M. KILGOUR - ALLOCUTION À L'UNIVERSITÉ DE CALGARY « LE SOMMET DES AMÉRIQUES : UN TOUR D'HORIZON » - CALGARY (ALBERTA)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE DAVID KILGOUR,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (AMÉRIQUE LATINE ET AFRIQUE),
À L'UNIVERSITÉ DE CALGARY
« LE SOMMET DES AMÉRIQUES : UN TOUR D'HORIZON »
CALGARY (Alberta)
Le 16 mars 2001
Le Sommet des Amériques qui se tiendra le mois prochain à Québec marque une autre étape décisive dans
nos efforts pour instaurer une paix durable dans l'hémisphère, faire en sorte que la vie de ses 800 millions
d'habitants soit plus enrichissante et favoriser la prospérité économique. Notre pays est appelé à jouer un rôle
prépondérant dans la promotion de la dignité et du respect humains, ainsi que de la primauté du droit dans tout
l'hémisphère.
Les relations du Canada avec ses voisins de l'hémisphère s'épanouissent. La tenue du Sommet est un autre
pas très important dans cette direction.
On m'a demandé de vous parler aujourd'hui de la genèse du Sommet. Si vous préférez, de faire le récit des
efforts qui nous ont conduits de Miami à Québec.
En 1994, les présidents et les premiers ministres représentant les 34 gouvernements démocratiquement élus
de l'hémisphère se sont rencontrés pour la première fois lors du Sommet des Amériques de Miami. À l'aube de
l'après-guerre froide dans les Amériques, l'objectif des dirigeants consistait à trouver des solutions
mutuellement avantageuses aux problèmes communs que devaient surmonter leurs citoyens.
Ils croyaient également que des partenariats hémisphériques solides favoriseraient nos intérêts mutuels, y
compris la paix, la démocratie, l'intégration économique et la justice sociale. Leur objectif consistait à canaliser
dans un plan d'action concret le dynamisme engendré par la convergence de valeurs politiques et économies
dans la région.
Cette rencontre -- le premier Sommet des Amériques -- a servi de point de départ à ce que l'on appelle
maintenant le « processus du Sommet des Amériques », ou simplement « le processus du Sommet » -- , qui
joue un rôle catalyseur dans la modernisation des affaires interaméricaines et renforce la stabilité politique,
économique et sociale de l'hémisphère.
L'esprit de coopération sans précédent auquel sont parvenus les dirigeants du Sommet à Miami peut être
attribué à une meilleure compréhension commune des principes politiques et économiques fondés sur la
démocratie et l'économie de marché qui ont vu le jour dans l'après-guerre froide. Dans les sept années qui ont
suivi, le « processus du Sommet » a marqué le début d'une période où le multilatéralisme a connu une vigueur
sans précédent au sein des Amériques.
Le Sommet de Miami a été le premier Sommet interaméricain auquel étaient conviés le Canada et les États
insulaires des Antilles. Avant sa tenue, les coordonnateurs du Sommet des 34 États membres de l'Organisation
des États américains [OEA] s'étaient rencontrés à Airlie House en Virginie pour s'entendre sur une proposition
multilatérale en vue du plan d'action de Miami.
Une fois parvenus à un consensus, les représentants des démocraties des Amériques devaient soumettre leur
Plan d'action à l'approbation des dirigeants lors du Sommet.
La Déclaration de principes signée par les 34 chefs d'État et de gouvernement présents à Miami en 1994
énonçait clairement que la préservation et le renforcement de la démocratie constituaient une priorité à l'échelle
de l'hémisphère. Les signataires s'engageaient également à favoriser la prospérité à la faveur de l'intégration
économique et du libre-échange et à garantir le développement durable, tout en protégeant l'environnement.
Le Plan d'action renfermait 23 recommandations, mais on se souviendra surtout que les parties s'engageaient
à créer une Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA] d'ici 2005. Pour aider à la réalisation de cet objectif,
on a créé un comité tripartite formé de la Banque interaméricaine de développement [BID], de l'Organisation
des États américains et de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes [CEPALC] des
Nations Unies, qui était chargé d'aider à la préparation des documents d'information nécessaires aux
négociations et de fournir le soutien technique voulu.
Après Miami, nous avons créé le Groupe de suivi du Sommet [GSS], chargé de coordonner et d'administrer le
suivi et la mise en œuvre des recommandations du Sommet. Il a été convenu de confier la mise en œuvre des
23 recommandations du Plan d'action, soit à un pays en particulier, soit à une organisation régionale ou à une
institution financière internationale. C'est le GSS qui s'est chargé de planifier le Sommet suivant, tenu à
Santiago au Chili, sous la présidence conjointe des États-Unis et du pays hôte.
La Déclaration de principe et le Plan d'action de Miami ont également joué un rôle catalyseur dans
l'organisation du Sommet sur le développement durable, lequel s'est tenu à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie,
en 1996. Ce sommet thématique répondait à un double objectif : la création d'une vision commune pour
l'avenir, conforme aux concepts qui sous-tendent le développement durable, et la ratification des principes
auxquels ont souscrit les participants au Sommet de la Terre, en 1992, à Rio de Janeiro au Brésil.
Lorsque le Groupe de travail de l'OEA chargé de préparer les documents du Sommet tenu en Bolivie a invité
les organisations de la société civile à participer aux travaux préliminaires, ce fut une première dans le
« processus du Sommet ». La proposition finale du Groupe de travail, qui a été présentée aux États membres
de l'OEA, était le résultat d'une série d'importantes consultations nationales et sous-régionales, menées sous
l'égide du Comité technique de l'OEA. La participation de la société civile est depuis une partie intégrante du
« processus du Sommet », qui s'est institutionnalisée au sein de l'OEA et des cadres de négociation de la
ZLEA.
Les chefs d'État et de gouvernement des pays démocratiques des Amériques ont décidé, d'un commun
accord, de tenir le deuxième Sommet des Amériques en avril 1998 à Santiago au Chili. Tous les pays ont
participé à la préparation de la Déclaration de principes et du Plan d'action de Santiago, en ont discuté et les
ont approuvés lors de réunions du GSS. L'OEA, la BID et la CEPALC des Nations Unies ont apporté leur
concours à ces réunions.
Lors des préparatifs de Santiago, le Canada a établi un certain nombre de priorités et examiné attentivement
les points de vue exprimés par les Canadiens au cours des consultations auprès de la société civile, qui se
sont déroulées dans six villes canadiennes en octobre 1997. Conformément aux valeurs canadiennes, les
droits de la personne et la démocratie demeurent une priorité pour le Canada. À la faveur du processus du
Sommet, nous avons présenté des propositions précises pour améliorer les principaux aspects de
l'administration de la justice dans les Amériques. Le Canada a aussi veillé à ce que l'on inscrive les questions
autochtones à l'ordre du jour du Sommet, dans le cadre de discussions séparées, et à ce que l'on accorde une
attention particulière aux femmes et aux personnes handicapées.
Le Canada a participé activement à tous les volets des discussions tenues lors du Sommet des Amériques de
Santiago. Il a en outre été question des façons de lutter contre le commerce illicite des stupéfiants dans
l'hémisphère. Les dirigeants ont approuvé la création d'un Mécanisme multilatéral d'évaluation [MME] --
élaboré par un groupe de travail intergouvernemental présidé par le Canada -- qui doit examiner les progrès
accomplis par les pays dans la lutte antidrogue. Dans le cadre de cette initiative, on présentera un rapport sur
tous les États membres de l'OEA aux dirigeants réunis à l'occasion du Sommet des Amériques de 2001, qui se
tiendra le mois prochain à Québec.
On se souviendra du Sommet de Santiago surtout pour deux choses : l'éducation et l'ouverture des
négociations sur la Zone de libre-échange des Amériques, dont le Canada a assumé la présidence pour les
18 premiers mois. Les participants se sont aussi penchés sur la préservation et le renforcement de la
démocratie, de la justice et du respect des droits de la personne, ainsi que sur l'éradication de la pauvreté et de
la discrimination dans les Amériques. Il a en outre permis de mieux asseoir les bases de l'institutionnalisation
du « processus du Sommet », notamment en obtenant que les chefs d'État et de gouvernement s'engagent à
se réunir périodiquement pour « approfondir la coopération et la compréhension » entre les pays des
Amériques, et en chargeant officiellement le GSS d'effectuer le travail de suivi entre les Sommets. L'OEA a
pour sa part été chargée de servir de mémoire institutionnelle au « processus du Sommet » et de fournir un
soutien technique permanent au GSS.
À la conclusion du Sommet, le Canada a été choisi pour la tenue du prochain Sommet des Amériques de 2001.
Cette décision témoigne de son rôle grandissant dans l'hémisphère. En acceptant que le Canada organise le
prochain Sommet des Amériques, le premier ministre Chrétien a déclaré : « Cette annonce est le point
culminant de plusieurs années de travail acharné sur la libéralisation des échanges commerciaux et les
questions sociales au sein de l'hémisphère. Notre leadership au prochain Sommet confirme le rôle important
que nous jouons dans la communauté en évolution des Amériques et dans les progrès et les valeurs que nous
partageons à la veille d'un nouveau siècle. »
Le troisième Sommet des Amériques, qui se tiendra à Québec du 20 au 22 avril 2001, marquera une étape
décisive pour le progrès démocratique, économique et social au sein des Amériques au début de ce nouveau
siècle. En qualité d'hôte du Sommet, le Canada a une occasion sans précédent de marquer de son empreinte
l'intégration hémisphérique dans les Amériques.
De plus en plus, de nombreux Canadiens sentent qu'ils ont des priorités communes à celles de leurs voisins
des Amériques. La coopération dans le cadre d'initiatives visant à promouvoir la stabilité politique, la
libéralisation du commerce et la justice sociale, au profit de tous les citoyens des Amériques, s'avère
avantageuse pour les Canadiens, en augmentant les possibilités de croissance, de prospérité et
d'enrichissement culturel et linguistique. La volonté d'améliorer la gouvernance politique, économique et
sociale dans les Amériques est aussi un élément fondamental des efforts pour mettre les pays sur un pied
d'égalité et élaborer des stratégies de développement efficaces, qui permettront de réduire la pauvreté.
Le Sommet des Amériques de 2001 fournit aux dirigeants de l'hémisphère l'occasion d'affirmer avec force leur
engagement à l'égard de la communauté, et ce, à la faveur de mesures concrètes qui favorisent l'établissement
de priorités politiques, économiques et sociales cohérentes et équilibrées.
Les préparatifs du Sommet se sont amorcés en juin dernier à Windsor (Ontario), lors de l'Assemblée générale
de l'OEA, à l'occasion d'un dialogue privé entre les ministres des Affaires étrangères. Les ministres ont alors
adopté un plan d'action qui accorde une importance prioritaire aux personnes et à la nécessité de procurer des
avantages tangibles aux citoyens des Amériques à la faveur d'une action collective.
Ils se sont entendus sur un ensemble de priorités politiques, économiques et sociales énoncées dans un plan
d'action en trois volets. Chacun de ces volets exprime la continuité de nos efforts ainsi que la prise de
conscience des défis à relever et des occasions à saisir : renforcement de la démocratie; promotion de la
prospérité et réalisation du potentiel humain. Il a également été convenu de mettre à contribution les
technologies de l'information et des communications -- connectivité -- dans les efforts pour atteindre ces
objectifs communs.
Le document accorde une importance particulière au fait qu'il existe une corrélation très étroite entre notre
volonté collective de renforcer la démocratie dans les Amériques et l'appui au développement humain. C'est
lorsqu'ils ont toutes les chances de réaliser leur potentiel humain que les citoyens sont le mieux à même de
participer au développement démocratique de leurs sociétés, d'y contribuer et, au besoin, de le défendre.
La concrétisation de notre vision commune des Amériques représente un énorme défi. Les possibilités qu'elle
recèle, cependant, justifient pleinement les efforts investis dans le Sommet. Notre contribution collective à ce
processus procurera des avantages considérables. Au fond, il s'agit avant tout de favoriser le progrès de
l'humanité au sein de l'hémisphère.
Je vous remercie.