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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Jean-Louis Roy

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Jean-Louis Roy discute du fonctionnement de la démocratie, des valeurs qui y sont associées ainsi que des façons de la promoumoir et l'implanter.


Jean-Louis Roy a été nommé président de Droits et Démocratie (Centre international des droits de la personne et du développement démocratique) au mois de juin et est entré en poste le 19 août, 2002. Ancien directeur du quotidien montréalais Le Devoir, M. Roy a été, de 1990 à 1998, Secrétaire général de l'Agence de la Francophonie à Paris. Il y était chargé de promouvoir la coopération entre les 49 États membres de la Francophonie, et de mettre en œuvre les programmes politiques, économiques et sociaux arrêtés aux réunions des chef d'État et de gouvernement.  
 

Filmé le 6 décembre 2006

 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 Une approche canadienne pour promouvoir la démocratie


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Qu’est-ce que Droits et Démocratie?  - Durée : 3:33

(Voir ci-bas pour plus de vidéo)

 

 

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Transcription:

 

Mon nom est Jean-Louis Roy. Je suis président de Droits et Démocratie. Cet organisme public a été créé par le Parlement du Canada en 1988. Il a connu ces deux dernières années une expansion certaine due notamment à des ressources financières additionnelles, assez considérables, [et] aussi, je dirais, à un travail très soutenu pour avoir une programmation claire et ciblée avec des objectifs de résultats très précis. Nous travaillons surtout au niveau national; notre mandat est international et nous travaillons dans des pays spécifiques.

 

En Amérique latine : c’est les Caraïbes, la Colombie, la Bolivie. Nous étions au Mexique (nous venons d’en sortir), et en Haïti évidemment.

En Asie, vers l’Indonésie en direction tranquillement de la Malaisie. Nous travaillons en Chine. Nous avons un important programme en Afghanistan (peut-être le plus important programme) où nous avons comme à Port-au-Prince un bureau (ce sont les deux seuls bureaux : Port-au-Prince et Kaboul).

 

Nous travaillons sur le continent africain dans les pays compliqués que sont la Côte d’Ivoire, le Zimbabwe, la République démocratique du Congo, avec des actions plus limitées, je dirais, dans d’autres pays, le Kenya par exemple, où on est présent depuis très longtemps. Nous avons suivi en Afrique et participé à la définition des mandats de la Cour pénale d’Arusha et du Tribunal de la Sierra Leone.

 

Nous travaillons dans les pays arabophones aussi : programme important au Maroc, programme significatif en Mauritanie avec l’intention tranquillement en 2008 d’inclure l’Algérie. Nous sommes aussi en train de finaliser un programme important pour le Moyen-Orient du côté de la Jordanie, du Yémen, du Liban (suivant ce qui va se produire) et nous avons fait une très importante mission avec la présidente du conseil, Janice Stein, en Égypte. Et il est fort probable que ce que nous faisons dans les pays que je viens de mentionner (du Proche-Orient), qu’il y en ait une extension vers l’Égypte et vers la Palestine.

 

Nous travaillons aussi avec les organisations régionales de promotion des droits humains [notamment] la Commission africaine où nous avons quatre personnes de Droits et Démocratie pour deux ans au service de la Commission. Nous avons un très important programme d’appui à la Commission interaméricaine (à la Cour des Droits interaméricaine) et avec un fort groupe d’ONG asiatiques (je veux dire de l’Asie du Sud jusqu’à l’Australie, donc toute l’Asie du Sud-Est, l’Asie du Nord), et nous sommes à travailler avec eux pour la création d’une ou de plusieurs commissions régionales des droits de l’homme dans cette région du monde.

 

 

Qu’est-ce que c’est la démocratie et comment cela fonctionne-t-il? - Durée : 4:57

 

 

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Transcription:

La démocratie, c’est trouver ensemble des formes de solutions, qui ne soient pas violentes, aux différends qui existent au sein des communautés humaines et entre les communautés humaines. Donc, il y a tout un équilibre extrêmement subtil entre le pouvoir des uns, le pouvoir des autres, la prise de parole des uns, la prise de parole des autres. Dans ce sens-là, les obstacles sont les mêmes partout. Il y a des obstacles au Canada, au Ghana, aux Indes. C’est de trouver cet équilibre-là. La chance que nous avons dans un pays comme le nôtre, c’est d’avoir les ressources humaines et financières parce que la démocratie est tout de même coûteuse. Ce sont des systèmes, systèmes électoraux, systèmes de participation, d’abord des systèmes, mais [c’est] avoir la volonté politique aussi de les maintenir, de les enrichir. Donc, comment on voit ça quand on arrive dans un pays qui n’est pas le sien? D’abord, on ne le fait pas. On vient en appui à ceux qui le font dans ce pays. On n’ouvre pas son parachute en Bolivie ou au Mali en disant : « Voici comment vous allez vous organiser. » On a déjà fait ça, l’Occident a déjà fait ça; ça s’appelait le colonialisme et c’est terminé. Ça implique donc la création de liens, et de liens de confiance (vraiment le mot anglais est encore plus intéressant : trust) entre ces gens qui se battent pour trouver leur propre équilibre, créer leurs institutions, créer des lieux de parole équilibrés, créer des lieux de rencontre qui ne soient pas justement violents, qui soient civils. Nous, on ne fait pas ça dans d’autres pays, on vient en appui à ceux qui le font dans leur propre pays.

 

Ce que l’on peut apporter, nous, c’est le modèle canadien, disons : « Voici comment on a fait chez nous. Est-ce qu’il y a dans ce modèle-là quelque chose qui peut vous aider? » On peut leur apporter aussi des ressources que j’appellerais presque intellectuelles, théoriques; je pense au droit par exemple. On le fait, nous, actuellement au Maroc. Le Maroc a changé de droit de la famille, veut créer des tribunaux de la famille et c’est très compliqué un tribunal de la famille. Moi je ne savais pas ça; j’ai découvert ça dans mon travail avec le Maroc. C’est la première fois que les Marocains vont voir des enfants défiler devant les tribunaux, des psychologues, des psychiatres, des travailleurs sociaux, tout cet arrimage de savoir et d’expériences humaines des divorces : un homme, une femme, un couple, des enfants, de la famille, tout cela se défait, comment faire pour que personne ne soit trop victime? On a besoin des témoignages des uns et des autres; c’est un travail extrêmement délicat. Tout ce que l’on peut dire aux Marocains c’est : « Nous le faisons depuis 40 ans. Voici, au moment où on se parle, la forme la plus achevée de notre expérience dans ce domaine. » Ça ne répondra sans doute pas à toutes les questions que les Marocains se posent; ça pourrait répondre à certaines de leurs questions. Et on peut leur dire aussi : « Voici une recherche en cours chez nous. On n’a pas réussi à régler un tel aspect de ce travail, mais on y travaille : il y a des groupes de juristes, des groupes de sociologues, des ONG qui y travaillent. » C’est un échange extraordinaire.

 

C’est à la fois extrêmement simple quand on le dit comme ça, mais extrêmement difficile à comprendre quand on n’est pas dans ce jeu-là. Il y a des gens qui pensent que c’est une espèce d’exportation comme on exporte des moteurs d’avions, des meubles ou du tissu ou des fruits ou des légumes. Ce n’est pas ça. C’est véritablement d’abord construire la confiance, ça peut être long et il faut construire avec beaucoup de monde, il faut les écouter longtemps, et comprendre là où ils sont rendus, là où ils veulent aller. On ne peut pas être à l’arrière de leurs attentes, on ne peut pas être à l’avant de leurs attentes. (En arrière, ils vont perdre leur temps, en avant, ils vont se méfier de ces gens qui viennent organiser leur société à leur place; personne ne veut ça dans le monde.) Donc, c’est très subtil. Ça peut paraître un peu romanesque ce que je viens de dire, mais s‘il n’y a pas la confiance, on perd son temps complètement. Les gens sont polis, ils vont vous écouter, mais dès que vous avez le dos tourné, tout ce que vous avez cru leur apporter comme bagage, ils l’ont déjà mis de côté et se sont remis à leurs travaux sans votre participation.

 

 

Quelles sont les valeurs démocratiques universelles et canadiennes? - Durée : 3:09

 

 

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Transcription:

 

Les références universelles ou les valeurs démocratiques universelles sont les mêmes évidemment partout : la possibilité de choisir ceux qui, pour un temps, donc au terme d’un mandat, ont la responsabilité des affaires publiques; la construction d’un système judiciaire qui soit fort et indépendant; la construction d’un dialogue entre les autorités publiques et la société civile; la protection et la promotion évidemment de l’ensemble des droits humains. Les valeurs démocratiques sont les mêmes partout. Il est certain que chaque pays apporte à cette expérience de la démocratie des caractéristiques qui lui sont propres. Si je regarde la Suisse, la Belgique et la France, la façon de concevoir la décentralisation, la façon de concevoir les liens entre les groupes linguistiques (donc de composer les institutions en respect des droits linguistiques, des minorités), chacun vit la démocratie à partir de son histoire, de sa culture, de la composition culturelle et linguistique du pays dont on parle. Et donc, lorsqu’un pays comme le Canada entre dans la coopération internationale au titre de l’appui à la démocratie, c’est sûr que nous avons une expérience unique, propre. Ce n’est pas qu’elle soit meilleure; les autres pays aussi ont une expérience unique et propre, elle est spécifique. Par exemple, il est certain que le Canada dans le domaine du fédéralisme, du partage du pouvoir, dans les rapports entre un État fédéral et des États constitués, sur un immense territoire avec des populations extrêmement diverses, a une expérience très particulière. Il est certain par exemple que nous avons une expérience de la péréquation, qui est au cœur de notre fédéralisme, et qui est au cœur de notre Constitution; la péréquation est dans la Charte des droits. Le Canada apporte une perspective qui est, je crois, à peu près sans équivalent. L’Allemagne apporterait une autre vision du fédéralisme; la Suisse aussi. Donc pour revenir à votre question, je crois que l’on peut répondre oui à la spécificité de la contribution canadienne. Non pas qu’il y ait des valeurs canadiennes; je ne crois pas qu’il y ait des valeurs canadiennes; il y a des valeurs universelles auxquelles la Canada adhère, auxquelles le Canada apporte un éclairage, une coloration par rapport à sa propre réalité.

 

 

Où va l’argent de l’aide publique dans le domaine de la démocratie? - Durée : 4:34

 

 

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Transcription:

 

Je crois que cela dépend de la volonté politique parce que l’on a maintenant les moyens de mesurer de façon très précise lorsqu’on dépense un dollar d’argent public, la traçabilité, comme on dit en français; à savoir le dollar il est parti d’ici, il est arrivé où exactement. Maintenant on est dans des systèmes où on a les moyens de faire ça; si on veut le faire, on peut le faire. On est dans des systèmes en même temps, (multilatéraux notamment : Banque mondiale, FMI, UNESCO, Organisation mondiale de la Santé, etc.), où le mélange des ressources des uns et des autres, les budgets statutaires, liés, déliés, sur objectifs, spéciaux font qu’à un moment donné, on ne sait plus très bien. Et c’est cela que la Grande-Bretagne a réussi à faire il y a trois ans. Je parle de ça parce qu’on met beaucoup d’argent là-dedans dans un pays comme le nôtre au Canada. Beaucoup de notre argent de l’aide publique au développement passe par les organisations multilatérales. C’est lié à votre question : « Où est-ce que va l’argent? » Quand on dit que l’on a un grand programme scolaire en Afrique de l’Ouest, (le Canada), est-ce qu’on peut nous montrer des écoles? Est-ce qu’on peut nous montrer qu’il y a 5 p. 100 d’enfants de plus qui sont à l’école depuis 15 ans et qu’ils y restent plus longtemps? Et qu’il y a des manuels scolaires? Qu’il y a des bibliothèques scolaires? Et cetera, et cetera. C’est une question que beaucoup de gens posent. On dit : « On a mis 60 millions, 100 millions pour la santé. » Est-ce qu’il y a eu plus de médicaments? Qui a eu les médicaments? Y-a-t’il plus de cliniques médicales? Est-ce qu’il y a plus de personnes formées aux métiers de la santé, aux professions de la santé?

 

Les Anglais ont dû répondre à ces questions comme un jour le Canada devra répondre à ces questions. Et ils ont défini des façons de suivre l’argent, même dans les institutions multilatérales, qui leur permettent au terme de dire : « Ce programme ne marche pas. L’argent ne se rend jamais. » Et puis de demander son abolition ou sa transformation, ou de dire : « Ce programme, avec quelques petits ajustements, on y contribue toujours » ou dans certains cas « Ce programme est bon et on est très heureux de la façon dont cela a été géré» et cetera, et cetera. Les Canadiens, tous les ans, consacrent à peu près 3 milliards, 3,5 milliards à l’aide publique au développement, et après 10 ans ça fait 35 milliards de dollars. Les Canadiens ont le droit de savoir où va cet argent. Quelle est la part qui va à la gestion? Est-ce que c’est 10, 30, 50 p. 100? Quelle est la part de cet argent qui reste au Canada, qu’on proclame comme étant de l’aide publique, mais qui reste au Canada dans les universités, dans la recherche, dans les boîtes de consultants, dans les grandes organisations canadiennes privées ou publiques? Est-ce que l’aide publique a la vocation de soutenir l’industrie canadienne, le secteur de la recherche au Canada? Bon, vraie question. Je crois que dans le système dans lequel on est aujourd’hui dans notre pays, on doit travailler encore beaucoup sur nos façons de faire pour pouvoir répondre de façon claire à la question : « Où va vraiment l’argent de l’aide publique au développement? », [aide] à laquelle les Canadiens contribuent à la hauteur de 30-35 milliards par décennie? C’est un problème qui se pose pour tous les pays qui ont des grands programmes de développement : la France, l’Allemagne, la Hollande, l’Italie, maintenant l’Espagne, l’Inde, certainement la Chine. Le modèle le plus intéressant, je trouve, en ce moment c’est sûrement le modèle britannique.

 

 

Que se passe-t-il en l’absence de la démocratie? - Durée : 3:14

 

 

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Transcription:

 

C’est très difficile pour une société civile évidemment dans un régime autoritaire. D’abord, le régime autoritaire va faire deux choses : il va couper les liens avec l’extérieur et il va essayer d’écraser la société civile. Et vous êtes la société civile et vous ne voulez pas disparaître. Vous le faites à grand risque pour votre sécurité, beaucoup de gens d’ailleurs sont emprisonnés, sont torturés et certains sont tués. Vous le faites en essayant d’agrandir sans arrêt l’espace public, vous pourrez parler librement, vous pourrez vous rassembler librement, vous allez pouvoir proposer librement. Vous le faites en sachant que chacun de vos mouvements sont surveillés et connus, que vous pouvez payer un très grand prix pour ça. Et en même temps, il n’y a pas d’autre alternative; ou vous vous rangez, vous vous écrasez et il y a un discours, un seul discours, le discours de l’État répercuté par les associations de femmes, de jeunes, culturelles, économiques. Tout le monde dit la même chose dans un régime totalitaire et tout à coup vous arrivez et vous dites autre chose. Ça se sait vite parce que tout le monde dit la même chose. Et si vous dites autre chose, il y a des chances que ça vienne en contradiction avec le discours commun. Et en contradiction avec le discours commun, vous êtes en opposition aux autorités. Mais d’une chose à l’autre, on va vous identifier et comme on ne tolère aucune forme de liberté d’expression, vous allez payer le grand prix. Mais en même temps, regardez en Afrique du Sud, et ça devient violent souvent aussi, regardez en Afrique du Sud : toutes les personnes qui ont plus que 20 ans ont connu, ont vécu en même temps que l’apartheid, c’est-à-dire un régime qui disait à la face du monde : « Nous les Boers, on est d’une essence supérieure, puis il y a les autres. Nous on a tous les droits politiques, civils, économiques, sociaux, culturels, et ils n’ont aucun droit civil. »

 

Bon évidemment, la population noire sud-africaine ne pouvait pas juste subir. Ils se sont organisés, ils ont été pourchassés, ils ont été lynchés, ils ont été tués, ils ont été emprisonnés, Mandela a été 27 ans en prison et la beauté c’est qu’il est sorti de prison en disant « Nous sommes tous des Sud-Africains. » Donc, c’est une forme de combat aussi. Ce n’est pas seulement doucereux créer un espace, etc.; vous vous battez. Dans une société donnée, à moins d’une invasion étrangère, je pense qu’aujourd’hui (les invasions étrangères, je le dis avec beaucoup de sympathie et pour les Américains et les Iraquiens, ça va prendre un long moment avant qu’on en voit d’autres) les ONG c’est la seule façon de mettre de l’oxygène dans une société, et malheureusement les gens paient un prix très élevé.


(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTime Windows Media)

 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.