LE CANADA SOULIGNE LE 10E ANNIVERSAIREDES DERNIÈRES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES EN BIRMANIE
Le 26 mai 2000 (15 h 25 HAE) Nº 122
LE CANADA SOULIGNE LE 10e ANNIVERSAIRE
DES DERNIÈRES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES EN BIRMANIE
Le ministre des Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy, et le secrétaire d'État (Asie-Pacifique), M.
Raymond Chan, ont rappelé aujourd'hui avec tristesse les élections nationales tenues il y a 10 ans en
Birmanie. Ces élections, les premières depuis la prise du pouvoir par les militaires en 1962, avaient donné à la
Ligue nationale pour la démocratie, dirigée par Mme Aung San Suu Kyi, 80 p. 100 du total des sièges
parlementaires. La junte militaire avait toutefois rejeté ces résultats.
« Il est temps que le régime birman mette fin à 10 ans de vaines promesses, a déclaré M. Axworthy. Un
véritable dialogue réunissant toutes les parties concernées, y compris Mme Aung San Suu Kyi, se fait attendre
depuis longtemps. L'arrestation et l'emprisonnement récents de parlementaires de la Ligne nationale pour la
démocratie qui ont été élus en 1990 est un autre empêchement à la recherche d'une issue juste et équitable à
l'impasse. »
« Nous condamnons les graves violations des droits de la personne qui se commettent en Birmanie, ainsi que
le harcèlement constant auquel le régime se livre auprès des personnes suspectées d'être en faveur de la
démocratie, a indiqué pour sa part M. Chan. Le bilan des années de pouvoir de la junte militaire est
inacceptable. Les Birmans ont fait un choix on ne peut plus clair il y a 10 ans. Il est temps que leurs voeux
soient respectés. »
Le Canada a suspendu son aide bilatérale à la Birmanie en 1988, après que l'armée eut massacré à Rangoon
des milliers de manifestants qui réclamaient la démocratie. Il a également pris des mesures commerciales
sélectives, notamment rayer la Birmanie de la liste des pays admissibles au Tarif de préférence général et
restreindre l'envoi d'articles d'aide humanitaire.
MM. Axworthy et Chan ont fait remarquer que le Canada et d'autres membres de la communauté internationale
sont engagés dans des discussions pour trouver des moyens de faire avancer les causes de la réconciliation
nationale, de la démocratie et des droits de la personne en Birmanie.
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Un document d'information figure en annexe.
Pour de plus amples renseignements, les représentants des médias sont priés de communiquer avec :
Debora Brown
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
(613) 995-1851
Naseem Nuraney
Cabinet du secrétaire d'État (Asie-Pacifique)
(613) 995-1852
Le Service des relations avec les médias
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
(613) 995-1874
Document d'information
LE CANADA ET LA BIRMANIE
La situation des droits de la personne en Birmanie a continué de se détériorer en 1999, et les violations se
poursuivent à grande échelle : assassinats extrajudiciaires et arbitraires, torture, arrestations et détentions
arbitraires, décès de personnes en garde à vue, absence d'application régulière de la loi, graves restrictions
imposées à la liberté d'opinion, d'expression, de réunion et d'association, ainsi qu'entraves au droit de circuler
librement. Un rapport publié en 1998 par l'Organisation internationale du travail (OIT) signale qu'il y a des
preuves abondantes de l'utilisation répandue du recours aux travaux forcés et à la main-d'œuvre enfantine en
Birmanie.
La crise humanitaire qui sévit le long de la frontière avec la Thaïlande en raison de la présence de réfugiés
birmans en fuite, conjuguée avec les mesures répressives prises par le régime militaire au pouvoir contre le
mouvement pro-démocratie, continue de menacer la sécurité dans la région. La production et le trafic de
drogues illicites est un problème de plus en plus épineux dans la région, puisque la Birmanie demeure la
source la plus importante de l'héroïne importée illégalement en Amérique du Nord.
Le Canada déplore les violations des droits de la personne commises en Birmanie et cherche à encourager la
réconciliation nationale et le retour à la démocratie. La ligne de conduite du Canada a pour but d'appuyer la
réforme démocratique, à soulager la souffrance des réfugiés et à enrayer la production et le trafic des
stupéfiants. À cette fin, le Canada appuie les démarches de l'ONU, applique des mesures économiques
sélectives contre la Birmanie, maintient le dialogue avec toutes les parties intéressées et offre une aide
humanitaire aux victimes fuyant le conflit.
Quelles mesures le Canada a-t-il prises ?
Le Canada a exhorté à maintes reprises le régime militaire birman à engager un dialogue politique de fond
avec les dirigeants du mouvement pour la démocratie et des minorités ethniques en vue du retour à la
démocratie dans ce pays. Le Canada appuie les efforts du secrétaire général de l'ONU, qui favorise un tel
dialogue.
En 1988, le Canada a suspendu son programme d'aide bilatérale à la Birmanie après le massacre par l'armée
de manifestants en faveur de la démocratie. En 1997, le gouvernement du Canada a annoncé qu'il prenait de
nouvelles mesures économiques contre la Birmanie afin de signifier son inquiétude concernant la répression de
la liberté politique et son irritation relativement à l'inaction des autorités face à la production et au trafic de
drogues illicites. Le Canada a retiré à la Birmanie son admissibilité au Tarif de préférence général et l'a placée
sur la Liste des pays visés (depuis, seule l'exportation de marchandises à des fins humanitaires a été
autorisée). M. Axworthy a aussi exhorté les sociétés canadiennes à ne pas faire de commerce et
d'investissements en Birmanie tant qu'il n'y aura pas d'amélioration évidente de la situation dans ce pays.
Depuis 1991-1992, le Canada a fourni aux réfugiés birmans qui se trouvent au Bangladesh et en Thaïlande de
l'aide d'une valeur de 14,4 millions de dollars. Le Canada finance en outre, par le truchement du Fonds de
consolidation de la paix de l'Agence canadienne de développement international, diverses activités de la
Coalition nationale de gouvernement de l'Union (gouvernement en exil).
Depuis 1997, il y a eu trois tables rondes sur la politique du Canada à l'égard de la Birmanie auxquelles ont
participé des représentants du gouvernement, d'une part, et des représentants des organisations non
gouvernementales et des milieux universitaires, d'autre part.
La Birmanie est le deuxième producteur d'opium du monde après l'Afghanistan, et c'est aussi de ce pays que
provient la majeure partie de l'héroïne importée illégalement au Canada. Le 30 juillet 1999, M. Axworthy a fait
connaître la volonté du Canada d'amener la Birmanie à agir dans un seul domaine, le trafic des stupéfiants, de
concert avec d'autres pays de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est. Depuis cette annonce, le Canada
examine, dans ses entretiens avec ses partenaires en Asie du Sud-Est, les moyens qu'il peut mettre en œuvre
pour jouer un rôle dans la lutte contre ce fléau. Il envisage des mesures surtout diplomatiques et multilatérales
et ne traitera ni directement ni bilatéralement avec le régime militaire birman. L'ambassadeur du Canada
accrédité auprès de la Birmanie a rencontré Aung San Suu Kyi dernièrement afin de la consulter sur cette
initiative et sur d'autres questions.
Le 15 mai 2000, le Centre canadien pour le développement de la politique étrangère, en collaboration avec le
ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, a organisé, à Vancouver, une table ronde sur
la Birmanie et les stupéfiants à laquelle ont assisté de nombreux experts canadiens et internationaux, dont des
hauts fonctionnaires du domaine de la santé, des dirigeants de forces policières, des journalistes, des
universitaires, ainsi que des représentants d'organisations internationales de lutte contre les stupéfiants et
d'ONG. Les échanges de vues ont porté surtout sur les incidences pour le Canada du trafic des stupéfiants
birmans.
Pourquoi mettre l'accent sur la Birmanie?
La défense des droits de la personne par le Canada à l'échelle internationale est fondée sur le principe de
l'exercice d'une influence efficace, auquel il a toujours souscrit. Le dialogue et l'engagement sont généralement
les meilleurs moyens d'amener le changement. Nous avons ouvert un dialogue bilatéral sur les droits de la
personne avec des pays tels la Chine, Cuba et l'Indonésie.
Il est cependant impossible d'engager un dialogue avec un interlocuteur récalcitrant. Le Conseil d'État pour la
paix et le développement, qui dirige la Birmanie, a constamment repoussé les efforts du Canada et d'autres
pays en vue d'engager un dialogue.