M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT LE GROUPE INTERPARLEMENTAIRE CANADA-JAPON - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE GROUPE INTERPARLEMENTAIRE CANADA-JAPON
OTTAWA (Ontario)
Le 8 avril 2003
C'est pour moi un grand plaisir de venir discuter avec vous aujourd'hui des relations commerciales et
économiques que nous entretenons avec le Japon depuis bientôt 100 ans. En effet, depuis ce temps, le
Canada et le Japon ont tous deux connu une impressionnante croissance économique, cette dernière
ayant influencé la nature et l'étendue de nos relations diplomatiques et commerciales. Je crois
profondément à la pertinence d'un groupe comme le vôtre non seulement pour attirer l'attention des
parlementaires sur les relations canado-japonaises, mais pour attirer celle des entreprises et du public en
général sur l'immense potentiel dont dispose notre amitié avec le Japon.
Les échanges parlementaires entre le Canada et le Japon sont d'un dynamisme sans pareil, et votre
Groupe parlementaire devrait servir de modèle en ce qui concerne les relations parlementaires. Il paraît
même qu'à la diète à Tokyo, on dit que ce sont les échanges parlementaires « les plus sérieux » de toutes
les relations interparlementaires japonaises! Enfin, je vous souhaite donc un grand succès lors des 13e
consultations annuelles prévues ici même, en Ontario, à l'été 2003.
J'étais au Japon en février dernier dans le cadre de la rencontre ministérielle de l'Organisation mondiale
du commerce [OMC], et je puis vous affirmer qu'à chacun de mes passages dans ce pays, je suis fasciné
à la fois par ses habitants et son incroyable savoir-faire technologique. Quel étranger voyageant au Japon
ne le serait pas? Par exemple, on sait que depuis longtemps les Japonais effectuent leurs opérations
bancaires, jouent à des jeux vidéo, achètent des billets de spectacle, consultent les bulletins météo au
moyen de leurs téléphones cellulaires et, aujourd'hui, ils ont même développé la technologie nécessaire à
la diffusion de films long métrage sur ces mêmes téléphones! Fini les long moments d'ennui dans le train
ou dans les files d'attente! De plus, dans quelle autre technopole mondiale pourrait-on voir des stations
de remplissage hydrogène pour véhicules munis de piles à combustible qu'à Tokyo?
Au-delà de nos différences culturelles, nos pays ont en fait beaucoup d'éléments en commun, comme des
économies vigoureuses et diversifiées, des entrepreneurs ingénieux, sans oublier une culture innovatrice
qui n'a pas sa pareille dans le reste du monde. En effet, plusieurs de nos entreprises ont su habilement
exploiter nos marchés respectifs en exportant leurs produits. Hydrogenics, une firme de Toronto
spécialisée dans le développement de cellules à l'hydrogène, commence à vendre ses produits de haute
technologie sur le marché japonais. De même, les Japonais seront sans doute heureux d'apprendre que la
brasserie Unibroue, de Chambly (Québec), offre maintenant ses délicieuses bières dans les supermarchés
du pays du Levant.
Au fil des ans, le Canada et le Japon ont de toute évidence bâti des relations commerciales fortes et
enviables. À la fin de 2001, nos échanges bilatéraux s'élevaient à environ 24 milliards de dollars, dont
84 p. 100 en marchandises et 16 p. 100 en services. Les investissements réciproques des deux pays
avaient une valeur de 2,3 milliards de dollars en 2001, et se sont accrus dans les cinq dernières années,
notamment en ce qui concerne l'investissement canadien au Japon. Les investisseurs japonais continuent
à trouver que le Canada est un bon endroit pour faire des affaires. Par exemple, Toyota commencera à
produire son tout-terrain de luxe Lexus RX 300 au Canada. En fait, j'ai récemment visité l'usine de
montage des RX 300 et, permettez-moi de vous dire que j'ai pu voir un bel exemple de la synergie que
peuvent produire les efforts de nos deux pays lorsqu'ils mettent leurs compétences à l'œuvre. C'est grâce
à la qualité et à la loyauté de la main-d'œuvre canadienne que Toyota a décidé d'établir son usine au
Canada.
Malgré des données impressionnantes, la croissance et la composition de nos échanges commerciaux ont
connu une certaine stagnation au cours de la dernière décennie, contrairement à l'évolution que nous
pouvons constater dans nos relations avec nos autres partenaires commerciaux dans un vaste éventail de
secteurs industriels. En fait, nos deux pays sont en train de perdre de l'importance l'un par rapport à
l'autre à titre de partenaires commerciaux. La part canadienne du marché japonais a baissé, tandis que la
part japonaise de nos exportations n'atteint même pas la moitié de ce qu'elle était dans les années 1980.
Compte tenu des nombreuses transformations qui se sont produites dans les économies aussi bien
canadienne que japonaise, les observateurs des deux pays notent que nos échanges commerciaux ne se
sont pas maintenus au rythme de cette évolution, surtout dans les secteurs à forte croissance de la
nouvelle économie, telles la biotechnologie et les technologies de l'information.
Le Canada continue de rater des occasions au Japon, et vice versa. Nous avons été témoins d'une
certaine croissance dans les exportations de produits alimentaires, qui ont augmenté de 3 p. 100 en 2002,
malgré une baisse de 6 p. 100 de l'ensemble des exportations. La part des exportations à valeur ajoutée
s'accroît lentement, sans toutefois se maintenir au niveau de croissance du marché japonais des
importations à valeur ajoutée. En dépit de la période difficile que connaît son économie, le Japon
enregistre des hausses du ratio des importations au PIB [produit intérieur brut], ses importations de toute
source ayant grimpé de plus de 50 p. 100 entre 1994 et 2002. Toutefois, ce n'est pas le Canada, mais nos
concurrents développés qui ont accaparé la part du lion dans ces nouvelles affaires. Les exportations
japonaises à destination du Canada continuent à manifester une saine croissance. Malgré le succès
enregistré dans l'établissement d'une frontière intelligente avec les États-Unis en 2002, le Japon ne voit
pas nécessairement le Canada comme un élément de l'espace économique nord-américain, surtout
lorsqu'il s'agit de trouver des partenariats et de faire des investissements dans des industries de haute
technologie.
Cette sous-performance de nos échanges commerciaux s'expliquerait non seulement par la piètre
performance de l'économie japonaise dans les années 1990, mais aussi par le fait que nos deux pays ont
concentré leurs efforts sur le développement du commerce international avec leurs partenaires
commerciaux d'importance, soit l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] et la Zone de libre-échange des Amériques pour le Canada et l'Asie pour le Japon. Malgré les sérieux problèmes
économiques qui affligent le Japon depuis plus de 10 ans, le Japon demeure encore aujourd'hui la
seconde puissance économique mondiale après les États-Unis; plusieurs occasions d'exportation offertes
aux entreprises canadiennes sont encore inexploitées. En effet, le Japon est encore considéré par les
entreprises canadiennes comme une terre inconnue, mais la performance de nos compétiteurs, parmi les
pays développés, reste enviable. Le marché japonais est maintenant plus ouvert que par le passé, les
sociétés japonaises sont plus que jamais prêtes à accepter des partenaires étrangers et le gouvernement
japonais envisage, pour la première fois aujourd'hui, de promouvoir les investissements étrangers au
Japon. Toutefois, ces récents développements survenus dans l'économie japonaise demeurent
généralement inconnus des entreprises canadiennes.
En conséquence, les gouvernements du Canada et du Japon ainsi que des groupes comme le Conseil
d'affaires Canada-Japon travaillent activement à améliorer la communication des occasions sur nos
marchés et à aplanir les barrières au développement de notre commerce bilatéral, en augmentant notre
collaboration en matière de libéralisation du commerce bilatéral et multilatéral par des forums tels que
l'OMC et l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique], et en offrant une panoplie de services-conseils à l'exportation aux entreprises par l'entremise de nos gouvernements respectifs. En effet,
plusieurs entreprises canadiennes ont relevé le défi et ont su tirer parti des énormes occasions d'affaires
qu'offre le Japon aux exportateurs.
Ainsi, des sociétés canadiennes spécialisées dans les technologies de l'information ont ouvert des
bureaux au Japon au cours des trois dernières années, à la suite de l'intérêt marqué des Japonais à l'égard
des compétences canadiennes, et ce, malgré le ralentissement mondial de l'industrie. De plus, les succès
se multiplient dans le secteur des produits alimentaires. Les exportations de produits alimentaires venant
de toutes les régions du Canada dépassent les 4 milliards de dollars par an et continuent de croître. En
fait, chaque année, des exportations de porc d'une valeur supérieure à 1,3 milliard de dollars sont
acheminées vers le Japon, créant des emplois et de la prospérité dans pas moins de cinq provinces. Pour
accélérer la croissance continue des exportations alimentaires, le gouvernement canadien a lancé un
programme ciblé d'image de marque dont mon collègue, Lyle Vanclief, a donné le coup d'envoi en
février au Japon. La réputation d'excellence du Canada dans le secteur alimentaire est attribuable à nos
chercheurs, à nos experts de la sécurité alimentaire et à la créativité des Canadiens qui travaillent dans ce
secteur vital de notre économie.
De plus, au cours de la dernière année, d'importantes missions commerciales canadiennes se sont
rendues au Japon pour explorer les secteurs du multimédia et des technologies de l'information, des piles
à combustible et de l'économie à l'hydrogène, de l'agroalimentaire et des produits du bâtiment à valeur
ajoutée. De même, le Japon a envoyé au Canada des délégations commerciales s'intéressant aux secteurs
de la biotechnologie, de l'aérospatiale et, pour la troisième année consécutive, des technologies de
l'information et des télécommunications.
Compte tenu de l'intérêt manifesté par la communauté des affaires des deux pays, le Canada et le Japon
ont entrepris une série de discussions portant sur leurs programmes de libéralisation du commerce. Par
exemple, sur le plan réglementaire, nous avons fait des progrès dans plusieurs domaines : nous avons
convenu de négocier un nouveau cadre de politique commerciale bilatérale sur le logement et les
produits du bâtiment; nos ministères de la Santé ont convenu de mettre en œuvre un projet d'échange
d'information sur le programme de conformité aux bonnes pratiques de fabrication des produits
pharmaceutiques; nous avons annoncé des négociations en vue de la conclusion d'un accord sur la
politique de concurrence; et des pourparlers sont en cours au niveau des experts en vue de la signature
d'une entente sur la sécurité sociale. De plus, nous avons récemment convenu d'intensifier notre
coopération pour la mise en œuvre du protocole de Kyoto, tout en explorant les débouchés commerciaux
bilatéraux qui pourraient découler de l'action entreprise dans le domaine du changement climatique.
Par conséquent, le Canada et le Japon continuent de s'intéresser au développement de leurs relations
commerciales. Les deux pays recherchent activement de nouvelles ententes commerciales dans
différentes régions du monde, comme en témoignent les pourparlers commerciaux entre le Canada et
l'Union européenne ainsi que l'accord Japon-Singapour. Tandis que ces modèles sont prometteurs pour
l'avenir de nos relations, ils revêtent un intérêt particulier pour nous. Ces approches permettent de
réaliser des progrès sensibles dans des domaines qui ne relèvent pas de l'OMC, par exemple, la
coopération réglementaire, les normes et les règles techniques, la reconnaissance mutuelle des titres de
compétences professionnels ainsi que d'autres obstacles au commerce qui peuvent donner des résultats
concrets, en temps opportun, pour notre communauté des affaires. En concentrant nos efforts sur la
définition d'une nouvelle entente commerciale bilatérale, le Canada et le Japon peuvent donner à leurs
relations commerciales toutes la valeur et l'attention qu'elles méritent. Je suis persuadé que je pourrai
vous présenter un compte rendu à ce sujet dans un proche avenir.
Je vous remercie.