M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT LES MILIEUX D'AFFAIRES DE TRINITÉ-ET-TOBAGO : « INTÉGRER LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE » - PORT OF SPAIN, TRINITÉ-ET-TOBAGO
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LES MILIEUX D'AFFAIRES DE TRINITÉ-ET-TOBAGO
« INTÉGRER LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE »
PORT OF SPAIN, Trinité-et-Tobago
Le 11 mars 2003
Introduction
Je suis particulièrement heureux d'avoir l'occasion de m'adresser aux gens d'affaires de Trinité-et-Tobago.
Il y a longtemps que je devais venir à Trinité-et-Tobago et dans cette région.
Trinité-et-Tobago est le neuvième partenaire commercial du Canada dans les Amériques et une destination
importante pour l'investissement canadien. Ses gens d'affaires sont des chefs de file reconnus dans le monde
du commerce et de l'investissement dans les Caraïbes, et ce, dans presque tous les secteurs de l'économie.
Vous comprenez, comme nous au Canada, l'importance capitale du commerce et de l'investissement
internationaux pour la prospérité de nos concitoyens et de nos économies nationales.
Trinité-et-Tobago est la principale économie de la CARICOM [Communauté et Marché commun des Caraïbes]
et un centre d'influence dans une région qui s'étend du Suriname au Belize. Je suis impressionné de savoir
que vous allez au-delà de vos régions traditionnelles pour établir des liens avec des partenaires non
traditionnels en Amérique latine et ailleurs, et pour renforcer vos relations commerciales avec l'Amérique du
Nord et l'Europe. Le courage, la confiance et l'innovation des milieux d'affaires comptent parmi les atouts les
plus précieux d'un pays, et Trinité-et-Tobago a beaucoup de chance, car vous possédez ces qualités en
abondance.
Les niveaux records atteints par l'investissement canadien à Trinité-et-Tobago témoignent de la confiance du
Canada dans l'avenir dans ce pays. Notre haut-commissaire, M. Simon Wade, me dit que l'on évalue
l'investissement canadien à nettement plus de 3 milliards de dollars canadiens et que les perspectives de
croissance sont très bonnes. Sans aller dans trop de détails, j'aimerais mentionner PCS Nitrogen, Atlas
Methanol, la Banque de Nouvelle-Écosse et, le tout dernier arrivé, Talisman Energy, tous d'importants
investisseurs dans votre pays.
Nos relations ne sont pas nouvelles. Elles reposent sur des réalisations souvent méconnues, accumulées au fil
de nombreuses années. Et je dis bien de nombreuses années. Nous avons tous entendu parler du commerce
florissant au XIXe siècle entre le Canada et les Antilles, le sucre et le rhum partant vers le nord, vers les
provinces de l'Atlantique, tandis que le bois d'œuvre, le poisson salé et même la glace s'en allaient vers le sud.
On me dit que des Canadiens ont participé au forage de votre tout premier puits de pétrole. Ces liens ont
considérablement évolué avec les années. L'acier occupe maintenant le premier rang incontesté de nos
importations en provenance de ce pays, et nous échangeons par ailleurs divers biens et services.
Les liens personnels se sont eux aussi approfondis. Beaucoup de Trinidadiens ont eu pour enseignants des
missionnaires presbytériens venus de Nouvelle-Écosse. Le Canada reconnaît la nature spéciale de nos
relations et des liens qui nous unissent depuis longtemps et qui reposent sur une langue commune et sur des
traditions politiques similaires. Et je sais que beaucoup d'entre vous ont étudié dans une université canadienne.
Les immigrants originaires de votre pays et de la région enrichissent la mosaïque culturelle canadienne et
deviennent nos parents et nos amis. Un demi-million de Canadiens environ sont originaires des Caraïbes.
La CARICOM
Les relations entre le Canada et le reste des Caraïbes ont pratiquement la même profondeur et la même
diversité, ce qui est pour ainsi dire unique dans les relations internationales du Canada.
L'an dernier, le Canada a montré toute l'importance qu'il attache à ses relations avec la région en nommant
son premier représentant plénipotentiaire auprès de la CARICOM, en appui à des objectifs communs, qui sont
de renforcer la démocratie, de créer une prospérité économique et de réaliser le potentiel humain.
Il existe une tradition de consultations franches et ouvertes avec la CARICOM au niveau des ministres et des
représentants. Nos relations, qui sont extrêmement cordiales, reposent sur de solides fondations et sur un
respect mutuel. Nous nous rencontrons régulièrement afin de parler de domaines d'intérêt commun et, hier, j'ai
rencontré mes collègues de la CARICOM pour faire le point sur les négociations de l'OMC [Organisation
mondiale du commerce] et de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques].
Le fait que le Canada et la CARICOM aient entamé des pourparlers en vue d'un accord de libre-échange
témoigne de la maturité de nos relations commerciales bilatérales.
Les défis de la mondialisation
Si je suis venu rencontrer le ministre Ken Valley et ses collègues de la CARICOM ici, à Port of Spain, hier, c'est
notamment pour entendre en personne leur point de vue sur les problèmes auxquels nous sommes tous
confrontés dans le passage à une économie qui se mondialise davantage. Il est important, à mon sens, de
comprendre votre point de vue, car vous représentez un des milieux d'affaires les plus divers et les plus
prospères de la région. Comme vos partenaires et vos concurrents dans le monde, vous devrez aussi réfléchir
à l'avenir et aux ajustements que vous devrez apporter à mesure que tomberont les obstacles.
Nous sommes tous préoccupés par une économie mondiale incertaine. Je comprends parfaitement l'inquiétude
que suscitent ici, dans les Caraïbes, des répercussions éventuelles sur des secteurs clés, comme l'agriculture,
le tourisme et les industries manufacturières. Les Canadiens y pensent eux aussi, car leur prospérité repose en
bonne partie sur le commerce international et l'investissement étranger. Cependant, nous ne devons pas
oublier qu'il existe des possibilités pour nous tous, ainsi que des défis.
Notre dépendance collective envers la stabilité mondiale s'est accentuée avec l'émergence d'un marché
mondial et d'un approvisionnement mondial en intrants pour la production.
La mondialisation est un processus qu'aucun pays ne peut contrôler ou se permettre d'ignorer. Des
transactions qui récemment encore n'étaient que locales sont maintenant mondiales. Aujourd'hui, il est
possible de faire des opérations bancaires en ligne depuis l'Asie en utilisant une banque qui se trouve dans les
Caraïbes et qui appartient en partie à des investisseurs canadiens.
Nous voyons à quel rythme l'évolution technologique transforme le monde, avec en tête la croissance rapide
des communications, des transports aériens et des transactions électroniques, domaines que nous
connaissons particulièrement bien au Canada. L'accroissement exponentiel du commerce international, des
services transfrontières et des mouvements de capitaux représente un des résultats les plus évidents de cette
mondialisation.
Le commerce et le développement
La libéralisation des échanges commerciaux se révèle être un moteur important du développement, tant par
ses incidences directes sur le bien-être économique que par sa capacité d'attirer des investissements.
Si Trinité-et-Tobago réussit à attirer des investissements, ce n'est pas seulement parce qu'elle possède des
réserves énergétiques importantes. D'autres facteurs destinés à créer des conditions de fonctionnement
stables pour les entreprises jouent également un rôle important. Vous êtes un exemple parfait pour d'autres
petites économies dans la région et ailleurs.
En sa qualité de moteur économique important de la région, Trinité-et-Tobago doit servir d'exemple et montrer
que la libéralisation des échanges commerciaux peut se faire à l'avantage des petites économies aussi. Vous
possédez des qualités essentielles : l'innovation, la créativité et le ciblage sélectif, sans parler de l'application et
de la persévérance.
Ce sont là les bases habituelles de toute réussite commerciale, où que l'on se trouve dans le monde. Au fait, je
remarque qu'il s'agit de la même approche que celle adoptée par les artistes et les entrepreneurs qui offrent
votre carnaval au monde avec tant de succès.
Le ministre Valley m'a dit qu'il se prépare à envoyer une mission commerciale et d'investissement au Canada
plus tard cette année. Ce serait une occasion merveilleuse de rapprocher encore davantage nos pays et nos
milieux d'affaires. Les régimes commerciaux libéralisés sont une très bonne chose, mais nous avons compris,
au Canada, qu'il nous fallait aller expliquer aux autres ce que nous avons à offrir.
Je puis vous assurer que les entrepreneurs canadiens examineront avec un vif intérêt les possibilités de
partenariat commercial dans votre pays et dans le reste des Caraïbes. Dites au ministre Valley ce que nous
pouvons faire, d'après vous, pour encourager des partenariats entre nos secteurs privés.
Le défi pour nous consiste à faire en sorte que ce moteur de la libéralisation commerciale profite à tout le
monde. Nous en voyons le potentiel, mais beaucoup de pays en développement sont dans l'incapacité de
profiter pleinement de ces possibilités. Nous devons trouver une solution pour les aider à mieux tirer avantage
des bienfaits de l'économie mondiale et à réaliser leurs objectifs en matière de développement.
Le coût de ce processus, et l'adaptation par laquelle doivent passer tous les pays, suscite manifestement
quelques craintes. Nous savons que nous devons soutenir le processus.
L'aide du Canada à l'adaptation des pays des Caraïbes
Le Canada s'efforce d'aider de bien des façons les Caraïbes à relever les défis de la mondialisation et de la
libéralisation du commerce en renforçant la capacité de la région en matière de politique commerciale. Ainsi, il
a mis sur pied le fonds de soutien ponctuel à la politique commerciale des Caraïbes, qui finance des projets de
formation et d'assistance technique visant à renforcer la capacité des groupes à promouvoir une participation
efficace à des négociations commerciales.
Par l'entremise de ce fonds, l'Agence canadienne de développement international [ACDI] verse 5 millions de
dollars canadiens à des associations régionales. Nous sommes très heureux de pouvoir aider le secteur privé à
jouer le rôle qui lui revient dans les négociations commerciales.
L'expérience du Canada
Le Canada ne manque certainement pas d'expérience pour ce qui est de s'adapter. Ainsi, au cours des 10
dernières années, il lui a fallu s'adapter, tâche énorme, aux forces de la mondialisation économique, qui
s'exprimaient en partie dans le cadre des accords conclus avec les États-Unis et de l'Uruguay Round, mais en
partie aussi par le biais des forces du monde moderne qui se sont manifestées par le passage à une économie
de services, le besoin de se spécialiser et la nécessité d'investir dans la technologie plutôt que de continuer à
dépendre de nos avantages comparatifs traditionnels. De plus, dans l'économie moderne, le processus
d'adaptation est continuel.
Cependant, en se transformant, le Canada s'est aussi renforcé et il est devenu plus compétitif. La part des
exportations de notre PIB [produit intérieur brut] est aujourd'hui de 43,3 p. 100, comparé à tout juste 28 p. 100
en 1990. Le commerce crée ou maintient un emploi canadien sur quatre. Et les grandes entreprises ne sont
pas les seules concernées. Plus de 87 p. 100 des exportateurs canadiens sont maintenant des PME [petites et
moyennes entreprises].
Chemin faisant, nous avons fermement soutenu le régime commercial réglementé, c'est-à-dire où les décisions
reposent sur des règles et non sur la taille économique. Je sais que le Canada n'est pas une petite économie
pour vous, mais je pense qu'il est bon de rappeler que nos principaux partenaires commerciaux, les vôtres
comme les nôtres, sont d'énormes économies qui détiennent des pouvoirs que nous n'avons pas. C'est
pourquoi il est très avantageux pour le Canada de pouvoir s'en remettre à une réglementation stable et
prévisible, qu'il s'agisse de mécanismes de règlement des différends efficaces, de règles de discipline par
rapport aux subventions et aux mesures antidumping, ou de protection contre des mesures de discrimination
arbitraires.
Ce régime n'est pas parfait. En fait, dans bien des domaines, il pourrait être amélioré pour rendre les règles du
jeu plus équitables, par exemple en ce qui concerne les mesures antidumping, les subventions et l'accès aux
marchés. Et c'est pourquoi nous sommes favorables à la nouvelle ronde de négociations commerciales
internationales lancée à notre dernière réunion ministérielle de l'OMC, à Doha.
Étant donné l'ampleur des enjeux, vous comprendrez certainement pourquoi l'OMC restera la pierre angulaire
de la politique commerciale du Canada. Cependant, je tiens à vous assurer que le Canada souhaite aussi que
l'on continue d'éliminer les obstacles au commerce et à l'investissement à l'échelle régionale et bilatérale. Je
suis même convaincu que des initiatives telles que la ZLEA peuvent compléter voire renforcer la libéralisation
multilatérale en permettant la mise en place plus rapide de règles et de disciplines plus générales que celles
qui ont été ou peuvent être négociées au niveau multilatéral.
Apaiser les craintes des pays en développement
Les pays en développement et, tout spécialement, les petites économies insulaires ont des craintes légitimes. Il
incombe aux deux parties de veiller à ce que les conditions préalables fondamentales soient réunies pour que
vous puissiez profiter des possibilités qui se présentent, pas seulement en matière commerciale, mais aussi sur
le plan des réformes intérieures et du renforcement des institutions.
Le Canada comprend que les pays en développement doivent pouvoir tenir compte de leurs intérêts, participer
au processus et respecter les engagements qu'on leur demande de prendre. Nous nous efforçons de mieux
adapter à vos besoins l'assistance technique liée au commerce et de mieux la coordonner avec d'autres
institutions.
Nous sommes très favorables à ce que l'on prévoie dans les accords mêmes des dispositions pour atteindre le
principal objectif de l'intégration des pays en développement dans le système commercial, par exemple, des
périodes de transition plus longues. À mon sens, le but doit être d'intégrer, pas d'isoler.
Ainsi, dans le contexte de la ZLEA, le Canada a appuyé la création d'un groupe consultatif sur les petites
économies, et cette entité joue un rôle important dans le processus de la ZLEA, soit celui de tribune où les
petites économies peuvent exprimer leurs sujets de préoccupation.
Ces sujets de préoccupation peuvent ensuite être transmis aux groupes de négociation concernés et y être
traités. L'uniformisation des règles du jeu est une question qui intéresse le Canada tout autant que les pays en
développement, notamment en ce qui concerne les subventions qui faussent les échanges, car nous n'avons
pas non plus les moyens financiers de concurrencer nos principaux partenaires commerciaux à cet égard. En
outre, si nous voulons réduire les obstacles à l'accès aux marchés, nous devons faire en sorte que de
nouveaux obstacles ne soient pas dressés à la place des tarifs traditionnels.
Certains craignent la perte possible de préférences commerciales, pour l'essentiel par rapport à d'autres
économies en développement. Cependant, il est évident, à voir la multiplication des accords commerciaux
bilatéraux, que ce processus se poursuivra à un rythme rapide, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ZLEA et
des négociations de Doha.
Parallèlement, il est essentiel, pour attirer des investissements commerciaux dans la région, de rendre l'accès
aux marchés plus prévisible et plus permanent.
Ce point est important. Nous n'aidons pas les économies en développement à s'intégrer par pur altruisme. En
effet, nous avons tout intérêt à contribuer à l'instauration d'un climat d'affaires stable dans vos pays, afin d'y
amener nos investisseurs.
Conclusion
Je suis convaincu qu'il était essentiel pour moi de rencontrer mes collègues de la CARICOM cette semaine,
afin de comprendre précisément les sujets de préoccupation des gouvernements de la région et de voir
comment nous pouvons concrètement y répondre. Il n'existe pas de réponse facile, en particulier dans des
négociations où il faut concilier les besoins de tous les membres, 145 dans le cas de l'OMC. Je serai heureux
de maintenir ce dialogue entre le Canada et la CARICOM.
Je pense qu'un dialogue libre avec les milieux d'affaires et entre gens d'affaires dans nos pays respectifs est
tout aussi essentiel. Par leur contribution aux négociations, les milieux d'affaires les restitueront en contexte de
façon dynamique et nous permettront donc de mieux comprendre en quoi les accords conclus définiront
l'environnement dans lequel ils travailleront.
Sont présents à mes côtés aujourd'hui des partenaires canadiens importants dans le développement de
l'économie de Trinité-et-Tobago. M. Jim Emmerton, premier vice-président au développement de l'entreprise
chez Methanex Corporation, principal investisseur dans l'usine d'Atlas-Methanol; M. Ian Welch, directeur
général de la Potash Corporation of Saskatchewan pour l'investissement dans PCS Nitrogen Trinidad; M. Ted
Bogle, premier vice-président à la prospection chez Talisman; et M. Tim Plumtree, premier vice-président au
commerce et aux finances à la Banque de Nouvelle-Écosse. Est également parmi nous M. Doug Patriquin,
président de la Corporation commerciale canadienne.
Dites-nous comment nous pouvons contribuer, selon vous, à votre projet d'expansion et de diversification dans
le secteur des hydrocarbures, de la pétrochimie et d'autres. Je vous invite à nous faire part de vos
commentaires et de vos questions, et sachez que nous espérons vous voir à l'avant-garde de ceux qui
profiteront de la libéralisation des échanges pour voir plus grand et pour renforcer leurs liens internationaux.
Je vous remercie.