M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA 65E CONFÉRENCE ANNUELLE DE L'ASSOCIATION DES IMPORTATEURS CANADIENS - TORONTO (ONTARIO)
96/43 TELLE QUE PRONONCÉE
ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DE LA 65e CONFÉRENCE ANNUELLE
DE L'ASSOCIATION DES IMPORTATEURS CANADIENS
TORONTO (Ontario)
Le 9 octobre 1996
Pour commencer, je tiens à féliciter Donald McArthur et tous ceux qui n'ont ménagé aucun effort pour faire de cette conférence une réalité. À en juger par votre ordre
du jour, vous avez là une liste très impressionnante de conférenciers et de sujets.
De toute évidence, l'Association des importateurs canadiens est déterminée à assurer à ses membres la meilleure information provenant des sources les plus fiables qui
soient sur les sujets qui touchent à leurs affaires.
En ma qualité de ministre du Commerce international, je sais que le commerce est une voie à double sens. On parle beaucoup du succès de nos exportateurs, et on oublie
les réalisations spectaculaires de nos importateurs.
Nous le savons tous, les importations tiennent une place colossale dans notre économie et jouent un rôle vital dans nos succès commerciaux en général. Ne serait-ce
qu'en 1995, leur contribution s'est chiffrée aux alentours de 150 milliards de dollars.
Les importations revêtent une importance déterminante pour plusieurs raisons. Tout d'abord, grâce aux importateurs, les entreprises canadiennes ont accès aux
technologies de pointe et aux plus récents produits du monde entier, aux plus bas prix. Il en découle deux conséquences : d'abord, elles rendent les exportations
possibles en ce qu'elles apportent aux entreprises les facteurs de production qui ne se trouvent pas sur le marché national et ensuite elles gardent nos entreprises
vigilantes, qu'elles soient exportatrices ou non.
Je dis vigilantes, car lorsqu'une nouvelle technologie, ou un nouveau produit ou encore une nouvelle invention arrive au Canada, nos producteurs nationaux doivent soit
l'adopter, soit produire l'équivalent, soit renoncer à une part de marché.
Ainsi, l'avantage concurrentiel qui nous est nécessaire pour réussir est-il constamment aiguisé par les importations.
Autre point, les importations contribuent à la baisse du coût de la vie. Ayant le monde entier comme marché, les importateurs peuvent offrir aux consommateurs
canadiens les meilleurs produits aux meilleurs prix.
Sans le dynamisme du secteur de l'importation, nous devrions tous payer plus cher les vêtements que nous portons, les ordinateurs dont nous nous servons et les
voitures que nous conduisons.
Sans les importations, notre économie serait beaucoup moins vigoureuse, nos exportations moins florissantes, nos entreprises moins concurrentielles et nos biens de
consommation plus coûteux.
Je suis ici aujourd'hui pour attester de votre rôle dans la santé de notre économie et pour vous remercier pour ce que vous accomplissez.
Je voudrais aussi rappeler très rapidement quelques faits récents dans le domaine du commerce international qui pourraient avoir des répercussions sur votre secteur.
Les débouchés commerciaux se multiplient sans cesse. De nouveaux marchés s'ouvrent, de nouveaux produits s'offrent à l'importation, le volume des échanges grandit tout
comme le nombre de sociétés canadiennes qui parviennent à s'introduire avec succès dans des créneaux de l'économie mondiale.
De plus en plus, les Canadiens se perçoivent comme des membres d'une communauté commerçante mondiale et se rendent compte qu'il y a, de loin, plus à gagner qu'à
craindre de la mondialisation.
Après la signature de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis [ALE] puis de l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA], qui engageait le Mexique, nos
échanges sont montés en flèche. En fait, depuis l'accord signé avec les États-unis, nos échanges bilatéraux ont fait un bond de 90 p. 100.
Voyant s'ouvrir à lui de nouveaux marchés, le Canada ouvre aussi le sien aux produits de ces pays, dans l'intérêt des importateurs.
Permettez-moi de citer deux nouveaux marchés qui s'offrent aux importateurs : le Chili et Israël.
Vous le savez sans doute, le Canada préconise l'accession du Chili à l'ALENA et, en attendant, il est en train de négocier un accord bilatéral pour y parvenir. À notre
avis, le Chili est destiné à devenir un acteur de premier plan dans la région, et nous voulons que les Canadiens aient accès à son marché et à ses produits.
Le Canada a aussi récemment signé un accord de libre-échange avec Israël. Il s'agit du premier accord du genre que le Canada conclut hors du continent américain et il
représente une saisissante preuve de notre détermination à faire avancer la cause de la libéralisation des échanges dans le monde.
Israël est une grande puissance économique du Moyen-Orient; aussi cet accord constitue-t-il une occasion privilégiée qui intéresse autant les importateurs que les
exportateurs.
En concluant des accords comme l'ALE, l'ALENA et l'Accord avec Israël, le Canada joint l'action à son discours sur le libre-échange.
De la sorte, nul ne peut douter que le Canada défend la libéralisation du commerce, autant par principe que par nécessité. Le principe du libre-échange est que le
monde se porte mieux lorsque les biens, les services et les idées sont échangés librement. Le libre-échange nous lie les uns aux autres et crée des possibilités qui
dépassent largement tout ce que nous pourrions obtenir par nous-mêmes.
La nécessité est une conséquence de l'étroitesse relative de notre marché national. Si nous voulons préserver notre niveau de vie actuel et si nous voulons offrir à
nos enfants et petits-enfants les mêmes possibilités que celles dont nous avons profité, nous devons simplement nous tourner vers les marchés hors de nos propres
frontières.
En termes simples, le Canada a besoin du commerce. Un emploi sur trois ici dépend de nos exportations. C'est pour cette raison que nous avons signé l'ALENA, que nous
appuyons l'Organisation mondiale du commerce [OMC], et que nous nous employons activement à créer une zone de libre-échange des Amériques [ZLEA].
J'ai mentionné l'OMC. J'arrive tout juste d'une réunion de la Quadrilatérale à Seattle. Vous le savez sans doute, la Quadrilatérale est composée des États-Unis, de
l'Union européenne, du Japon et du Canada. Notre réunion avait pour but de préparer la première conférence ministérielle de l'OMC qui doit se tenir en décembre à
Singapour.
Permettez-moi de vous dire brièvement ce que nous attendons de Singapour et comment nous nous préparons en vue de cette réunion. Il ne reste que deux mois avant la
conférence ministérielle. Lors de la réunion de la Quadrilatérale et d'autres, j'ai pressé les partenaires commerciaux du Canada de passer de la rhétorique à la
réalité, de conclure une entente sur les points qui ont une importance déterminante pour la poursuite du processus de libéralisation du commerce et des
investissements. J'aimerais que la conférence de Singapour aboutisse à un consensus multilatéral sur le plus grand nombre possible de sujets.
La libéralisation accrue du commerce passe, en premier lieu, par le respect intégral des engagements de tous les membres de l'OMC. Le plan de travail intégré, comme on
l'appelle, concernant les prochaines activités, notamment l'examen permanent, l'analyse et le travail préparatoire des futures négociations permettent de s'y diriger.
Le Canada s'emploie activement à ce qu'à Singapour les ministres prennent les décisions judicieuses qui contribueront à l'avancement des dossiers.
Ensuite, nous devons répondre aux besoins légitimes des pays en développement, en particulier les moins développés, si nous voulons que ces pays réagissent aux
questions qui ont une importance pour nous. Par exemple, nous ne parviendrons peut-être pas à nous entendre sur une action collective en matière de concessions
tarifaires au profit des pays en développement, mais nous pourrions nous entendre sur un plan d'action en matière d'assistance technique. À Seattle, j'ai proposé que
nous tenions, au début de l'année prochaine, une réunion conjointe des organismes voués au commerce et à l'aide internationale, notamment les pays donateurs, l'OMC, la
Banque mondiale et le FMI, pour chercher des moyens d'améliorer la coordination et l'attribution de l'aide technique dans le domaine de la politique commerciale.
Troisièmement, à mon avis, l'OMC est et peut demeurer sensible aux besoins d'une économie mondialisée. Pour cette raison, le Canada a pris l'initiative d'entreprendre
un programme de travail d'éducation et d'analyse sur l'investissement et a appuyé une initiative de l'Union européenne visant à ce que l'OMC commence à travailler sur
une interface entre le commerce et la concurrence. Je crois aussi qu'il nous faut continuer à progresser dans les secteurs du commerce et de l'environnement. De plus,
il nous faut prendre en charge les préoccupations du public envers les normes fondamentales du travail et, en particulier, la main-d'oeuvre enfantine.
Quatrièmement, il nous faut garder le système en marche. Je souscris à l'Accord sur la technologie de l'information qui prescrit que soient ramenés à zéro les droits
sur les produits qui ont une si grande importance pour l'infrastructure de nombre d'industries. Je préconise aussi la libéralisation des droits dans d'autres secteurs,
comme les huiles et les oléagineux ainsi que les pâtes et papiers, bien que j'aie beaucoup de travail à effectuer avec mes collègues dans ces cas. De plus, nous devons
montrer que nous sommes déterminés à réussir au chapitre des télécommunications de base et des services financiers l'an prochain.
Pour finir, Singapour doit prouver que l'OMC fonctionne comme une institution. Le monde des affaires et les pouvoirs publics doivent se rappeler que, plus que l'ALENA
et que tout autre accord régional dont ils sont parties, l'OMC défend en dernier lieu la libéralisation des échanges, des règles commerciales exhaustives et une
application universelle.
Au cours de mes voyages à l'étranger, j'ai noté que les autres comptent sur le Canada pour jouer un rôle de premier plan et pour servir de guide. Un résultat
acceptable pour moi à Singapour devrait inclure un accord sur la technologie de l'information. Il devrait aussi ménager un bon compromis entre commerce et main-d'oeuvre, de façon à montrer aux autres qu'il n'existe aucun risque à discuter du sujet. Je voudrais qu'à Singapour nous trouvions la bonne voie conduisant à une
libéralisation plus poussée, pour clore les dossiers des télécommunications et des services financiers, pour lancer les discussions sur l'investissement et la
concurrence et pour aider les pays en développement afin qu'ils puissent à leur tour nous aider à percer sur leurs marchés.
En cette époque historique de la libéralisation plus poussée du commerce, l'Association des importateurs canadiens doit conserver son rôle vital. Depuis plus de 65
ans, vous êtes le porte-parole reconnu de la communauté des importateurs.
Pour promouvoir ce dialogue, je vous invite à vous joindre à l'Alliance des manufacturiers et exportateurs du Canada et à la Chambre de commerce du Canada, et à
établir une relation de travail avec le Secrétariat des comités consultatifs sur le commerce du Ministère.
Cette tribune peut vous servir de guichet unique, à vous et à vos membres, et me servir aussi de source permanente de conseils et de commentaires. Je souhaite que vous
pensiez sérieusement à cette suggestion.
En terminant, je tiens à vous remercier encore pour votre contribution à nos échanges internationaux. Vos efforts me facilitent la tâche et enrichissent grandement
notre pays.
J'apprécie ce que vous faites et je me dévoue sans compter à la cause de la libéralisation accrue du commerce pour que le Canada profite en premier lieu des avantages
du marché mondial.
Je vous remercie.