Le 13 février 2007
Gatineau (Québec)
2007/6
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL ET MINISTRE DE LA
PORTE D’ENTRÉE DU PACIFIQUE ET DES OLYMPIQUES DE
VANCOUVER-WHISTLER, L’HONORABLE DAVID EMERSON,
DEVANT LE CONSEIL DE COMMERCE CANADO-ARABE À
L’OCCASION DE LA CONFÉRENCE SUR LE CANADA ET LE MONDE
ARABE
Tout d’abord, je tiens à remercier le président du CCCA [Conseil de commerce canado-arabe], Dwayne [Lingenfelter], de m'avoir invité à m'exprimer devant vous ce soir. Cela
faisait longtemps que je tenais à faire ce discours, car nous avons beaucoup de travail
à accomplir ensemble. Espérons qu'au terme de cette soirée, nous pourrons
entreprendre un certain nombre d'activités.
Je vois dans la salle un certain nombre de députés; je n'essaierai pas de tous les
nommer. Nous avons aussi parmi nous des sénateurs, des ambassadeurs des pays
arabes ainsi que d'autres pays, et des Canadiens spécialistes des pays arabes qui ont
consacré une grande partie de leur carrière à des dossiers touchant cette partie du
monde. Le doyen des ambassadeurs des pays arabes au Canada, Son Excellence
Hassam Mohammed Al Sawaidi, est parmi nous. Je tiens à souligner aussi la présence
de M. David Hutton, ancien ambassadeur du Canada aux Émirats arabes unis, qui est
devenu récemment codirecteur général [du CCCA] avec M. Richard Mann, que je salue
également.
Comme l'a indiqué Dwayne, au cours des 25 dernières années, nous avons constaté –
et le Conseil de commerce canado-arabe a confirmé cela – que le Canada et le monde
arabe ont beaucoup à s'offrir. Comme je l'ai déjà dit, bon nombre d'entre vous ont
consacré leur carrière à l'établissement de liens entre nos nations, pas seulement entre
nos économies, mais aussi entre nos sociétés.
Environ 300 000 personnes d'origine arabe vivent au Canada : des hommes, des
femmes et des familles qui, un peu partout au pays, investissent leur énergie et leur
expertise dans leur travail. Il s'agit d'un apport culturel très précieux pour la construction
de notre pays, qui nous a permis d'établir des liens d'affaires très fructueux avec le
Moyen-Orient.
Comme vous le savez, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont l’une des régions qui
connaissent la plus forte croissance au monde. En outre, elles affichent une ouverture
sans précédent face au commerce et aux investissements. Avec un PIB [produit
intérieur brut] total de 1,6 billion de dollars, une population de plus de 300 millions de
personnes et une classe moyenne qui gagne en importance, cette région deviendra
rapidement une importante puissance économique dans le monde.
La plupart des pays arabes sont désormais membres à part entière de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), mais ils négocient aussi chacun de leur côté des
accords commerciaux avec des partenaires du monde entier, dont l'Union européenne
et les États-Unis. De plus, comme les autres puissances mondiales, ils multiplient leurs
liens au chapitre du commerce et des investissements avec la Chine, l'Inde et d’autres
économies émergentes.
Les échanges commerciaux du Canada avec le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord,
communément appelée la région du MENA, ont connu une forte croissance, et je suis
certain que M. Stephen Poloz vous a présenté des chiffres détaillés à ce sujet. En
2006, le commerce des marchandises a totalisé 3,8 milliards de dollars, soit 16 % de
plus qu'en 2005. Même les exportations, pour lesquelles le Canada accuse souvent un
léger retard, ont augmenté de façon significative, à 14 %, pour atteindre 3,7 milliards de
dollars en 2006.
Je pense que vous savez tous que nous sommes sur la bonne voie. Mais je crois que
vous savez également qu'il y a encore place à amélioration. Les quelques
conversations que j'ai eues en arrivant ici m'ont permis de constater l'incroyable
enthousiasme de personnes hautement qualifiées, qui prennent conscience de
l'occasion qui s'offre à nous de faire des affaires avec le Moyen-Orient de manière à
générer d'énormes avantages pour le Canada et pour cette région au cours des
prochaines années.
Mais nous n'en faisons pas encore assez. Prenons l’exemple des investissements
bilatéraux : ceux-ci ne sont vraiment pas assez importants. En 2004, le Canada a
investi 15 millions de dollars – j’ai bien dit millions – dans les pays membres du CCG
[Conseil de coopération du Golfe]. En 2005, le Canada a investi également 514 millions
de dollars dans les pays du Maghreb. De leur côté, les membres du CCG ont investi
environ 92 millions de dollars au Canada en 2005.
Ainsi, comme vous pouvez le voir, ces chiffres sont plutôt décevants. Il ne faut pas
oublier qu'aujourd'hui, ce sont les investissements qui stimulent les échanges
commerciaux sur le marché mondial. Et ce sont les investissements qui sont le
catalyseur capable de faciliter le transfert de technologie et l'établissement de liens au
sein de la chaîne d'approvisionnement. À cet égard, la région du MENA offre des
ouvertures très intéressantes aux investisseurs canadiens.
De nombreux pays arabes, en particulier les membres du CCG, sont en train d'alléger
les restrictions imposées aux étrangers relativement aux investissements et à
l'acquisition d'entreprises. Et après un ralentissement en 2006, les marchés boursiers
des pays arabes se portent très bien en 2007. Ces marchés envoient des signaux
encourageants, et plusieurs analystes s'entendent pour dire que c'est le bon moment
pour investir dans le Golfe.
Mais il faut que les investissements circulent dans les deux sens. Le Canada doit attirer
des investisseurs arabes. Par le biais du programme Avantage Canada, notre
gouvernement élabore des politiques fiscales et financières et adapte sa
réglementation en vue d'améliorer et de maintenir la compétitivité et la prospérité du
Canada. Il s'est fixé comme objectif d'acquérir une plus large part des investissements
directs dans le monde.
Le Canada est un pays où il est intéressant d'investir. Nous allons veiller à ce qu'il soit
encore plus attrayant à ce chapitre. Et nous tenons à attirer les investisseurs arabes au
Canada. En 2006, la société Dubai Ports World a acheté le Centre Marine Terminal de
Vancouver. Cela faisait partie de l'acquisition du réseau mondial d'installations
destinées au transport maritime, BNO Ports. Cette société, qui est selon moi un
intervenant de premier plan dans ce secteur, a annoncé son intention d'investir jusqu'à
200 millions de dollars dans la modernisation et l'agrandissement du terminal portuaire.
Comme je l'ai dit aux responsables de Dubai Ports World, nous sommes ravis que des
entreprises de ce calibre investissent au Canada.
Vous vous souvenez peut-être de la réaction négative qu'ont eue les médias et la
classe politique aux États-Unis lors d'une acquisition similaire. Je me rappelle à
l’époque avoir regardé le chroniqueur Lou Dobbs [à CNN) ] et avoir été découragé par
la façon dont l'initiative de Dubai Ports World était reçue, par la campagne de nature
politique et par la critique dont elle faisaitt l’objet dans les médias. L’entreprise s'est
retrouvée dans une situation extrêmement inconfortable et a dû vendre la société
américaine qu'elle avait achetée en toute bonne foi à P&O. Soyons clairs : le Canada
veut attirer davantage d'investisseurs originaires du Moyen-Orient et d'autres pays.
C'est le message que le ministre Flaherty et moi-même avons transmis lorsque nous
étions en Chine le mois dernier. C'est un message que je continuerai de véhiculer ici et
dans d'autres pays. Mais nous devons travailler plus efficacement afin d'expliquer ce
qui distingue le Canada sur un marché mondial où règne une concurrence féroce.
Qu'avons-nous à offrir à des pays arabes qui renforcent et diversifient leur économie?
Depuis longtemps, nous exportons au Moyen-Orient des produits agricoles et
agroalimentaires ainsi que notre expertise technique.
En outre, les entreprises canadiennes du secteur énergétique se sont taillé une place
de choix sur les marchés arabes. Mais aujourd'hui, le Canada excelle dans bien
d'autres domaines : l'aérospatiale, les infrastructures, les télécommunications, les
services financiers, de santé et d’éducation. Dans le secteur de l'aérospatiale, CAE est
une entreprise montréalaise qui fabrique des simulateurs de vol. Elle a investi dans un
important centre de formation des pilotes à Dubaï et s'est associée à un groupe des
Émirats arabes implanté à Dubaï afin de former des pilotes travaillant aux Émirats et
pour des entreprises aériennes d'autres pays du Moyen-Orient et d'Asie du Sud.
L'infrastructure peut engendrer des changements importants pour n'importe quelle
économie. Nous sommes présents également dans ce secteur, avec des entreprises
canadiennes comme SNC Lavalin, Bombardier, Gartner Lee et Canso qui sont
désormais bien établies dans la région.
Par exemple, Canso a fait profiter un certain nombre de projets de son expertise en
ingénierie et en gestion de projets. Pour n'en nommer que quelques-uns, il y a le centre
du commerce d'Abou Dhabi, les ponts pour l'hôtel Sheraton de Dubaï et le Gulf Gate
Hotel, le centre commercial d'Abou Dhabi ainsi que les grands projets d’Al Khor et d’Al
Whab.
Les pays arabes vont continuer à se doter d'économies florissantes, modernes et
diversifiées. En conséquence, ils auront des besoins accrus en matière de réseaux de
transport, de centrales électriques, d'outils de protection de l'environnement et de plans
d'urbanisme. Et le Canada est bien placé pour participer à cette transformation
phénoménale.
Nous sommes par ailleurs un chef de file en matière de services d’éducation, que ce
soit grâce au College of the North Atlantic du Qatar, à notre participation au système
d'éducation des Émirats arabes unis ou à la formation que nous offrons aux médecins
saoudiens. Le Canada est sur le terrain et renforce la capacité en ressources humaines
de la région. En santé, nos gens participent à la conception, à la construction et à la
gestion d’établissements; ils sont actifs aussi dans le domaine de l’assurance maladie.
Qu'il s'agisse d'instruments médicaux, de services de laboratoire, de produits
pharmaceutiques ou de biotechnologies de pointe, le Canada possède une expertise
unique qui le place au premier plan du marché mondial des soins de santé. C'est
pourquoi mon ministère a mené récemment une mission fructueuse aux Émirats arabes
unis et en Arabie saoudite avec des entreprises canadiennes du secteur de la santé.
Le secteur de la haute technologie est un autre point fort du Canada. Par exemple,
Telesat et Nortel sont très présents sur le marché des pays arabes. Et nos réseaux de
spécialistes en sciences et technologie, comprenant des chercheurs des secteurs
public et privé et des universités, unissent leurs forces pour élaborer des produits
innovateurs et les commercialiser à l'échelle mondiale.
Il est assez facile de déterminer le potentiel de croissance d'un marché; nous le faisons
tous. Pénétrer ce marché est une tout autre affaire. En tant que gouvernement, nous
nous devons de transformer les possibilités en réalité. C'est pourquoi nous nous
engageons à améliorer la compétitivité commerciale du Canada. C'est d'ailleurs
l'objectif premier d'Avantage Canada, qui prévoit une nette amélioration de nos
politiques fiscales, réglementaires et financières.
Mais l'un des autres volets essentiels d’Avantage Canada est axé sur l'extérieur. Il vise
directement à améliorer nos performances commerciales. C'est notre stratégie
commerciale internationale. En priorité, nous devons faire un effort ultime pour obtenir
des résultats avantageux dans le cadre des négociations du cycle de Doha. Le Canada
propose depuis longtemps des accords commerciaux multilatéraux fondés sur des
règles. C'est ce qui permettra à tous les pays, grands ou petits, d'être sur un pied
d'égalité.
C'est également ce qui créera l'environnement stable, transparent et prévisible dont le
monde a besoin pour faciliter le commerce, éliminer la pauvreté et permettre à de
nombreux pays d'accéder à la prospérité. Or, à l'échelle internationale, nous assistons
actuellement à une prolifération d'accords commerciaux bilatéraux et régionaux; un
grand nombre d’entre eux sont signés par les principaux partenaires commerciaux du
Canada et créent un désavantage pour notre pays et pour nos exportateurs. Le
Canada ne peut pas et ne veut pas devenir un spectateur défavorisé. Ainsi, même si
nous accordons la priorité absolue aux travaux constructifs entrepris dans le cadre de
négociations de l'OMC, la conclusion d'accords commerciaux bilatéraux sur des
marchés importants comme le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord deviendra une autre
de nos grandes priorités dans un proche avenir.
Par ailleurs, je dois dire - comme j'en ai parlé à certains d'entre vous en arrivant ici -
que ce ne sont pas tous des accords de libre-échange de grande envergure. L'accord
relatif au transport aérien que nous avons signé avec l'Algérie en juillet en est un bon
exemple. Il semble modeste; pourtant, sans transport aérien, le commerce et les
investissements ne peuvent pas se développer. Dans le même esprit, nous cherchons
à conclure des accords sur la protection et la promotion des investissements étrangers.
Nous allons entreprendre des négociations avec la Jordanie et le Koweït, et nous
sommes prêts à en engager avec d'autres pays de la région. Là encore, nous ouvrons
la voie à une intensification du commerce et des investissements.
D’autre part, nous avons établi que certains membres du Conseil de coopération du
Golfe et certains pays du Maghreb pourraient être de futurs partenaires dans le cadre
d'accords de libre-échange. Au cours de l'année à venir, nous espérons entamer des
discussions qui conduiront à l'élimination de l'ensemble des obstacles au commerce qui
subsistent encore.
Au-delà de l'établissement de cadres commerciaux interétatiques plus solides, nous
devons veiller à ce que le gouvernement appuie efficacement les entreprises d'ici. Nos
délégués commerciaux sur le terrain font un travail remarquable; ils ne sont pas à mon
service, mais à votre service. Ils veulent collaborer étroitement avec vos entreprises
afin de vous fournir les renseignements commerciaux ciblés et sectoriels dont vous
avez besoin.
Nous entendons renforcer notre présence sur les marchés importants. Nous
déterminerons les possibilités qui s'offrent aux entreprises canadiennes. Nous leur
ouvrirons des portes. Nous vous aiderons à trouver des partenaires stratégiques et,
grâce à Exportation et développement Canada et à la Corporation commerciale
canadienne, nous vous offrirons les instruments financiers dont vous avez besoin pour
réussir sur les marchés mondiaux. Parallèlement, nous modernisons et revitalisons
l'image de marque du Canada.
Il est vrai que nous sommes une puissance agricole et sur le plan des ressources
naturelles. Mais comme vous le savez, nous sommes beaucoup plus que cela. Nos
capacités sur le plan scientifique et en matière d'innovation sont énormes. Nous
sommes en mesure d’aider certains pays à passer d'une économie agricole axée sur
les produits de première nécessité à une économie moderne et diversifiée. De plus, les
Canadiens ont ce qu'il faut pour être de bons partenaires : ils sont fiables, intègres et
honnêtes.
Nous pouvons réussir sur les marchés arabes. Nous pouvons réussir avec nos
partenaires arabes. Mais en tant que Canadiens, nous pouvons voir plus loin aussi que
les simples prévisions commerciales à court terme. Et c'est ce que nous faisons. Nous
constatons qu'au Moyen-Orient, comme ailleurs dans le monde, la prospérité est
étroitement liée à la paix et à la sécurité.
Nous nous engageons à promouvoir un environnement stable et sécuritaire dans
l'ensemble du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Et nous attendons des
gouvernements des pays arabes qu'ils fassent tout leur possible pour établir la paix et
la sécurité grâce à des gouvernements démocratiques, à la primauté du droit ainsi qu'à
la promotion et à la protection des droits de la personne.
Le Canada soutient activement ces efforts en mettant en œuvre des initiatives et des
programmes de développement dans la région. Il appuie par ailleurs sans condition les
efforts déployés pour donner un élan et créer un contexte propice à un processus de
paix global entre Israël et les Palestiniens. Nous sommes favorables à une solution en
deux phases au conflit israélo-palestinien.
Comme l'a démontré le ministre MacKay lors de sa récente visite, le Canada participe à
ces efforts et est prêt à en faire plus. Les dirigeants modérés de la région ont affiché
leur détermination à faire avancer le processus de paix. Il faut les encourager à
poursuivre dans cette voie. Mais n'oubliez pas le rôle que vous avez à jouer. Les
dirigeants de la région ont besoin que vous et vos partenaires commerciaux les
encouragiez à persévérer et à conserver comme objectif l'instauration de la paix au
Moyen-Orient. Cela demeurera prioritaire à mesure que nos nations se rapprocheront.
Nous devons agir maintenant, nous devons établir une stratégie qui nous permettra de
forger des alliances fructueuses pendant de nombreuses années.
Nous savons tous qu'il peut être difficile de faire des affaires au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord. Mais comme vos entreprises nous l'ont déjà prouvé, les efforts portent
leurs fruits. À mesure que nous multiplierons nos liens avec le monde, il est évident que
les pays arabes auront beaucoup à offrir au Canada, et le Canada à ces derniers.
Assurons-nous que le Canada contribuera à la prospérité économique à long terme de
ces régions. Participons à l'instauration de la paix et de la prospérité à grande échelle.
Le gouvernement du Canada est à vos côtés. Nous devons agir ensemble.
Je vous remercie.