M. AXWORTHY ET M. YOUNG - ALLOCUTION SURLA MISE EN PLACE DE LA MISSION AU ZAÏRE - OTTAWA (ONTARIO)
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DÉCLARATION
DU
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
ET DU MINISTRE DE LA DÉFENSE NATIONALE,
L'HONORABLE DOUGLAS YOUNG,
SUR
LA MISE EN PLACE DE LA MISSION AU ZAÏRE
OTTAWA (Ontario)
Le 28 novembre 1996
Il y a deux semaines à peine, lorsque le Premier ministre a pris son initiative, plus d'un million de réfugiés dans l'est du Zaïre avaient désespérément besoin d'aide.
Depuis ce temps, plus de 600 000 réfugiés sont rentrés au Rwanda. La situation s'est améliorée de façon spectaculaire dans l'ensemble.
Nous avons reçu des rapports qui donnent à penser que d'autres réfugiés seraient sur le chemin du retour. Après plusieurs jours durant lesquels entre 2 000 et 3 000
réfugiés seulement ont regagné le Rwanda, 12 000 ont traversé hier, et d'autres se rassembleraient près de la frontière.
Les organismes humanitaires, dont de nombreux Canadiens, travaillent inlassablement à répondre aux besoins immédiats de ceux qui sont rentrés au Rwanda.
Toutefois, on rapporte que les souffrances humaines n'ont pas cessé, si bien que nous devons être prêts pour le cas où d'autres secours seraient nécessaires. Au cours
des deux dernières semaines, à Stuttgart et durant les consultations bilatérales poussées que nous avons tenues, le ministre Young et moi-même, avec nos collègues, le
Canada a travaillé à dégager un consensus dans des conditions changeantes et de plus en plus confuses.
Nous sommes maintenant parvenus à un accord. La communauté internationale a convenu d'installer un quartier général multinational dans la région et de mettre en place
la capacité de parachuter de la nourriture dans l'est du Zaïre.
Les États-Unis, la France, la Belgique, l'Afrique du Sud, le Malawi, le Sénégal, le Danemark et le Japon, parmi d'autres, ont offert de participer à cet effort d'une
manière ou d'une autre (en fournissant, par exemple, des avions, des missions de reconnaissance, l'effectif du quartier général). En tout, plus de 20 pays ont offert
leur aide.
Les organismes humanitaires, dont le Haut Commissariat des Nations Unies (HCR), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et d'autres ont offert leur soutien à
cet effort et le Programme alimentaire mondial a accepté que leurs appareils, qui se trouvent actuellement à Entebbe, participent aussi aux parachutages.
La mise sur pied de cette mission nous permet de réaliser trois choses, soit :
d'améliorer notre capacité d'aider les organisations humanitaires;
de réunir plus d'information sur les déplacements et les besoins des réfugiés;
de commencer les parachutages, si nécessaire.
Grâce à cet accord, le Canada a réussi à mettre en place un mécanisme multilatéral de gestion de l'aide internationale aux réfugiés de l'est du Zaïre.
Le général Baril sera le commandant de la force militaire, mais un comité directeur composé de représentants des principaux pays participants sera dorénavant chargé de
l'aspect politique et de la coordination du travail de la communauté internationale. Le comité se réunira demain à Ottawa au niveau des ambassadeurs.
Le groupe sera également responsable de la gestion de la crise. C'est lui qui décidera par consensus des mesures à prendre. Le Canada en assumera la présidence.
Le Canada continuera de fournir une aide humanitaire et de l'aide au développement et, à l'instar du ministre de la Coopération internationale et ministre responsable
de la Francophonie, l'honorable Don Boudria, à Genève, il continuera d'encourager la communauté internationale à faire sa part.
Plus de 600 membres des Forces armées canadiennes sont actuellement affectés à cette mission. Parmi ceux-ci on compte 269 membres du Commandement aérien qui
travaillent à divers endroits au Canada et dans le monde pour l'établissement des routes internationales et l'obtention des autorisations de vol. Nous avons un peu
moins de 300 militaires dans la région des Grands Lacs. La plupart sont à Entebbe, et font partie du groupe avancé du quartier général de la Force multinationale. Ils
peuvent compter sur le soutien d'une équipe de planification de 49 personnes basée à Stuttgart. Des agents de liaison sont en poste au Kenya et en Ouganda. On compte
également dans la région trois appareils Hercules, qui pourront servir aux parachutages.
Le Canada n'a pas ménagé ses efforts pour répondre à cette crise. Le gouvernement canadien a réussi à dégager un consensus sur la mission humanitaire et à mettre en
place un mécanisme qui nous permettra de gérer ces efforts. Les ONG sont dans la région depuis le début. Des Canadiens expérimentés sont sur place pour surveiller le
respect des droits de la personne. C'est un Canadien, en l'occurrence Raymond Chrétien, qui dirige les efforts de l'ONU à la recherche de solutions à long terme aux
problèmes de la région.
Les Canadiens peuvent être fiers du rôle que nous avons joué, et que nous continuerons de jouer, en vue d'aider la population de l'Afrique centrale.