LE CANADA DEMANDERA À L'OMC L'AUTORISATION D'EXERCER DES REPRÉSAILLES CONTRE L'UE
Le 14 mai 1999 (17 h 45 HAE) Nº 112
LE CANADA DEMANDERA À L'OMC L'AUTORISATI
ON D'EXERCER DES REPRÉSAILLES CONTRE L'UE
Le ministre du Commerce international, Sergio Marchi, et le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Lyle
Vanclief, ont annoncé aujourd'hui que le gouvernement demandera à l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) l'autorisation d'exercer des représailles contre l'Union européenne (UE), qui continue d'interdire les
importations de bœuf canadien.
En 1997, un Groupe spécial de l'OMC a indiqué clairement que l'interdiction de l'UE visant le bœuf traité aux
hormones de croissance n'a pas de fondement scientifique et qu'elle est dès lors incompatible avec les
obligations de l'UE au sein de l'OMC. L'Organe d'appel de l'OMC a confirmé cette décision en 1998, et un arbitre
de l'OMC a donné à l'UE jusqu'au 13 mai 1999 pour lever l'interdiction. L'UE n'ayant pas respecté ce délai, le
Canada a décidé d'exercer le droit, dont il dispose en vertu de l'OMC, de suspendre ses concessions
commerciales envers l'UE.
« Le Canada observe les règles et s'attend à ce que les autres en fassent autant, a déclaré le ministre
Marchi. L'OMC a tranché deux fois en notre faveur et pourtant, l'UE a refusé de se conformer à la décision. Cela
est inacceptable. »
M. Marchi a fait savoir que le Canada demanderait l'autorisation d'accroître d'environ 70 millions de dollars les
tarifs visant certains produits importés de l'UE afin de compenser les pertes dues à l'interdiction. En vertu des
règles de l'OMC, le Canada a jusqu'au 12 juin pour demander cette autorisation.
« L'accès aux marchés européens contribue largement à la croissance du secteur agroalimentaire canadien, a
affirmé M. Vanclief. Nous aurions préféré que ce litige soit résolu de manière à favoriser les relations
commerciales, mais si nous ne réussissons pas à trouver un terrain d'entente, nous n'hésiterons pas à exercer les
droits dont nous jouissons à titre de membre de l'OMC. »
Aux termes des procédures de règlement de l'OMC, si un membre ne se conforme pas à une décision de
l'Organisation, ou bien les parties intéressées peuvent s'accorder au sujet d'une compensation, ou le membre lésé
peut exercer des représailles. Malgré les discussions qui ont eu lieu ces dernières semaines, le Canada et l'UE ne
sont pas parvenus à convenir d'une compensation.
Le 17 avril, le gouvernement du Canada a annoncé une période de consultation de trente jours pour recueillir les
commentaires des Canadiens sur une liste de produits qui pourraient être assujettis à des augmentations de tarifs.
La liste finale de produits sera établie d'après les commentaires reçus du public et le niveau de représailles
autorisé par l'organe de l'OMC chargé des règlements.
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Un document d'informatrion indiquant les prochaines étapes figure en annexe.
Pour de plus amples renseignements, les représentants des médias sont priés de communiquer avec :
Leslie Swartman
Cabinet du ministre du Commerce international
(613) 992-7332
Sylvie Millette LeDuc
Cabinet du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire
(613) 759-1761
Le Service des relations avec les médias
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
(613) 995-1874
Le présent document peut également être consulté sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères et du
Commerce international : http://www.dfait-maeci.gc.ca
DOCUMENT DINFORMATION
Historique du différend
- En 1989, l'UE interdit l'utilisation des hormones de croissance dans le bétail et impose une interdiction sur
l'importation de viande provenant de bovins traités à ces hormones.
- Le Canada et les États-Unis s'opposent systématiquement à cette interdiction en raison du fait qu'elle n'était
pas fondée sur une preuve scientifique et, par conséquent, constituait un obstacle injustifié au commerce.
- L'Accord créant l'Organisation mondiale du commerce, qui est entré en vigueur en 1995, a donné l'occasion au
Canada de contester la conformité de l'interdiction de l'Union européenne à l'Accord sur l'Application des
mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS).
- Bien que les pays aient le droit d'offrir le niveau de protection sanitaire qu'ils jugent approprié, les membres de
l'OMC, y compris le Canada et l'UE, ont négocié l'Accord SPS afin de veiller à ce que les mesures sanitaires et
phytosanitaires soient basées sur des critères scientifiques et qu'il n'en soit pas fait un emploi abusif sous la
forme de restrictions au commerce déguisées.
- Le Canada a étudié les six hormones de croissance en cause et conclu qu'elles sont sans danger lorsqu'elles
sont utilisées conformément à de bonnes pratiques vétérinaires.
- Cinq des six hormones de croissance ont été étudiées et approuvées par le Codex Alimentarius, un organe
international qui a pour mission de définir et d'harmoniser les normes de salubrité des aliments. Il a été
déterminé que ces hormones ne présentent aucun danger lorsqu'elles sont utilisées conformément à de bonnes
pratiques vétérinaires.
- En juillet 1996, le Canada a tenu des consultations officielles à l'OMC avec l'UE au sujet de l'interdiction. Ces
consultations n'ont pu résoudre le litige et le Canada a demandé la création d'un Groupe spécial de règlement
des différends à l'OMC. Le Groupe spécial a été créé en octobre 1996.
- Le Groupe spécial a publié en août 1997 son rapport final, dans lequel il concluait qu'il n'y avait aucune
justification à l'interdiction et que l'UE était en contravention à ses obligations auprès de l'OMC.
- L'UE a exercé son droit en vertu des procédures de règlement des différends de l'OMC et en a appelé du
rapport du Groupe spécial en septembre 1998.
- L'Organe d'appel, qui a publié son rapport le 16 janvier 1998, a également conclu qu'il n'y avait aucune base
scientifique à l'interdiction et que l'UE était en contravention à ses obligations auprès de l'OMC.
- L'Organe de règlement des différends de l'OMC a adopté les rapports du Groupe spécial et de l'Organe d'appel
le 13 février 1998.
- Par suite de l'adoption des rapports, l'UE a demandé 4 ans pour donner suite aux décisions. Le Canada n'a
pas accepté cette proposition, parce qu'elle dépassait largement la directive de 15 mois donnée aux membres
de l'OMC pour appliquer les décisions, et l'affaire a été soumise à un arbitre.
- L'arbitre a conclu qu'il n'y avait aucune circonstance particulière pouvant justifier qu'on accorde à l'UE plus de 15
mois pour donner suite aux décisions et à donné à l'UE jusqu'au 13 mai 1999 pour conformer sa mesure à ses
obligations auprès de l'OMC.
- Jusqu'ici, on n'a pas encore trouvé de solution mutuellement acceptable sur l'adoption de mesures
compensatoires.
- Le 17 avril, le gouvernement fédéral a publié une note dans la Gazette du Canada sollicitant des commentaires
sur la proposition d'augmenter les tarifs douaniers visant certains produits de l'UE au cas où il serait nécessaire
de demander l'autorisation d'user de rétorsion.
- Les parties intéressées ont jusqu'au 17 mai 1999 pour présenter leurs commentaires.
Prochaines étapes
- Le Canada a jusqu'au 12 juin pour demander à l'Organe de règlement des différends de l'OMC l'autorisation
d'user de rétorsion.
- La liste finale des produits sera établie en fonction des commentaires reçus et de l'ampleur des mesures de
rétorsion autorisées par l'Organe de règlement des différends de l'OMC. Des tarifs de 100 % seraient imposés
sur ces produits.
- L'UE a, en vertu de l'accord sur l'OMC, le droit le contester la portée des mesures de rétorsion demandées par
le Canada.
- S'il n'y a pas d'appel, le Canada sera en mesure d'imposer des tarifs une fois qu'il aura obtenu l'autorisation de
l'Organe de règlement des différends de l'OMC. Une annonce sera faite préalablement à tout augmentation des
tarifs.
- Si l'UE n'interjette pas appel, on procéderait à la nomination d'un arbitre qui déciderait de la portée des
mesures de rétorsion. L'arbitre disposerait de 60 jours après le 13 mai (c'est-à-dire jusqu'au 12 juillet) pour
mener à bien le processus d'arbitrage.
- Le Canada ne serait pas autorisé à prendre des mesures de rétorsion avant que le processus d'arbitrage
n'arrive à terme.
- Il n'appartient pas à l'arbitre de décider de la nature de la rétorsion. L'arbitrage se limite à définir la portée des
mesures de rétorsion. La décision de l'arbitre est finale et ne peut faire l'objet d'appel.
- Une fois que l'arbitre a rendu sa décision quant à l'ampleur des mesures de rétorsion, le Canada devrait
demander à nouveau à l'Organe de règlement des différends de l'OMC l'autorisation d'user de rétorsion, mais
cette fois dans une mesure qui soit conforme à la décision de l'arbitre.
- Après avoir reçu l'autorisation de l'Organe de règlement des différends de l'OMC, le Canada a toute latitude
pour décider quand il imposera des tarifs aux produits de l'UE. Une annonce sera faite préalablement à toute
augmentation des tarifs.