M. GRAHAM - ALLOCUTION DEVANT LE COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE BILL GRAHAM,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DEVANT LE COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
OTTAWA (Ontario)
Le 25 mars 2003
Je suis heureux de me trouver ici aujourd'hui pour faire le point avec mes collègues parlementaires à ce moment crucial
pour l'avenir de nos relations internationales. La guerre en Iraq est probablement au premier rang de vos préoccupations ces
jours-ci, comme elle l'est pour moi. Nous espérons qu'elle prendra fin rapidement, avec un minimum de pertes de vies
humaines. Et lorsqu'elle sera terminée, le Canada se joindra à la communauté internationale, sous les auspices des Nations
Unies, dans un effort de reconstruction visant à améliorer les conditions de vie du peuple iraquien.
Mais il y a, bien sûr, d'autres questions importantes dont nous devons aussi nous occuper. L'une d'entre elles, qui fait partie
de mon portefeuille actuel, est le Dialogue sur la politique étrangère, dont je suis heureux de m'entretenir avec vous
aujourd'hui. Comme vous le savez, j'ai lancé en janvier ces consultations publiques nationales sur la politique étrangère,
qui se tiendront jusqu'en mai.
Il pourrait vous sembler, comme cela a été le cas pour moi ces derniers mois, que la période actuelle est plutôt
mouvementée pour lancer des consultations publiques sur les orientations à long terme de la politique étrangère. Il va sans
dire qu'au moment de planifier ces consultations, nous n'avions pas prévu qu'elles interviendraient dans le contexte de la
crise iraquienne qui sévit aujourd'hui.
Mais cette crise contribue justement à mettre au premier plan les grandes questions qu'il faut aborder dans une perspective
à long terme, notamment notre engagement envers les institutions et les processus multilatéraux, nos relations avec les
États-Unis, la taille et la raison d'être de nos forces militaires, les éléments qui constituent la sécurité mondiale et
l'application des valeurs canadiennes au contexte mondial.
Comme je le dis d'un bout à l'autre du pays depuis déjà deux mois, nous pouvons, et nous devons, continuer de répondre
aux préoccupations générales à long terme de la population canadienne tout en portant notre attention sur les problèmes
urgents qui surgissent dans nos relations internationales. En demandant aux Canadiens de nous aider à réfléchir aux choix
et priorités pour l'avenir, je leur rappelle aussi que le gouvernement travaille à sa propre manière à renforcer les capacités
du Canada en matière de politique étrangère, en améliorant la planification et la coordination entre les nombreux ministères
dont les activités touchent aux affaires internationales. La mise au point d'un nouveau cadre pour la politique internationale
montrera aux citoyens qu'à Ottawa, nous sommes déterminés à faire en sorte que tous les organes du gouvernement
coopèrent afin de promouvoir les valeurs et les intérêts des Canadiens ici et à l'étranger.
Les consultations sont menées sur plusieurs fronts dans le cadre du Dialogue, notamment par les voies traditionnelles que
sont les assemblées publiques, les tables rondes d'experts et les observations écrites. Nous avons également innové en
créant un site Web qui permet aux gens de consulter le document de réflexion qui sert de point de départ au Dialogue, de
répondre aux questions qu'il renferme, de consulter des ressources documentaires et de débattre avec d'autres Canadiens
sur des sujets de leur choix. J'ai demandé à recevoir tous les commentaires d'ici le 1er mai, et j'en rendrai compte aux
Canadiens en juin.
En tant que parlementaires, vous avez tous un rôle essentiel à jouer dans le processus du Dialogue. J'espère que vous
répondrez à l'invitation que j'ai lancée de tenir des assemblées publiques sur la politique étrangère dans votre
circonscription, et de faire part des opinions exprimées par vos électeurs.
En tant que membres du CPAECI [Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international], vous avez déjà
apporté une importante contribution à ce processus grâce au rapport sur nos relations nord-américaines que vous avez
présenté en décembre dernier. Le fait que vous ayez choisi de le faire traduire en espagnol témoigne de façon éloquente, à
mon avis, de la nouvelle réalité de l'Amérique du Nord. Le gouvernement déposera bien sûr sa réponse à ce rapport, mais
celui-ci est aussi un élément important du processus du Dialogue.Vos constatations et vos recommandations sur des sujets
tels que la souveraineté, le commerce, la sécurité et les relations diplomatiques seront fort utiles.
Je sais que votre prochain rapport portera sur un sujet qui touche également de près au Dialogue, à savoir les relations
qu'entretient le Canada avec le monde islamique. L'une des questions sur lesquelles je demande aux Canadiens de se
pencher est celle de savoir comment nous pourrions rechercher les occasions de favoriser le dialogue et la compréhension
entre les religions dans le monde. Dans le processus du Dialogue, j'ai aussi fait appel aux communautés ethnoculturelles
canadiennes pour favoriser un débat sur la façon d'assurer des relations intercommunautaires harmonieuses ici au Canada.
J'ai la ferme conviction que ce comité, qui reflète largement l'opinion politique canadienne, peut apporter une contribution
considérable à notre compréhension de cette question, qui revêt une si grande importance à l'échelle mondiale, ainsi qu'aux
contributions éventuelles du Canada à cet égard.
J'aimerais maintenant vous dire quelques mots sur ce qui est ressorti du processus du Dialogue jusqu'à présent. Je signale
d'abord que, par le biais de notre site Web consacré au Dialogue, nous avons reçu plusieurs commentaires intéressants et
variés; en outre, les forums en ligne, où les participants peuvent procéder à des échanges d'idées sur les thèmes qui les
intéressent, donnent lieu à des débats animés. Comme on pouvait s'y attendre, un grand nombre de participants abordent
des sujets liés à la sécurité, et ils sont encore plus nombreux à répondre à la question de savoir comment la politique
étrangère du Canada peut mieux refléter les intérêts et les valeurs de ses citoyens.
Comme j'ai pu le constater tant sur le site Web du Dialogue qu'à l'occasion des assemblées publiques que j'ai tenues, la
crise iraquienne est, bien évidemment, une source de vives préoccupations. Dans le contexte du dialogue, cela a été, dans
une certaine mesure, une bonne chose. Les inquiétudes face aux événements actuels font oublier à certains les questions
plus générales à long terme, mais à de nombreuses occasions, j'ai été frappé par le fait que cette crise a amené les
Canadiens à s'interroger sur des questions à long terme relatives à l'orientation de notre pays dans les affaires mondiales, et
qu'elle a suscité des observations très judicieuses sur les liens entre la sécurité, la prospérité et les valeurs que défend le
Canada.
J'ai assisté à plusieurs assemblées publiques jusqu'à présent, à Winnipeg, à Montréal et dans chacune des provinces de
l'Atlantique. Partout, la crise iraquienne a suscité des réflexions plus générales sur nos relations avec les États-Unis : dans
quelle mesure pouvons-nous et devrions-nous établir une politique étrangère qui soit typiquement canadienne, et dans
quelle mesure notre bien-être économique nous force-t-il à appuyer les États-Unis dans les affaires mondiales? Jusqu'à
présent, à chaque assemblée publique, on a vigoureusement appelé le Canada à adopter une approche générale à long terme
de la sécurité pour nous et les autres, en consacrant plus d'argent au développement des pays du tiers monde et à
l'élimination de la pauvreté, et en multipliant les efforts pour établir un système économique international plus équitable.
Le bilan du Canada dans le domaine du maintien de la paix et ses activités en faveur du respect des droits fondamentaux
sont des thèmes souvent évoqués par ceux qui se penchent sur le rôle distinctif qu'il devrait jouer pour promouvoir la
sécurité et la prospérité mondiales.
Outre la sécurité et la prospérité, il a beaucoup été question aussi du troisième pilier de notre politique étrangère. Comme je
l'ai mentionné, les Canadiens souhaitent vivement discuter de ce que représente le Canada et des grandes valeurs qui
déterminent nos intérêts. Dans les provinces de l'Atlantique surtout, j'ai été frappé d'entendre des étudiants étrangers dire
combien ils étaient heureux d'étudier au Canada, combien ils avaient appris au sujet de notre société et de nos institutions,
et combien ils espéraient pouvoir rentrer dans leur pays et œuvrer pour faire en sorte qu'il ressemble un peu plus au
Canada. Leurs observations, et les commentaires exprimés par les Canadiens de souche, montrent qu'il importe que les
programmes d'éducation et les échanges soient intégrés dans nos démarches visant le troisième pilier. Et enfin, toujours
dans le contexte de ce troisième pilier, je viens tout juste d'avoir des entretiens avec les représentants de nos principales
organisations artistiques au Sommet canadien des arts. Ils ont eux aussi évoqué avec éloquence les bienfaits que pourraient
engendrer des efforts plus poussés en vue de faire rayonner nos arts et notre culture à l'étranger.
Ce sont là autant de thèmes que je compte étudier attentivement au cours des mois à venir. À cette fin, je compte bien tirer
parti de vos observations et de votre expérience, et je vous exprime de nouveau ma gratitude pour la contribution que le
rapport du CPAECI a déjà apportée au Dialogue. Ce comité passe beaucoup de temps à solliciter l'opinion de la population,
et je ne doute pas que vous conviendrez qu'il s'agit là d'un aspect essentiel de la démocratie. Il constitue de ce fait un
élément important dans la mise au point des priorités et des orientations à long terme de la politique étrangère du Canada.
Je vous remercie.