M. AXWORTHY - ALLOCUTION AU CENTRE FORPEACE AND CONFLICT STUDIESDE L'UNIVERSITÉ DE TORONTO« LE CANADA ET L'ASIE-PACIFIQUEDANS UN MONDE EN MUTATION » - TORONTO (ONTARIO)
97/19 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
AU CENTRE FOR
PEACE AND CONFLICT STUDIES
DE L'UNIVERSITÉ DE TORONTO
« LE CANADA ET L'ASIE-PACIFIQUE
DANS UN MONDE EN MUTATION »
TORONTO (Ontario)
Le 24 mars 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Introduction
Je tiens à remercier le Centre for Peace and Conflict Studies de m'avoir offert
cette occasion de discuter avec vous de la manière dont je perçois, dans un
contexte mondial en mutation, l'évolution des relations du Canada avec la région
Asie-Pacifique. Mon but est de vous exposer certaines nouvelles directions dans
lesquelles il me paraît que ces relations se développent, et de mettre en évidence
les grands défis que nous devons relever, tant en 1997 -- où nous assisterons à la
transition à Hong Kong et à une série de manifestations concernant l'Asie au
Canada -- qu'après.
Depuis une dizaine d'années, le monde géopolitique est en profonde mutation. Les
plaques tectoniques des relations internationales se repositionnent et, ce
faisant, libèrent des forces énormes. Un nouveau paysage commence à paraître, mais
les ondes de choc de ces bouleversements se font encore sentir. De nouveaux pays
prennent forme, et des peuples font entendre leur voix dans le monde d'une manière
qui leur était impossible auparavant.
Un élément important de ce mouvement tectonique est ce qu'on a appelé « la montée
de l'Asie ». Cette expression désigne surtout la croissance économique que
connaissent plus d'une nation asiatique, et qui est effectivement spectaculaire.
Mais on observe aussi des changements notables dans les structures politique et
diplomatique de l'Asie, des changements qui ont de profondes conséquences pour la
politique étrangère canadienne.
Ce ne sont pas là de simples questions théoriques à débattre entre experts de la
politique étrangère. En raison de l'intégration croissante du commerce, de
l'investissement, de l'immigration et d'autres mouvements, ce qui se passe en Asie
se répercute directement sur nos vies.
En 1983, pour la première fois, les Canadiens ont franchi le Pacifique en plus
grand nombre que l'Atlantique. Maintenant, cinq de nos dix plus grands partenaires
commerciaux, après les États-Unis, se trouvent en Asie (le Japon, la RPC
[République populaire de Chine], la République de Corée, Hong Kong et Taïwan). Et
les visites d'Équipe Canada, dirigées par le premier ministre, en Chine en 1995 et
en Asie du Sud et du Sud-Ouest en 1996 et 1997, ont donné une nouvelle et
vigoureuse impulsion à nos liens commerciaux et financiers.
Même avant que le commerce transpacifique ne dépasse les échanges
transatlantiques, un plus grand nombre d'immigrants sont venus au Canada en
provenance de l'Asie que de l'Europe, pour la première fois en 1979. Aujourd'hui,
plus de 2 millions de Canadiens sont d'origine asiatique. Les Hong-Kongais ont été
plus nombreux à immigrer au Canada que dans tout autre pays depuis quelques
années. Et la langue chinoise se classe au troisième rang au Canada pour le nombre
de ses locuteurs, après l'anglais et le français. Relations commerciales, liens
familiaux, échanges culturels et éducatifs et liens bilatéraux et multilatéraux
entre gouvernements : l'interaction du Canada avec ses partenaires asiatiques
acquiert sans cesse de nouvelles dimensions.
Les liens du Canada avec l'Asie : le passé et le futur
Et ce ne sont là que les choses les plus évidentes qui nous relient à Asie. Nos
liens sont beaucoup plus profonds, si l'on regarde vers le passé, et beaucoup plus
vastes, si on se tourne vers le présent et l'avenir.
Le Canada entretient des liens solides avec l'Asie depuis plus d'un siècle, du
fait de l'immigration et grâce aux Canadiens qui ont vécu et travaillé sur ce
continent. De nombreux organismes non gouvernementaux canadiens, universités,
collèges, églises, etc. ont été actifs en Asie depuis un siècle. Les enfants de
missionnaires qui ont grandi en Chine, par exemple, nous ont rapporté un
inestimable fonds de connaissances et d'expérience sur la Chine. Mon propre
ministère a grandement bénéficié de leurs talents.
Donc, ce n'est pas d'hier que le Canada s'intéresse à l'Asie. Cependant, les
profonds changements en cours en Asie nous obligent à actualiser nos connaissances
aussi bien que notre approche. Nous avons déjà commencé à étendre nos relations et
notre coopération avec nos partenaires asiatiques à divers domaines nouveaux :
droits politiques, y compris la gestion des affaires publiques et les droits de
la personne;
sécurité régionale et mondiale;
constitution d'un réseau d'institutions régionales; et
dossiers plus vastes de la « sécurité humaine ».
Nouvelles formes de coopération
Les établissements d'enseignement supérieur, les ONG [organisations non
gouvernementales] et d'autres entités, ainsi que les gouvernements, ont en
chantier des projets innovateurs et passionnants dans ces nouveaux domaines. Je
voudrais vous en présenter quelques-uns aujourd'hui, des projets qui sont souvent
éclipsés par le caractère spectaculaire des résultats économiques et commerciaux.
Dans le domaine des droits de la personne et de la gestion des affaires publiques,
la Commission canadienne des droits de la personne aide à développer les capacités
de ses homologues en Inde et en Indonésie. En Chine, le Canada finance un certain
nombre de programmes et d'échanges modestes mais efficaces, de la formation
juridique à la mise en oeuvre des lois sur les droits des femmes.
Dans le domaine de la sécurité, nous partageons notre expertise du maintien de la
paix avec des nations asiatiques par la voie du forum régional de l'ASEAN et par
la coopération bilatérale directe. Grâce à l'aide et aux conseils de Canadiens,
pour la première fois, des Japonais portent le béret bleu, aux côtés de soldats de
la paix canadiens, sur le plateau du Golan.
Des universitaires canadiens participent à la recherche de solutions aux problèmes
de sécurité régionale. Par exemple, vous savez peut-être qu'une deuxième réunion,
fort fructueuse, du groupe de travail sur le Pacifique Nord du Conseil pour la
coopération en matière de sécurité dans l'Asie-Pacifique a eu lieu en janvier
dernier au Joint Centre for Asia Pacific Studies de l'Université de Toronto et de
l'Université York. Parce qu'elles constituent le plus vaste forum de discussion
sur les difficiles problèmes de sécurité du Nord-Est asiatique, ces réunions sont
extrêmement importantes.
L'un des plus récents sujets de coopération avec nos partenaires asiatiques est
celui de la « sécurité humaine », qui devient de plus en plus préoccupant à l'ère
de la mondialisation et des conflits engendrés par les effondrements intérieurs.
Les sujets de travaux à réaliser dans ce domaine vont de la dégradation de
l'environnement jusqu'aux stupéfiants, et du travail des enfants jusqu'à
l'interdiction universelle des mines terrestres, et je sais que ces problèmes
intéressent particulièrement certains d'entre vous dans vos recherches.
En Chine, par exemple, nous collaborons avec les administrations locales et avec
la société nationale des pétroles de Chine à l'élaboration d'une stratégie
régionale pour la mise en valeur durable des ressources pétrolières du bassin de
Tarim. On s'attachera particulièrement à l'affectation et à l'utilisation
optimales des ressources en eau de cette fragile région désertique.
L'an dernier, en Thaïlande, j'ai visité un programme canadien qui, dans le
Triangle d'or, finance l'introduction de cultures de remplacement et la
réintégration de gens qui tiraient autrefois leur subsistance du commerce de
l'héroïne, d'où provient une grande partie de l'héroïne qui aboutit dans les
grandes villes canadiennes. À ma demande, la question du commerce des stupéfiants
en général a été inscrite à l'ordre du jour de la prochaine conférence
postministérielle de l'ASEAN.
Certains des enfants qui participent au programme de cultures de remplacement sont
fils ou filles de prostitués ou se sont eux-mêmes livrés à la prostitution. Il
suffit de les aider à cultiver leurs propres aliments pour leur permettre
d'entreprendre une nouvelle vie. Le Canada a aussi constitué en Inde un fonds de
développement pour l'enfance, que j'ai inauguré lors de ma visite dans ce pays
cette année, pour aider à la lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine.
Et au Cambodge, des experts canadiens forment depuis quatre ans des démineurs
cambodgiens pour aider le pays à surmonter la crise humanitaire qu'il traverse à
la suite de l'usage aveugle qui a été fait des mines terrestres antipersonnel dans
le passé. Le Canada collabore aussi avec le Japon et d'autres partenaires pour
obtenir une interdiction universelle des mines terrestres d'ici la fin de l'année.
Nous pourrons ainsi prévenir les crises plutôt que d'en réparer les effets une
fois qu'elles ont éclaté.
Les défis que doit relever le Canada
Ces projets font partie d'un effort concerté et de longue haleine pour élargir les
liens du Canada avec l'Asie, pour qu'ils restent au diapason d'un environnement
mondial en mutation rapide ainsi que des intérêts et des valeurs du Canada dans
toute leur diversité.
La tâche n'est pas toujours facile. Nous avons de sérieuses difficultés à
surmonter pour travailler avec des partenaires dont les valeurs et les façons de
procéder sont nouvelles pour nous, et dans certains cas très différentes des
nôtres. Je souligne qu'il ne s'agit pas de distinguer entre « bonnes » et
« mauvaises » valeurs, car le but visé n'est pas de nous transformer
réciproquement, mais plutôt de trouver un terrain de coopération et de
compréhension. Et au besoin, d'accepter nos désaccords.
Vous êtes peut-être au courant de la popularité croissante que connaît la théorie
du choc des civilisations en relations internationales. D'après cette théorie, les
cultures asiatique et euroatlantique présentent des différences si extrêmes et si
fondamentales qu'elles sont inconciliables; l'intensification des échanges et
l'expansion du commerce entraîneront non seulement des différends, mais,
inévitablement, la confrontation et même le conflit armé.
Cette théorie ne me convainc pas. Le fondement même du Canada comme nation est le
fait que les différences culturelles ne signifient pas forcément discorde; au
contraire, elles nous enrichissent. Certes, les pays asiatiques ne se dirigent pas
inévitablement vers un modèle occidental de gouvernement, mais on assiste depuis
une vingtaine d'années à une évolution politique notable dans un grand nombre de
ces pays, et à une large démocratisation dans certains.
Dans ce contexte, le Canada a un rôle distinctif à jouer en Asie à titre de
moyenne puissance. Il y un peu plus d'une semaine, je traitais devant un auditoire
américain du rôle du Canada comme pays ouvert sur le monde. Les États-Unis sont
peut-être, comme l'a dit le président Clinton, un « pays indispensable », mais
j'aime à voir dans le Canada un « pays à valeur ajoutée ». Le Canada a l'étoffe
d'un courtier honnête et respecté dans divers dossiers, où nous mettons à profit
nos talents et notre expérience propres.
La Chine et Hong Kong
Cette année 1997 offre certainement au Canada de grandes possibilités de remplir
ce rôle spécial. Inévitablement, à mesure qu'approche la date de la transition,
Hong Kong fait l'objet d'une attention particulièrement intense.
La transition est importante pour le Canada, pour de nombreuses raisons. Le Canada
a des intérêts commerciaux importants à Hong Kong et par Hong Kong. Et surtout,
nous entretenons depuis fort longtemps des liens personnels intenses, car plus de
100 000 Canadiens habitent le territoire, et un demi-million de personnes
originaires de Hong Kong vivent au Canada. Notre tissu national s'en trouve
enrichi, et bénéficie énormément de ce lien vital avec l'énergie et le dynamisme
de Hong Kong.
Il est clair que le Canada a directement et spécialement intérêt à ce que la
transition s'opère sans heurts selon la formule « un pays, deux systèmes », et à
ce que la prospérité et le bien-être des Hong-Kongais soient préservés. Il faut
maintenir l'intégrité des mouvements d'immigration au Canada, assurer le bien-être
des Canadiens à Hong Kong, et faire tout en notre pouvoir pour que Hong Kong
demeure un centre d'affaires dynamique et une porte d'entrée vers les marchés
régionaux.
Nous y travaillons déjà. La semaine dernière, le ministre de la Citoyenneté et de
l'Immigration et moi avons annoncé que le Canada acceptera le nouveau passeport de
Hong Kong d'après la transition, sans exiger de visa.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'annoncer le lancement d'une brochure d'information
spéciale que nous avons produite pour aider les Canadiens à faire face à la
réglementation complexe qui régit leur statut s'ils se rendent à Hong Kong en
visite ou pour y résider. Mon collègue, le secrétaire d'État à l'Asie-Pacifique,
Raymond Chan, est à Vancouver aujourd'hui pour le lancement de cet opuscule.
Notre but est d'offrir un guide clair et complet, fondé sur l'information dont
nous disposons actuellement, pour répondre aux questions qui préoccupent les
Canadiens séjournant ou résidant à Hong Kong au sujet des passeports, des
conditions de résidence et des affaires consulaires. Nous voulons en particulier
faire savoir à ces voyageurs que la Chine ne reconnaît pas les doubles
nationalités. Les Canadiens qui détiennent plus d'un passeport devront donc
choisir celui en vertu duquel ils seront admis à Hong Kong après le 1er juillet
1997. Nous leur recommandons d'utiliser leur passeport canadien, afin que nous
puissions leur prêter l'assistance consulaire si jamais ils en ont besoin.
Au fur et à mesure de la transition, le Canada soutiendra de son mieux la
continuité des structures sociales et économiques actuelles de Hong Kong, et le
maintien d'une large autonomie gouvernementale. J'observe attentivement le
processus de la transition, pour m'assurer que la substance et l'esprit du cadre
de transition énoncé dans la déclaration conjointe sino-britannique et dans la loi
fondamentale sont respectés en pratique. Et je discuterai des intérêts spéciaux du
Canada à Hong Kong avec les dirigeants chinois lors de mon passage à Beijing le
mois prochain.
Le Canada continuera de s'intéresser de près à Hong Kong, longtemps après que
l'attention publique suscitée par la transition se sera dissipée. Mais ce qui est
encore plus important, au point de vue de la politique étrangère à long terme,
c'est notre relation avec la Chine. L'émergence de la Chine comme puissance
mondiale et méga-économie façonnera de plus en plus les marchés mondiaux, les
structures de la sécurité régionale et les cadres de discussion et de consensus
internationaux à l'aube du prochain siècle. Quelle sorte de relations voulons-nous
avoir avec la Chine? Comment nous adapter aux énormes changements qui s'y
produisent?
En 1970, le Canada a été l'un des premiers pays occidentaux à reconnaître la
Chine. Nous croyions alors, et croyons toujours, qu'un pays qui représente le
cinquième de l'humanité ne doit pas être isolé, mais intégré à la grande
communauté internationale. Depuis 27 ans, le Canada a noué avec la Chine des liens
d'une étonnante diversité, dans de nombreux domaines : de la paix et de la
stabilité régionales aux droits de la personne et à la primauté du droit; de la
protection de l'environnement et du développement durable à l'expansion de nos
relations économiques; et des échanges universitaires à l'aide à apporter à la
Chine pour la gestion de ses ressources humaines et de ses institutions
gouvernementales et paragouvernementales. Notre relation avec la Chine ne peut pas
et ne doit pas être définie comme une dichotomie entre commerce et droits de la
personne. Nous sommes déterminés à progresser sur les deux fronts, en fait sur
plusieurs fronts.
La transparence et la primauté du droit sont les conditions préalables
essentielles d'une croissance soutenue de l'économie chinoise et de la promotion
de nos intérêts commerciaux, et les conditions fondamentales du développement de
la société civile en Chine et du bien-être des Chinois. C'est pourquoi nous
réclamons une plus grande ouverture et l'établissement de relations encadrées par
des règles, tant dans notre attitude au sujet de la Chine, à la Commission des
droits de l'homme de l'ONU, que dans nos négociations sur l'accession de la Chine
à l'Organisation mondiale du commerce.
Nous sommes déterminés à resserrer nos relations avec la Chine, à multiplier nos
points d'interaction, à comprendre les problèmes auxquels la Chine fait face, à
écouter et à comprendre les dirigeants chinois et ceux qui, en Chine, préconisent
un changement constructif.
Ce qui ne veut pas dire que nous approuvions tout ce qu'est ou tout ce que fait la
Chine. Nous allons continuer à exprimer notre position clairement lorsque nous ne
sommes pas d'accord. Mais il faut reconnaître que nos avenirs sont
inextricablement liés. Si nous voulons faire vraiment partie de la région Asie-Pacifique, nous ne pouvons pas simplement tourner le dos à la Chine. Nous sommes
déterminés à développer nos relations au maximum.
Je me rendrai à Beijing et à Hong Kong au début du mois prochain. En prévision de
cette visite, nous redéfinissons actuellement notre relation avec la Chine afin
qu'elle continue à correspondre à la fois aux intérêts et aux idéaux canadiens.
Nos trois principaux objectifs sont les suivants :
faire en sorte que le Canada partage les fruits de la croissance économique
chinoise, en termes d'emplois et de croissance générés par le resserrement des
liens commerciaux et financiers;
appuyer l'émergence d'une société civile en Chine, dans le sens d'une plus grande
sensibilité politique, d'un plus grand respect des droits fondamentaux de la
personne et d'une plus grande prévisibilité de la conduite internationale de la
Chine; et
maximiser la coopération internationale avec la Chine dans des dossiers
systémiques et spécifiques qui ressortissent à l'intérêt national du Canada.
À propos de ce troisième objectif, nous avons l'intention de coopérer avec la
Chine sur les dossiers qui ont une incidence sur la sécurité régionale, ce qui
comprend aussi bien de vieilles questions comme celles de la mer de Chine
méridionale et du détroit de Taïwan que des problèmes de « sécurité humaine »
comme les stupéfiants et la dégradation de l'environnement, où les Canadiens ont
des solutions technologiques avancées à offrir.
Ces objectifs nous obligent, non seulement à coopérer avec la Chine, mais avec
d'autres acteurs de la région. L'intégration croissante de la Chine à la région de
l'Asie-Pacifique a d'importantes conséquences pour d'autres intéressés, qu'il
s'agisse de Taïwan, du Japon ou de l'ASEAN. C'est une des raisons pour lesquelles
nous sommes en train de constituer de nouveaux forums où nous discuterons des
dossiers régionaux avec le Japon, notre deuxième partenaire économique et notre
collègue au G7.
Le Forum Canada-Japon, qui a été fondé récemment, est une tribune non
gouvernementale et indépendante pour le dialogue sur les questions régionales
aussi bien que bilatérales qui nous concernent. Parallèlement, les gouvernements
canadien et japonais ont commandé conjointement à deux experts une étude sur les
problèmes de sécurité. Leur rapport, qui doit paraître prochainement, devrait
mettre au jour une ample matière à discussion sur le développement de notre
coopération.
1997, une année spéciale
Ce n'est pas seulement la transition à Hong Kong qui fait de 1997 une année
spéciale dans les relations du Canada avec l'Asie-Pacifique. Nous accueillons
cette année le forum de la Coopération économique Asie-Pacifique [APEC], que
couronnera une réunion des dirigeants à Vancouver en novembre. Parallèlement, pour
consacrer la texture et la complexité croissantes de nos relations avec l'Asie, le
gouvernement canadien a déclaré 1997 Année canadienne de l'Asie-Pacifique. Un
programme d'une durée d'un an, comportant des manifestations culturelles,
universitaires et commerciales axées sur l'Asie-Pacifique et présentées dans
toutes les régions du pays, sensibilisera les Canadiens aux réalités de cette
partie du monde.
En tant qu'hôtes de l'APEC, nous avons la possibilité de jouer un rôle de premier
plan dans le processus d'établissement des institutions régionales qui est en
cours, et à propos des thèmes que nous avons choisi de mettre en relief à cette
occasion. Dans une série de manifestations officielles et non gouvernementales, y
compris des expositions commerciales, des séminaires d'affaires et un forum des
jeunes, nous allons nous pencher sur les petites et moyennes entreprises, la
jeunesse et divers aspects du développement durable.
À la rubrique jeunesse, nous parrainons à Winnipeg une conférence de jeunes
Canadiens et Asiatiques, intitulée « Asia Connects/Cherchons l'Asie ». Une
douzaine d'autres localités au Canada seront reliées électroniquement à la
conférence de Winnipeg, créant des « assemblées virtuelles » de jeunes de toutes
les régions du pays. Nous voulons ainsi faire contribuer directement les jeunes
Canadiens et Canadiennes au développement de nos contacts avec l'Asie-Pacifique et
à l'exploitation novatrice des technologies de l'information.
Autre domaine où s'exercent l'influence et l'innovation canadiennes : celui de la
gestion des affaires publiques, des droits de la personne et de la société civile.
Nous insistons fortement sur la participation du plus grand nombre au processus de
l'APEC. En plus d'encourager la participation des ONG aux groupes de travail et
aux réunions de l'APEC, nous appuyons une série de manifestations parallèles des
ONG et des établissements d'enseignement supérieur, dans toutes les régions du
pays.
En septembre prochain, à Saskatoon, nous parrainerons un symposium de
représentants des ONG, des milieux universitaires et des décideurs de la région.
Il en émanera un rapport aux dirigeants, qui sera publié en novembre, concernant
l'impact du développement économique rapide et de la croissance démographique sur
les réserves alimentaires et énergétiques et sur l'environnement. Mon ministère
contribuera financièrement au forum populaire qui se déroulera parallèlement aux
assemblées de novembre de l'APEC.
Le Centre international des droits de la personne et du développement
démocratique, qui préside le comité des ONG de l'APEC au Canada, produira un
rapport sur les activités de l'APEC qui concernent ou intéressent la société
civile. Une conférence du réseau des dirigeantes recueillera les opinions de
femmes d'affaires pour les transmettre à la réunion des ministres de l'APEC
chargés des PME. Et nous parrainons une série de tables rondes universitaires sur
diverses questions, qu'il s'agisse des droits de la personne et de la transition à
la démocratie dans l'Asie-Pacifique ou du débat sur les valeurs orientales et
occidentales, sans oublier l'avenir de Hong Kong.
Ces manifestations, ainsi que la sensibilisation aux réalités de l'Asie-Pacifique
qui en résultera, espérons-nous, tout au long de 1997 et par la suite, nous
offrent une possibilité unique de repenser et de renouveler notre approche de
l'Asie à l'aube du prochain siècle. Leur but consiste à catalyser le débat sur les
modalités de notre interaction avec une région qui sera un facteur de plus en plus
important dans nos vies, débat auquel je vous engage tous à vous joindre,
particulièrement les étudiants. Pour construire et maintenir de nouveaux types de
partenariats dans la région, il sera particulièrement important de captiver
l'imagination des jeunes Canadiens et Canadiennes.
Conclusion
Le résultat durable de 1997 apparaîtra, j'espère, comme une présence soutenue et
renforcée du Canada dans la région Asie-Pacifique, mais aussi, ce qui est tout
aussi important, comme l'émergence d'une véritable conscience pacifique dans
toutes les régions du Canada. C'est ainsi que le Canada pourrait contribuer à
faire de la région Asie-Pacifique une véritable communauté régionale qui soit plus
qu'une simple tranche de géographie arbitraire.
La tâche de construire une communauté Asie-Pacifique, dans une région aussi vaste
et aussi diverse, ne sera pas toujours facile. Les défis à relever sont de taille
et ne disparaîtront pas d'eux-mêmes. Mais le Canada lui-même est la preuve vivante
que les cultures différentes ne s'opposent pas inévitablement, mais peuvent au
contraire s'enrichir mutuellement. Ainsi, et de bien d'autres façons encore, nous
sommes en bonne voie de devenir une véritable nation du Pacifique.
Merci.