DES DOCUMENTS ULTRASECRETS DE 1956-1957FONT LA LUMIÈRE SUR LA CRISE DE SUEZ
Le 6 juin 2001 (14 h 10 HAE) Nº 76
DES DOCUMENTS ULTRASECRETS DE 1956-1957
FONT LA LUMIÈRE SUR LA CRISE DE SUEZ
Le ministre des Affaires étrangères, M. John Manley, a salué aujourd'hui la parution du dernier volume des
Documents relatifs aux relations extérieures du Canada, publiés par le ministère des Affaires étrangères et du
Commerce international. Le volume 22 est le premier de deux volumes consacrés à la période de janvier 1956
à juin 1957.
« Le Canada s'est distingué durant la courte histoire de ses relations internationales, a souligné M. Manley.
Certains aspects de la politique peuvent changer, mais certains thèmes et certains objectifs, qui représentent
les idéaux et les intérêts de notre nation, persistent. Ces documents en disent long sur ce que nous
sommes. »
Le principal sujet traité dans ce volume est la politique du Canada à l'égard du
Moyen-Orient, notamment son rôle la crise de Suez.
En juillet 1956, l'Égypte nationalise le canal de Suez et les forces anglaises, françaises et israéliennes
l'attaquent pour reprendre possession du canal. Fondé sur des documents ultrasecrets et confidentiels du
Ministère, le volume raconte l'histoire de la crise de Suez d'une perspective canadienne. Il documente, entre
autres, la réaction sévère et impitoyable du premier ministre Louis Saint-Laurent à cette attaque et, surtout,
rappelle les efforts déployés par le secrétaire d'État aux Affaires extérieures, Lester B. Pearson, pour prévenir
une guerre d'envergure au Moyen-Orient. Pour avoir contribué à créer la Force d'urgence des Nations Unies
et, ce faisant, la version moderne du maintien de la paix, Pearson a reçu le prix Nobel de la paix en 1957.
« Lester B. Pearson a réussi à désamorcer la crise de Suez, comme le montrent les documents publiés ici pour
la première fois, et c'est là une source permanente de fierté pour tous les Canadiens et un exploit qui continue
à inspirer notre rôle dans le monde aujourd'hui », d'ajouter M. Manley.
Le volume documente également les activités du Canada au sein de l'Organisation du Traité de l'Atlantique
Nord (OTAN) en 1956-1957 et reproduit des rapports canadiens récemment déclassifiés sur les entretiens à
huis clos des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l'OTAN. Il expose en détail les contributions
d'aide mutuelle du Canada à l'Allemagne, à la Belgique et à la Turquie et les efforts déployés par Pearson pour
mener l'Alliance sur une nouvelle base de coopération transatlantique.
Les années 1956-1957 ont aussi été une période de grand progrès dans la genèse du Commonwealth
moderne. Outre la contribution continue du Canada au premier programme d'aide à l'étranger de l'association,
le Plan de Colombo, le volume 22 expose la réponse du Canada à la décolonisation de Chypre, des Antilles
britanniques et du Ghana.
La décolonisation était aussi un thème important aux Nations Unies à cette époque. La médiation assurée par
le Canada entre les pays développés et les pays en voie de développement est abondamment racontée dans
les documents sur le Conseil économique et social et sur l'Assemblée générale. Parmi les documents relatifs à
la 11e Assemblée générale, on en remarque qui portent sur les délibérations concernant le droit de la mer et la
décision du Canada de déclarer une limite de 12 milles, ainsi qu'une évaluation franche de l'état des Nations
Unies en 1957 par le diplomate distingué John Holmes.
Documents relatifs aux relations extérieures du Canada est une série permanente qui publie les documents les
plus importants sur l'évolution et l'application de la politique étrangère canadienne. Le premier volume a été
publié en 1967, et la série couvre maintenant les années 1909 à 1957, les volumes les plus récents paraissant
simultanément sur papier et en ligne à http://www.dfait-maeci.gc.ca/hist
Un second volume de documents sur la période de janvier 1956 à juin 1957 est attendu pour le printemps
2002. Il portera sur les relations du Canada avec les États-Unis, l'Union soviétique, l'Europe de l'Est, l'Europe
de l'Ouest et l'Extrême-Orient.
Documents relatifs aux relations extérieures du Canada, volume 22, est publié sous la direction de
Greg Donaghy, historien au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. On peut se le
procurer en s'adressant aux :
Éditions du gouvernement du Canada
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0S9
Téléphone : (613) 956-4800
Télécopieur : (613) 994-1498
Courriel : publishing@ccg.gcc.ca
- 30 -
Un document d'information, soulignant les faits saillants des documents, figure en annexe.
Pour de plus amples renseignements, les représentants des médias sont priés de communiquer avec :
Sanjeev Chowdhury
Attaché de presse
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
(613) 995-1851
Le Service des relations avec les médias
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
(613) 995-1874
Document d'information
POINTS SAILLANTS DU VOLUME 22 (1956-1957) DES DOCUMENTS RELATIFS AUX
RELATIONS EXTÉRIEURES DU CANADA
(Tous les documents sont disponibles en ligne à l'adresse : http://www.dfait-maeci.gc.ca/hist)
Le Canada et la crise de Suez
• Le 10 mai 1956, Lester B. Pearson, secrétaire d'État aux Affaires extérieures, rencontre son homologue
américain, John Foster Dulles, au cours d'une conférence ministérielle de l'OTAN à Paris. Dulles explique que
les États-Unis ont peine à approvisionner Israël en avions de combat et demande à Pearson si le Canada peut
remplir ce rôle. (Document 39)
• Le 27 juillet 1956, en réponse à la décision du président égyptien Nasser de nationaliser le canal de Suez, le
premier ministre de Grande-Bretagne, Anthony Eden, déclare au premier ministre Louis Saint-Laurent : « Nous
ne pouvons pas laisser Nasser commettre impunément cet acte d'expropriation ». Saint-Laurent réagit avec
sympathie, mais fait observer à Eden dans un avertissement prophétique que « le recours à la force dans les
circonstances présentes -- même en dernier recours -- présentera des risques et des difficultés ».
(Documents 75 et 78)
• Le 1er novembre 1956, le cabinet Saint-Laurent se réunit pour être mis au courant du conflit au Moyen-Orient.
Pour la première fois, Pearson présente sa proposition de résoudre la crise par l'application immédiate d'un
cessez-le-feu et l'envoi de « forces de police substantielles stationnées aux frontières israélo-arabes pour
maintenir la paix ». (Document 117)
• Le 4 novembre 1956, aux petites heures du matin, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une
résolution canadienne engageant le secrétaire général, Dag Hammarskjöld, à examiner la possibilité de créer
une « force de police » pour le Moyen-Orient. Pearson rapporte que le secrétaire général, qui se montrait fort
pessimiste depuis une semaine, a repris espoir en constatant que le Royaume-Uni ne rejetait pas la résolution
d'emblée. (Document 130)
• Le 7 novembre 1956, les forces françaises et britanniques acceptent un cessez-le-feu et l'Assemblée
générale adopte la résolution finale instituant la Force d'urgence des Nations Unies. Le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, téléphone aussitôt à Saint-Laurent, lui affirmant « qu'il ne connaissait aucun
gouvernement ayant agi plus admirablement dans la présente crise que celui du Canada ». (Document 142)
• Le 12 novembre 1956, Pearson rencontre l'ambassadeur d'Égypte aux Nations Unies, Omar Loutfi, à l'hôtel
Drake, à New York. Loutfi étonne fort Pearson en déclarant que les troupes canadiennes ne seraient pas les
bienvenues en Égypte dans le cadre de la force de maintien de la paix. Tandis qu'il tente de régler ce problème
à New York, Pearson exhorte le premier ministre de garder à tout prix ces renseignements secrets, prévoyant
que les Canadiens réagiraient avec « consternation et colère ». (Document 152)
• Du 11 au 14 décembre 1956, Pearson assiste à la conférence des ministres des Affaires étrangères de
l'OTAN à Paris. Le principal sujet à l'ordre du jour est le piètre état de l'Alliance après la crise de Suez et les
relations tendues entre la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Pearson n'est pas optimiste et ne croit
pas que les dégâts seront faciles à réparer. « À mon avis, dit-il dans un télégramme à Ottawa, cette session du
Conseil a confirmé que la brouille entre Washington, Londres et Paris est sérieuse [...] La méfiance s'est
installée entre eux -- personnellement et officiellement -- et va persister un certain temps. » (Document 582)
• À la mi-décembre 1956, Pearson fait un saut à Londres pour y discuter des relations anglo-canadiennes. Il
s'ensuit une série d'entretiens longs et « francs au point d'en être gênants » avec des membres influents du
Cabinet britannique, au sujet de la Grande-Bretagne et de la crise de Suez. Plusieurs collègues d'Eden
expriment « des doutes croissants sur son aptitude physique et mentale à faire face aux problèmes à venir » et
estiment qu'il devrait démissionner. Selwyn Lloyd, ministre des Affaires étrangères, nie catégoriquement que
les Britanniques connaissaient à l'avance les projets d'invasion israéliens (contrairement aux Français, qui
avaient appuyé les Israéliens) et affirme que Londres craignait en fait qu'Israël n'attaque plutôt la Jordanie. Les
Britanniques auraient alors dû intervenir de concert avec l'armée égyptienne de Nasser, car l'Égypte et la
Grande-Bretagne étaient toutes deux alliées de la Jordanie. Pearson trouvait « étrange et quelque peu
malsain » que les collègues d'Eden soient aussi disposés à discuter de son état avec un membre « d'un autre
gouvernement ». Seul fait exception Harold Macmillian, qui, estime Pearson, « est plus enclin à se soucier de
ses propres malheurs » que de ceux de son chef. (Document 202)
Divers
• Le 14 juin 1956, le premier ministre de Nouvelle-Zélande, Sydney Holland, rend visite à Pearson pour un
entretien d'une franchise étonnante sur la politique canadienne et internationale. Pearson fait à Holland un
compte rendu très franc du débat sur le pipeline qui se poursuit à la Chambre des communes, où les tactiques
de l'opposition « désespèrent le Cabinet ». Pearson est tout aussi direct dans sa description des dirigeants
mondiaux. Il croit que le premier ministre Eden de Grande-Bretagne est devenu « irrationnel et émotif sur la
question de Chypre » et qualifie le président Dwight Eisenhower des États-Unis d'« enflammé et irrationnel au
sujet de la Chine ». (Document 694)