arctique pour le programme de développement durable.
Intensif, méticuleux et certes loin d'être sensationnel, ce travail n'en était pas
moins essentiel. C'est grâce à lui que le Conseil dispose aujourd'hui d'une base
administrative claire à partir de laquelle il peut fonctionner; et, maintenant
qu'il peut s'appuyer sur une telle base, je suis confiant que nous pouvons axer
son programme sur des initiatives innovatrices et adaptées aux besoins de la
région arctique et de ses habitants.
Parallèlement, nous avons progressé dans la recherche de solutions à nos
préoccupations fondamentales. La mission première du Conseil s'est poursuivie
grâce aux activités de nos groupes de travail -- donnant ainsi corps à nos efforts
et orientant notre action future :
Le Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique (PSEA) a terminé son
impressionnant Rapport sur l'état de l'environnement arctique et entrepris
d'élaborer les détails d'un plan de travail qui devrait établir des priorités et
servir de guide à des actions concrètes pour les cinq prochaines années.
Le Groupe de travail sur la conservation de la flore et de la faune
arctiques (CFFA) a produit une Stratégie de coopération pour la conservation de la
diversité biologique dans la région arctique dans laquelle sont esquissées des
idées et des propositions en vue de promouvoir la conservation et l'utilisation
durable des ressources renouvelables.
Le Groupe de travail sur la prévention des urgences, la protection civile et
l'intervention (PUPCI) a préparé un Plan d'action stratégique et produit un
important guide pratique pour les actions en cas de déversement de pétrole.
Le Groupe de travail sur la protection de l'environnement marin arctique (PEMA)
a finalisé le Programme d'action régional pour la protection du milieu marin
arctique contre les sources terrestres de pollution et il continue de suivre et de
surveiller d'autres accords et activités liés au transport maritime et aux
opérations extracôtières.
Voilà de solides réalisations susceptibles de favoriser une coopération permanente
à l'avenir. Nous devons maintenant canaliser nos énergies pour veiller à ce que
cet ambitieux programme débouche sur de réels progrès.
Le Groupe de travail sur le développement durable a montré comment le Conseil peut
se révéler un outil pratique nous permettant d'atteindre nos objectifs. Et jusqu'à
maintenant nous l'avons grandement utilisé. Les propositions présentées par des
États de l'Arctique et des participants permanents sont présentement à l'étude.
Les idées et les projets mis de l'avant -- des projets en télémédecine, en
écotourisme, des projets examinant les possibilités de gestion des poissons d'eau
douce -- reflètent le genre d'innovation et de créativité dont nous avons besoin
pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Je suis particulièrement heureux de noter que les enfants et les jeunes sont l'un
des volets sur lesquels nous avons décidé de concentrer notre attention. Nous
reconnaissons par là que les jeunes constituent une part importante de la
population de la région arctique et qu'il faut impérativement chercher à résoudre
les problèmes sociaux, environnementaux et économiques qui affectent leur
bien-être.
Nous ne pourrons répondre aux besoins des générations futures sans un
environnement social sain qui pourvoit aux besoins et au développement de nos
enfants. Une telle initiative peut montrer de façon immédiate et concrète aux
habitants de partout dans l'Arctique la valeur du Conseil.
Un des aspects les plus enrichissants de cette expérience arctique réside dans les
efforts que nous avons faits pour développer de nouveaux partenariats en vue de
résoudre des problèmes communs. En reconnaissant les défis à relever, nous avons
reconnu non seulement la nécessité de nouvelles institutions et solutions mais
aussi la nécessité d'un nouveau genre de coopération, fondée sur l'inclusion, où
tous -- et spécialement les habitants de l'Arctique -- peuvent participer
directement. À cet effet, nous accueillerons aujourd'hui au Conseil, à titre de
participant permanent, l'Aleut International Association, et de nouveaux
observateurs.
Il s'est développé un partenariat véritable dans le cadre duquel les États de
l'Arctique et les populations autochtones ont, ensemble, façonné une vision qui
permet d'harmoniser les programmes nationaux et d'encourager la diversité
culturelle. Ainsi, nous avons pu nous rapprocher substantiellement de notre
objectif premier, qui est de réaliser un développement équitable dans l'Arctique
tout en protégeant et en favorisant l'intégrité de son environnement.
En ce sens, le Conseil est un instrument de coopération unique. Les nouveaux
partenariats ne s'épanouissent jamais sans heurts -- les nouvelles approches sont
toujours sources de stress. Mais ce sont des maux nécessaires, si nous voulons
faire les choses correctement. Je suis convaincu que la clé du succès du Conseil
réside dans notre engagement permanent à renforcer ces liens de coopération
novateurs.
Nous avons réalisé de solides progrès au chapitre de nos préoccupations communes
dans l'Arctique, qu'il s'agisse de leur trouver des solutions créatrices ou encore
de forger de nouveaux partenariats. Mais nous devons aussi penser à l'avenir.
L'approche globale en matière de développement durable que nous entrevoyons
pourrait devenir un modèle qui tiendrait compte des priorités culturelles et
sociales des habitants de l'Arctique. Nous pouvons maintenant nous inspirer
d'autres initiatives internationales qui lient la protection de l'environnement,
le développement économique et les droits de la personne et contribuer à ces
initiatives. Ces questions convergent déjà toutes dans le Conseil de l'Arctique.
Nous savons qu'un grand nombre des problèmes que connaît l'Arctique, spécialement
en ce qui concerne l'environnement, ont leur origine ailleurs. C'est pourquoi nous
devrions examiner comment établir des liens avec d'autres instances et
institutions qui s'occupent de questions semblables. Nous devrions aussi examiner
soigneusement les types de coopération que nous pourrions développer avec la
communauté internationale dans son ensemble pour faciliter la recherche de
solutions aux problèmes dans l'Arctique.
Le Conseil est stratégiquement placé pour donner de la visibilité à ces problèmes
sur la scène internationale et faire la promotion de la région dans le contexte
mondial. Par exemple, la négociation récente du protocole sur les polluants
organiques rémanents a montré l'intérêt d'une perspective coordonnée en ce qui
concerne l'Arctique.
Depuis deux ans, nous avons cherché à traduire dans la pratique nos idées au sujet
du Conseil. Ces débuts, certes solides, n'en sont pas moins que des débuts. Pour
aller de l'avant, il faut non seulement agir mais aussi réfléchir. Pour le Canada,
l'expérience du Conseil a rendu d'autant plus nécessaire l'élaboration d'une
politique étrangère pour le Nord qui soit à la fois cohérente et bien articulée.
Et ce, pour que nous puissions avoir une approche intégrée du Nord, y compris du
Conseil de l'Arctique.
Plus tôt aujourd'hui, nous avons diffusé un document de consultation intitulé
« Vers une politique étrangère canadienne visant le Nord » dans lequel il est
proposé de donner un cadre global aux initiatives du Canada dans le Nord. Ce
document est le résultat d'un long processus de consultations nationales qui -- il
importe de le signaler -- ont mis à contribution les gens du Nord eux-mêmes. Les
idées avancées durant le Forum national sur les relations circumpolaires du Canada
se sont révélées tout particulièrement valables. En fait, c'est d'ici même, durant
les consultations d'Iqaluit, que sont venues les recommandations les plus
vigoureuses quant à la nécessité pour le Canada d'élaborer une politique étrangère
pour le Nord, et de le faire en consultation avec les habitants du Nord de sorte
que la politique soit efficace -- idée que nous avons tenté de refléter dans le
document.
À mon avis, ce document constitue une base solide sur laquelle s'appuyer. Mais il
reste un travail en gestation. Par définition, une approche intégrée suppose que
tous ceux qui ont un intérêt dans le processus participent à son élaboration. Au
cours des prochains mois, nous procéderons à de nouvelles consultations afin de
produire ce que nous espérons être une politique qui reflétera les valeurs, les
perspectives et les espoirs des Canadiens, et spécialement des gens du Nord -- une
politique qui aura pour objectif premier d'améliorer la santé, le bien-être social
et culturel et la situation des populations de l'Arctique.
Après deux ans, je pense que nous avons une meilleure idée du potentiel du Conseil
de l'Arctique; nous avons jeté les bases d'une organisation qui entend relever de
nouveaux défis de nouvelles façons. Mais le Conseil demeure un nouvel outil de
coopération qui, pour répondre à nos aspirations, exigera un engagement et une
créativité permanents. Le défi consiste maintenant à consolider nos réalisations,
à traduire nos plans en actions concrètes, tout en redoublant d'efforts pour
donner une vision cohérente à notre travail.
Je m'attends à une réunion productive. Nous pouvons maintenant tourner notre
attention vers la partie procédurale de la session d'ouverture, laquelle sera
suivie des déclarations des ministres, des participants permanents, des
observateurs et des présidents des groupes de travail du Conseil.
Merci.