M. EGGLETON - ALLOCUTION DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA AU JAPON« UN PLAN D'ACTION COMMUN » - TOKYO, JAPON
96/14 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA AU JAPON
« Un plan d'action commun »
TOKYO, Japon
Le 23 avril 1996
Je n'aurais pu, à l'occasion de ma première visite au Japon en qualité de ministre du Commerce international, m'adresser à un groupe plus important que le vôtre. Si
nous voulons que les investissements et les échanges commerciaux entre nos deux pays continuent de croître, si nous voulons que le Japon et le Canada unissent leurs
efforts pour supprimer les obstacles au commerce partout dans le monde, c'est grâce à vous que nous y parviendrons.
Ce sont vos conseils et vos démarches à titre de dirigeants d'entreprise et de hauts fonctionnaires qui donneront des résultats.
Vous vous demandez de quels résultats je parle? Je parle de l'impulsion à donner à la libéralisation des échanges et à l'élaboration de règles internationales afin que
vous, et d'autres comme vous, puissiez profiter d'un plus grand nombre de débouchés. Je parle de l'accroissement des investissements et des échanges commerciaux entre
le Canada et le Japon.
Je parle de l'établissement de partenariats entre Japonais et Canadiens également dans des pays tiers. Bref, je parle de l'élimination de règlements et d'obstacles
inutiles, qui fera que les entreprises pourront prospérer et créer des emplois.
Nous pouvons atteindre tous ces objectifs grâce au partenariat de plus en plus solide qui unit nos deux pays. Les statistiques permettent d'illustrer une partie de
l'histoire.
Le commerce bilatéral a dépassé les 24 milliards de dollars en 1995. Les exportations canadiennes à destination du Japon ont augmenté de 24 p. 100 au cours de l'an
dernier seulement, ce qui fait que la balance du commerce bilatéral est presque en équilibre.
Mais l'autre volet de l'histoire est que l'accroissement des ventes se produit dans une gamme étendue de secteurs industriels.
Le Canada continue d'être pour le Japon un fournisseur important de canola et de blé, de pâte de bois et de bois d'oeuvre, de charbon et d'aluminium. En outre, nous
devenons aussi rapidement de gros exportateurs de matériel de télécommunications, d'avions et d'hélicoptères privés. Et l'an dernier, des clients japonais ont acheté
pour plus de 100 millions de dollars de logiciels canadiens.
Le tourisme est en plein essor. Plus de 670 000 Japonais ont visité le Canada l'an dernier, soit un accroissement de 18 p. 100. Tandis que Vancouver, Banff, les Chutes
du Niagara et l'Île du Prince-Édouard continuent d'attirer un nombre croissant de visiteurs, les touristes japonais se dirigent aussi maintenant vers d'autres
destinations comme Québec, Terre-Neuve pour y observer les baleines et les Territoires du Nord-Ouest pour contempler les aurores boréales.
Toutefois, le créneau le plus lucratif est celui des matériaux de construction et des maisons préfabriquées, dont les ventes se sont chiffrées bien au-delà des 130
millions de dollars en 1995. C'est le double du record établi en 1994, et nous sommes sûrs que les exportations doubleront encore en 1996.
Un bon exemple de ce qui se passe est le Selco's Canadian Place, un projet de construction domiciliaire que j'ai inauguré hier à Sendai.
Ce projet de 59 unités a été construit à partir d'éléments préfabriqués au Canada; il illustre à quel point les PME canadiennes réussissent bien au Japon et laisse
entrevoir le succès qu'elle connaîtront à l'avenir. Le Canada est maintenant le plus important fournisseur de maisons préfabriquées du Japon.
Et l'investissement direct japonais au Canada continue de croître.
Un bon exemple est le secteur automobile : Toyota et Honda ont annoncé leur intention de doubler la production au Canada au cours des prochaines années.
Malgré nos réussites, le gouvernement du Japon et celui du Canada reconnaissent la nécessité d'aller plus loin.
Permettez-moi donc d'envisager ce qui, à mon avis, pourrait constituer « un plan d'action commun », un plan d'action qui suppose la coopération entre nos deux pays, à
l'échelle mondiale, régionale et bilatérale.
Notre objectif immédiat est d'exploiter nos ressources dans le but de faire mieux connaître les énormes débouchés découlant de notre partenariat bilatéral.
Nous avons récemment révisé le Plan d'action du Canada pour le Japon, qui est un cadre pour les activités de développement des entreprises cibles dans sept secteurs en
croissance : le logement et les matériaux de construction, le poisson et les fruits de mer, les aliments transformés, les produits de consommation, les soins de santé,
le tourisme et les technologies de l'information. Nous allons continuer de travailler avec le JETRO [Office japonais du commerce extérieur] et d'autres organismes
japonais pour réaliser les objectifs fixés dans notre plan d'action.
Un deuxième élément de ce plan d'action est la nécessité d'éliminer les obstacles au sein de nos économies nationales afin d'accroître la compétitivité de nos
entreprises.
Il ressort de notre propre expérience que la réforme de la réglementation est importante pour accroître la productivité et favoriser l'expansion économique. Nous avons
réalisé des progrès considérables, mais il reste encore beaucoup à faire.
La réforme de la réglementation au Japon -- appelée ici déréglementation -- profitera aux sociétés japonaise et canadienne en suscitant une augmentation de la demande
et une baisse des coûts. Toutefois, j'incite le gouvernement et le monde industriel japonais à accentuer encore la réforme.
Les gouvernements devraient éliminer les restrictions réglementaires visant l'accès aux marchés et la concurrence par les prix, qui sont inefficaces sur le plan
économique -- ou qui n'ont aucun but légitime sur les plans de la santé et de la sécurité.
La déréglementation nous amène au troisième point de mon plan d'action : les investissements. Le Canada cherche à offrir aux investisseurs japonais un climat
d'investissement idéal.
Pour cette raison, nous avons fait des efforts considérables pour réduire notre déficit budgétaire, améliorer l'efficacité de notre réglementation, promouvoir la
privatisation, réduire les coûts du respect de la réglementation pour les entreprises, éliminer les obstacles internes au commerce et tirer le meilleur parti possible
des marchés d'exportation créés par l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA].
Nous croyons que ce climat d'affaires amélioré non seulement encouragera les investisseurs étrangers, mais soutiendra également les niveaux intérieurs
d'investissement, à mesure que les sociétés se préparent à relever les défis que présente l'approvisionnement de marchés étrangers comme celui du Japon.
Quatrièmement, les efforts que nous déployons pour réformer la réglementation et améliorer le climat d'investissement devraient porter sur des secteurs précis
intéressant nos deux pays, comme le logement.
Le Canada s'est intéressé particulièrement à déréglementer le secteur de l'habitation en raison des avantages évidents et immédiats qui en résulteront pour les
consommateurs comme pour les fournisseurs nationaux et étrangers.
Le Canada accueille favorablement l'engagement du gouvernement du Japon visant à réduire les coûts du logement au Japon en favorisant une réforme et une libéralisation
plus poussées.
Nous espérons que le processus recevra une impulsion nouvelle et permettra d'éliminer tous les obstacles, notamment les normes, les codes de prévention des incendies
et les droits frappant les matériaux de construction. Il serait également avantageux pour nous d'étendre cette coopération à des secteurs connexes, comme la gestion
des forêts.
Mon cinquième point est le suivant : en faisant la promotion de la coopération entre les entreprises canadiennes et japonaises, nous ne devrions pas négliger les
débouchés intéressants qu'offrent les partenariats formés pour la réalisation de grands projets dans des pays tiers, particulièrement dans la région de l'Asie-Pacifique. Demain, je présiderai une table ronde réunissant des chefs d'entreprise canadiens et des hauts fonctionnaires du commerce représentant toute la région de
l'Asie-Pacifique afin d'explorer davantage ces possibilités ainsi que d'autres questions.
Je m'attends à ce que ce type de collaboration soit de plus en plus courant dans les années à venir dans le cadre de la mondialisation du commerce.
Le sixième point de ce plan d'action est que nous devons poursuivre cette coopération au niveau régional, surtout en focalisant sur notre objectif à long terme
d'ouverture et de libéralisation du commerce et des investissements au sein de l'APEC [mécanisme de Coopération économique Asie-Pacifique], d'ici l'an 2010 pour les
économies développées et d'ici l'an 2020 pour les économies en développement.
L'APEC est également une tribune importante pour s'attaquer à tout un ensemble de questions d'intérêt mutuel, comme le développement durable et la protection de
l'environnement. J'espère que cette coopération s'approfondira davantage à mesure que nous progressons vers 1997, année au cours de laquelle le Canada assumera la
présidence de l'APEC.
Nous planifions déjà une gamme étendue d'activités pour 1997 dans le but de mettre davantage en lumière les nombreux débouchés qui existent en Asie pour les sociétés
canadiennes -- surtout les PME. Pour attirer l'attention sur ce phénomène, nous nommerons l'année 1997 l'Année de l'Asie-Pacifique au Canada.
Le dernier objectif, et peut-être le plus important du plan d'action Canada-Japon, consiste à renforcer notre coopération bilatérale à l'échelle mondiale.
Dans bien des domaines, nous avons la même façon de voir. En tant que membres du G-7, de la Quadrilatérale, de l'Organisation de coopération et de développement
économiques et de l'APEC, le Canada et le Japon ont à coeur l'un comme l'autre l'expansion du système de commerce international fondé sur des règles.
À cet égard, il y a place pour plus de coopération au sein de l'Organisation mondiale du commerce [OMC].
La réunion, à Kobe, des ministres du commerce de la Quadrilatérale avait pour but de promouvoir ce type de coopération à l'heure où nous nous préparons pour la
Conférence ministérielle de l'OMC à Singapour. Notre tâche est de poursuivre sur la lancée de la libéralisation du commerce. Ces dernières années, nous avons déjà
accompli d'importants progrès vers une plus grande ouverture des marchés.
La conclusion de l'Uruguay Round et la création de l'OMC ont donné un élan formidable au commerce international et au mouvement des investissements. Mais à bien des
égards, l'OMC n'était qu'un début. Il reste beaucoup à faire. Par exemple, nous devons continuer à oeuvrer à l'élaboration de règles mondiales efficaces sur la
libéralisation et la protection des investissements.
Nous devrions aussi commencer à discuter des questions complexes qui se rapportent à la politique sur le commerce et la concurrence, aux normes relatives au commerce
et à la main-d'oeuvre, et au rapport entre le commerce et l'environnement.
Et nous devons veiller à ce que les grandes économies en développement, y compris la Chine et la Russie, s'intègrent avec succès au système commercial mondial. Car le
système commercial ne saurait être véritablement « mondial » sans la participation de ces deux importantes économies.
Je crois que le Canada et le Japon doivent donner l'exemple pour la réussite de la Conférence ministérielle de l'OMC qui aura lieu à Singapour. Je suis convaincu que
le gouvernement du Japon partage mon avis.
Nous pouvons agir dès maintenant sur ces points. Nous avons du reste déjà fait quelques pas dans cette direction. Il nous faut poursuivre ce que nous avons commencé.
Dans ce contexte, vous avez un rôle important à jouer. Votre intérêt va dans le sens de résultats concrets. Le nôtre également. Conjuguons donc nos efforts et
travaillons ensemble.
Je vous remercie.