M. PETTIGREW - ALLOCUTION À LA JOURNÉE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE ORGANISÉE PAR LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA - OTTAWA (ONTARIO)
2001/11 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA « JOURNÉE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE »
ORGANISÉE PAR
LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA
OTTAWA (Ontario)
Le 12 mars 2001
(11 h 40 HNE)
Je tiens tout d'abord à remercier la Chambre de commerce du Canada d'avoir organisé cette journée. Ce
matin, certains de mes principaux collaborateurs au ministère vous ont fait part des grandes priorités
commerciales du Canada. J'aimerais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour vous dire quelques mots sur
nos échanges commerciaux avec les pays des Amériques et sur la rencontre importante qui se tiendra le mois
prochain à Québec, et vous entretenir brièvement aussi de nos priorités sur le plan multilatéral.
Depuis la réunion des ministres de l'Organisation mondiale du commerce [OMC] à Seattle en décembre 1999,
je me suis rendu dans de nombreuses endroits à travers le Canada pour parler de ma mission en tant que
ministre, pour discuter avec les entreprises des nouvelles perspectives commerciales et les encourager à
exporter et, de façon plus générale, pour expliquer aux Canadiens les bienfaits que procure le commerce
international.
Nous savons, par exemple, que nos succès commerciaux ont créé des emplois et accru notre prospérité, et
qu'ils ont en même temps contribué au bien-être de notre société. Or, ils sont aussi une condition indispensable
à la poursuite de la croissance au XXIe siècle, dans le contexte d'une économie mondiale hautement
compétitive où le savoir joue désormais un rôle crucial. Voilà le message que j'ai laissé aux gens dans les villes
que j'ai visitées d'un océan à l'autre.
Mission : développer le commerce
En quoi consiste donc cette mission dont j'ai parlé? Je la définis en termes très simples : ma mission, c'est de
développer le commerce. Bien sûr, c'est une mission que des gens d'affaires comme vous comprenez et
partagez, puisque c'est ce que vous faites tous les jours -- dans la plupart des cas, avec beaucoup de succès.
Le rôle que le gouvernement peut jouer pour vous venir en aide dans cette mission, c'est de mettre en place
des politiques commerciales et de faire la promotion du commerce. Vous connaissez déjà les nombreux
aspects de notre programme de promotion, qui comprend notamment la présence de 530 délégués
commerciaux aux quatre coins du globe, des études de marché, un site Internet, divers mécanismes de
financement et l'organisation de foires. Je me propose aujourd'hui de vous faire part des derniers
développements en ce qui a trait à notre politique commerciale, mais je vous promets d'être bref afin que nous
puissions avoir amplement de temps pour converser par la suite.
L'importance du commerce pour le Canada
Je voudrais tout d'abord citer certaines statistiques clés pour rappeler l'importance que revêt le commerce pour
le Canada du point de vue macro-économique. Le chiffre le plus impressionnant à mes yeux, c'est que les
exportations contribuent aujourd'hui à notre produit intérieur brut dans une proportion de 45 p. 100,
comparativement à seulement 25 p. 100 en 1990. Cela veut dire qu'en pourcentage du PIB, nous exportons
environ quatre fois plus que les États-Unis et trois fois plus que le Japon. En fait, nous sommes de loin le pays
du G-8 dont l'économie dépend le plus de ses exportations.
Le commerce du Canada ne se résume évidemment pas aux exportations. Pour avoir une idée juste de son
rôle dans notre économie, il faut adopter une vue plus générale. Or, que nous révèlent les chiffres à ce sujet?
Eh bien, les chiffres nous disent que l'an dernier, nos échanges bilatéraux de produits et de services avec tous
les autres pays du monde ont atteint, en moyenne, 2,5 milliards de dollars par jour.
Mais nous savons aussi que la nature de notre économie se transforme. Hier, nous exportions presque
exclusivement des matières premières, des richesses naturelles. Aujourd'hui, plus des deux tiers de nos
exportations de marchandises entrent dans des catégories autres que les ressources -- par exemple, les
machines et biens d'équipement et d'autres produits à forte valeur ajoutée. Alors même que notre économie
dépend de plus en plus largement du savoir, nous exportons de plus en plus nos services et nos compétences.
Par exemple, le Canada excelle dans la fourniture de services clés aux entreprises modernes -- les
télécommunications, les services financiers et les services d'ingénierie, notamment. De nombreuses
entreprises canadiennes sont d'ailleurs des leaders mondiaux dans des secteurs stratégiques de la nouvelle
économie, y compris les télécommunications, l'aérospatiale, les logiciels, la technologie environnementale, et
bien d'autres.
Le commerce international a été le moteur de l'économie canadienne durant la majeure partie de la dernière
décennie. Environ 80 p. 100 des 2 millions d'emplois créés depuis 1993 ont été liés à la croissance de nos
échanges commerciaux, de sorte qu'aujourd'hui, un emploi sur trois est rattaché à nos activités commerciales.
En d'autres termes, la longue période de prospérité et de croissance que connaissent les Canadiens est due
pour une bonne part à vos succès, à votre ingéniosité et à votre détermination à prendre des risques.
La politique commerciale, clé du développement du commerce
Comme je l'ai mentionné il y a quelques instants, la politique commerciale est un aspect clé de ma mission.
Notre prospérité étant si étroitement liée au commerce, elle ne peut en effet se poursuivre que si l'économie
mondiale est ouverte aux échanges.
C'est pourquoi notre action dans le cadre des négociations commerciales, bien qu'elle soit moins visible et
produise des effets à plus long terme, reste cruciale pour assurer la réussite du Canada sur les marchés
mondiaux. Quand nos entreprises vont à l'étranger, elles doivent pouvoir compter sur des règles équitables,
des marchés ouverts et un accès sûr.
Partout au Canada, les travailleurs, surtout ceux qui sont employés dans des PME, dépendent du commerce
pour leur subsistance et leur qualité de vie. Grâce à lui, les consommateurs et les producteurs ont accès à un
choix plus vaste de produits et de services moins coûteux. En d'autres termes, la libéralisation des échanges
est bien plus qu'un slogan : elle est une condition essentielle à notre prospérité.
C'est pour cette raison que le Canada est un partisan si enthousiaste de l'OMC et que nous cherchons avec
nos partenaires commerciaux à entamer des négociations élargies qui répondent aux besoins de l'économie
mondiale moderne.
Dans les prochains mois, nous aurons l'occasion d'aborder de nouveau des questions et possibilités
spécifiques qui se présentent dans le contexte des préparatifs en vue de la réunion de l'OMC qui aura lieu au
Qatar en novembre. D'ici là, il y a beaucoup à faire. Cette semaine, par exemple, je rendrai publique la position
de départ du Canada dans les négociations de l'OMC relatives à l'Accord général sur le commerce des
services [AGCS].
L'importance de l'AGCS et du commerce des services pour l'économie canadienne
L'AGCS revêt une importance capitale pour l'économie canadienne. Comme je l'ai mentionné, de tous les
secteurs de l'économie canadienne, c'est celui des services qui connaît la croissance la plus rapide -- en
particulier les industries du savoir comme la technologie de l'information et les télécommunications, les
banques et les assurances, les services-conseils et les services reliés au commerce électronique. Pas moins
de 90 p. 100 des 320 000 emplois créés au Canada l'an dernier étaient dans ce secteur.
Nous avons des entreprises de calibre mondial, spécialisées dans l'ingénierie, les services financiers, la
technologie de l'information, les télécommunications et le tourisme, et bon nombre d'entre elles exportent déjà.
Environ 95 p. 100 sont des PME, et ce sont les marchés étrangers qui leur offrent à l'heure actuelle les
possibilités de croissance les plus dynamiques.
Dans les négociations sur l'AGCS, le Canada cherchera notamment à mettre en place, à l'intention de ces
secteurs, un régime international fondé sur des règles acceptées de tous. Certains diront peut-être que l'AGCS
comprend déjà un ensemble de règles de base à l'appui de principes comme le traitement équitable et la
transparence, mais le secteur des services est relativement nouveau et il est en mutation constante. Le
Canada doit prendre les devants s'il veut que les obstacles au commerce soient supprimés, que toutes les
parties agissent équitablement et ouvertement, et que les consommateurs et les producteurs canadiens aient
accès aux meilleurs prix et aux meilleurs débouchés possibles.
Bon nombre d'entre vous êtes mieux placés que moi pour parler publiquement des bienfaits que peut
engendrer l'application de règles du jeu équitables dans ces secteurs. Je vous invite, en marge des
négociations sur l'AGCS, à nous faire part des enseignements que vous avez tirés de votre expérience.
Nous sommes également conscients de la possibilité de faire avancer la libéralisation des échanges au sein
d'instances régionales et bilatérales. C'est pourquoi nous avons signé des accords de libre-échange avec nos
partenaires de l'ALENA ainsi qu'avec Israël et le Chili.
C'est également pourquoi nous négocions des accords semblables avec le Costa Rica et avec d'autres pays
d'Amérique centrale; c'est pourquoi nous examinons la possibilité d'entreprendre des initiatives du même genre
avec les pays des Antilles britanniques et Singapour, et c'est aussi pourquoi nous nous penchons, en
consultation avec le secteur privé, sur les moyens de revitaliser nos rapports économiques et commerciaux
avec le Japon, notre deuxième partenaire commercial.
L'objectif de la ZLEA : l'application des règles aux échanges interaméricains
Enfin, c'est aussi pour cette raison que nous voulons élargir notre accès aux marchés d'Amérique latine. Les
pourparlers en vue de la création de la Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA] nous offrent une
occasion rêvée d'unifier les pays du continent dans un projet commun. La ZLEA représente un vote de
confiance dans l'avenir de la région -- un vote fondé sur la conviction que les pays des Amériques nous offrent
des débouchés et sont pour le Canada d'excellents partenaires économiques.
Lors du Sommet des Amériques qui aura lieu en avril à Québec, la ZLEA sera un élément clé de l'ordre du jour
dans le cadre de ce que nous appelons la « corbeille de la prospérité ». Le Sommet donnera au Canada
l'occasion d'affermir encore davantage sa présence au sein du continent, de joindre la croissance économique
et le développement social partout dans les Amériques et de multiplier les débouchés commerciaux pour les
Canadiens dans tous les secteurs.
Les 34 pays de la ZLEA comptent près de 800 millions d'habitants et ont un PIB d'environ 12 billions de dollars
américains. Le potentiel que représente un marché de cette taille pour les exportateurs canadiens est énorme!
Lorsque les barrières seront tombées et qu'un accès prévisible sera assuré, je ne doute pas que les
entreprises canadiennes connaîtront beaucoup de succès sur ces marchés.
Mais, vu notre histoire -- vu le caractère tout à fait spécifique de notre diversité sociale et de notre ouverture
politique --, je crois que les Canadiens comprennent, plus que toute autre nation, que la véritable prospérité et
la qualité de vie que nous voulons pour nous-mêmes et pour les générations futures exigent plus que de
simples échanges commerciaux. Sans doute faut-il, en effet, accorder au moins autant d'importance aux
échanges d'idées et de valeurs qui enrichissent deux cultures lorsqu'elles se livrent à des échanges
commerciaux. Je crois que les Canadiens comprennent et apprécient le fait que le commerce international
nous permet de promouvoir nos valeurs et nos principes démocratiques ailleurs dans le monde.
Le commerce avec les Amériques
J'ai mentionné plus tôt que nos échanges avec le reste du monde atteignaient l'an passé 2,5 milliards de
dollars par jour. Vous savez que le Canada est le premier partenaire commercial des États-Unis, et vice versa.
L'an dernier, nous avons vendu aux États-Unis plus que tout autre pays : nos ventes sur le marché américain
ont dépassé de 57 p. 100 celles du Japon. En fait, notre commerce avec les États-Unis a totalisé 2 milliards de
dollars par jour, soit le double de ce qu'il était avant que l'Accord de libre-échange soit étendu au Mexique en
1994.
Il est tout aussi impressionnant de constater que, depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, nos échanges
bilatéraux avec les États-Unis et le Mexique ont augmenté de plus de 10 p. 100 par année. Le Mexique est
maintenant notre quatrième partenaire commercial. Nos succès sur ces deux marchés nous ont d'ailleurs servi
de tremplin pour exporter vers les autres pays du monde. Les Canadiens sont maintenant assez compétitifs et
confiants pour se lancer sur tous les marchés.
Les autres pays des Amériques ont été parmi les premiers marchés vers lesquels les exportateurs canadiens
se sont tournés avec la confiance accrue que leur avaient inspirée leurs succès aux États-Unis et au Mexique.
Si on exclut ces deux derniers, les exportations canadiennes de biens et de services commerciaux vers les
pays des Amériques s'élèvent aujourd'hui à près de 6 milliards de dollars par année. En Amérique du Sud,
elles ont augmenté de 13 p. 100 en 2000, dépassant le cap des 3 milliards. Au Chili, en Colombie, au Pérou et
au Venezuela, le taux de croissance de nos exportations a été de près de 20 p. 100. Au Brésil, la plus vaste
économie de l'Amérique du Sud, elles sont restés vigoureuses, dépassant 1 milliard de dollars.
Le Canada reste également un important investisseur en Amérique du Sud, notamment dans les secteurs des
télécommunications et des richesses naturelles. Grâce à des ententes comme l'Accord de libre-échange
canado-chilien, l'Accord de coopération entre le Canada et la Communauté andine sur le commerce et
l'investissement et l'Accord entre le Canada et le Mercosur sur le commerce et l'investissement, les débouchés
qui s'offrent aux entreprises canadiennes partout en Amérique du Sud se sont multipliés.
Prix d'excellence à l'exportation : clôture des mises en candidature le 31 mars 2001
Avant de conclure, je tiens à rappeler que la période de mise en candidature pour les Prix d'excellence à
l'exportation de 2001 se termine à la fin du mois. Les entreprises de tous les secteurs de l'économie qui
exportent depuis au moins trois ans sont invitées à s'inscrire à ce prestigieux programme. Les lauréats des
années passées ont indiqué que le Prix les a aidés dans leurs campagnes pour accroître leurs exportations.
Les gagnants recevront leur prix à l'occasion d'une cérémonie qui se déroulera parallèlement au congrès
annuel de l'Alliance des manufacturiers et des exportateurs du Canada, qui aura lieu cette année le 24
septembre à Montréal. Je vous invite à prendre connaissance de ce programme.
Conclusion
En conclusion, permettez-moi de réitérer que la mise en place de politiques commerciales progressistes et
ouvertes sur l'extérieur est une condition essentielle au maintien et à l'amélioration de notre prospérité. Nous
tous, dans cette salle, comprenons bien à quel point il importe que les règles du jeu qui encadrent le commerce
international soient claires et musclées.
Je continuerai de travailler ferme pour veiller à ce que, lorsque vous partirez à la recherche de nouveaux
marchés extérieurs, vous trouviez des portes ouvertes, des politiques justes et des règles équitables. Et je
continuerai de résister au chant des sirènes du protectionnisme, qui voudraient limiter la libéralisation des
échanges et, par là, limiter nos horizons.
Il nous incombe à tous de veiller à ce que le Canada reste compétitif sur un marché international en constante
évolution. Le succès nous apportera de nombreux bienfaits, y compris la stabilité financière, une économie
diversifiée et vigoureuse, et le progrès technologique -- et cela, tout en enrichissant également nos
partenaires.
Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir qui soit attrayant pour les entreprises et pour les individus -- un avenir
où la société et l'économie prospèrent en parallèle, où notre marché sera le monde entier et où le Canada
restera un endroit idéal pour vivre, travailler et investir.
Et je crois que nous devons démontrer de façon plus vigoureuse et plus convaincante pourquoi il faut accroître
les échanges et améliorer les règles du jeu du système commercial. Nous devons redire clairement aux
Canadiens que les institutions économiques internationales -- même avec leurs défauts -- sont indispensables
à la stabilité de la communauté mondiale.
En accueillant le Sommet des Amériques à Québec, le Canada aura l'occasion de montrer la profondeur de
son engagement envers la négociation d'un accord de libre-échange pour l'ensemble des Amériques. À titre de
gens d'affaires, vous avez voix au chapitre et un rôle important à jouer durant le Sommet et par la suite.
Ceux d'entre vous qui participeront au Forum des gens d'affaires des Amériques en avril à Buenos Aires auront
la chance de faire valoir les bienfaits qu'offrent les échanges. Vous pourrez expliquer directement les
avantages que le commerce a créés en faveur de vos entreprises, de vos fournisseurs et des localités où vous
vous trouvez.
Vous pourrez aussi expliquer comment les entreprises peuvent faire, et font effectivement, une contribution
importante à la prospérité et au développement dans les localités étrangères où elles ont établi une présence.
Vous avez aidé à créer un environnement où tous les Canadiens peuvent être plus prospères. Vous pourrez
par ailleurs aider à corriger les fausses idées et à dissiper les craintes non fondées qui empêchent certains
Canadiens de croire à la croissance future. Aussi longtemps que ces préoccupations resteront sans réponse, la
méfiance à l'endroit des entreprises et la résistance à la libéralisation des échanges persisteront.
Je compte bien avoir le plaisir de continuer à travailler avec vous dans les mois qui viennent afin de renforcer la
confiance et la croyance dans un tel avenir.
Je vous remercie.