M. EGGLETON - ALLOCUTION DEVANT LECOMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRESET DU COMMERCE INTERNATIONALRELATIVEMENT AU PROJET DE LOI C-61,LOI PORTANT MISE EN OEUVRE DEL'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE CANADA-ISRAËL - OTTAWA (ONTARIO)
96/45 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE
COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
RELATIVEMENT AU PROJET DE LOI C-61,
LOI PORTANT MISE EN OEUVRE DE
L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE CANADA-ISRAËL
OTTAWA (Ontario)
Le 29 octobre 1996
Chers collègues,
Cette loi importante va beaucoup contribuer à renforcer les liens qui nous unissent à Israël et à ouvrir la voie à de nouveaux domaines de collaboration et
d'enrichissement réciproque.
Partout dans le monde, on assiste à l'augmentation des possibilités de commercer avec l'étranger et à la chute des obstacles au commerce.
Dans ce nouveau monde d'association et d'interdépendance, aucun pays ne peut se permettre de se réfugier derrière des droits de douane protectionnistes.
Le Canada comprend la dynamique de ce nouveau monde. Nous comprenons la nécessité de libéraliser le commerce et de renoncer aux anciennes façons de faire. En tant que
pays relativement peu peuplé, nous comprenons la nécessité de chercher des marchés au delà de nos frontières. En fait, de tous les pays développés du monde, c'est le
Canada qui est le plus tributaire du commerce extérieur pour la création d'emplois et la croissance économique.
Ces dernières années, le commerce extérieur est devenu le moteur de notre économie. Nos exportations ont fait un bond gigantesque, pour représenter aujourd'hui le
tiers de notre produit intérieur brut [PIB].
Les exportateurs canadiens n'auraient pas connu ce genre de succès si chaque fois qu'ils frappaient aux portes d'un nouveau pays ils se heurtaient à des droits de
douane hostiles. Au contraire, grâce à des ententes comme l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA], l'accès aux marchés est assuré. C'est pourquoi nous nous
efforçons d'augmenter le nombre de pays prêts à ouvrir leurs portes et leurs marchés à nos exportateurs. Un de ces pays est le Chili, que le Canada fait tout son
possible pour inclure dans l'ALENA.
Comme nous connaissons en outre le potentiel de l'Amérique latine et des Antilles, nous sommes un des pays qui fait le plus d'effort pour créer une zone de libre-échange des Amériques.
Israël s'est également rendu compte des avantages de la libéralisation du commerce. C'est pourquoi il a signé des accords de libre-échange avec les États-Unis, l'Union
européenne, la Turquie, la République tchèque et la Slovaquie.
Quoi de plus naturel donc que deux pays qui cherchent à libéraliser leurs échanges commerciaux avec d'autres pays décident d'en faire autant entre eux?
Le Canada et Israël ont toujours été unis par des liens étroits. Ces liens ont de tous temps été fondés sur la collaboration et le respect mutuel. Aux liens d'amitié
peuvent s'ajouter les liens commerciaux, et aux avantages de l'amitié peuvent s'ajouter les avantages des investissements.
Le Canada et Israël essaient de resserrer leurs liens économiques. En 1994, le premier ministre du Canada, M. Chrétien, et le premier ministre d'Israël, M. Rabin, se
sont rencontrés pour commencer à négocier un accord de libre-échange entre leurs pays respectifs. Après deux années de négociations fructueuses, cet accord a été signé
le 31 juillet de cette année.
Pourquoi le Canada a-t-il accepté de conclure un accord de libre-échange avec un petit pays comme Israël? Parce qu'ainsi les entreprises canadiennes bénéficieront
dorénavant d'un accès direct immédiat et en franchise de droits aux marchés israéliens et les entreprises israéliennes, aux marchés canadiens, et ce, pour pratiquement
tous les biens industriels. Et les deux pays tireront profit de la réduction ou de l'élimination des droits de douane sur les produits agricoles.
Fait encore plus important peut-être, cet accord mettra les entreprises canadiennes sur un pied d'égalité avec leurs concurrents des États-Unis et de l'Union
européenne, qui, comme je l'ai dit, ont déjà signé des accords de libre-échange avec Israël. Avant la conclusion de l'Accord de libre-échange Canada-Israël, une
entreprise canadienne qui souhaitait exporter en Israël aurait pu se voir imposer des droits de douane élevés.
J'ai entendu dire que des entreprises canadiennes dans cette situation choisissaient parfois de fabriquer leurs produits aux États-Unis et de les expédier en franchise
de droits vers Israël aux termes de l'accord de libre-échange que les États-Unis ont conclu avec Israël. Nous voulons garder ces emplois au Canada. L'Accord de libre-échange Canada-Israël peut nous permettre de le faire.
Pour le Canada, Israël représente un important marché en expansion. Malgré les conditions difficiles qui y règnent actuellement, Israël a un niveau de vie élevé et
affiche une croissance économique impressionnante. La construction résidentielle est en plein essor, le taux de chômage est faible et l'investissement étranger monte
en flèche.
Pour le moment, les échanges commerciaux entre nos deux pays sont modestes, mais ils se développent. L'an dernier, le commerce bilatéral s'est accru de 37 p. 100 par
rapport à l'année précédente, pour se situer à 450 millions de dollars. Je suis convaincu qu'avec la signature de cet accord et l'ouverture de nos marchés respectifs,
ce commerce va connaître une croissance considérable.
Israël offre un grand nombre de débouchés qui intéresseront particulièrement les Canadiens. Les biens de haute technologie, les télécommunications, les projets dans le
domaine de l'électricité et de l'énergie en général, l'exploration pétrolière et gazière, l'agro-alimentaire, les pêches et l'environnement sont autant de secteurs qui
présentent énormément de potentiel pour les entreprises canadiennes.
Pour ces raisons et d'autres encore, nous sommes très heureux que le nouveau gouvernement d'Israël ait choisi de conclure cet accord de libre-échange avec le Canada.
Et nous avons été honorés que M. Natan Sharansky, ministre israélien de l'Industrie et du Commerce, ait pu être présent à Toronto au mois de juillet pour signer cet
accord.
M. Sharansky est un homme qui a pu, par sa détermination courageuse et tenace, persévérer et triompher. Il personnifie la volonté d'Israël de réaliser la paix et de
créer un nouveau Moyen-Orient dynamique, qui accepte le changement et s'ouvre à toutes les possibilités.
Cet accord vient à un moment crucial pour Israël et les autres pays du Moyen-Orient. Les événements qui se sont produits récemment à Gaza et en Cisjordanie nous
préoccupent tous. Nous sommes absolument navrés que d'autres Israéliens et Palestiniens aient perdu la vie. Nous avons exhorté les dirigeants des deux pays à explorer
toutes les options, à faire tous les efforts et à examiner toutes les possibilités pour prévenir d'autres éruptions de violence.
Certains affirment que, à la lumière des événements qui se sont produits récemment au Moyen-Orient, nous devrions reporter à plus tard la présentation de ce projet de
loi. À notre avis, cet accord raffermit la présence du Canada dans la région et constitue la déclaration de notre confiance dans le processus de paix, ainsi qu'un
investissement dans notre avenir commun. Nous allons donc aller de l'avant avec le projet de loi C-61 pour mettre en oeuvre l'accord de libre-échange. Nous sommes
convaincus qu'il entraînera la création d'emplois pour les Canadiens -- qu'il sera une bonne chose pour les Canadiens.
Nous sommes encouragés par l'engagement qu'on pris tant les dirigeants palestiniens que les dirigeants israéliens au Sommet de Washington de renoncer à la violence, et
accueillons favorablement la reprise des pourparlers bilatéraux. Nous espérons sincèrement que ces négociations aboutiront à la mise en oeuvre rapide des accords
intérimaires et, en particulier, au redéploiement des forces israéliennes postées à Hébron.
Depuis plus de 50 ans, le Canada a appuyé sans relâche les efforts de paix au Moyen-Orient. C'est après tout un Canadien, Lester B. Pearson, qui est à l'origine de la
première véritable mission de maintien de la paix des Nations Unies, en 1956, pendant la crise de Suez, ce qui lui a valu un prix Nobel.
Le gouvernement actuel, et le pays tout entier, tirent une grande fierté du fait que, depuis, le Canada a participé à toutes les missions de maintien de la paix au
Moyen-Orient.
Aujourd'hui, le Canada participe aussi plus directement aux efforts de paix, puisqu'il a accepté de présider le Groupe de travail sur les réfugiés dans le processus
multilatéral de négociation de la paix. Ce groupe de travail a pour tâche d'améliorer les conditions de vie des réfugiés et de trouver une solution globale au problème
des réfugiés. Nous faisons également partie des quatre autres groupes de travail multilatéraux et avons été très actifs dans le domaine de l'eau et de la sécurité
régionale.
Le Canada est aussi membre du Comité spécial de liaison, qui est chargé de coordonner l'assistance internationale à l'Autorité palestinienne.
De plus, comme nous l'avons fait dans le passé, nous continuons de fournir une généreuse aide au développement. En effet, le Canada verse en moyenne, 11 millions de
dollars par année à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies [UNRWA], qui fournit de l'aide aux Palestiniens des territoires occupés. L'aide du Canada au
Moyen-Orient a totalisé, en moyenne, 50 millions de dollars par année au cours des cinq dernières années.
Et ce ne sont pas là nos seuls efforts. Récemment, par exemple, nous nous sommes engagés à aider à rebâtir le Liban. En juillet, nous avons annoncé la création d'un
groupe de consultation et de liaison qui appuiera la participation du secteur privé aux efforts de reconstruction.
Ce groupe, composé de représentants des secteurs public et privé, s'efforcera de mobiliser les entreprises et d'en coordonner les efforts pour que ceux-ci donnent les
meilleurs résultats possibles.
Notre participation à la reconstruction du Liban s'inscrit dans une longue tradition de soutien de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de
ce pays. Notre engagement repose sur la conviction que ces trois principes sont essentiels à l'instauration d'une paix vraiment durable dans la région.
En outre, bien que cet accord soit conclu avec Israël, le Canada a offert d'en étendre l'application aux biens produits à Gaza et en Cisjordanie, et Israël a accepté
cette proposition. Nous discutons actuellement avec l'Autorité palestinienne de la meilleure façon de procéder à cet égard.
Et nous sommes prêts à étudier des manières d'accroître les échanges avec d'autres pays du Moyen-Orient.
Nous avons l'intention d'étendre nos rapports commerciaux à l'ensemble du Moyen-Orient. Les échanges avec cette région sont déjà importants : la valeur des
exportations est supérieure à 2,5 milliards de dollars par année, et les échanges se soldent pour nous par un excédent d'environ 500 millions de dollars. À cela
s'ajoutent les échanges de services, qui portent à plus de 3 milliards de dollars par année la valeur globale de nos exportations.
Si nous prenons les pays de la région un à un, les échanges bilatéraux avec l'Arabie saoudite représentent une valeur de plus de 1 milliard de dollars. Les
exportations canadiennes au Liban continuent de croître et dépassent maintenant nos importations. Nous dégageons un surplus commercial de plus de 190 millions de
dollars par an avec les Émirats arabes unis. Les échanges avec la Jordanie augmentent aussi, surtout dans le domaine de l'exploration pétrolière et gazière, où se
déroulent actuellement un certain nombre de projets auxquels participent plusieurs entreprises de Calgary.
Bref, le Moyen-Orient est un marché riche en possibilités pour le Canada, et la signature de l'Accord de libre-échange avec Israël est une étape importante vers la
réalisation de ces possibilités.
Pour le Canada, la prochaine étape est celle que nous nous apprêtons à franchir, à savoir l'adoption du projet de loi. Une fois l'accord entré en vigueur, le flambeau
passera au secteur privé de chaque pays, à qui il reviendra de mettre l'accord en application et ce, de manière à en tirer les meilleurs résultats.
Chers collègues, le Canada et Israël sont unis par une grande amitié, qui repose sur le partage de valeurs démocratiques et d'espoirs communs. Le moment est maintenant
venu d'exploiter le potentiel économique de nos liens et, ce faisant, d'appuyer les efforts déployés par Israël et les pays voisins en vue de l'instauration d'une paix
juste, durable et globale.
À notre avis, cet accord servira à raffermir ces liens et à réaliser nos espoirs communs.
Merci.