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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Peter Ackerman
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Peter Ackerman décrit l'effet de la désobéissance civile dans les transitions démocratiques.

Peter Ackerman est le président fondateur du International Center on Non-Violent Conflict.

 

Filmé le 19 octobre 2006

 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 Une approche canadienne pour promouvoir la démocratie


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La désobéissanse civile - Durée: 4:15

 

 

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Transcription:

 

Je m’appelle Peter Ackerman et je suis le président fondateur du Centre international sur les conflits non violents. Par ceux ci, on entend les moyens auxquels recourent les populations qui vivent sous un régime d’oppression et qui n’ont aucune option militaire viable pour se libérer de celle ci, de sorte qu’elles se tournent vers diverses techniques de type civil qui sont non violentes, et qui consistent à exercer d’importantes pressions sur le régime autoritaire. Au nombre de ces techniques, mentionnons les grèves, les boycottages, les protestations de masse et toutes les formes de désobéissance civile. Ces modes de protestation que je qualifierais d’appels au désordre civique ont pour objet de saper la légitimité d’un pouvoir autoritaire, parce qu’au bout du compte les dirigeants autoritaires souhaitent que la population reste calme, fasse preuve d’obéissance et cesse de tout contester. Ce type de résistance empêche un régime autoritaire d’atteindre ces objectifs et en fait remet en question sa capacité de contrôler ses propres forces militaires, ses institutions clés et même, par exemple, le milieu des affaires.

 

La nécessité de promouvoir la diplomatie à l’étranger varie selon le pays visé. Par exemple, dans l’après-guerre froide et jusqu’à, disons les événements du 11 septembre, de nombreux pays souhaitaient ardemment que leur soient communiqués des renseignements touchant les pratiques exemplaires, notamment celles concernant la démocratie, et comment mettre en place un système judiciaire indépendant, un parlement efficace et une bureaucratie honnête. Les renseignements étaient ainsi communiqués à des personnes qui souhaitaient vraiment les obtenir. Je crois qu’il est aujourd’hui nécessaire que les gouvernements soutiennent, en principe et aussi directement que possible, les organismes privés et les organisations non gouvernementales (ONG) afin que ceux ci aient la capacité de maintenir leur présence dans des endroits comme la Russie, l’Ouzbékistan ou le Bélarus sans craindre des représailles et sans que leurs représentants soient jetés en prison. Aussi, les gouvernements devraient prendre des mesures, se servir des pouvoirs dont ils sont investis, afin de faire en sorte que leurs homologues de ces pays se montrent moins répressifs à l’endroit de leur propre population.

 

Voilà en quoi consiste en grande partie la promotion de la démocratie aujourd’hui : faire en sorte que les personnes qui n’en veulent pas cèdent la place à d’autres. Il devient alors évidemment nécessaire de communiquer les renseignements touchant les pratiques exemplaires et je pense que les ONG sont tout à fait aptes à le faire. Dans les cas qui sont pratiquement insolubles, comme ceux que je viens d’évoquer, il existe également des possibilités d’exercer des pressions, c’est à dire de prendre des sanctions contre ces régimes autoritaires. Par d’exemple, Mugabe et ses proches collaborateurs ne devraient pas être autorisés à sortir du Zimbabwe. Personne n’en parle, mais des sanctions ont été prises contre la Corée du Nord, du fait que les États Unis ont fermé les comptes bancaires des Nord Coréens à Macao. C’est, à mon avis, l’une des raisons pour lesquelles nous occupons une telle position aujourd’hui, parce que de telles mesures causent un préjudice réel. Je pense que vous devez vous montrer prudent et ne pas recourir à des sanctions systématiques comme on l’a fait en Iraq, où il n’y a aucun mouvement interne qui pourrait orienter les sanctions là où il convient. Ainsi, en Afrique du Sud, des sanctions ont été prises contre le régime blanc, mais elles ont été prises par le mouvement anti apartheid et elles étaient dirigées par des entreprises contre des Sud Africains blancs. En Iraq, les sanctions ont vraiment été dirigées contre la population civile, parce qu’elles contrôlaient l’acheminement du pétrole et qu’elles avaient été essentiellement négociées avec Saddam. Aussi, il en a constamment retiré le bénéfice et on l’a bien constaté avec le scandale entourant le programme « Pétrole contre nourriture »; la population iraquienne a fondamentalement beaucoup souffert.

 

 

Cultiver la démocratie - Durée: 3:43

 

 

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Transcription:

 

Chacun a une expérience particulière de la démocratie, mais je pense que les États Unis et le Canada ont beaucoup de choses à enseigner aux autres peuples de la terre, sans toutefois prétendre avoir le monopole de toutes les pratiques exemplaires, loin de là. En tant que président de Freedom House, nous allons publier l’année prochaine un livre intitulé Today’s American: How Free? où nous tournerons les projecteurs sur nous mêmes et constater qu’il y a beaucoup de place pour l’amélioration. Par exemple, si on prend le cas de la Californie, toutes les élections au Congrès ne seront pas menées de façon libre et démocratique. Avant cette récente confrontation, on prévoyait que moins de 20 campagnes menées en vue des élections au Congrès le seraient. C’est un mauvais système.

 

Aussi, je crois que nous avons des choses à enseigner, mais que nous devons également nous attaquer à certaines lacunes de nos systèmes. S’il est un argument auquel je n’accorde aucune valeur, c’est celui qui se fonde sur l’idée que « la démocratie américaine est très différente de notre démocratie », ce qui constitue réellement une excuse pour les personnes au pouvoir de priver les peuples qui sont sous leur autorité de toute démocratie et de l’exercice de leurs droits. Nous avons eu un débat analogue à ce sujet dans les années 1960, lorsqu’on disait : « Et bien vous savez, la forme de croissance économique du monde développé diffère de celle du monde moins développé; le développement diffère dans ces deux cas parce que les cultures sont différentes. » Eh bien, ce n’était vrai que dans une certaine mesure. Ce type d’argument servait d’excuse aux tyrans en Afrique pour voler tout l’argent de l’aide qui leur était accordée. Aussi, il s’agissait d’une excuse pour ne pas vivre conformément à certaines disciplines communes.

 

En quoi consistent ces disciplines communes? Eh bien, dans une démocratie ou une société libre, certaines de ces disciplines communes comprennent des élections libres et démocratiques. Vous ne pouvez parvenir à la démocratie, que vous soyez africains, que vous veniez de l’Antarctique, que vous soyez originaires du Sri Lanka ou que vous soyez citoyens d’Amérique latine. Vous ne pouvez tenir d’élections justes et équitables sans accorder à chacun la possibilité de se porter candidat. Il faut que les résultats des élections soient établis d’une manière exacte et que personne ne recoure à l’intimidation dans ce processus. Il s’agit d’un aspect essentiel et d’un critère déterminant. Vous devez respecter les libertés civiles. Les citoyens doivent jouir de la liberté d’expression et pouvoir se réunir librement. Vous devez également assurer l’égalité entre les sexes.

 

Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de démocratie véritable aujourd’hui si certaines personnes en sont exclues. Un système judiciaire indépendant doit être en place. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir aujourd’hui de démocratie dans des endroits où les tribunaux sont corrompus et sont achetés d’une instance gouvernementale. La presse doit être indépendante, parce que je ne crois pas qu’une démocratie, que ce soit en Afrique de l’Est ou dans l’Ouest des États-Unis, puisse réussir sans la présence de médias forts, Il importe également d’avoir une certaine forme de droits de propriété; vous ne pouvez pas permettre que le gouvernement exproprie constamment les fruits du labeur de ses citoyens. Vous devez assurer, dans une certaine mesure, la protection de la redistribution, parce que si les pauvres sont si opprimés et dépossédés, comme c’est le cas en Corée du Nord, que les conditions économiques sont tellement mauvaises que la démocratie ne veut plus rien dire.

 

Ainsi, lorsque vous décomposez la démocratie en tous ses éléments fondamentaux, vous constatez qu’il y a beaucoup d’éléments communs. Lorsque vous invoquez la démocratie dans des expressions frappantes, et bien la démocratie ou la liberté est un terme américain, ou un terme des pays industrialisés, c’est facile à faire, mais je pense que vous dissimulez beaucoup de données et d’éléments de preuve qui doivent faire l’objet d’un examen plus attentif.

 

 

(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTime Windows Media)