M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LACHAMBRE DE COMMERCE ITALIENNE DU MANITOBA - WINNIPEG (MANITOBA)
98/74 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LA
CHAMBRE DE COMMERCE ITALIENNE DU MANITOBA
WINNIPEG (Manitoba)
Le 30 octobre 1998
(22 h 15 H.N.E.)
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je remercie la Chambre de commerce italienne du Manitoba de m'avoir invité à ce grand lancement.
Cette nouvelle Chambre de commerce rappelle, entre autres, à ceux et celles d'entre nous qui sont d'origine
italienne que nous ne sommes pas à moitié mais doublement fidèles au Canada : c'est le meilleur des deux
mondes -- l'ancien et le nouveau -- et je sais que nous apprécions tous le riche héritage que nous avons reçu.
Tout comme nos ancêtres sont allés chercher une nouvelle vie par-delà l'Atlantique, nous devons aujourd'hui
chercher au-delà de nos frontières les occasions qui nous attendent. Non pas pour nous expatrier, comme ils
l'ont fait, mais pour investir. Non pas pour commencer une nouvelle vie, mais pour explorer de nouvelles
possibilités. Non pas pour émigrer, mais pour faire du commerce à titre de partenaires.
À mes yeux, la création de cette nouvelle Chambre de commerce signifie au moins trois choses :
Premièrement, il ne fait pas de doute que les Italo-Canadiens sont « en affaires ».
En pensant à cette nouvelle Chambre, je me suis rendu compte qu'elle était le symbole parfait des
changements qui sont survenus depuis que nos ancêtres sont arrivés de ce côté de l'océan.
Elle représente la nouvelle orientation donnée par une nouvelle génération d'entrepreneurs italo-canadiens, qui
aident à faire connaître le nouveau visage du Canada au reste du monde.
En fait, je pense que la création de cette Chambre en dit long sur la place qu'occupe aujourd'hui la
communauté italienne au pays.
Alors que, par le passé, nous fondions presque exclusivement des associations à vocation sociale, culturelle ou
régionale, qui sont nécessaires et précieuses pour notre communauté, aujourd'hui, nous établissons aussi de
solides entreprises commerciales vouées à la création d'avenues de développement économique.
Ainsi, nous achevons le cercle pour notre communauté; nous l'enrichissons et nous l'élargissons. La création
de cette Chambre témoigne également du leadership de notre génération, puisqu'elle permet de relever les
défis de notre temps, d'ouvrir des perspectives économiques pour nos enfants et de favoriser la prospérité de
notre pays.
Nous nous appuyons sur nos origines pour construire des ponts économiques avec les milieux d'affaires
canadiens et l'Italie, tout comme nos ancêtres entretenaient des liens solides avec leur famille et leurs amis. Le
commerce et la culture sont des valeurs complémentaires qui se trouvent réunies en parfaite harmonie dans la
famille des chambres de commerce italiennes du Canada, y compris, naturellement la nouvelle venue de
Winnipeg.
Et ce qui est vrai pour la communauté italienne l'est aussi pour notre société multiculturelle et multilingue, qui
nous confère un avantage concurrentiel énorme pour la conquête des autres marchés du monde.
Comme chacun sait, les Canadiens ont des attaches dans tous les coins de la planète, et très peu de pays
peuvent regarder le Canada sans y voir leur propre reflet.
Nous avons donc une longueur d'avance sur nos concurrents : en général, les gens font des affaires dans les
pays où ils se sentent à l'aise, dont ils parlent la langue et dont ils comprennent la culture.
La majorité des pays n'ont pas cet avantage. Or, s'il nous arrive souvent, à nous Canadiens, de critiquer la
valeur du multiculturalisme, je crois fermement que nous ignorons ce formidable atout à nos risques et périls sur
les plans national et international.
Deuxièmement, en célébrant la création de cette nouvelle Chambre de commerce, nous célébrons également
l'importance des liens qui unissent l'Italie et le Canada.
Et nulle part ailleurs ces liens n'ont paru aussi évidents que lors de la mission commerciale en Italie qu'a dirigée
le premier ministre, en mai dernier.
L'intérêt manifesté envers l'Italie a été formidable et nous sommes partis remplis d'espoir et d'enthousiasme.
Nous n'avons pas été déçus.
Au cours de la mission, nous avons mis l'accent sur l'intensification de nos relations économiques. Le premier
ministre et moi-même avons souligné l'importance du Canada comme lieu où investir et la nécessité
d'intensifier notre commerce bilatéral.
Certes, les échanges entre nos deux pays sont déjà considérables : en 1995, ils totalisaient plus de 5 milliards
de dollars. Mais ce chiffre représente à peine la valeur de nos échanges avec les États-Unis en une semaine.
Nous savons que nous pouvons faire plus, beaucoup plus. Et c'est pourquoi nous nous sommes fixé comme
objectif de doubler nos échanges bilatéraux d'ici cinq ans. Voilà qui est ambitieux, mais je suis persuadé que
nous pouvons y arriver.
Et je ne vois pas de meilleur moyen pour atteindre cet objectif que les contacts personnels, c'est-à-dire en
encourageant les gens d'affaires canadiens et italiens à chercher à mieux se connaître les uns et les autres, à
se parler davantage et à explorer les possibilités de collaboration et d'avantage mutuel.
Et dans ce contexte, cette Chambre de commerce a un rôle très important à jouer. Et vous pouvez nous aider à
mettre à contribution la composante la plus dynamique de nos économies respectives -- nos petites et
moyennes entreprises.
Les petites et moyennes entreprises de l'Italie sont connues mondialement pour le rôle clé qu'elles jouent dans
l'économie italienne et pour leur stratégie d'exportation. Elles sont flexibles, elles réagissent rapidement lorsqu'il
s'agit d'exploiter de nouvelles occasions et bon nombre sont concentrées géographiquement par secteur
industriel, de sorte qu'elles peuvent s'appuyer mutuellement sur les plans de l'innovation et de l'information.
C'est un modèle qui renferme beaucoup d'enseignements pour d'autres pays, y compris le Canada. Et ces
petites et moyennes entreprises génèrent 40 p. 100 des exportations de l'Italie.
Les PME canadiennes sont elles aussi des acteurs très importants dans notre économie. Elles créent la plupart
des nouveaux emplois et sont les premières à exploiter les nouveaux créneaux pour les produits et services.
Mais 10 p. 100 seulement d'entre elles exportent.
Le défi collectif qu'il nous faut relever est d'augmenter cette proportion et de modifier notre culture commerciale
de façon à ce que les entreprises canadiennes, les grandes comme les petites, tirent parti des possibilités qui
s'offrent à elles à l'étranger.
Au cours de notre mission, et cet objectif devrait évidemment figurer dans l'énoncé de mission de votre
Chambre de commerce, nous voulions également rapprocher l'Italie et le Canada en tant que partenaires
privilégiés des temps modernes.
Ce rapprochement ne vise pas seulement l'aspect économique -- le Canada, septième économie au monde,
étant une porte d'entrée sur le vaste marché de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain], et l'Italie,
cinquième économie au monde, étant un acteur clé dans l'Union européenne -- mais également l'aspect
politique -- étant donné notre appartenance commune au G-8, où nous exprimons des idées nées d'une vision
commune du monde et fondées sur des positions semblables en tant que puissances moyennes.
Et, bien sûr, il englobe les relations familiales et personnelles.
Je n'insisterai jamais assez sur ce dernier point. Un des avantages concurrentiels clés du Canada se trouve
justement dans cette salle. Les Canadiens d'ascendance italienne -- et nous sommes un million et demi au
Canada -- forment un pont naturel entre nos deux pays.
Nous offrons un riche bagage d'informations et une connaissance du marché canadien que nous pouvons
partager avec des partenaires en Italie. La communication est beaucoup plus aisée entre des gens qui
possèdent une langue et une culture communes. Bref, nous nous connaissons et nous nous comprenons.
C'est un mariage parfait et nous devons nous efforcer de tirer profit de cette composante exceptionnelle des
relations entre l'Italie et le Canada -- ce réel sentiment d'appartenance.
Mais pour ce faire, nous devons présenter le nouveau visage du Canada à l'Italie. Et, sous ce rapport, votre
Chambre peut aussi être d'une aide précieuse.
Vous le savez, beaucoup trop de gens d'affaires italiens croient encore que l'économie canadienne est axée sur
les ressources naturelles. À vrai dire, les ressources naturelles ne représentent que 35 p. 100 environ de nos
exportations, soit 12 p. 100 seulement de notre PIB.
Pendant la mission du premier ministre, donc, nous avons cherché vigoureusement à changer cette perception
afin que, lorsque les Italiens pensent au Canada, ils pensent « haute technologie ». Ils doivent voir le Canada
comme une économie basée sur le savoir; une économie activée par la technologie de l'information, poussée
par les télécommunications et fortifiée par le troisième secteur de l'aérospatiale au monde.
En tant qu'ambassadeurs commerciaux dynamiques, vous pouvez -- et vous devez -- aider à faire connaître
l'image nouvelle et améliorée de l'économie canadienne. L'image de 1998, et non pas l'image romantique de
1948.
Enfin, la nouvelle Chambre de commerce symbolise aussi l'importance de nos liens de plus en plus nombreux
avec l'Europe.
Le resserrement des liens économiques avec l'Europe est primordial pour le Canada. Après les États-Unis,
l'Europe est notre principal partenaire commercial et nous avons pris des mesures décisives ces dernières
années pour intensifier cette relation. En 1996, nous avons signé le Plan d'action Canada-Union européenne et
nous avons aussi entamé les négociations de libre-échange avec les quatre États membres de l'Association
européenne de libre-échange. Si nous menons à bien ces négociations -- et je crois que nous réussirons -- il
s'agira du premier accord de libre-échange transatlantique.
L'Italie est à l'avant-garde des événements nouveaux en Europe en tant qu'acteur principal dans l'unification du
marché intérieur de l'Union européenne et membre de l'Union monétaire européenne. Nous espérons que tous
les gouvernements européens s'efforceront davantage d'adapter les règlements en matière de commerce et
d'investissement de façon à faciliter -- et non à entraver -- les nouveaux liens transatlantiques avec le Canada.
Afin de mener nos négociations commerciales efficacement, nous avons proposé que l'Europe réunisse en une
seule série de négociations sur le libre-échange entre l'Europe et toutes les parties à l'ALENA les trois
négociations distinctes prévues avec le Canada, le Mexique et les États-Unis.
Il est simplement plus logique que les échanges entre l'Amérique du Nord et l'Europe empruntent une seule
autoroute plutôt que trois voies distinctes. De toute évidence, les dirigeants d'entreprises des deux côtés de
l'Atlantique veulent et méritent une approche intégrée qui facilitera les échanges commerciaux bilatéraux. Nous
souhaitons l'appui solide de votre nouvelle Chambre de commerce, qui nous sera très utile pour le
développement de cette approche.
Vous savez, nous entendons beaucoup parler de la contribution qu'ont apportée les immigrants au Canada.
Pour certains, c'est un sujet qui est abordé dans les manuels scolaires ou les films. Mais pour bon nombre
d'entre nous, cette histoire est gravée dans nos livres de famille, dans nos albums de photos, dans notre
mémoire.
La contribution qu'ont apportée les immigrants à Winnipeg, comme au reste du Canada, a été la mise en valeur
de l'excellence et la volonté d'atteindre cette excellence. Il nous a fallu faire du mieux possible avec les moyens
dont nous disposions et travailler d'arrache-pied pour créer de nouvelles possibilités, de meilleures possibilités
pour nos enfants.
La plupart de nos parents ou de nos grands-parents sont arrivés ici avec rien de plus que ce qu'ils pouvaient
apporter avec eux. Et vous et moi sommes leurs fiers héritiers. Nous connaissons aujourd'hui une relative
prospérité parce que beaucoup d'entre eux ont lutté contre la misère. Pouvons-nous faire moins pour nos
enfants et nos petits-enfants? Pouvons-nous, nous qui avons commencé si riches, faire moins que ceux qui ont
commencé si pauvres?
Non, bien sûr. Voilà pourquoi il est nécessaire d'ouvrir de nouveaux marchés partout dans le monde. Voilà
pourquoi nous devons accroître nos échanges commerciaux avec de vieux amis comme l'Italie. Et voilà
pourquoi nous devons saisir les occasions de libéraliser les échanges, en Europe et ailleurs.
Aujourd'hui, nous sommes une fois de plus appelés à bâtir pour l'avenir. Aujourd'hui, votre Chambre de
commerce et notre communauté sont de nouveau invitées à poursuivre l'oeuvre de construction si vaillamment
commencée par nos ancêtres.
Relevons ensemble le défi et, comme nos parents et nos grands-parents l'ont fait pour nous, bâtissons pour
nos enfants.
Merci.