M. MARCHI - ALLOCUTION À LACONFÉRENCE SUR L'ÉDUCATION « EXPLOITER LE RÉSEAU » - TORONTO (ONTARIO)
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L 'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA
CONFÉRENCE SUR L'ÉDUCATION « EXPLOITER LE RÉSEAU »
TORONTO (Ontario)
Le 17 novembre 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
J'ai toujours cru que la vérité universelle et l'enrichissement de l'esprit humain
par la connaissance sont des notions qui vont de pair.
Permettez-moi de m'expliquer.
Je suis né en Argentine de parents italiens qui avaient immigré là après la
guerre. Nous sommes venus au Canada alors que j'étais encore enfant.
Comme tous les nouveaux arrivants au Canada, mes parents rêvaient de bâtir une
existence meilleure pour eux et pour leurs enfants.
Cela n'a rien d'original.
Depuis toujours, les parents du monde entier font tout ce qu'ils peuvent pour
protéger leurs enfants et contribuer à leur épanouissement, pour leur donner de
meilleures conditions de vie que celles qu'ils ont eux-mêmes connues.
C'est là la vérité universelle à laquelle je viens de faire allusion.
Mes parents savaient également que c'est au cours de l'enfance qu'il faut
favoriser l'enrichissement de l'individu et que, si on ne nourrit pas
l'intelligence des enfants, ils ne s'épanouissent pas.
Cela dit, je dois vous avouer que pendant toutes les années passées à l'école, il
y a deux mots qui me faisaient toujours sursauter.
Ces mots sont : « contrôle éclair! ».
Aussi, lorsque le Réseau des Centres d'éducation canadiens m'a invité à prendre la
parole ici aujourd'hui, je me suis dit : enfin, je vais pouvoir me venger.
C'est à mon tour de vous donner un examen sans préavis.
La question, qui vaut 100 points, est la suivante : qu'est-ce que Liu Chao-Hsiuan,
Datuk Amar Sulaiman Daud, Tungky Ariwibowo et Pyung Heo Ku ont en commun?
Je vous donne aussi la réponse.
Tous les quatre sont venus au Canada à un moment donné pour y faire des études
qu'ils ne pouvaient pas faire dans leur pays natal.
Et tous les quatre ont réussi dans la profession qu'ils avaient choisie.
M. Liu est le ministre des transports de Taïwan, M. Sulaiman est ministre de
l'agriculture de Malaisie, M. Tungky est ministre de l'industrie et du commerce
d'Indonésie, et M. Ku est président honoraire du Groupe LG, l'un des cinq plus
importants conglomérats de Corée du Sud.
Il ne s'agit d'ailleurs pas là cas uniques.
À Singapour, on trouve aujourd'hui aux plus hauts échelons de l'État et du secteur
privé des personnes qui ont fait des études au Canada. Cinq des hauts
fonctionnaires les plus influents ont obtenu leur diplôme au Canada, comme
d'ailleurs de nombreux universitaires et capitaines d'industrie.
À Hong Kong aussi on trouve des diplômés d'universités canadiennes dans tous les
secteurs de l'économie, y compris l'immobilier, le tourisme et le développement
des infrastructures, le secteur bancaire et les services financiers, un bon nombre
d'activités commerciales diverses, ainsi que dans les hautes sphères de la
fonction publique.
Partout dans le monde, on trouve, aussi bien dans le secteur public que dans le
secteur privé, des leaders qui ont été formés et influencés par leur passage au
sein du système d'éducation canadien.
La raison pour laquelle je vous mentionne tout cela, c'est que, dans le monde de
la diplomatie et des affaires, nous avons la possibilité d'exercer une influence
sur la prochaine génération de dirigeants politiques et économiques parce que nous
possédons l'un des meilleurs systèmes d'éducation au monde.
Or, l'activité du gouvernement canadien sur le marché international de l'éducation
consiste précisément à établir des liens avec les pays étrangers.
Dans le monde actuel, où tout est interrelié, on n'a jamais trop d'amis.
C'est pourquoi, en cette Année canadienne de l'Asie-Pacifique, je crois qu'il est
particulièrement opportun que vous vous soyez réunis pour discuter de l'importance
de former des réseaux.
Et aussi pour discuter d'un des éléments essentiels de toute économie, de toute
société.
Au moment où nous passons d'une économie basée sur les ressources à une économie
fondée sur les connaissances, l'éducation joue en effet un rôle de plus en plus
important pour le maintien d'une économie vigoureuse.
Comme nous l'avons affirmé clairement dans notre dernier budget, nous envisageons
l'éducation comme une force positive - une force qui peut nous aider à créer des
débouchés pour la jeunesse canadienne dans les secteurs à forte croissance de
notre économie.
Aussi avons-nous tenté, dans ce budget, d'ouvrir des portes pour les jeunes
Canadiennes et les jeunes Canadiens . . .
. . . en modifiant à nouveau le Programme canadien de prêts aux étudiants de façon
à supprimer les obstacles aux études postsecondaires,
. . . en augmentant l'aide aux étudiants qui ont des personnes à leur charge,
. . . en aidant les parents à payer les études de leurs enfants,
. . . et en créant la Fondation canadienne pour l'innovation.
En outre, le Fonds canadien de dotation des bourses d'études du millénaire,
annoncé par le Premier ministre en septembre, permettra de récompenser
l'excellence scolaire en accordant chaque année des milliers de bourses d'études à
des Canadiennes et Canadiens à revenus faibles ou moyens partout au pays.
Ce sont là quelques-unes des clés avec lesquelles nous ouvrirons les portes qui
mènent à de nouveaux emplois et qui nous permettront d'accroître notre prospérité
au XXIe siècle.
Nous voulons d'abord que nos jeunes générations réussisse leur insertion dans le
monde du travail et dans le monde en général.
Pour que cette vision se concrétise, nous nous sommes engagés à conjuguer nos
efforts à ceux des provinces et des responsables de l'enseignement pour que les
jeunes du Canada puissent acquérir les compétences dont ils ont besoin dans un
monde dominé par la concurrence.
Aujourd'hui, la dimension internationale de l'éducation est en passe de devenir un
élément majeur de la politique commerciale du Canada.
Si cette dimension internationale nous importe autant, ce n'est pas uniquement
parce qu'elle nous offre des débouchés, mais parce qu'il s'agit de débouchés très
importants.
À long terme, le secteur de l'éducation est en effet très profitable. En voici
quelques exemples.
En Amérique du Nord, l'éducation est un secteur d'activité de 700 milliards de
dollars.
En 1995, la Banque mondiale a approuvé des contrats d'une valeur globale de
3 milliards dans le domaine de l'éducation.
En 1994-1995, les étudiants étrangers ont injecté dans notre économie
2,3 milliards de dollars, soit l'équivalent de 21 000 emplois.
Voilà, bien sûr, une tendance que nous voulons amplifier.
Et c'est pourquoi l'éducation a été - et demeurera - un aspect aussi important des
missions d'Équipe Canada à l'étranger.
Comme vous le savez, les représentants du secteur de l'enseignement et de la
formation composaient la délégation la plus nombreuse au cours de la mission
d'Équipe Canada 1997.
Lorsque la prochaine mission se rendra en Amérique latine au début de 1998, je
suis sûr que le monde de l'éducation y jouera un rôle tout aussi important.
Mis à part les succès d'Équipe Canada, mon ministère met en oeuvre d'autres moyens
constructifs et ingénieux de favoriser les contacts entre les fournisseurs
canadiens de produits et services éducatifs et les marchés étrangers.
Le Programme de développement des marchés d'exportation, par exemple, aide de
nombreuses associations et entreprises à se lancer sur de nouveaux marchés.
Le programme WIN Exports aide les fournisseurs canadiens de produits éducatifs à
trouver des débouchés sur de nouveaux marchés.
Les deux programmes sont très logiques sur le plan commercial.
Nous nous efforçons de mieux renseigner nos agents du service extérieur et nos
délégués commerciaux au sujet du marché de l'éducation afin qu'ils puissent mieux
en apprécier la nature et le potentiel.
Nous tentons également de simplifier les exigences auxquelles doivent répondre les
étudiants étrangers pour obtenir un visa.
Et j'appuie l'initiative du Premier ministre, qui vise à aligner le processus
actuel de délivrance d'un visa d'étudiant sur celui de nos concurrents, sans
porter atteinte au sentiment de sécurité et de bien-être des autres Canadiens.
Alors même que 100 000 étudiants étrangers font des études au Canada,
27 000 Canadiens étudient à l'étranger -- nombre d'entre eux sans notre aide.
Au Canada même, nous collaborons avec nos partenaires des secteurs public et privé
pour donner plus d'ampleur à nos activités internationales de placement
professionnel pour jeunes gens et étudiants. Ces échanges profiteront à tous les
intéressés.
Si nous participons à cette activité, c'est que l'éducation est une voie à double
sens.
Le monde a besoin de plus de jeunes gens qui possèdent une connaissance plus
étendue et plus approfondie de la culture mondiale et des échanges commerciaux
internationaux.
Nous avons besoin d'eux, et de leurs compétences, ici même au Canada.
Et nous avons aussi besoin d'eux dans les pays avec lesquels nous commerçons.
Un des moyens d'encourager cette internationalisation est de créer de bonnes
relations.
Or, dans le domaine de l'éducation internationale, le Réseau des Centres
d'éducation canadiens (CEC) est devenu l'un des partenaires les plus importants de
mon ministère.
Le Réseau joue en effet un rôle d'une grande importance
. . . en recrutant des étudiants étrangers,
. . . en jouant le rôle d'intermédiaire pour les contrats de formation avec des
organismes publics et privés,
. . . et en permettant aux établissements d'enseignement canadiens de nouer des
liens avec les établissements locaux.
Vu l'excellent travail accompli par le Réseau, je ne suis pas surpris que
l'activité dans les CEC ne cesse de croître.
Au CEC de Bangkok, par exemple, le nombre de visas émis en faveur d'étudiants
thaïlandais au cours de la première moitié de 1997 s'est accru de 140 % par
rapport à l'année précédente.
Or, le centre de Bangkok n'est ouvert que depuis l'an dernier.
Ce ne sont pas les seuls progrès accomplis.
Octobre était le mois de l'éducation canadienne en Asie du nord-est.
Bien qu'il n'y ait pas de CEC au Japon, notre ambassade à Tokyo a co-patronné une
série de salons de l'éducation qui se sont déroulés dans tout le pays. Quarante
établissements canadiens et cinq provinces ont participé à ces manifestations.
Cette initiative a emporté un grand succès, tout comme les salons organisés par
les CEC à Hong Kong et à Séoul.
Mais les succès remportés par les CEC ne se limitent pas aux foires
professionnelles.
Le succès sans précédent remporté par le CEC de Mexico nous encourage à nous
lancer sur les principaux marchés d'Amérique du Sud et à espérer que les
établissements francophones se joindront bientôt au Réseau.
Misant sur le succès remporté par le Réseau des CEC en Asie-Pacifique et au
Mexique, nous nous proposons d'ouvrir jusqu'à 15 nouveaux centres d'ici l'an 2000.
Et nous sommes disposés à recevoir des propositions de n'importe quel groupe
désireux de s'associer à nous.
Dans ce monde axé sur le savoir et soumis à de profondes transformations, nous
voulons que le Canada soit le pays le plus « branché » au monde.
Les gens préfèrent traiter avec des personnes avec lesquelles ils se sentent à
l'aise, souvent dans une langue qui leur est familière et dans un contexte
culturel qu'ils connaissent bien.
Or justement, les Canadiennes et les Canadiens ont des liens dans tous les coins
du monde, et c'est là l'une de nos forces principales. Nous devons maintenant
faire de cette force un avantage concurrentiel.
C'est ce à quoi je me suis engagé.
Et pour cela, j'ai besoin de votre aide.
Je vous invite à m'indiquer quels moyens le gouvernement et le secteur de
l'éducation devraient mettre en oeuvre. . .
. . . pour collaborer de façon plus étroite;
. . . pour faire la promotion de l'éducation canadienne à l'étranger;
. . . pour améliorer nos accords actuels de coopération internationale;
. . . pour envoyer plus d'étudiants dans plus de pays partout dans le monde.
J'ai demandé que soit organisé un carrefour sur l'éducation au début de l'an
prochain, afin que nous puissions répondre à ces questions et explorer toutes les
possibilités.
Rappelons-nous que toute stratégie économique qui ne tiendrait pas compte de
l'éducation nous ferait faire un grand pas en arrière.
Alors que, comme vous, je tiens à ce que le Canada ait deux longueurs d'avance!