M. MARCHI - ALLOCUTION AU SOMMET DE L'INDUSTRIE CANADIENNE DE L'ÉDUCATION - TORONTO (ONTARIO)
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
AU SOMMET DE L'INDUSTRIE CANADIENNE DE L'ÉDUCATION
TORONTO (Ontario)
Le 7 octobre 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Ceux d'entre vous qui travaillent directement dans le domaine de l'éducation ont
un grand avantage sur le reste d'entre nous -- l'interaction quotidienne avec les
étudiants les garde jeunes.
Je me suis récemment passé la réflexion après m'être rendu compte que les
étudiants qui entraient au collège ou à l'université cette année sont nés en 1980.
Cela signifie qu'il n'ont jamais acheté un disque en vinyle ou ne se sont jamais
amusés avec des jeux Atari. Il n'ont jamais vu de téléviseur à 13 canaux, n'ont
aucune idée de ce qu'on entend par « oreilles de lapin ». Et non seulement
l'identité de la personne qui a tiré sur J.R. les indiffère au plus haut point,
ils ne savent même pas qui est J.R.!
Pour eux, Kansas, Chicago, Boston, America et Alabama sont des endroits, pas des
groupes musicaux.
Mais si le vécu des étudiants d'aujourd'hui est très différent de celui que nous
avons connu, les occasions pour l'industrie de l'éducation le sont tout autant.
Même le terme -- industrie de l'éducation -- aurait été impensable il y a à peine
quelques années. Mais, en 1998, nous voyons effectivement l'éducation comme une
industrie et, aujourd'hui, vous avez examiné la gamme incroyable des occasions
qu'elle offre.
Et parce que l'éducation est une industrie, nous devons l'assujettir à la même
discipline et adopter à son égard les mêmes approches que pour nos industries plus
traditionnelles. Nous devons identifier nos « marchés », développer et promouvoir
nos « produits », les différencier de ceux de nos « concurrents » et élaborer des
« plans opérationnels » pour faire la synthèse de tous ces éléments.
En tant que ministre du Commerce international, j'estime qu'il nous incombe de
faire la promotion de notre industrie de l'éducation à l'étranger au même titre
que nous faisons la promotion de nos autres biens et services. Il nous incombe
d'ouvrir de nouveaux marchés et de veiller à ce que les règles soient claires et
équitables. Bref, nous avons tout autant l'obligation de représenter à l'étranger
les intérêts de l'industrie de l'éducation que ceux de tout autre industrie.
Je voudrais cet après-midi vous dire quelques mots des possibilités que je vois et
du soutien que nous fournissons.
Notre gouvernement a fait de l'éducation une de ses grandes priorités. Cet
engagement ressortait clairement de la plate-forme électorale de notre parti. Dans
le discours du trône, il a expressément été fait mention de l'objectif d'exporter
l'éducation canadienne. Et, bien sûr, l'éducation a été au coeur du budget de
février -- un budget-phare pour l'éducation -- dans le cadre duquel nous avons
annoncé la création d'une Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire
dotée de 2,5 milliards de dollars.
J'attache aussi, personnellement, une très grande priorité à l'éducation -- et
spécifiquement à l'internationalisation de l'éducation canadienne.
En mai dernier, j'ai convoqué à l'Université York une table ronde durant laquelle
des représentants des provinces, des ministères fédéraux compétents et de tous les
secteurs de la communauté de l'éducation ont échangé des idées et planifié des
stratégies.
J'ai aussi mis sur pied au sein du ministère des Affaires étrangères et du
Commerce international une unité spéciale qui a pour seul objectif d'aider les
Canadiens à vendre et à commercialiser leurs produits et services éducatifs à
l'étranger et à attirer des étudiants étrangers au Canada.
De plus, le Réseau mondial d'information sur les exportations (WIN Exports) de
notre ministère -- une énorme base de données qui apparie les entreprises
canadiennes et les occasions internationales -- relie maintenant nos fournisseurs
de produits et services d'éducation à des marchés potentiels partout dans le
monde.
Nous avons également établi des Centres canadiens d'éducation aux quatre coins du
monde pour sensibiliser les étudiants étrangers aux possibilités d'éducation au
Canada.
Et nous avons encouragé les établissements d'enseignement à se joindre à nous
durant les missions commerciales d'Équipe Canada. Nous avons été très heureux de
constater que les représentants du secteur de l'éducation formaient le deuxième
groupe en importance lors de notre dernier voyage, en Amérique latine. Durant
cette même mission, on a procédé à l'inauguration de quatre autres centres
d'éducation -- au Mexique, au Brésil, en Argentine et au Chili.
Pour faciliter le plus possible l'obtention d'informations sur ces programmes et
ces occasions, nous avons entièrement repensé notre site Internet sur la
commercialisation de l'éducation canadienne. Vous y trouverez maintenant réunie en
un seul endroit toute l'information dont vous pourriez avoir besoin au sujet des
programmes gouvernementaux, des renseignements sur les marchés ainsi que des
foires à venir.
D'ailleurs, comme les dix provinces et les deux territoires sont maintenant
raccordés au site, il s'agit d'une source d'information vraiment nationale.
C'est un excellent site et je vous encourage vivement à le visiter.
Grâce à toutes ces initiatives, le gouvernement cherche à appuyer vos efforts.
Votre succès nous tient à coeur. Et nous voulons que vous nous disiez comment nous
pouvons encore mieux vous aider.
Dans cette optique, je suis heureux d'annoncer aujourd'hui la création du Conseil
consultatif sur la commercialisation des services d'éducation, qui apportera une
contribution fort précieuse au processus et me fournira directement ainsi qu'à mes
fonctionnaires des avis sur notre stratégie d'exportation. Je suis également
heureux d'annoncer la nomination de M. Sheldon Levy, président de Sheridan
College, à titre de président du Conseil dont la première réunion devrait avoir
lieu en novembre.
Vous savez, un des attraits majeurs de mon travail tient à la possibilité qu'il me
donne de visiter des pays d'un bout à l'autre du monde. Et, que ce soit en
Angleterre ou en Indonésie, en Allemagne ou au Japon, j'ai pu voir la haute estime
dans laquelle les écoles et les diplômés canadiens sont tenus un peu partout.
Ce n'est pas par hasard que les Microsoft de ce monde viennent faire du
recrutement dans nos universités chaque année : ces entreprises savent que notre
système d'éducation est parmi les meilleurs au monde.
J'ai aussi rencontré une vaste gamme de dirigeants des secteurs public et privé,
venant d'endroits que vous pouvez à peine imaginer, qui ont dit avoir été touchés
par leur expérience éducative au Canada. À n'en pas douter, l'éducation canadienne
façonne les futurs leaders, elle influence la conjoncture mondiale et elle affine
l'image du Canada par le truchement de ce groupe spécial d'« ambassadeurs » de
l'éducation.
De plus, l'éducation est devenue une précieuse ressource économique. Ce n'est plus
seulement une bonne affaire, c'est aussi une grosse affaire! Vous connaissez les
chiffres : en 1997, les étudiants étrangers ont injecté 2,7 milliards de dollars
dans notre économie, ce qui équivaut à créer et à maintenir près de 30 000
emplois.
Et à mesure que la demande de travailleurs hautement qualifiés s'accroît -- que les
économies deviennent des économies du savoir -- la demande d'éducation de qualité
ne pourra que s'accroître de la même façon.
Comme vous le savez, l'internationalisation de l'éducation a vraiment deux
volets : la nécessité de préparer ses propres étudiants afin qu'ils soient
concurrentiels sur les marchés mondiaux et l'occasion qui s'offre au Canada de
participer à la prestation de services éducatifs à un nombre croissant d'étudiants
étrangers.
Dans les deux cas, il y a du travail et de l'argent à faire.
Au Canada, des établissement privés comme le Columbia International College, à
Hamilton, ont fait un travail exceptionnel pour attirer des étudiants étrangers.
Le programme d'animation du Sheridan College a connu un tel succès que le collège
a dû construire de nouvelles résidences pour accueillir les arrivages d'étudiants
de partout dans le monde.
La Saint Mary's University à Halifax a exploité le vaste potentiel du marché
brésilien et a su attirer au cours des trois dernières années près de 60
étudiants, dont 9 suivent actuellement son programme de MBA. Et l'université ne
fait que commencer à récolter les fruits de ses efforts au Brésil. Dans les années
à venir, divers projets innovateurs augmenteront ce nombre et bonifieront leur
bilan.
Ce ne sont pas des exemples isolés; ils représentent l'avant-garde d'un nouveau
mouvement puissant, et les compagnies qui emboîtent le pas, qui voient la valeur
de ce qu'ont à offrir au monde les établissements d'enseignement canadiens
récolteront des bénéfices et des profits au-delà de tout ce que nous avons vu
jusqu'ici.
J'ai constaté, comme ministre du Commerce international, à quel point de
nombreuses petites et moyennes entreprises peuvent connaître du succès
lorsqu'elles s'allient pour percer de nouveaux marchés. Je sais que les marchés
internationaux peuvent sembler trop distants, trop inaccessibles et trop coûteux
pour chercher à s'y aventurer seul. Mais quand on s'associe à un partenaire -- que
ce soit un partenaire canadien ou une entreprise locale -- il est possible de
réaliser des choses incroyables!
Regardez ce qui s'est produit quand le Loyalist College de Belleville a offert ses
services de formation personnalisée aux Émirats arabes unis. Il en est résulté un
nouveau partenariat entre le collège, la Défense civile de Dubai et la Toronto
Fire Academy -- une alliance pour le moins inattendue!
Mais ces trois partenaires se sont effectivement alliés pour développer un projet
pilote aux termes duquel 12 apprentis pompiers des Émirats sont venus au Canada
pour recevoir une formation en trois étapes.
D'abord, il ont suivi des cours de base comme l'anglais en tant que langue
seconde, les mathématiques, les sciences, la réanimation cardio-respiratoire et
les premiers soins au collège. Deuxièmement, il ont été formés comme pompiers et
ils ont reçu leur attestation de la National Fire Protection Association par
l'entremise de la Toronto Fire Academy. Troisièmement, ils ont fait un stage sur
le terrain pour y acquérir une expérience de première main.
La Défense civile de Dubai a dit que le programme dépassait ses attentes, et elle
cherche maintenant à établir de nouveaux partenariats avec le collège.
En d'autres mots, les occasions dans l'industrie de l'éducation ne sont limitées
que par votre imagination, et des réalisations spectaculaires sont possibles quand
nous pensons de façon innovatrice et que nous regardons à l'extérieur du pays.
Mais si les occasions sont formidables, elles ne sont pas éternelles. D'autres
nations ont vu ce potentiel et elles agissent de façon décidée pour réclamer leur
part -- et même plus que leur part -- du gâteau. L'Argentine, par exemple, procède à
la réorganisation de l'ensemble de son système d'enseignement, avec l'aide
financière de la Banque mondiale. C'est une entreprise dans laquelle le Canada
pourrait et devrait jouer un rôle beaucoup plus grand. Mais d'autres pays -- et
d'autres compagnies -- ont fait leur travail et prennent leur place.
Nous encourageons aussi les établissements d'enseignement à se doter de branches
commerciales -- comme l'a fait la Memorial University -- qui leur donnent accès à
des ressources gouvernementales offertes par des organismes comme la Société pour
l'expansion des exportations et le Programme de développement des marchés
d'exportation.
Nous sommes d'avis que ces institutions ont un bon produit à vendre et devraient
être admissibles à l'aide à l'exportation. En deux mots, il existe un monde au-delà de l'ACDI [Agence canadienne de développement international] -- un monde de
financement par les agences centrales -- que les établissements d'enseignement ne
devraient pas, à mon avis, ignorer.
Et vous ne devriez pas regarder seulement du côté du Canada comme source de
soutien financier. En 1995 seulement, la Banque mondiale a autorisé des projets
éducatifs d'une valeur de près de 3 milliards de dollars par l'entremise de ses
diverses institutions financières internationales.
L'Association des collèges communautaires du Canada [ACCC] a déjà puisé dans cette
immense source de financement. L'ACCC a obtenu de la Banque asiatique de
développement un contrat de 6,4 millions de dollars pour la prestation de services
de consultation dans le cadre du développement de l'enseignement technique au
Pakistan.
Elle a aussi décroché un autre contrat, près de 4 millions de dollars, de la
Banque asiatique de développement pour des services de consultation au Bangladesh.
Et de la Banque mondiale est venu un contrat de 0,75 de million de dollars pour
analyser des recommandations concernant la réforme de l'éducation au Maroc.
Les entreprises du secteur privé ont aussi constaté que ces institutions
financières internationales sont une merveilleuse source de financement. Par
exemple, Hickling, une firme de conseil-gestion, s'est associée à quatre
universités -- Guelph, McMaster, Waterloo et Western -- pour aller décrocher par
l'entremise de la Banque asiatique de développement des contrats totalisant plus
de 3 millions de dollars pour de l'aide technique éducationnelle en Asie du Sud-Est.
Et maintenant Hickling fait équipe avec des collèges techniques canadiens pour
gérer à la Barbade un projet de la Banque mondiale d'une valeur de près de 3
millions de dollars.
Ces compagnies et institutions -- et nombre d'autres d'organisations semblables --
ont déjà commencé à profiter des nouvelles occasions excitantes dans le domaine de
la commercialisation des services d'éducation. C'est maintenant à votre tour.
Comme nous l'avons vu, le potentiel est formidable. Il y du financement et
l'occasion est là. Ne l'ignorons pas.
Au début de mes propos, j'ai fait observé comment la vie des étudiants
d'aujourd'hui diffère de celle que nous avons connue. Je suis confiant que, dans
les années à venir, les progrès que nous ferons dans l'exportation des produits et
services éducatifs rendront les succès que nous avons enregistrés jusqu'ici aussi
embryonnaires que peuvent le sembler les vieux téléviseurs noir et blanc aux
jeunes d'aujourd'hui.
J'ai hâte d'être rendu au point où nous pourrons tous nous rappeler les « bons
vieux jours », quand les entreprises commençaient à peine à prendre conscience du
potentiel de l'industrie de l'éducation, quand nos pas étaient hésitants, nos
succès, modestes et nos horizons, limités.
Nous nous rappellerons de cette époque avec un sourire -- tout comme le font les
jeunes quand nous leur parlons de nos vieux huit pistes -- conscients du chemin que
nous avons parcouru et de ce que nous avons réalisé.
Je compte bien travailler avec vous à l'édification de cet avenir.
Merci. (15 h H.A.E.)