Le 5 février 2007
BRASILIA, Brésil
2007/4
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE
DU CANADA ATLANTIQUE,
L’HONORABLE PETER MACKAY,
À L’OCCASION DE L’OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE MIXTE
CANADA-BRÉSIL SUR LA MISSION DES NATIONS UNIES
POUR LA STABILISATION EN HAÏTI
Je suis particulièrement fier d’être ici aujourd’hui pour l’ouverture de cette conférence.
Permettez-moi d’abord de remercier le ministre Amorim pour sa réflexion inspirante sur
la voie à suivre pour l’avenir. Cette rencontre montre, une fois de plus, la contribution
importante que le Brésil apporte en Haïti, notamment dans le cadre d’une opération de
paix qui s’avère, sans contredit, à la fois complexe et intégrée.
Je me réjouis en outre de la présence ici aujourd’hui de représentants des différents
pays qui œuvrent de concert avec le gouvernement haïtien et des institutions
internationales afin de bâtir un avenir meilleur pour ce pays. La contribution du Brésil
est particulièrement évidente en ce qui concerne l’affectation du général Carlos Alberto
Dos Santos Cruz, qui dirige le volet militaire de la MINUSTAH [Mission des Nations
Unies pour la stabilisation en Haïti]. La présence ici de hauts responsables haïtiens, y
compris du secrétaire d’État Euchère-Luc Joseph est aussi l’expression d’un principe
important, à savoir la responsabilité commune des parties.
Dans le cadre de cette conférence, j’estime qu’il convient de rappeler que les modalités
de la participation de la communauté internationale aux opérations de paix ont changé
avec le temps. En effet, le Canada et les Canadiens ont pu eux-mêmes le constater
depuis la première contribution canadienne au maintien de la paix en 1956.
Par ailleurs, aucune mission de « maintien de la paix » ne ressemble à une autre :
Chypre, ce n’est pas le Kosovo; le Kosovo, ce n’est pas Haïti; Haïti, pas le Soudan; le
Soudan, pas l’Afghanistan. Notre rôle, comme celui de nos partenaires, de nos alliés et
des organisations internationales, évolue en même temps que changent les missions
elles-mêmes. À cela s’ajoute l’évolution constante de la menace pour la paix et la
sécurité internationales. Mais surtout, si nous n’envisageons plus les opérations
internationales de la même façon, c’est que notre notion de l’efficacité de l’action
internationale face aux conflits évolue, elle aussi, constamment. Cela vaut également
pour la stratégie à appliquer en vue d’une paix durable.
Haïti est un partenaire important et de longue date du Canada. Les relations entre nos
deux pays se fondent sur des liens forts et d’égal à égal, un soutien résolu au
développement et à la sécurité en Haïti, l’usage commun du français comme langue
officielle et la présence au Canada d’une importante communauté haïtienne.
Toutefois, la MINUSTAH est une initiative inédite en ce qu’elle se traduit par la
contribution directe d’un très grand nombre de partenaires continentaux. À ce titre, Haïti
est désormais l’exemple concret à la fois des défis et des possibilités liés au
renforcement de la coopération continentale au profit de la paix, de la sécurité et du
développement dans notre région. Or, ce sont là des questions dont vous discuterez au
cours des prochains jours.
Haïti se trouve à un tournant de son histoire. Mon gouvernement est fier de collaborer
avec le Brésil et d’autres pays d’Amérique latine pour aider le gouvernement haïtien à
rompre, une fois pour toutes, le cycle destructeur de la violence et de la pauvreté. Le
Canada se réjouit de l’importante contribution de cette région aux efforts de
reconstruction internationaux en Haïti. Cela est tout particulièrement vrai du Brésil, dont
la contribution de premier plan à la MINUSTAH revêt une importance cruciale face aux
graves problèmes de sécurité qui nous empêchent d’améliorer les conditions de vie du
peuple haïtien.
Certes, Haïti est confronté à d’énormes problèmes de développement et de sécurité.
Toutefois, ce pays peut compter sur le ferme soutien de ses amis de tout le continent.
Si nous convenons tous que le nouveau gouvernement haïtien doit diriger les efforts de
développement, en revanche, cette conférence montre, de manière concrète, que des
pays sont déterminés à collaborer avec les Nations Unies, d’autres donateurs
importants et le gouvernement haïtien pour que la paix et la sécurité créent les
conditions nécessaires au développement.
Lors de sa visite en Haïti, en 2006, la gouverneure générale du Canada, Son
Excellence Michaëlle Jean, a déclaré : « [...] pour les Haïtiens, l’espoir a toujours été
une règle d’or, même si celui-ci ne tenait souvent qu’à un fil. Or, prenons ce fil pour
aider Haïti à prendre un nouveau départ. »
En effet, prenons le fil de l’espoir et tissons un nouvel avenir pour Haïti. Ces efforts ont
d’abord pris la forme d’une collaboration en vue de permettre au peuple haïtien de
choisir ses dirigeants dans le cadre d’élections libres et transparentes. Or, la
communauté internationale — et le peuple haïtien, bien entendu — se tourne
désormais vers ces dirigeants pour que ceux-ci montrent le chemin à suivre pour
l’avenir du pays. Il faut désormais que la communauté internationale apporte son plein
soutien à leurs efforts et, dans une large mesure, c’est par l’entremise des
Nations Unies et de sa mission en Haïti que cela se concrétise.
S’agissant de sa contribution, le Canada, par l’intermédiaire du Groupe de travail sur la
stabilisation et la reconstruction du ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international, versera 5 millions de dollars à la MINUSTAH et au PNUD [Programme
des Nations Unies pour le développement] pour aider à la réforme de la Police
nationale haïtienne. De plus, j’annonce que le Canada fournira 5 millions de dollars
pour aider au travail important accompli de concert avec la Commission nationale pour
le désarmement, le démantèlement et la réintégration, dans le cadre de l’initiative pour
la sécurité, la prévention de la violence et le contrôle des armes légères dans les
collectivités. Tout particulièrement, cette initiative s’inscrira dans le prolongement des
efforts déployés par le commandement brésilien du volet militaire de la MINUSTAH, qui
a réussi à réprimer la violence perpétrée par les bandes criminelles dans les quartiers
les plus défavorisés de Port-au-Prince et à rétablir la confiance au sein de la
population. Le Canada espère que ces deux initiatives contribueront à renforcer la paix
et la sécurité ainsi que les efforts de reconstruction en Haïti.
Dans une situation complexe, qui consiste à œuvrer à la reconstruction après un conflit,
le rétablissement de la paix et de la sécurité doit être le principal objectif visé. Il existe
certes de nombreuses priorités et chacune d’elles mérite la même attention, or, pour
que les efforts réussissent, toutes les parties concernées doivent mener une action
concertée. Les organes des Nations Unies, la police civile et les forces militaires, qui
agissent sous mandat du Conseil de sécurité, ainsi que les agences de coopération
bilatérales et d’autres acteurs nationaux et internationaux œuvrant à la reconstruction,
doivent envisager leur action dans une perspective globale, qui met en cohérence la
coordination, la communication et la coopération.
Il doit en être ainsi pour toutes les priorités de la mission : réformes institutionnelles,
secours en cas de catastrophe et aide humanitaire, promotion des droits de la
personne et des institutions démocratiques, aide aux processus électoraux, ferme
soutien au respect de la primauté du droit. En effet, il est important que tous ceux qui
contribuent à la reconstruction et aux efforts humanitaires en Haïti fassent converger
leurs priorités avec celles du gouvernement et du peuple haïtiens, pour qu’ils
s’inscrivent dans le cadre d’une action cohérente et efficace. La réussite durable des
efforts de reconstruction actuels en Haïti dépendra de cette importance accordée à la
coordination, à la communication et à la coopération.
C’est dans cet esprit que nous voulons apporter notre soutien au travail de la
MINUSTAH et faire le point sur les progrès réalisés jusqu’ici, dans le cadre de cette
mission intégrée. Je crois comprendre que vous examinerez comment une mission des
Nations Unies de cette nature permettra de relever les nouveaux défis qui se profileront
à l’horizon, et cela, conformément au prochain mandat confié à la MINUSTAH par le
Conseil de sécurité. Comme ce mandat devrait être renouvelé au cours des prochains
jours, vos discussions devront faire ressortir la nécessité impérieuse de mettre à profit
les réalisations antérieures, de renforcer les liens institutionnels et personnels, y
compris de promouvoir l’application des meilleures pratiques.
Certes, aider à la reconstruction d’un pays implique une énorme responsabilité, qui
nécessite la mobilisation d’un savoir-faire unique. Le regretté Sergio Vieira de Mello, qui
était à la fois un grand Brésilien et un éminent représentant des Nations Unies, était
aussi l’un des plus grands spécialistes internationaux de l’élaboration et de la mise en
œuvre de stratégies onusiennes intégrées en vue d’un soutien efficace à la
reconstruction. Sa brillante carrière, échelonnée sur plus de 30 années, est
l’incarnation même du travail méritoire accompli par les Nations Unies à l’échelle de la
planète, et des connaissances accumulées au cours de toutes ces opérations.
S’agissant de la reconstruction, de l’aide humanitaire et de la réforme des institutions
dans des sociétés au sortir d’un conflit, M. de Mello a arrêté des principes directeurs
simples en vue d’une intégration efficace et durable de l’action internationale. Or, l’un
de ces principes tient à la nécessité de maintenir le dialogue avec tous les acteurs en
présence et de les amener à participer à la planification avant le déploiement des
effectifs internationaux. M. de Mello insistait également sur le fait que, pour que le
mandat confié à une mission par le Conseil de sécurité soit légitime, les principes
abstraits qu’il sous-tend devaient se traduire rapidement par des améliorations
tangibles pour la population, aussi bien sur le plan de la sécurité que de la paix, y
compris par un minimum de bien-être.
Pour ce qui est de cette mission importante, il est essentiel que l’action de la
communauté internationale s’inspire des enseignements laissés par M. Sergio de
Mello. De même, les principes qu’il a énoncés doivent nous guider, tous autant que
nous sommes. C’est d’ailleurs la raison de notre présence ici aujourd’hui.
En saluant sa mémoire, je salue aussi sa patrie, le travail de la mission des Nations
Unies en Haïti ainsi que le dévouement de tous ceux qui sont attachés à l’instauration
de la paix et de la sécurité en Haïti, y compris aux efforts pour que ce pays prenne un
nouveau départ.
Je vous remercie.