LE CANADA ET LE CHILI SIGNENT L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE
Le 18 novembre 1996 Nº 211
LE CANADA ET LE CHILI SIGNENT
L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE
Le premier ministre, M. Jean Chrétien, et le président chilien, M. Eduardo Frei,
ont signé aujourd'hui à Ottawa l'Accord de libre-échange entre le Canada et le
Chili durant la visite d'État du président au Canada.
« Cet accord montre bien la détermination du Canada à créer des emplois et à
favoriser la croissance économique par la libéralisation du commerce, a déclaré le
premier ministre. Il nous met aussi en position de nouer des liens politiques et
économiques plus étroits avec l'ensemble de l'Amérique latine. »
L'Accord s'accompagne de deux ententes sur la coopération dans les domaines de
l'environnement et du travail, établies sur le modèle des accords additionnels à
l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Voici les points saillants de l'Accord :
Admission en franchise immédiate de 75 p. 100 des exportations canadiennes et
élimination sur cinq ans du droit chilien de 11 p. 100 visant presque tous les
autres produits industriels et à base de ressources.
Accès nettement amélioré pour toute une gamme de produits agricoles. Par exemple,
les droits de douane sur le blé dur, qui représente 35 p. 100 des exportations
dans ce secteur, seront éliminés immédiatement.
Nouvelle protection appréciable pour les investisseurs canadiens au Chili, y
compris l'assurance de se voir automatiquement accorder les avantages résultant de
toute libéralisation ultérieure du marché, ainsi qu'un engagement à négocier un
accord bilatéral de double imposition.
Création de la Commission du libre-échange et d'un secrétariat pour veiller à ce
que les différends soient réglés efficacement et sans tarder.
Conclusion d'accords additionnels sur l'environnement et le travail, une première
pour le gouvernement du Chili dans ces domaines.
Élimination réciproque des droits antidumping sur une période maximale de six
ans.
L'Accord exempte les industries culturelles et les produits à offre réglementée et
protège intégralement les services sociaux et de santé et n'affecte pas le Pacte
de l'automobile.
Le Canada et le Chili signeront également deux autres accords :
L'Accord sur la sécurité sociale, qui permettra à l'employé canadien posté au
Chili de conserver les protections dont il jouit au Canada, et aux Canadiens de ne
pas contribuer à la fois au régime de pensions du Canada et à celui du Chili.
L'Accord autorisera aussi les Chiliens vivant au Canada à toucher leur pension de
l'État chilien.
Un accord entre l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et son
pendant chilien, qui facilitera la coopération au développement entre les deux
pays, notamment à l'égard de projets dans des pays tiers.
Le président Frei a été accueilli dimanche par le gouverneur général,
M. Roméo LeBlanc. Il a rencontré aujourd'hui le premier ministre Chrétien et
plusieurs membres du Cabinet. Il est accompagné de ministres et de gens d'affaires
chiliens.
Mardi, à Toronto, le président rencontrera le premier ministre de l'Ontario,
M. Michael Harris, ainsi que des dirigeants d'entreprises, avant de conclure sa
visite au Canada.
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Un résumé de l'Accord de libre-échange Canada-Chili est joint en annexe.
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RÉSUMÉ DE L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE
ENTRE LE CANADA ET LE CHILI
L'Accord de libre-échange (ALE) bilatéral « intérimaire » entre le Canada et le
Chili servira de pont en vue de l'accession finale du Chili à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et permettra de dynamiser l'initiative plus vaste
de la Zone de libre-échange des Amériques. L'Accord vise le commerce des biens et
des services ainsi que les investissements, et il prévoit des procédures pour le
règlement des différends. Le Canada jouit d'une excellente réputation en tant que
fournisseur de haute qualité, ce qui accroît nos chances de vendre nos produits et
services et de passer des contrats de technologie au Chili. L'ALE est complété par
deux accords additionnels sur l'environnement et le travail, qui permettront de
renforcer la coopération et de promouvoir le développement et l'application
effective des lois et règlements nationaux dans ces deux domaines.
Voici les éléments essentiels de l'Accord :
l'élimination du droit de 11 % perçu par le Chili sur toutes les importations, ce
qui améliorera sensiblement l'accès au marché chilien et permettra, notamment, à
un grand nombre de produits canadiens d'être immédiatement admis en franchise au
Chili. Comme la plupart des produits chiliens entrent déjà au Canada en franchise,
alors que toutes les exportations canadiennes doivent acquitter le droit chilien
de 11 %, l'élimination des droits de douane sur la majorité des produits que
prévoit l'ALE est particulièrement favorable au Canada;
l'octroi d'avantages supplémentaires et de bien meilleures garanties aux
investisseurs canadiens, fait sans précédent hors du cadre de l'ALENA;
la mise en place d'un régime réglementaire plus sûr pour les fournisseurs de
services canadiens qui exportent sur le marché chilien, leur garantissant des
droits de niveau ALENA;
la conclusion d'accords additionnels sur l'environnement et le travail reflétant
la grande importance que revêtent pour les deux pays l'intensification de la
coopération et l'application effective des lois et règlements dans ces deux
domaines; ces accords offrent au Canada une occasion unique de participer
activement à la modernisation des lois et pratiques chiliennes touchant
l'environnement et le travail, le Chili n'ayant conclu de tels accords avec aucun
autre pays.
Tout comme l'ALENA, l'ALE canado-chilien prévoit une exemption totale pour les
industries culturelles, une exception la plus générale possible pour les services
sociaux, notamment les services de santé, l'exclusion de toute réduction tarifaire
pour les importations hors contingent de produits à offre réglementée et une
entente sur la politique de concurrence. De plus, les dispositions du Pacte de
l'automobile ne sont pas touchées.
L'Accord devrait entrer en vigueur le 2 juin 1997, une fois qu'il aura été
approuvé par les assemblées législatives de l'un et l'autre pays.
Accès aux marchés
Le Canada et le Chili se sont entendus sur une élimination immédiate des droits de
douane applicables à la majorité des exportations industrielles clés du Canada au
Chili. Les droits frappant la plupart des autres produits industriels et à base de
ressources, à l'exclusion des chaussures, seront éliminés de façon progressive,
sur une période maximale de cinq ans. Grâce à l'Accord de libre-échange (ALE), les
exportateurs canadiens n'auront à acquitter aucun droit de douane, ou alors un
droit en constante régression, sur les produits industriels -- qui représentent
80 % de nos exportations vers le Chili. Nos exportateurs bénéficieront ainsi d'un
important avantage face à leurs principaux concurrents sur le marché chilien, dont
les fournisseurs américains, européens et asiatiques ainsi que les partenaires
commerciaux régionaux du Chili. D'excellentes occasions s'offriront dans les
secteurs suivants : les machines et le matériel, notamment pour l'exploitation
minière et forestière; le matériel de télécommunications; les engrais; la houille
métallurgique et thermique; les produits pharmaceutiques; certains produits
chimiques et verreries; toute une gamme de produits du bois et du papier; les
aéronefs; le matériel roulant ferroviaire et urbain; les automobiles et pièces; le
matériel de santé et l'équipement médical.
Pour ce qui concerne les textiles et les vêtements, l'Accord prévoit
l'échelonnement des réductions tarifaires sur une période plus longue, pouvant
aller jusqu'à six ans pour le Canada et jusqu'à cinq ans pour le Chili, ainsi que
le recours à une clause de sauvegarde spéciale en cas de hausses subites des
importations pendant la période d'élimination progressive des droits. Ces
dispositions sont semblables à celles qui figurent dans l'ALENA. Les droits de
douane sur les chaussures seront éliminés sur une période de six ans dans l'un et
l'autre pays.
Les producteurs et les exportateurs canadiens connaissent déjà les règles
d'origine qui s'appliqueront dans le cadre de l'ALE, celles-ci ayant été établies
sur le modèle de celles de l'ALENA. Toutefois, pour tenir compte de la structure
et de l'ouverture des économies canadienne et chilienne, les règles d'origine
visant certains produits manufacturés ont été assouplies à titre provisoire. Ces
règles ont été modifiées afin que les manufacturiers canadiens puissent bénéficier
d'un accès préférentiel sans avoir à modifier de façon importante la provenance
des matières et pièces entrant dans la fabrication de leurs produits. D'autre
part, les règles d'origine de l'ALENA ont été reprises en ce qui concerne
notamment l'agriculture, la plupart des produits chimiques, les plastiques, les
textiles et les vêtements.
Le secteur de l'agroalimentaire canadien tirera profit d'un accès immédiat en
franchise de droits pour le blé dur (de la mi-avril à la mi-novembre, soit pendant
la saison d'expédition du Canada au Chili), l'orge, les lentilles, le millet, les
pommes de terre de semence, le malt, la bière, les framboises, le sirop d'érable,
les produits à base de moutarde, les eaux minérales et divers jus de fruits. L'ALE
prévoit aussi l'accès immédiat en franchise pour d'importantes quantités de boeuf,
de porc et d'huile de colza. Les droits applicables aux exportations canadiennes
seront ramenés à zéro sur une période de cinq ans pour un grand nombre de
préparations agroalimentaires, notamment les petits pois congelés, les produits de
confiserie, la gomme à mâcher, le chocolat, les produits de boulangerie, les pâtes
alimentaires, les soupes et les aliments pour animaux. Pour le blé de mouture, qui
est son produit le plus sensible, le Chili étalera ses réductions tarifaires sur
une période de 17 ans. De son côté, le Canada échelonnera sur six ans
l'élimination de certains de ses tarifs, principalement ceux visant les produits
horticoles. Sont par ailleurs exclus de toute réduction les droits de la nation la
plus favorisée (NPF) pour les importations hors contingent de produits laitiers,
de volaille et d'oeufs. Enfin, les poissons et les produits du poisson seront
admis au Chili en franchise de droits et ce, dès l'entrée en vigueur de l'ALE.
En ce qui concerne les exportations clés dans les secteurs industriel, agricole et
à base de ressources, le Canada jouira sur le marché chilien d'un accès égal ou
meilleur que celui accordé à ses concurrents de l'Argentine et du Brésil dans le
cadre de l'arrangement commercial conclu par le Chili avec le Mercosur (Argentine,
Brésil, Paraguay et Uruguay).
De plus, si le Chili devait un jour, par suite d'un autre accord commercial avec
les pays du Mercosur, accorder des conditions d'accès encore meilleures pour
certains produits agroalimentaires, les exportateurs canadiens bénéficieraient
automatiquement des mêmes avantages en ce qui concerne le blé de mouture, la
farine de blé, les graines oléagineuses et les huiles d'oléagineux. En outre, si
les États-Unis obtiennent un meilleur accès pour ces produits, ainsi que pour le
porc, le boeuf, les pommes de terre, les pois secs et les produits céréaliers, la
même chose s'appliquera automatiquement au Canada. Cette approche offre aux
exportateurs canadiens de ces produits la garantie importante qu'ils pourront
demeurer hautement concurrentiels sur le marché chilien.
Le Canada et le Chili ont convenu de maintenir leurs programmes de drawback
respectifs, qui permettent le remboursement des droits de douane perçus à l'égard
des matières et composantes incorporées dans les produits exportés. L'Accord
interdit l'imposition ou le maintien de redevances douanières et le Chili a
accepté d'éliminer ses redevances existantes. Également semblables à celles
prévues par l'ALENA, les procédures douanières visent à faciliter le commerce,
tout en assurant l'administration et l'application efficaces des règles d'origine
et autres questions douanières. L'ALE reprend les dispositions de l'ALENA qui
prévoient l'admission temporaire en franchise du matériel et des outils
nécessaires aux gens d'affaires pour exercer leur profession. Sont aussi admis en
franchise les produits importés à des fins sportives, d'exposition et de
démonstration, ainsi que les échantillons commerciaux et les articles ayant subi
des réparations ou des modifications dans l'autre pays.
Investissements
Avec des investissements se chiffrant à plus de 7 milliards $CAN, le Canada est le
deuxième investisseur étranger en importance au Chili. L'investissement occupe
donc une place très importante dans la relation bilatérale. L'Accord permettra
d'améliorer sensiblement le régime juridique général applicable aux investisseurs
canadiens au Chili, ceux-ci jouissant dorénavant d'avantages et de garanties
supplémentaires sans précédent hors du cadre de l'ALENA. Le Chili a souscrit à
l'ensemble des disciplines de l'ALENA concernant le traitement non
discriminatoire. Grâce à ses dispositions sur le traitement national et le
traitement NPF, l'ALE garantit que les investisseurs canadiens seront traités de
la même façon que les investisseurs chiliens et qu'ils jouiront d'avantages
équivalents à ceux que le Chili pourra accorder à d'autres pays dans tout accord
ultérieur. De plus, l'Accord délimite avec soin les conditions d'expropriation et
assure aux investisseurs canadiens une indemnisation équitable et adéquate en
l'occurrence. Enfin, l'ALE prévoit que les différends entre les investisseurs et
l'État pourront être réglés rapidement par voie d'arbitrage international, ce qui
est tout à l'avantage des investisseurs canadiens.
Le Canada s'est réservé le droit de maintenir certaines exceptions, semblables à
celles établies dans l'ALENA, pour ce qui est des obligations en matière
d'investissement. L'ALE permet par ailleurs de geler le régime d'investissement du
Chili à son niveau actuel, déjà libéral, tout en veillant à ce que les
investisseurs canadiens bénéficient de toute libéralisation ultérieure. De plus,
grâce à l'ALE, les Canadiens désireux d'investir au Chili ne se heurteront à aucun
mécanisme d'examen susceptible de bloquer les investissements ou d'entraver
d'autre manière les intérêts commerciaux du Canada.
Même s'il permet au Chili de maintenir les contrôles existants sur les mouvements
de capitaux, l'ALE lui interdit néanmoins d'imposer des mesures plus restrictives
à l'égard des investisseurs canadiens. Ainsi, le Chili ne pourra augmenter son
exigence de réserve touchant les crédits étrangers, qui est actuellement de 30 %,
et la réserve elle-même est limitée à une période maximale de deux ans. De plus,
elle a été gelée de manière à s'appliquer aux emprunts extérieurs et aux
investissements de portefeuille qui entrent au Chili, sauf à la portion de ces
investissements qui provient de crédits extérieurs. En outre, la restriction
applicable au rapatriement des investissements effectués au Chili sera limitée à
l'actuelle période d'un an.
Services
L'ALE apporte une nouvelle garantie importante de libéralisation dans le secteur
des services. En particulier, il gèle à son niveau actuel le régime réglementaire
du Chili, qui est relativement ouvert par rapport à ce qui se fait ailleurs dans
le monde. Les fournisseurs de service canadiens auront ainsi l'assurance de
continuer d'évoluer dans un cadre commercial à la fois transparent et objectif. Ce
gel de son régime de réglementation empêchera le Chili d'adopter toute nouvelle
mesure discriminatoire. De plus, le Canada est assuré de bénéficier de toute
libéralisation ultérieure décidée par le Chili relativement au commerce des
services.
L'ALE comporte par ailleurs des dispositions sur l'admission temporaire qui
accéléreront les formalités d'entrée pour les investisseurs, les gens d'affaires,
les personnes transférées au sein d'une même société et autres professionnels
canadiens voyageant pour affaires.
Pour ce qui est des secteurs sensibles, le Canada conserve le même niveau de
protection qui lui est garanti par l'ALENA, ce qui comprend une réserve visant
certains services sociaux, dont les services de santé. Cette réserve protège les
mesures existantes en matière de santé et laisse aux décideurs la faculté
d'introduire de nouvelles mesures propres à assurer l'intégrité du système de
santé canadien.
L'ALE ouvrira de nouveaux débouchés aux fournisseurs de services canadiens dans
des secteurs tels que l'exploitation minière, la foresterie, la construction, les
services d'ingénierie et autres services professionnels, les services de
consultation, les services aériens spécialisés, l'enseignement et la formation, et
le tourisme. Les deux pays sont convenus de suivre de près le processus de mise en
oeuvre et de rechercher de nouvelles possibilités de libéralisation après l'entrée
en vigueur de l'Accord.
Dispositions institutionnelles et règlement des différends
Les dispositions institutionnelles de l'ALE établissent un processus décisionnel
conjoint et un mécanisme efficace pour le règlement des différends. Le Canada et
le Chili seront sur un pied d'égalité quant à la résolution des problèmes, car ils
pourront se prévaloir d'une procédure objective de règlement par des groupes
spéciaux dont les interprétations feront autorité. L'Accord établit la Commission
du libre-échange et le Secrétariat de l'ALE. La Commission surveillera la mise en
oeuvre de l'Accord ainsi que tout développement ultérieur de ses dispositions, et
veillera au règlement des différends pouvant survenir. Le Secrétariat, qui aura un
bureau dans chaque pays, secondera la Commission et fera fonction de greffier pour
les groupes spéciaux de règlement des différends ainsi que de dépositaire en cas
de différends entre investisseurs et État.
L'Accord oblige le Canada et le Chili à rechercher des interprétations et des
solutions agréées, compte tenu de l'engagement pris par les deux gouvernements de
gérer à l'amiable leurs relations commerciales. S'il survient un problème pouvant
affecter le fonctionnement de l'Accord, chaque pays peut demander à consulter
l'autre pour trouver une solution. En cas d'échec des consultations, le différend
peut être porté devant la Commission, qui doit alors s'efforcer de le régler dans
les moindres délais. Si les deux pays ne parviennent pas à s'entendre sur une
solution mutuellement satisfaisante, chacun peut engager une procédure arbitrale.
Ces dispositions assurent une procédure de règlement des différends à la fois
efficace, rapide et définitive.
Recours commerciaux
Le Canada et le Chili ont négocié dans l'ALE une exemption réciproque quant à
l'imposition de droits antidumping. Les exportations canadiennes seront à l'abri
des mesures antidumping que pourrait prendre le Chili dans l'avenir, et c'est là
une garantie dont ne bénéficient pas pour l'instant les exportateurs américains et
autres. Cette décision correspond à l'engagement public de longue date du
gouvernement canadien visant la réduction, et à terme l'élimination, du recours à
de tels droits dans la zone de l'ALENA, un accord auquel le Chili pourrait bien un
jour adhérer. L'Accord prévoit que l'exemption sera introduite de façon
progressive, soit en fonction de l'élimination finale dans les deux pays des
droits applicables à l'importation de chaque produit, soit après six ans au plus
tard. Cette période de transition permettra de procéder à un examen obligatoire de
l'exemption dans cinq ans. L'Accord prévoit également un processus de
consultations formelles pour traiter de toute circonstance inhabituelle découlant
de l'imposition par un autre pays de mesures à l'importation susceptibles de
provoquer un détournement important des courants commerciaux. Le processus convenu
a pour but de faciliter le rétablissement rapide des mouvements commerciaux
normaux.
Coopération en matière de travail
Un accord de coopération en matière de travail, établi sur le modèle de l'Accord
nord-américain de coopération dans le domaine du travail (ANACT), vient compléter
l'ALE canado-chilien. Faisant fond sur le préambule de l'ALE, l'accord sur le
travail vise à promouvoir l'amélioration des conditions de travail dans les deux
pays, ainsi qu'à assurer la protection, la valorisation et le respect des droits
fondamentaux des travailleurs. Les deux pays y reconnaissent en outre que la
prospérité future passe par la promotion d'une concurrence ouverte et équitable
reposant sur l'innovation et la productivité accrue, dans le respect des lois et
principes qui régissent le travail.
L'accord vise à :
accroître la coopération et à encourager une meilleure compréhension dans un
grand nombre de secteurs intéressant le travail, notamment en prévoyant la
publication et l'échange d'information sur la législation du travail ainsi que sur
les procédures visant à en assurer l'application et le respect;
obliger les Parties à veiller à l'application effective de leur législation
intérieure du travail;
établir des mécanismes pour la solution des problèmes par voie de consultations;
permettre la formation de comités d'experts indépendants pour procéder à des
évaluations comparatives et objectives des pratiques générales qui seront rendues
publiques; et
offrir, dans certains cas, une procédure pour le règlement des différends.
L'accord crée un nouveau lien institutionnel canado-chilien en établissant la
Commission de coopération en matière de travail, laquelle se penchera dans un
esprit de coopération et de consultation sur les questions intéressant le travail.
La Commission sera constituée d'un Conseil des ministres du Travail canadien et
chilien, ainsi que d'un Secrétariat national dans chaque pays signataire.
Fait particulièrement important, l'accord prévoit la mise en oeuvre de programmes
de coopération sur des questions clés du domaine du travail. Cette coopération
encouragera les milieux gouvernementaux, patronaux et syndicaux à se rapprocher, à
discuter des meilleurs pratiques et à en apprendre davantage sur les pratiques et
systèmes de l'un et l'autre pays.
De plus, et tout aussi important, l'accord oblige les deux pays à veiller à
l'application effective de leurs législations du travail. Cette obligation porte
sur onze principes fondamentaux régissant les relations de travail, dont la
liberté d'association et le droit d'organisation, les conditions d'emploi et les
normes relatives à la santé et à la sécurité au travail. Les Canadiens disposeront
ainsi d'un instrument international leur permettant d'exprimer leurs
préoccupations quant à l'application de la législation du travail au Chili,
notamment dans le secteur du commerce, et d'obtenir que celles-ci soient examinées
et réglées dans le cadre d'une procédure officielle.
Coopération environnementale
L'accord de coopération environnementale qui accompagne l'ALE canado-chilien
comporte des dispositions semblables à celles prévues par l'accord sur
l'environnement additionnel à l'ALENA (Accord nord-américain sur la coopération
environnementale (ANACE). Par cet accord intérimaire, les deux pays s'engagent à
veiller à l'application effective de leur législation environnementale. En cas de
manquement à cette obligation, les citoyens peuvent déposer des plaintes auprès
d'un comité, et les gouvernements ont la faculté de recourir à une procédure
officielle de règlement des différends. Le Canada et le Chili sont aussi tenus de
renforcer leur coopération en matière d'environnement, en faisant fond sur les
progrès accomplis dans le cadre du Protocole d'entente sur la coopération
environnementale, signé en janvier 1995 à l'occasion de la visite du premier
ministre au Chili.
Quoique inspiré de celui établi par l'ANACE, le cadre institutionnel a toutefois
été modifié pour tenir compte du caractère intérimaire de l'accord bilatéral.
L'accord canado-chilien porte création d'un Conseil des ministres de
l'Environnement, d'un Comité consultatif public conjoint (composé de trois
représentants de chaque pays) et de petits Secrétariats nationaux dans chaque pays
chargés d'en assurer la mise en oeuvre.
L'accord environnemental canado-chilien diffère surtout de l'ANACE en ce que son
application à la législation chilienne s'effectuera de façon progressive, sur une
période de deux ans. Cette adaptation permet de viser l'ensemble de la législation
environnementale du Chili. Elle montre aussi à l'évidence que le gouvernement
chilien est prêt à discuter ouvertement avec les groupes non gouvernementaux des
moyens à prendre pour moderniser les lois qui doivent l'être durant la période de
transition de deux ans.
L'ALE canado-chilien établit par ailleurs des objectifs précis, tels que la
protection et la préservation de l'environnement, le développement durable et le
renforcement des procédures d'élaboration et d'application des lois et règlements
en matière d'environnement.
Le Protocole d'entente de 1995 porte principalement sur le renforcement des
capacités, le transfert de technologies, la gestion de l'environnement,
l'assistance technique et la coopération internationale. Il a aussi permis
d'accroître les échanges commerciaux entre les deux pays en ce qui concerne les
technologies et services environnementaux, tout en rehaussant l'image du Canada
pour ce qui est de l'établissement de lois et règlements visant la protection de
l'environnement.
Document d'information
CANADA-CHILI : SITUATION DU COMMERCE ET DE L'INVESTISSEMENT
L'économie du Chili est la plus stable de sa région, et aussi celle qui connaît
l'essor le plus rapide; au cours de la dernière décennie, elle a enregistré une
croissance annuelle moyenne de près de 7 p. 100.
Les politiques axées sur le marché ont favorisé l'esprit d'entreprise et
l'émergence d'un vigoureux secteur privé. Avec un faible taux de chômage, une
inflation en régression et des salaires en hausse, le Chili a établi sa réputation
de partenaire fiable pour le commerce et l'investissement.
Le Chili a des liens solides avec sa région, ainsi qu'avec l'Union européenne et
l'Asie. Nombreuses sont les entreprises qui voient dans le Chili un tremplin vers
les marchés en pleine expansion de l'Amérique latine.
Les programmes chiliens de libéralisation du marché et de stabilisation
économique ont déjà entraîné une importante augmentation du volume du commerce
canadien avec ce pays.
Le volume des échanges commerciaux canado-chiliens a connu une croissance
spectaculaire depuis 1990, les expéditions se chiffrant à 666 millions $ en 1995,
soit une hausse de 20 % par rapport aux 553 millions enregistrés en 1994.
Les exportations canadiennes au Chili ont fait un bond de 47 % de 1993 à 1994, et
elles ont connu une nouvelle hausse de 23 % pour s'établir à 387 millions $ en
1995. Pour cette même année, la balance commerciale a enregistré un excédent de
109 millions $ en faveur du Canada.
Des politiques financières rigoureuses et responsables ont permis au Chili de
créer un climat propre à attirer les investisseurs. En conséquence, les
investissements sont passés de 14 % du PIB au milieu des années 1980 à 20 % au
cours des trois dernières années.
Les investissements canadiens se chiffrent à plus de 7 milliards $, ce qui fait
du Canada le deuxième investisseur étranger en importance au Chili. Les Canadiens
ont investi dans des secteurs tels que les mines, l'énergie et les
télécommunications.
Ces investissements favorisent la croissance des exportations canadiennes à
valeur ajoutée ainsi que la création d'emplois au Canada. L'accord de commerce
avec le Chili permettra de protéger les investissements canadiens existants et à
venir.
Les exportateurs canadiens de services au Chili se montrent de plus en plus
actifs dans certains domaines, notamment la consultation en ingénierie, les mines,
la foresterie et la valorisation de l'environnement.