M. CHAN - ALLOCUTION AU SÉMINAIRE OFFERT PAR LE CONSEIL COMMERCIAL CANADA-CHINE SUR LES OCCASIONS D'AFFAIRES DANS LA RÉGION DU DELTA DU YANGTZE - OTTAWA (ONTARIO)
96/30 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE RAYMOND CHAN,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (ASIE-PACIFIQUE),
AU SÉMINAIRE OFFERT PAR LE CONSEIL COMMERCIAL
CANADA-CHINE SUR LES OCCASIONS D'AFFAIRES DANS LA
RÉGION DU DELTA DU YANGTZE
OTTAWA (Ontario)
Le lundi 3 juin 1996
Distingués membres du CCCC [Conseil commercial Canada-Chine], Mesdames et Messieurs,
En 1993, notre gouvernement a été porté au pouvoir grâce à son programme de relance de la croissance et de l'emploi. L'un des objectifs clés de ce programme consiste à
multiplier les activités commerciales du Canada dans la région Asie-Pacifique, qui connaît une expansion rapide.
Comme vous le savez, le premier ministre lui-même s'est rendu en Chine en 1994 à la tête d'une mission commerciale de l'Équipe Canada pour y faire la promotion des
compétences canadiennes et montrer que le Canada entend être un acteur clé en Chine pour de nombreuses années. Durant le voyage, M. Chrétien nous a fixé un objectif
concret : des échanges bilatéraux d'une valeur de 20 milliards de dollars d'ici l'an 2000.
Lorsque le défi a été lancé en 1994, la valeur de ces échanges se chiffrait à 6 milliards de dollars; en 1995, elle était passée à 8 milliards - une augmentation de
33 p. 100. Si nous regardons les statistiques détaillées, nous constatons que les importations du Canada en provenance de la Chine se sont accrues de 20 p. 100 pour
atteindre la somme record de 4,6 milliards de dollars, tandis que ses exportations ont grimpé de près de 50 p. 100 jusqu'à 3,39 milliards - un autre sommet.
Il nous reste encore un bon bout de chemin à faire en cinq ans. Mais je suis confiant que nous atteindrons notre objectif. Notre commerce continue de se diversifier
chaque année. Par exemple, les biens à valeur ajoutée représentent aujourd'hui presque 45 p. 100 des ventes canadiennes en Chine - deux fois plus qu'en 1993. Une bonne
centaine de compagnies canadiennes se sont implantées en Chine, et le nombre de nouveaux bureaux augmente constamment.
De plus, nous ne nous bornons plus simplement à échanger des biens. Nous investissons et transférons de la technologie à des entreprises en coparticipation en Chine.
Nous établissons entre nos pays un réseau de liens d'affaires qui stimulent le commerce et l'investissement.
Comme nous avons pu le constater durant la visite de l'Équipe Canada en 1994, et lors de la mission commerciale que j'ai dirigée le mois dernier, les secteurs
d'expertise du Canada coïncident parfaitement avec les secteurs que la Chine essaie de développer, comme l'énergie, les télécommunications, les services financiers,
les ressources naturelles, l'agro-alimentaire et la protection de l'environnement. Les perspectives d'un accroissement des échanges commerciaux et de l'investissement
entre nos deux pays continueront de s'améliorer au fur et à mesure que les réformes en Chine permettront une participation étrangère plus grande et que continueront de
s'appliquer les réductions tarifaires entrées en vigueur en avril dernier.
La Chine, comme l'Europe et les États-Unis, est en fait constituée d'un grand nombre de marchés régionaux. Le fait que nous soyons réunis ici aujourd'hui illustre de
façon éloquente les progrès que nous avons accomplis dans la prise en compte de cette réalité. Et nous savons que nos stratégies commerciales à l'égard de la Chine
doivent, plus que jamais, refléter cette réalité.
Mon récent voyage, qui avait pour objectif de soutenir cette impulsion, a ciblé plus précisément certains des marchés régionaux qui connaissent la croissance la plus
rapide. Ce fut une occasion excitante de faire la promotion des connaissances canadiennes et de cultiver des partenariats avec des dirigeants gouvernementaux et du
milieu des affaires qui guident le développement de ces marchés en pleine expansion.
Les gouvernements centraux occupent encore une place importante dans les économies asiatiques, mais leur rôle est moins significatif que par le passé. De plus en plus
de décisions sont décentralisées au profit des autorités locales. Aujourd'hui en Chine, les projets de 30 millions de dollars ou moins ne requièrent pas l'approbation
du gouvernement central; en conséquence, les contacts qu'établissent les entreprises canadiennes avec les dirigeants régionaux donnent à celles-ci un avantage
concurrentiel important. Le Canada doit affiner sa capacité de repérer ces nouveaux décideurs et d'entretenir des relations avec eux.
C'est pourquoi j'ai dirigé le mois dernier la première mission commerciale du Canada consacrée aux nouveaux marchés régionaux de la Chine, à laquelle ont pris part des
représentants de plus de 40 compagnies canadiennes. Nous avons évidemment visité les centres traditionnels que sont Shanghai et Beijing, mais nous nous sommes aussi
rendus à Dalian, Jinan, Fuzhou et Shenzhen. Ces villes dynamiques ont un rôle clé à jouer dans les régions du nord et du sud de la Chine qui se développent rapidement.
Nous avons été encouragés par ce que nous avons entendu. Et nous sommes rentrés au Canada avec une idée plus juste des priorités de ces régions.
Les taux de croissance économique surpassent la moyenne nationale. Le revenu par habitant progresse d'environ 10 p. 100 par année. D'ambitieux projets de modernisation
dans les secteurs de l'immobilier, des transports et de l'environnement sont en cours ou à divers stades de planification. Le message dominant était le suivant :
« Nous avons besoin de vous et nous voulons faire des affaires avec vous ». À mesure que progressait la visite, il devenait de plus en plus évident que, si nous ne
sommes pas présents sur le marché chinois, nous nous couperons d'occasions importantes.
Même si bon nombre d'entreprises canadiennes sont actives dans la région, nous devons faire davantage. Il est impératif que nous fassions porter une plus grande part
de nos efforts à l'extérieur de Beijing et Shanghai si nous voulons réaliser notre plein potentiel sur le marché chinois. Ma récente visite montre bien que notre
gouvernement est déterminé à axer de plus en plus ses efforts commerciaux sur les marchés régionaux et sous-régionaux naissants de la Chine, comme le delta du Yangtze.
L'ambassade du Canada à Beijing, le consulat général à Shanghai et le consulat à Guangzhou ont comme mission prioritaire de recueillir des renseignements sur les
développements rapides qui surviennent dans les marchés régionaux chinois.
Je suis aussi heureux de vous annoncer l'affectation d'un délégué commercial additionnel à Beijing à compter de cet été. Cette mesure aidera les entreprises
canadiennes à aller chercher des projets de plus en plus nombreux financés par la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement dans les marchés régionaux de
la Chine.
En outre, nos visites de haut niveau cibleront davantage les régions et les sous-régions de la Chine. Ma collègue Anne McLellan, ministre des Ressources naturelles,
rentre à peine elle aussi d'une visite qui l'a menée à Harbin dans le nord-est de la Chine.
Le gouvernement du Canada est toujours résolu à appuyer vos efforts pour favoriser une plus grande présence canadienne en Chine et à renforcer notre partenariat
économique avec ce pays. Mais nous savons aussi que les échanges commerciaux et l'investissement ne se multiplieront que là où ils seront profitables et où les règles
sont claires, équitables et transparentes.
Une étude récente du Conference Board sur les intentions des entreprises canadiennes relativement à l'investissement en Chine révèle que les investisseurs canadiens
doivent y surmonter encore un bon nombre d'obstacles, notamment des tracasseries bureaucratiques, un système juridique inadéquat et des contrôles des changes.
C'est pourquoi le Canada appuie l'admission rapide de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce, et il continuera de travailler en étroite collaboration avec ce
pays pour concrétiser l'engagement de l'APEC d'instaurer le libre-échange dans la région d'ici l'an 2020. Par ailleurs, nous poursuivons les discussions sur un accord
de protection de l'investissement étranger avec la Chine, et nous espérons qu'une entente finale interviendra dans les mois qui viennent.
Nous sommes tout aussi résolus à travailler avec la Chine sur d'autres plans. Nos programmes de coopération au développement avec ce pays aident à renforcer notre
relation bilatérale et favorisent un plus grand nombre de partenariats entre les entreprises canadiennes et chinoises. En outre, ils encouragent le développement
durable et font la promotion du bon gouvernement et de la primauté du droit, deux objectifs du Canada.
Mon gouvernement n'a jamais cru que nos relations internationales peuvent être réduites à une discussion « commerce contre droits de la personne ». Des contacts
réguliers et dans une vaste gamme de domaines sont l'occasion d'appels à une plus grande ouverture et à un plus grand respect de la liberté.
Le commerce réduit l'isolationnisme, en même temps qu'il élargit la portée du droit international et génère la croissance requise pour soutenir le changement et le
développement au niveau social. Une société qui dépend peu du commerce et de l'investissement international n'est pas ouverte aux idées et valeurs de l'extérieur.
Durant ma récente visite, les dirigeants chinois m'ont semblé réceptifs à nos idées. Ils savent ce à quoi nous nous attendons. J'ai pu constater, lors de mes
rencontres avec les dirigeants régionaux, une sensibilité à la nécessité de la règle de droit et d'un cadre juridique et réglementaire qui soit clair, équitable et
transparent. Même si on a reconnu que la Chine avait encore beaucoup à faire à cet égard, la volonté des Chinois de s'atteler à la tâche ne faisait pas de doute.
J'ajouterai que, tant à Beijing qu'à Hong Kong, j'ai insisté sur le fait que le Canada appuie une transition ordonnée en 1997, et j'ai fait part de la position de
notre gouvernement sur plusieurs questions liées à cette transition. Pour la première fois, j'ai reçu des autorités chinoises l'assurance que les 100 000 Canadiens à
Hong Kong pourront continuer d'y être des résidants permanents après 1997. Comme vous le savez peut-être, la double citoyenneté ne sera pas autorisée. Ceux et celles
qui choisissent la citoyenneté canadienne continueront d'avoir droit à une assistance consulaire à Hong Kong. Toutefois, comme je l'ai fait observer aux autorités
chinoises, l'intention de la Chine d'installer un conseil législatif temporaire a un effet négatif sur la confiance des gens à Hong Kong comme sur celle de la
communauté internationale.
Je peux vous assurer que notre gouvernement continuera de soulever ces questions auprès des autorités chinoises; j'en ai d'ailleurs discuté avec le ministre des
Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy. Nous chercherons à obtenir une entente écrite qui garantisse aux Canadiens le droit de vivre, de travailler et de faire des
affaires à Hong Kong après le 1er juillet 1997.
Je suis impatient de retourner en Chine dans un proche avenir pour aider les entreprises canadiennes à se positionner dans les marchés du centre et de l'ouest de la
Chine.
Les Canadiens ne pourront participer plus pleinement au développement de la Chine que s'ils comprennent mieux les priorités de ces marchés régionaux. Je vous invite à
envisager de participer à la prochaine mission. Communiquez avec mon bureau et nous vous contacterons une fois que les plans seront plus définitifs. Comme vous le
savez, en tirant parti de ces occasions en Chine, nous pouvons créer de bons emplois pour les Canadiens ici même.
J'aimerais pour conclure féliciter le Conseil commercial Canada-Chine, le Conference Board du Canada et Chreod Ltd. pour avoir organisé ces séminaires. Je suis
persuadé qu'ils aideront les compagnies canadiennes à se positionner pour profiter des occasions de plus en plus nombreuses dans le delta du Yangtze.
Je vous remercie.