M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASION DU GALA DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE L'UNION EUROPÉENNE À TORONTO - TORONTO (ONTARIO)
96/20 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION
DU GALA DE LA CHAMBRE DE COMMERCE
DE L'UNION EUROPÉENNE À TORONTO
TORONTO (Ontario)
Le 9 mai 1996
C'est un privilège que d'être ici le jour même où l'Union européenne [UE] célèbre sa fête nationale, la Journée Schuman, et de participer à la Semaine de l'Europe à
Toronto.
Permettez-moi au départ de dire à quel point j'appuie l'initiative prise par les diverses chambres de commerce, associations commerciales et missions commerciales de
Toronto de s'unir pour former cette splendide Chambre.
Même si vous n'existez que depuis un an, vous avez déjà réussi à attirer une brochette impressionnante d'invités, ce qui reflète à mon avis la grande importance de
l'Union européenne.
Trop souvent, nous envisageons l'avenir du commerce et des relations commerciales uniquement en termes d'organisations nationales et supranationales; nous avons
tendance à oublier que ce sont des hommes et des femmes qui prennent la décision et courent le risque d'investir à l'étranger.
En renseignant les entrepreneurs canadiens sur la façon de s'y prendre pour faire des affaires en Europe, vous êtes en fait les véritables catalyseurs du changement.
Vous êtes les moteurs de la croissance de nos exportations en travaillant sur le terrain, de façons très concrètes, avec des compagnies grandes et petites qui
s'aventurent sur de nouveaux marchés et créent de la richesse et des occasions nouvelles pour les Canadiens.
Les gouvernements sont limités quant aux mesures qu'ils peuvent prendre pour favoriser le commerce; ensuite, c'est le secteur privé qui doit prendre le relais. Voilà
pourquoi je vous sais gré de vos efforts pour encourager les compagnies à poser ce geste décisif.
Évidemment, lorsqu'il s'agit d'accroître les échanges commerciaux, les Canadiens n'ont pas le choix : avec une population relativement petite, ils se doivent de
trouver d'autres marchés. C'est un défi auquel ils s'attaquent avec ténacité et avec succès.
Les exportations ont progressé à un rythme sans précédent; elles représentent aujourd'hui près de 37 p. 100 de notre PIB [produit intérieur brut], par rapport à
seulement 26 p. 100 il y a à peine quatre ans.
Présentement, un emploi sur trois au Canada dépend des exportations. Un sur trois!
Les plus récentes statistiques révèlent que le Canada a aujourd'hui un excédent de 28 milliards de dollars, ce qui surpasse l'ancien record d'environ 20 milliards
établi en 1984.
Fait à signaler, une bonne partie de cette croissance intervient dans les secteurs à valeur ajoutée. Ce qui signifie que nous faisons maintenant autre chose
qu'exporter des matières premières pour que d'autres les raffinent et nous les revendent plus cher. Cela augure bien des perspectives économiques à long terme des
Canadiens.
Donc, notre commerce s'accroît, nos exportations se diversifient et nos débouchés se multiplient. Les Canadiens ont pris d'assaut le reste du monde, et leurs victoires
s'accumulent.
Mais si nous voulons rester sur le chemin de la prospérité, nous devons continuellement viser plus haut, voir plus grand et percer sur de nouveaux marchés.
Nous devons aussi grossir les rangs des compagnies canadiennes qui exportent. À l'heure actuelle, environ 5 000 firmes génèrent 94 p. 100 de nos exportations; en fait,
la moitié de nos exportations sont faites par seulement 50 firmes.
Nous voulons doubler le nombre de compagnies exportatrices d'ici à l'an 2000; l'objectif est ambitieux, mais il est aussi atteignable.
Lorsqu'elles envisagent d'exporter, les entreprises canadiennes pensent pour la plupart à notre marché le plus proche et le plus important : les États-Unis. C'est tout
naturel, étant donné la proximité de ce marché et la connaissance que nous en avons.
Mais aucune compagnie ni aucun pays ne devrait mettre tous ses oeufs dans le même panier. Nous devons aller voir ce qui se passe ailleurs qu'en Amérique du Nord, sur
les vastes marchés du monde que nous avons à peine exploités. Et aucun de ces marchés n'est plus susceptible de connaître une croissance explosive que celui de l'Union
européenne. Pour les compagnies canadiennes, les possibilités sont particulièrement grandes puisqu'elles ont une bonne partie des compétences spécialisées en R-D
[recherche-développement] dont ont besoin les firmes et organisations de recherches européennes.
Donc, les besoins créent une occasion qu'il nous faut exploiter maintenant. L'histoire nous enseigne qu'une conjoncture du genre est plutôt exceptionnelle et que,
lorsqu'elle se manifeste, elle ne dure pas très longtemps. L'heure est venue de se départir de sa timidité et de foncer.
L'Europe, « le vieux continent », a fait peau neuve. Les 15 États de l'Union européenne représentent le plus grand marché au monde, comptant pour environ 35 p. 100 du
commerce international. Avec l'élimination des entraves intérieures à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes, l'UE est une
superpuissance économique.
Nous avons affaire à une zone commerciale composée de pays développés où l'on retrouve une main-d'oeuvre qualifiée et un marché de 370 millions de consommateurs. Leurs
économies sont en croissance, l'inflation se maintient aux environs de 3 p. 100 et le PIB affiche une progression constante. De fait, l'UE est devenue l'un des marchés
les plus compétitifs au monde, un marché qui exerce une influence importante sur les flux mondiaux de commerce et d'investissement.
Ce sont là des conditions qui devraient faire saliver tout exportateur et inciter les entreprises qui n'exportent pas actuellement à s'y mettre -- et vite!
Naturellement, l'Union européenne est un marché qui est déjà familier aux Canadiens. C'est le deuxième marché d'exportation du Canada. En 1995, les ventes canadiennes
y ont totalisé 16,5 milliards de dollars, une hausse de 34 p. 100 par rapport à l'année précédente!
Nos investissements directs sur les marchés de l'UE ont atteint 28 milliards de dollars l'an dernier, une augmentation de 18 p. 100.
Il est aussi important de rappeler aux entrepreneurs canadiens qu'il devient de plus en plus facile de faire des affaires en Europe. En décembre dernier, une entente
est intervenue sur un certain nombre de questions commerciales, notamment dans le secteur agricole. Les vieux obstacles sont donc en train d'être levés et un immense
marché, riche et profitable, s'ouvre.
Le fait que des entreprises canadiennes soient attirées par l'Europe n'a rien de surprenant -- les liens entre le Canada et l'Europe sont à la fois séculaires et
profondément enracinés. L'an prochain marquera le 500e anniversaire de la découverte du Canada par les Européens. Depuis cet événement, l'immigration européenne au
Canada et de façon plus générale en Amérique du Nord a bâti un patrimoine commun de liens familiaux, culturels et linguistiques unique au monde.
Nulle part ailleurs dans le monde une région peut-elle se tourner vers une autre et y voir autant d'elle-même.
Notre attachement à des sociétés libres et ouvertes, aux droits de la personne, à l'économie de marché et à l'assistance collective aux moins avantagés reflète des
valeurs communes pour lesquelles nous nous sommes battus.
Ces dernières années, les vents du changement ont balayé la planète. Un monde qui naguère était au bord du gouffre compte maintenant de plus en plus de démocraties.
Les marchés ouverts supplantent les sociétés fermées, la répression cède le pas à la liberté et le détachement méfiant fait place à des sentiments mutuels de
rapprochement.
De nouveaux outils technologiques comme Internet, les télécopieurs, les antennes paraboliques et CNN -- qu'on pouvait à peine imaginer il y 10 ou 15 ans -- ont
rapetissé plus que jamais le monde et changé la façon même dont les nations et les individus interagissent. On attache plus de prix aux nombreuses choses qui nous
unissent maintenant et moins d'importance à celles qui nous ont divisés dans le passé.
Les nations sont encore en train de s'adapter à cette nouvelle dynamique mondiale. Elles s'orientent lentement dans un environnement qui sera défini, pour la première
fois, par des règles mondiales. L'un des défis les plus importants que doivent relever les Européens et les Nord-Américains est celui d'assurer un leadership concerté
dans l'élaboration de ces nouvelles règles -- et dans leur application.
Quand l'Europe et l'Amérique du Nord travaillent ensemble, il y a peu de choses qu'elles ne peuvent accomplir. Le plan d'action signé en décembre dernier à Madrid par
l'Union européenne et les États-Unis signale que les dirigeants à Washington et dans les capitales de l'UE ont compris que le temps était venu de donner un caractère
officiel à leur nouvelle relation. Les négociations en cours sur une déclaration et un plan d'action semblables entre le Canada et l'UE en feront un partenariat
véritablement transatlantique.
Notre premier objectif doit être d'assurer la poursuite de notre développement économique. Dans les années à venir, la puissance d'une nation sera évaluée non pas en
fonction de la taille de son arsenal mais de la force de ses idées. La connaissance sera la nouvelle monnaie et le statut d'une nation sera déterminé par sa capacité
d'innovation : par le nombre de brevets et les types de technologies qu'elle développe. Ce seront les nouveaux instruments de la prospérité, et nos régions respectives
ne peuvent se permettre de manquer ce rendez-vous.
Épicentres d'un réseau grandissant d'investissements transfrontières, l'Europe et l'Amérique du Nord seront sans doute les principales avenues de l'économie mondiale.
Pour de nombreuses industries, les arrangements commerciaux panaméricains ou paneuropéens ne sont pas encore assez larges -- elles veulent des arrangements et des
règles de portée mondiale. Ces règles sont maintenant en voie d'élaboration à l'OMC [Organisation mondiale du commerce], et nous devons renforcer et appuyer ces
efforts.
On envisage d'effectuer une étude sur les façons de libéraliser les flux transatlantiques dans le cadre du plan d'action convenu par l'UE et les États-Unis, et il est
prévu de faire la même chose aux termes de l'entente entre le Canada et l'UE. Il s'agit là d'un bon premier pas.
Évidemment, les négociations dans le cadre du plan d'action Canada-UE ne portent pas uniquement sur les questions économiques et commerciales. On discute aussi de
politique étrangère et de sécurité internationale, d'une plus grande coopération afin de s'attaquer à de nouveaux problèmes mondiaux comme le crime international, les
migrations des personnes et la protection de la diversité culturelle ainsi que des façons d'exploiter les bienfaits de la technologie de l'information dont j'ai parlé
il y a un instant.
À moins de difficultés imprévues, nous sommes confiants de pouvoir conclure les négociations d'ici à la fin de mai.
Plus nous serons en mesure de façonner des positions communes face au nouvel environnement mondial, plus nous pourrons assumer le leadership qui nous incombe. Ni
l'Europe ni le Canada ne peuvent se permettre de laisser le système international aller à la dérive.
Si nous pouvons relever le défi de l'action commune, nous serons en mesure de fournir le leadership nécessaire pour mettre en place les assises d'un ordre mondial
prospère, stable et sûr.
Dans cette entreprise, l'Europe et le Canada feront, comme par le passé, front commun.
Vous pouvez être assurés que le gouvernement du Canada fera tout en son pouvoir pour forger de nouvelles alliances et ouvrir de nouveaux marchés. Mais, d'une façon
très réelle, tout commence avec vous.
Merci.