M. EGGLETON - ALLOCUTION DEVANT LE CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'ASSOCIATION DES UNIVERSITÉS ET COLLÈGES DU CANADA « L'ÉDUCATION : DÉFIS ET OCCASIONS DE MARKETINGSUR LE PLAN INTERNATIONAL » - OTTAWA (ONTARIO)
97/12 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE CONSEIL D'ADMINISTRATION
DE L'ASSOCIATION DES UNIVERSITÉS ET COLLÈGES DU CANADA
« L'ÉDUCATION : DÉFIS ET OCCASIONS DE MARKETING
SUR LE PLAN INTERNATIONAL »
OTTAWA (Ontario)
Le 5 mars 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis très heureux de pouvoir m'entretenir avec vous aujourd'hui de l'importance
de la dimension internationale de l'éducation au Canada. Et j'attends avec intérêt
les commentaires, questions et conseils dont vous voudrez me faire part durant
notre déjeuner.
Certains d'entre vous peuvent se demander pourquoi le premier ministre, le
ministre des Affaires étrangères et le ministre du Commerce international
s'intéressent à ce point à l'internationalisation de l'enseignement supérieur, y
compris la commercialisation de l'éducation, qu'ils ont choisi tous les trois de
prononcer une allocution sur cette question le même jour. Je vais vous expliquer.
La dimension internationale de l'enseignement supérieur signifie création
d'emplois, stimulation de l'économie et compétitivité -- qui demeurent les grandes
priorités du Canada.
Un grand nombre d'entre vous ont pris part à la récente tournée d'Équipe Canada en
Asie. Grâce en bonne part à une stratégie efficace de l'AUCC [Association des
universités et collèges du Canada], l'éducation a été l'un des grands thèmes de la
visite, comme en ont d'ailleurs témoigné les diverses activités à caractère
éducationnel durant la mission.
Équipe Canada, qui opère selon le principe des partenariats entre les
gouvernements et les secteurs économiques clés, est une stratégie gagnante qui
génère des emplois et de la croissance au Canada.
Cela dit, je voudrais vous parler plus spécifiquement aujourd'hui d'« Équipe
Canada Éducation ». Par là, j'entends un partenariat qui réunit des intervenants
des ministères fédéraux et provinciaux compétents, des municipalités, du monde des
affaires, des dispensateurs privés et publics en éducation à tous les niveaux, des
associations comme l'AUCC, et des consultants privés. La mesure dans laquelle nous
unirons nos efforts déterminera largement le succès que nous connaîtrons lorsqu'il
s'agira de vendre les excellents produits et services éducatifs canadiens à
l'étranger. La vraie concurrence, ce n'est pas au Canada qu'elle se trouve mais au
delà de nos frontières.
Où se situe le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
[MAECI] dans ce partenariat? Son rôle demeure celui d'un catalyseur. Sans empiéter
sur les mandats des provinces en éducation, le ministère rassemble en effet les
institutions et les associations de partout au Canada pour échanger sur les
occasions et les défis que présente la commercialisation dans ce domaine.
Je tiens toutefois à souligner que nous ne sommes pas les maîtres d'oeuvre. Ce
rôle vous revient. Nous ferons quant à nous de notre mieux pour vous assurer un
soutien qu'aucune autre entité n'est en mesure de vous offrir, et pour vous
fournir l'information commerciale et les renseignements sur les marchés ainsi que
les outils de commercialisation nécessaires. Nous chercherons des façons
novatrices d'appuyer davantage vos efforts de marketing sur le terrain par
l'entremise de nos missions à l'étranger, et nous vous aiderons à avoir un
meilleur accès aux contrats attribués par les Institutions financières
internationales [IFI] dans ce secteur. Nous travaillerons aussi en étroite
collaboration avec vous le moment venu d'élaborer des stratégies de
commercialisation efficaces. Mais que cela ne fasse aucun doute : vous êtes les
maîtres d'oeuvre.
Je reviendrai sur l'importance de travailler dans le cadre d'un partenariat, mais
je voudrais pour l'instant vous parler brièvement des avantages de l'éducation
internationale pour le Canada. Comment cette dernière contribue-t-elle
effectivement à la création d'emplois et à la croissance chez nous?
Voici quelques exemples et statistiques. Comme l'a indiqué le premier ministre ce
matin, selon une étude récente, les dépenses liées aux étudiants étrangers ont, à
elles seules, apporté 2,3 milliards de dollars à l'économie canadienne et
représenté environ 21 000 emplois en 1994-1995.
À l'University College of the Cariboo de Kamloops, en Colombie-Britannique, les
étudiants étrangers ont injecté 11 688 000 dollars l'an dernier dans l'économie
locale -- ce qui n'est pas négligeable.
Dans un autre coin du pays, le président d'une école multilingue de Montréal
estime que, pour chaque huit nouveaux étudiants qu'accueille son établissement, il
doit embaucher un nouvel enseignant. Pour chaque 54 nouveaux étudiants, il doit
embaucher un administrateur de plus. Il vient d'ouvrir une école à Toronto.
Ce ne sont là que quelques exemples qui viennent illustrer la contribution de
l'éducation internationale à l'économie canadienne.
Ce phénomène se produit alors même que les inscriptions d'étudiants canadiens
diminuent et que les budgets sont coupés, deux facteurs qui incitent vivement les
institutions d'enseignement publiques et privées à générer d'autres sources de
revenus pour pouvoir maintenir nos normes et notre qualité élevées actuelles.
Comme je l'ai déjà mentionné, l'éducation internationale crée des emplois et
génère des revenus.
L'éducation est aussi un instrument de la diplomatie et nous, au Canada, avons la
possibilité d'influencer la prochaine génération de décideurs politiques et
économiques internationaux grâce à l'un des meilleurs systèmes d'éducation au
monde.
Arrêtons-nous un instant à notre pays et à notre système d'éducation : nous
évoluons dans un environnement relativement sûr, nos frais de scolarité sont peu
élevés, nous pouvons offrir de l'enseignement en français et en anglais et nous
accueillons des cultures de partout au monde. Nous avons à juste titre la
réputation d'être un pays attrayant où étudier -- et une nation de personnes plus
que désireuses de s'engager à long terme et de nouer des relations d'amitié.
L'éducation internationale favorise en outre la compréhension entre les peuples et
les pays -- sur les plans culturel, politique et économique. Cette meilleure
compréhension aidera à assurer le succès du Canada sur les marchés internationaux
comme elle aidera à promouvoir à l'étranger l'acceptation de ses intérêts
politiques.
Pour illustrer mes propos, je ne saurais prendre meilleur exemple que celui de
l'AUCC et de la plupart des institutions représentées ici. Les 20 et 21 mars, une
délégation composée de plus de 17 représentants d'universités de toutes les
régions du Canada et d'institutions d'enseignement en français et en anglais, d'un
membre de l'AUCC et de deux fonctionnaires de notre ministère participera à une
foire de l'éducation au Venezuela parrainée par la Fundayacucho, la fondation qui
administre le prêt d'éducation consenti par la Banque mondiale dans ce pays. Cette
foire cible les titulaires de bourses d'études supérieures. La fondation espère
faire inscrire jusqu'à 100 de ses étudiants les plus talentueux dans des
établissements canadiens d'enseignement supérieur. L'ambassadeur du Canada a
appuyé cette initiative depuis ses débuts, et elle sera l'une des pièces
maîtresses du 50e anniversaire de l'établissement des relations entre le Canada et
le Venezuela.
L'an dernier, les universités américaines ont accueilli 418 de ces boursiers très
en demande, dont les frais de scolarité sont acquittés à même le prêt de la Banque
mondiale et qui reçoivent une indemnité de 1 000 dollars américains par mois
durant leurs études. Le Canada n'en a reçu que 13. À elle seule, l'Université du
Colorado (Boulder) a accueilli plus d'étudiants vénézuéliens de troisième cycle
que l'ensemble du Canada! Les choses doivent changer. Et elles changeront.
Si le Canada se tire bien d'affaires sur le marché de l'éducation internationale
là où ses activités de marketing sont efficaces, nombreux toutefois sont ceux qui
pensent que nous pourrions faire beaucoup mieux.
Le gouvernement du Canada est sensible à cette opinion. Il a accru son aide aux
exportateurs canadiens de produits et services d'éducation, excédant de la sorte
son engagement en Asie-Pacifique avec le réseau des centres d'éducation canadiens
[CEC] et il compte faire encore davantage. Voici comment.
Le réseau des CEC en Asie, qui est fondé sur un partenariat entre le gouvernement
du Canada et la Fondation Asie-Pacifique du Canada et sur le principe de la
récupération des coûts, est l'un des véhicules de promotion des services et
produits éducatifs canadiens à l'étranger. Mais le marché de l'éducation connaît
un essor considérable dans bien des parties du monde, et entre autres en Amérique
du Sud, dans la péninsule arabe, en Afrique du Sud, dans l'Union européenne et en
Europe orientale ainsi qu'en Russie.
Ce marché, toutefois, n'attend pas que nous arrivions. Nous devons parfaire nos
compétences en marketing et passer d'urgence à l'action. La compétition est très
vive. Les Australiens, les Néo-Zélandais, les Britanniques, les Français, les
Américains et même les Russes ont redoublé d'efforts pour promouvoir leurs
institutions d'enseignement.
Nous devrons pour notre part concerter nos efforts si nous voulons relever le défi
de développer ce marché. Je crois vraiment que nous saurons nous montrer à la
hauteur.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les partenariats sont la clé. Nous devons plus
que jamais faire front commun. Vu l'intérêt de plus en plus grand que la
communauté internationale porte à l'éducation et compte tenu de la transformation
que connaît notre économie, Équipe Canada Éducation a une occasion unique de
devenir une équipe hors pair de partenaires en commercialisation de l'éducation
internationale.
Vous êtes ceux qui dispensent les produits et services d'éducation; le MAECI doit
faire sa part dans ce partenariat. C'est pourquoi je voudrais vous parler
brièvement de plusieurs initiatives que nous avons entreprises durant la dernière
année et vous dire comment nous entrevoyons l'avenir.
Au cours des 12 derniers mois, nous avons identifié divers nouveaux marchés
éducatifs et élargi notre recherche de marchés potentiels. Nous ne cherchons plus
simplement à attirer au Canada des étudiants étrangers qui ont les aptitudes
voulues et qui paient des frais; nous explorons les possibilités d'obtenir de
lucratifs marchés des institutions financières internationales dans le domaine de
la formation en éducation et en soins de santé et nous examinons les perspectives
de vente de nouvelles technologies d'apprentissage dans lesquelles le Canada
possède des capacités bien développées dans les deux langues officielles. Par
exemple, grâce à un prêt de la Banque mondiale, l'Argentine procède à une
restructuration massive de ses systèmes d'enseignement et de santé qui coûte des
millions de dollars. Le Canada a les compétences voulues pour décrocher une bonne
partie des contrats qui en résultent mais il lui faudra travailler pour les
obtenir.
Nous mettons aussi au point de nouveaux moyens d'appuyer vos efforts de
commercialisation dans nos missions à l'étranger. D'ici le 1er mai, un centre de
ressources en éducation sera opérationnel à notre ambassade à Athènes. Pour ce
faire, il suffira de convertir un membre du personnel embauché sur place en agent
de commercialisation de l'éducation et de modifier sa description de tâches en
conséquence. Le centre sera situé à l'ambassade et le poste sera occupé par un
national grec qui a fait des études dans une université canadienne. La
gestionnaire du centre effectuera une tournée de familiarisation plus tard dans le
mois et elle espère rencontrer bon nombre d'entre vous et vos représentants.
Au Venezuela, l'ambassade du Canada a établi une affiliation novatrice avec
l'Asociation Venezolano-Americana de Amistad [AVAA], ce qui permet au Canada
d'utiliser les ressources de l'association pour promouvoir des institutions
d'enseignement canadiennes. C'est cette alliance avec les Américains et la
fondation vénézuélienne qui parraine la foire où seront représentés la plupart
d'entre vous plus tard ce mois-ci.
Nous encouragerons de tels partenariats dans d'autres pays. Le réseau étendu de
centres d'études canadiennes dans le monde pourrait certainement se révéler un
instrument efficace pour mieux faire connaître les possibilités canadiennes dans
le domaine de l'éducation. De la même façon, les programmes d'échanges
universitaires que nous avons avec différents pays devraient donner plus de
visibilité aux institutions d'enseignement canadiennes. En d'autres mots, tous les
programmes, qu'ils soient conçus à des fins de commercialisation ou pour mieux
faire connaître le Canada à l'étranger, devraient fonctionner de façon intégrée de
sorte qu'ils favorisent les deux objectifs. C'est pour cette raison que toutes les
responsabilités internationales du Ministère dans le domaine de l'éducation ont
été réunies au sein de la Direction des relations universitaires internationales.
Nous étudions actuellement la possibilité d'établir des centres de ressources en
éducation dans la péninsule arabe, en Afrique du Sud, en Colombie, en Russie, en
Allemagne et à Washington, D.C.
Nous nous occuperons aussi des besoins de formation des nouveaux agents du service
extérieur, qu'ils soient dans les filières commerciale, politique ou de
l'immigration, afin qu'ils puissent mieux faire la promotion à l'étranger de vos
intérêts dans le domaine de l'éducation. Notre Institut canadien du service
extérieur [ICSE] produira dès cet automne des agents sensibilisés au marketing en
éducation.
Nous avons aussi encouragé un consortium canadien à développer un CD-ROM avec des
capacités Internet qui puisse servir à promouvoir vos institutions d'enseignement
à l'étranger. Ce puissant outil de commercialisation portera l'excellence des
institutions et des services d'enseignement à l'attention des décideurs dans le
secteur de l'éducation et des étudiants étrangers partout dans le monde. Plus de
80 institutions, dont bon nombre sont représentées ici, figurent sur ce CD-ROM
avec une tournée audiovisuelle de leur campus.
Notre ministère distribuera ce CD-ROM à toutes ses missions diplomatiques et
commerciales ainsi qu'aux centres d'études canadiennes à l'étranger. Il sera aussi
utilisé dans l'ensemble du réseau de centres d'éducation canadiens, où on peut
aussi obtenir d'autres matériels dans différentes langues. Déjà disponible dans
les deux langues officielles, la partie texte du CD-ROM sera traduite en espagnol,
en portugais (ciblant l'important marché brésilien) et en allemand. Le CD-ROM sera
prêt à être distribué commercialement d'ici le 1er avril et il sera envoyé à nos
missions peu après.
Cette évolution spectaculaire de la commercialisation de l'éducation
internationale nous amène évidemment à nous demander si nos structures sont à la
hauteur. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international est-il
organisé de façon à permettre un soutien optimal de vos efforts de marketing? De
la même façon, l'AUCC, collectivement et individuellement, est-elle positionnée de
manière à exploiter au maximum les vastes possibilités qu'offrent les marchés de
l'éducation à l'étranger?
Pour examiner ces aspects et d'autres questions connexes, le ministère des
Affaires étrangères et du Commerce international compte tenir une conférence
nationale durant le même mois où le ministre Axworthy prendra la parole à la
conférence de la National Association of International Educators [NAFSA] à
Vancouver le 23 mai pour déterminer comment les dispensateurs en éducation et les
gouvernements peuvent le mieux collaborer pour appuyer la dimension internationale
de l'éducation, y compris le marketing, au moment où nous abordons le prochain
millénaire.
En s'unissant au service d'une cause commune, nous pouvons donner une plus-value
aux efforts individuels et donner au Canada un avantage concurrentiel dans le
secteur de la commercialisation de l'éducation internationale.
De la sorte, nous renforcerons nos institutions d'enseignement supérieur, qui
pourront alors mieux préparer les Canadiens, individuellement et collectivement, à
relever les défis de la concurrence de l'avenir.
Merci.