M. MARCHI - ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA MISSION COMMERCIALE CANADIENNE À RAMALLAH - RAMALLAH, CISJORDANIE
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DE LA MISSION COMMERCIALE CANADIENNE
À RAMALLAH
RAMALLAH, Cisjordanie
Le 27 février 1999
(8 h HNE)
Au nom de la délégation canadienne de chefs d'entreprises, permettez-moi de vous dire combien nous sommes
heureux d'être ici à Ramallah.
Vendredi dernier, j'ai eu le privilège de rencontrer le président Arafat à Gaza. Nous avons eu une longue
discussion sur la situation politique dans la région et sur le Cadre conjoint que nous allons signer dans un instant.
Comme vous le savez, nous venons d'arriver de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, et nous nous
rendrons ensuite en Israël, juste avant de retourner chez nous, au Canada.
Jusqu'à présent, cette mission a été très fructueuse car nous avons examiné un grand nombre de nouveaux
débouchés commerciaux et formé de nombreux nouveaux liens d'amitié. Elle nous a donné un moment pour
dissiper les anciennes idées que nous nous faisions les uns sur les autres et pour créer de nouveaux partenariats
les uns avec les autres.
Avant tout, elle a donné au Canada l'occasion de dire en termes non équivoques, que nous voulons faire plus
d'affaires ici, au Moyen-Orient.
J'attendais avec impatience cette étape de notre voyage parce que je sais que la communauté palestinienne
établie au Canada a contribué de façon importante à la croissance et au développement de mon pays.
Les Palestiniens se sont distingués dans tous les secteurs de la société canadienne et ils ont considérablement
enrichi leur pays d'adoption.
Ainsi, malgré la distance qui sépare le Canada du Moyen-Orient, nous sommes unis par de nombreux liens
personnels de parenté et d'amitié.
En outre, nos relations sont enracinées dans des valeurs communes et une croyance que nous partageons -- une
croyance en la dignité et la valeur de chaque personne.
Pour toutes ces raisons, le Canada s'est toujours énormément intéressé à cette région -- à son peuple et à son
avenir.
Il n'est donc pas étonnant que nous soyons de fervents défenseurs du processus de paix en cours, qui a été lancé
à Madrid en 1991. Je sais que certains sont déçus que le processus de paix n'ait pas produit les résultats que
nous aurions voulu observer en Cisjordanie et à Gaza sur les plans du développement et de la prospérité. Et nous
savons aussi que l'incertitude politique persiste sur l'issue des négociations avec Israël.
Nous gardons la ferme conviction, cependant, que la poursuite des négociations politiques et l'exécution de tous
les accords, par toutes les parties, demeurent les principaux espoirs de paix et de prospérité.
Comme vous le savez, le Canada préside le Groupe de travail sur les réfugiés, qui cherche à améliorer les
conditions de vie des personnes déplacées par le conflit israélo-arabe et à appuyer le dialogue entre les parties
pour trouver une solution juste, globale et durable au problème des réfugiés.
Le Canada a également apporté son appui aux Palestiniens grâce à ses programmes d'aide au développement,
qui visent à répondre aux besoins humains de base dans des domaines comme l'électrification, la purification de
l'eau et la formation. En novembre dernier, le Canada s'est engagé à investir 92 millions de dollars d'ici quatre ans
dans une aide au développement supplémentaire.
Sur le plan des contacts entre populations, le Programme de stages internationaux pour les jeunes du ministère
des Affaires étrangères et du Commerce international a parrainé une vingtaine de jeunes Canadiens qui ont passé
les six derniers mois à collaborer avec des entreprises et des organismes palestiniens pour partager leur
expertise et acquérir une expérience précieuse.
C'est pourquoi j'arrive ici, aujourd'hui, fort d'une amitié qui s'est affermie au fil des ans. Mais j'arrive aussi au début
d'une nouvelle étape importante dans nos relations. Une étape qui, nous l'espérons, sera marquée par un
accroissement considérable du commerce et de l'investissement entre nos deux pays.
Je suis heureux de dire que nous franchissons aujourd'hui d'importantes étapes sur cette voie.
Dans quelques instants, le ministre Maher al-Masri et moi-même signerons le Cadre canado-palestinien de
coopération économique et de commerce.
Ce Cadre officialise un accord bilatéral de libre-échange entre nous et ouvre la voie à l'intensification de l'activité
commerciale. En éliminant presque tous les droits de douane sur les produits manufacturés et en facilitant l'accès
à nos marchés respectifs, le Cadre créera des débouchés commerciaux de part et d'autre.
Il démontre aussi que nos deux gouvernements veulent laisser le secteur privé faire ce qu'il fait de mieux : créer
des emplois pour nos populations.
Je sais que dans le passé, des contraintes ont empêché que le commerce palestinien ne soit aussi libre et
transparent que nous l'aurions voulu. Je sais aussi qu'il subsiste certaines contraintes. Mais je suis persuadé que
nos secteurs publics respectifs pourront abattre les obstacles au commerce afin que nous puissions effectivement
réaliser tout le potentiel de nos relations commerciales. Et je compte bien coopérer avec le ministre Masri dans le
sens de cet objectif.
Le Cadre prévoit également l'organisation de rencontres ultérieures pour discuter du commerce, appuyer la
formation technologique et promouvoir le développement économique en Cisjordanie et à Gaza. Et surtout, il
indique très clairement aux entreprises canadiennes qu'il s'agit d'un marché auquel nous faisons confiance et
qu'elles devraient chercher à percer.
Le Cadre remplit également une autre fonction. Il sert de complément à notre Accord de libre-échange avec Israël
et prouve notre engagement d'assurer une présence importante et équilibrée dans cette région.
Je sais qu'il a été question du traitement, en vertu du Cadre commercial, des biens produits dans les colonies
israéliennes de peuplement en Cisjordanie et à Gaza. Je vais donc être très clair en ce qui concerne la position du
Canada sur ce point.
Nous croyons que la poursuite de l'expansion de ces colonies n'aide pas le processus de paix. Nous considérons
par conséquent que toute activité économique menée dans ces colonies manque de légitimité.
Car c'est bien sur les relations commerciales canado-palestiniennes que porte cet accord.
Le Cadre constitue une étape importante, mais ce n'est pas la seule que nous allons franchir aujourd'hui. Dans
quelques heures à peine, nous ouvrirons officiellement le Bureau des représentants du Canada, ici, à Ramallah.
Ce sera une « porte d'entrée » pour les Palestiniens qui désirent faire des affaires avec le Canada. Et je vous
invite à vous y adresser, le plus tôt possible et souvent par la suite.
À l'heure actuelle, le commerce entre le Canada et la Cisjordanie et Gaza est très modeste -- moins de 1 million
de dollars par an. Mais nous savons aussi que le potentiel est énorme -- et que nous commençons à peine à
explorer les possibilités que l'avenir nous réserve.
Le Canada est prêt à aider la Cisjordanie et Gaza à poursuivre leur croissance et leur développement, en
investissant dans l'infrastructure, la formation, la fabrication et l'expansion des exportations.
La délégation qui est ici aujourd'hui représente bien l'expertise canadienne en matière de construction et de
technologies de l'information et de l'environnement ainsi que dans les domaines de l'éducation et de la formation,
et je vous encourage à examiner les avantages que nos entreprises peuvent offrir.
Mais je crois aussi sans le moindre doute que le commerce peut ouvrir les coeurs autant que les marchés -- que
des marchés forts et concurrentiels peuvent être un outil solide et efficace pour la paix. De fait, la relation qui existe
entre la paix et la libéralisation du commerce est claire. Le libre-échange, quand il fonctionne bien, sert de système
de règles régissant des relations économiques pacifiques.
Et les relations commerciales incitent davantage les peuples à travailler pour la paix; parce que lorsque les nations
commencent à faire des affaires ensemble et à établir entre elles des relations dont elles bénéficient mutuellement,
elles ont plus tendance à se considérer non pas comme des adversaires à affronter, mais comme des alliés à
consulter.
Et d'un point de vue tout à fait pratique, lorsqu'un conflit est imminent, il est beaucoup moins probable d'envisager
des projets dans des domaines tels les transports, l'énergie et les communications.
Pour construire la paix, nous devons aussi bâtir la prospérité -- une prospérité dans laquelle tous les peuples de la
région ont une part. Donc, notre engagement à l'égard de la libéralisation du commerce dans cette région va de
pair avec notre engagement en faveur de la paix.
Dans les prochains jours, nous nous appliquerons avec ardeur à accroître le commerce et l'investissement entre
nos régions. Nous travaillerons fort pour construire des relations à long terme de nature à engendrer l'assurance et
la confiance. Et nous nous efforcerons de vous aider à créer une économie solide et durable.
Aujourd'hui, nous célébrons l'aube d'une ère nouvelle dans les relations canado-palestiniennes. Nous avons
franchi les premières étapes importantes, mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Prenons la résolution de suivre cette voie ensemble et, ce faisant, d'ouvrir des possibilités -- non seulement pour
le présent, mais aussi pour les générations à venir.
Merci.