M. MARCHI - ALLOCUTION À UN DÉJEUNER EN L'HONNEUR DE WILLIAM DALEYSECRÉTAIRE AMÉRICAIN AU COMMERCEOFFERT PARLA MISSION COMMERCIALE DES FEMMES D'AFFAIRES CANADIENNES - WASHINGTON, D.C.
97/51 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À UN DÉJEUNER EN L'HONNEUR DE WILLIAM DALEY
SECRÉTAIRE AMÉRICAIN AU COMMERCE
OFFERT PAR
LA MISSION COMMERCIALE DES FEMMES D'AFFAIRES CANADIENNES
WASHINGTON, D.C.
Le 13 novembre 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Monsieur le Secrétaire, chers collègues du Parlement du Canada, Mesdames et
Messieurs,
Je dois admettre que si le poste de ministre du Commerce international comporte
des attraits c'est surtout parce que son titulaire a l'occasion d'aider et de
représenter le milieu des affaires canadien lorsque nous partons à la conquête du
monde dans le cadre de missions comme celle-ci. C'est là une source de grande
fierté pour moi.
J'ai la conviction que lorsque nous exportons nos produits et services nous
exportons aussi les valeurs de notre pays et faisons rayonner son image de marque
à travers le monde. En ce sens, vous, les entrepreneures canadiennes et
américaines réunies ici aujourd'hui, relevez un défi de taille en vous préparant à
pénétrer pour la première des marchés d'exportation.
Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle nos gouvernements ont à coeur le
succès de vos entreprises.
En cette ère marquée par la rationalisation des précieuses ressources publiques,
nous ne pouvons nous contenter de nous reposer sur nos lauriers, continuer à faire
les choses comme nous les avons toujours faites, servir de prétendu remède à tous
les problèmes.
Nous, les pouvoirs publics, devrons cibler davantage nos activités en fonction des
secteurs ayant le plus grand potentiel de croissance, et qui profiteront le plus
de notre aide. Dans un pays où le commerce extérieur maintient un emploi sur
trois, je ne puis me permettre de manquer à cette tâche.
Et d'où vient au juste le gros de nos échanges commerciaux? Cela semble
incroyable, mais une cinquantaine de compagnies canadiennes sont le moteur de près
de 50 p. 100 de nos exportations. Et si l'on considère que nos petites et moyennes
entreprises à vocation exportatrice ne représentent que 10 p. 100 des PME, force
est de constater qu'il reste encore beaucoup de place pour la croissance dans cet
important secteur d'activité.
Nous nous sommes posé les questions : « Pourquoi les PME n'exportent-elles pas? »;
« Quelles stratégies novatrices pouvons-nous développer pour les aider à
commercialiser leurs produits et services sur les marchés étrangers? »; « Où
concentrer nos ressources pour qu'elles nous en donnent le plus pour notre
argent? »; « Quelles sont les tendances qui se dessinent et comment pouvons-nous
en tirer parti? ».
Eh bien, à regarder les PME canadiennes d'aujourd'hui, c'est d'abord l'incroyable
dynamisme des entreprises dirigées par des femmes qui me frappe.
Il faut bien dire qu'au cours des 20 dernières années ce sont les travailleuses
autonomes qui remportent la palme de la croissance la plus rapide de tous les
secteurs d'emploi de notre économie. Aujourd'hui, les femmes dirigent et
détiennent près du tiers de toutes les entreprises canadiennes.
Leurs entreprises emploient globalement plus de personnes que les 100 plus grosses
sociétés du Canada.
Plus de 2 millions de Canadiennes et Canadiens travaillent dans des entreprises
détenues et dirigées par des femmes.
À l'évidence, depuis un certain temps, le monde des affaires n'est plus l'apanage
des hommes.
Personne ne sera donc surpris de savoir que le délégué commercial en chef et le
directeur de la nouvelle Direction des petites et moyennes entreprises du
Ministère sont des femmes, dont je salue au passage le talent.
Cela est également vrai pour votre pays où deux femmes remarquables occupent les
fonctions de représentant au Commerce et de chef de l'Administration des petites
et moyennes entreprises.
Incroyable mais vrai. Reste que les femmes entrepreneures sont sous-représentées
dans notre culture commerciale. Je veux changer cela.
Et c'est ce que cette mission se propose de faire. Encourager des contacts qui
mèneront à des contrats.
Il a d'ailleurs été tout naturel pour moi de lancer cette initiative à Washington.
Les États du centre du littoral de l'Atlantique qui entourent Washington forment
l'un des marchés les plus riches du monde. Soixante-quinze pour cent des sociétés
multinationales du monde sont représentées à Washington, qui constitue aussi la
deuxième concentration des entreprises de haute technologie, après la Silicon
Valley. Ce marché de 11,5 milliards de dollars offre un incroyable potentiel à
tous les secteurs de l'économie canadienne, et notamment aux entreprises détenues
et dirigées par des femmes.
Ceci dit, je veux vous assurer que les femmes d'affaires canadiennes qui sont ici
aujourd'hui et les centaines de milliers d'autres qui se trouvent au Canada
sont disposées à faire des affaires avec vous, dans n'importe quelle région de
votre pays.
Après tout, le Canada et les États-Unis sont chacun le plus important partenaire
commercial de l'autre.
C'est pourquoi nous devons prendre des mesures pour soutenir nos exportateurs et
encourager un plus grand nombre d'entreprises à rechercher des débouchés outre-frontière.
Nous devons cibler notre aide en fonction de nos clients et de nos capacités.
Pour ce faire, nous devrons cibler davantage nos activités en fonction des
secteurs ayant le plus grand potentiel de croissance, et qui profiteront le plus
de notre aide.
À l'évidence, les petites et moyennes entreprises dirigées et détenues par des
femmes se classent dans cette catégorie.
Pour de nouveaux exportateurs, il est logique de s'implanter d'abord sur un marché
relativement peu éloigné, où les pratiques commerciales sont à un certain point
similaires. Voilà une autre bonne raison de commencer par notre partenaire
commercial le plus important, et notre meilleur allié.
Nos entreprises ont ainsi l'occasion d'acquérir une précieuse expérience de
l'exportation, avant de conquérir le monde!
Et j'ai toutes les raisons de croire qu'elles y parviendront.
Parce que les produits et les services offerts par les femmes d'affaires
canadiennes qui sont avec nous aujourd'hui sont de tout premier ordre! Ces
produits et services vont de l'aérospatiale à l'automobile et des produits
pétroliers aux industries environnementales de pointe.
Ces femmes d'affaires fabriquent des logiciels et d'autres produits axés sur la
technologie de l'information, mais aussi, pour ne nommer que ceux-là, des produits
alimentaires et des boissons, des produits de santé, des jouets et de la peinture;
des produits pharmaceutiques, du papier et du matériel publicitaire; des
vêtements, des bijoux et des objets d'art.
Elles se spécialisent dans le conseil en gestion, la fiscalité, les transports,
les communications, l'éducation, la distribution de films, la planification
successorale, les associations stratégiques, les relations gouvernementales, la
gestion artistique et d'autres services.
D'ailleurs, bon nombre d'entre elles ont déjà conclu des marchés.
J'ai cru comprendre que nous aurons la chance d'assister, un peu plus tard
aujourd'hui, à la signature de contrats et d'ententes d'alliance stratégique, et
ce, dans des domaines aussi variés que l'expédition transfrontalière de
marchandises, le papier spécial, les produits destinés aux médias, le matériel
publicitaire, l'impression et autres.
Mais, veuillez me croire, d'autres contrats suivront. Nous avons établi qu'à la
suite de séances d'information similaires au moins 55 p. 100 des participants
réalisaient une première vente aux États-Unis dans les 12 ou 18 mois qui suivent.
De plus, Monsieur le Secrétaire, comme nous en avons convenu au moment de notre
rencontre à l'occasion de la délégation de petites et de moyennes entreprises que
vous avez dirigée à Ottawa l'été denier, la clé du succès des missions
commerciales réside dans le suivi.
Pour cela, votre département, ici à Washington, de concert avec l'Administration
américaine des petites et moyennes entreprises et mon ministère à Ottawa ont
accepté de collaborer à l'organisation d'un sommet commercial des femmes
Canada-États-Unis, qui doit avoir lieu à l'Université York, à Toronto, en mai
1999.
Hier, j'ai d'ailleurs participé à une réunion très productive avec Mme Alvarez, de
l'Administration des petites et moyennes entreprises, qui, tout comme vous,
Monsieur le Secrétaire, s'est montrée très favorable à ce projet.
L'objectif du sommet comporte deux volets.
Premièrement, il s'agit de réunir des dirigeantes d'entreprise de nos deux pays
pour repérer les barrières qui dissuadent les femmes de s'implanter sur les
marchés étrangers et pour recommander des façons de les éliminer.
Deuxièmement, le sommet sera pendant deux jours l'hôte d'une délégation
commerciale américaine qui agit par le truchement du consulat américain à Toronto;
il y aura des rencontres, des visites sur le terrain et des contacts d'affaires
personnels. Le sommet incarnera de la sorte les objectifs mêmes que le dialogue
stratégique est censé poursuivre, lesquels se résument à ceci : plus d'emplois
pour un plus grand nombre de femmes dans plus de pays.
Les idées et les recommandations qui émergeront de ce sommet seront aussi soumises
à la Conférence des femmes entrepreneures que l'Organisation de coopération et de
développement économiques [OCDE] parrainera en l'an 2000.
Pour ce sommet comme pour la conférence de l'OCDE, on doit disposer de données
fiables sur les problèmes particuliers auxquels les femmes font face en affaires.
À cette fin, nous mettons sur pied une « coalition pour la recherche », formée de
représentants du gouvernement, du secteur privé et du milieu de l'éducation. Le
Ministère jouera un rôle prépondérant dans la coordination de cette activité, avec
la collaboration d'Industrie Canada et de Condition féminine Canada.
Je suis fier de saluer nos premiers partenaires dans le cadre de cette coalition,
à savoir la Banque royale du Canada qui est aussi un généreux commanditaire de
cette mission et la Fondation des femmes chefs d'entreprise du Canada, toutes
deux représentées ici aujourd'hui.
J'ai cru comprendre que la Fondation des femmes chefs d'entreprise du Canada et
son pendant américain, la National Foundation for Women Business Owners, sont
toutes deux convenues de mettre la main à la pâte et qu'elles signeront plus tard
aujourd'hui un protocole d'entente à cet effet.
Cela dit, permettez-moi de vous assurer que nous n'allons pas attendre le prochain
millénaire pour agir!
Dans le cadre du programme permanent du Ministère à l'intention des exportateurs,
nous planifions une visite spéciale à Washington, l'année prochaine. Cette visite
visera les institutions financières internationales et s'efforcera d'accroître le
nombre des sociétés de conseils canadiennes dirigées par des femmes qui obtiennent
des contrats financés par la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de
développement.
Nous allons compléter nos mesures prises au niveau des foires et des missions
commerciales par une ligne d'efforts plus concentrés visant à fournir aux femmes
d'affaires canadiennes l'information dont elles ont besoin pour exporter leurs
produits et services. Nous recourrons davantage à des outils comme Internet pour
faire en sorte que les entrepreneures puissent obtenir l'information qui leur
manque.
Et je puis également vous assurer que nous allons accroître le nombre de
participantes aux missions commerciales Équipe Canada, au premier chef dans le
cadre de notre prochain voyage en Amérique latine, en janvier.
Ces initiatives à l'appui des femmes d'affaires s'inscrivent dans le cadre d'un
effort global consenti par le gouvernement pour aider les petites et moyennes
entreprises à accroître leurs exportations par le biais de ce que j'appelle Équipe
Canada Inc.
La Direction des petites et moyennes entreprises du Ministère, que je viens de
créer, aura pour tâche de répondre aux besoins spéciaux des cercles de nouveaux
exportateurs, notamment dans le secteur des petites et moyennes entreprises
dirigées et détenues par des femmes.
Un autre élément essentiel du succès de nos initiatives d'exportation réside dans
le fait que nous disposons de ressources sur le terrain dans les différents
marchés du monde. Nous nous sommes engagés à accroître de 30 p. 100 le nombre des
délégués commerciaux du Canada en poste à travers le monde.
J'ai la conviction que ces initiatives, et d'autres encore, profiteront comme
jamais auparavant aux exportateurs anciens et nouveaux.
En terminant, j'aimerais saluer les femmes d'affaires canadiennes et américaines
qui sont ici aujourd'hui. Le chemin que vous avez parcouru n'a pas toujours été
facile. Non seulement pour pratiquer la transition du marché national vers le
commerce extérieur, mais encore quand il vous a fallu livrer la lutte longue et
parfois difficile aux seules fins de faire démarrer et voir fructifier votre
entreprise.
J'aimerais cependant vous quitter sur une observation d'ailleurs flatteuse de
la regrettée Charlotte Whitton, mairesse d'Ottawa dans les années 50 et personne
haute en couleur, bien connue pour son franc-parler au Canada.
Elle a dit une fois que pour se voir créditer la moitié du mérite qu'on attribue à
un homme une femme doit travailler deux fois plus fort et être deux fois plus
intelligente.
Elle a ensuite ajouté, comme elle seule pouvait le faire, que, heureusement, ce
n'est pas bien difficile.
Toutefois, parlant « crédit », se voir ouvrir un crédit que tant de femmes
d'affaires demandent à leur banque pour avoir un capital de démarrage est une
autre paire de manches.
Mais que vous soyez ou non d'accord avec l'ensemble ou une partie de sa
déclaration, je pense que nous pouvons toutes et tous convenir que non seulement
les femmes ont le droit et la capacité d'être des participantes économiques à part
entière, mais aussi qu'il est dans notre meilleur intérêt à tous de contribuer à
assurer que plus de femmes d'affaires font le plongeon sur les marchés étrangers.
Et lorsque vous ferez ce plongeon, il y aura plus de débouchés pour tous les gens
d'affaires, la croissance économique s'accélérera, les emplois se multiplieront.
Et je veux que vous sachiez que le gouvernement sera là pour vous aider. Comme
tout autre bon partenaire commercial, nous vous écouterons pour savoir ce que
vous, nos clientes, voudrez de nous, et vous fournirons de l'information et des
services plus opportuns, plus accessibles et plus souples, sans jamais perdre de
vue l'avenir.
Et en vous regardant à l'instant, lorsque je songe à la somme de travail que vous
accomplissez, à votre créativité, à votre intelligence et à votre talent qui n'est
pas dépourvu d'ambition, je me dis que l'avenir augure bien.
J'attends avec fierté et impatience le jour où chacune des participantes à cette
mission historique se donnera le rôle de représenter le Canada à titre
d'exportateur de ce que notre pays a de mieux à offrir.
Merci, et bonne chance!