M. PETTIGREW - ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA PUBLICATION DU QUATRIÈME RAPPORT ANNUEL SUR LE COMMERCE INTERNATIONAL DU CANADA : « LE POINT SUR LE COMMERCE » - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DE LA PUBLICATION
DU QUATRIÈME RAPPORT ANNUEL
SUR LE COMMERCE INTERNATIONAL DU CANADA
« LE POINT SUR LE COMMERCE »
OTTAWA (Ontario)
Le 8 mai 2003
Introduction
J'ai déposé ce matin à la Chambre des communes le Quatrième Rapport annuel sur le commerce
international du Canada. Ce document est, en fait, mon budget. Il a pour objet, essentiellement, de
présenter tous les ans aux Canadiens un compte rendu unique de tous les faits et chiffres se rapportant à
notre performance sur le plan du commerce et de l'investissement international dans l'année écoulée afin
de mettre en lumière quelques événements clés qui ont aidé à façonner cette performance.
Je sais que mon équipe au Ministère a bénéficié de précieux appuis dans la préparation de ce document,
notamment de la part de Statistique Canada (qui est, soit dit en passant, probablement le meilleur bureau
de statistique national du monde) et des provinces, dont les statistiques, les analyses et leurs
conséquences possibles ont été examinées de façon continue.
Je suis, comme toujours, reconnaissant à M. John Curtis et à son équipe de spécialistes, qui ont conçu,
rédigé et monté ce document. Leur formidable travail ne se limite évidemment pas à ce rapport. Ils
préparent aussi des rapports mensuels, trimestriels et autres pour leurs collègues au gouvernement et
pour les Canadiens de manière plus générale. Ils font beaucoup pour nous tenir, nous leurs « clients »,
informés de cet aspect très important de notre économie.
Bilan de l'année : la conjoncture mondiale
Il est évident que, globalement, l'année 2002 a été relativement plus difficile et moins fructueuse que les
années qui ont précédé. Certains diraient même qu'elle a été très difficile. Dans la plupart des pays, et en
particulier dans ceux avec qui nous commerçons le plus, la croissance économique a été inférieure à ce
qu'elle était depuis 10 ans ou plus : les flux d'investissements ont considérablement diminué dans le
monde, les taux de change ont beaucoup fluctué, la confiance des entreprises est entamée -- notamment
à cause des cas de délits corporatifs très médiatisés ces deux dernières années --, les tensions
géopolitiques font maintenant partie de notre vie quotidienne et, surtout, l'application de nouvelles
restrictions ou de coûts supplémentaires ont modifié les pratiques commerciales internationales afin de
réduire les risques de terrorisme.
Tout cela s'est passé avant que la poussée épidémique du syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS,
que l'on a connu cet hiver et ce printemps, exerce des pressions négatives sur les deux régions du monde
qui réussissaient mieux que les autres sur le plan économique, à savoir ce pays et l'Asie, exclusion faite
du Japon.
Je devrais sans doute ajouter que la performance commerciale de la plupart des pays au cours de l'année
écoulée reflétait dans une large mesure le schéma de la croissance économique mondiale. Ainsi, le
commerce a connu une forte expansion en Asie et dans les économies en transition; les importations
canadiennes et américaines se sont redressées parallèlement à une demande intérieure plus ferme, mais
les exportations ont légèrement diminué en raison de la faiblesse d'autres économies; le commerce est
resté stagnant en Europe occidentale et au Japon, et il a chuté en Amérique latine, résultat de la
tourmente économique qui a secoué plusieurs pays de la région.
Permettez-moi de vous présenter brièvement les chiffres et les tendances :
• l'an dernier, le commerce des marchandises des pays asiatiques en développement a augmenté
d'environ 12,5 p. 100 en volume, grâce à quoi les importations et les exportations du continent étaient en
hausse de plus de 10 p. 100. Sur le plan de la croissance, l'écart s'est encore creusé entre le Japon, qui
demeure de loin la première économie asiatique, et la Chine et l'Inde, qui sont les deux pays les plus
peuplés de la planète. En termes de valeur, les exportations et les importations de la Chine ont augmenté
de plus de 20 p. 100, et celles de l'Inde ont augmenté de plus de 10 p. 100. La Chine a maintenant
dépassé le Royaume-Uni et occupe le cinquième rang des nations commerçantes dans le monde. La
croissance des exportations de marchandises du Japon, en revanche, n'a été que de 3 p. 100 et les
importations ont diminué.
• Le commerce des économies en transition a continué d'afficher une forte croissance : le commerce de
marchandises a augmenté de 10 p. 100 environ, grâce à la forte progression de la demande intérieure et à
des flux d'investissements étrangers directs (IED) en hausse dans la région.
• Les importations canadiennes ont augmenté de 1,6 p. 100 et les importations américaines, de 3 p. 100,
en raison de dépenses de consommation restées importantes et d'une orientation monétaire et budgétaire
expansionniste au Canada comme aux États-Unis. En revanche, les exportations ont diminué dans les
deux pays, en raison notamment de la baisse de la demande chez certains de nos principaux partenaires
commerciaux où la croissance économique était quasi inexistante, comme en Europe occidentale et au
Japon, ou carrément négative, comme en Amérique latine.
• En Europe occidentale, le commerce a stagné en termes de volume, les exportations de marchandises
augmentant de tout juste 0,6 p. 100 et les importations baissant de 0,5 p. 100.
• L'Amérique latine a connu une de ses pires années de l'histoire contemporaine, avec des crises en
Argentine et au Venezuela et des difficultés au Brésil à la veille des élections nationales. Les
importations latino-américaines de marchandises ont reculé de plus de 5 p. 100 en 2002, mais les
exportations ont augmenté de 2 p. 100 environ, et la baisse du commerce régional (notamment à
l'intérieur du MERCOSUR [Marché commun du Sud]) était compensée par l'augmentation des
expéditions vers d'autres régions.
Bilan de l'année : la performance du Canada en 2002
Sur cette toile de fond, le Canada affiche une excellente performance. C'est ce qu'explique noir sur blanc
notre Quatrième Rapport annuel sur le commerce international du Canada. Pendant 11 années
consécutives, le Canada a enregistré une croissance économique positive. Pendant six années
consécutives, il a dégagé un excédent budgétaire; et l'an dernier, il a créé plus d'emplois que n'importe
quel autre partenaire du G7. De plus, notre balance commerciale est positive et notre compte courant
affiche un excédent. Nous sommes un des rares pays du monde aujourd'hui à obtenir de tels résultats.
Nos exportations de services commerciaux (experts-conseils, ingénieurs, spécialistes de l'environnement,
comptables, etc.), demeurent solides. Il s'agit, autrement dit, de nos exportations de savoir et de
compétences humaines supérieures.
Parallèlement, nos exportations à base de ressources demeurent elles aussi très fortes. Cependant, bon
nombre d'entre vous se rappelleront qu'un des thèmes sur lesquels j'insiste depuis quatre ans, c'est
l'importance de la technologie et de l'innovation pour la capacité concurrentielle du Canada dans le
monde. Nos exportations ont une composante technologique de plus en plus grande, même dans des
secteurs auxquels nous pensons généralement en termes de pierres et de billes de bois.
Aujourd'hui, l'industrie minière du Canada emploie des technologies qui permettent de repérer à
quelques mètres près l'emplacement futur de sites d'exploitation. Les prospecteurs utilisent des appareils
de localisation portables qui donnent des positions exactes en se servant de satellites. De même, les
sociétés forestières canadiennes sont passées maîtres dans le repérage par satellite. Des technologies de
cartographie telles que les systèmes mondiaux de localisation [GPS] et les systèmes d'information
géographique [SIG] sont couramment utilisées. On voit donc aisément que la recherche, le
développement et l'innovation sont essentiels à notre succès commercial, que l'on parle d'exportations de
ressources ou de matériel de télécommunications de pointe.
Permettez-moi d'être un peu plus précis à propos de la performance du Canada en 2002 :
• Dans la conjoncture économique mondiale difficile de l'an dernier, nos exportations de biens et de
services ont diminué pour la deuxième année consécutive, cette fois de 2,7 milliards de dollars, soit 0,6
p. 100.
• La baisse des exportations de biens a été plus marquée pour les machines et l'équipement, les produits
énergétiques et les produits forestiers, alors que les produits de l'automobile, les biens et matériaux
industriels ainsi que les produits de consommation ont affiché une progression qui a légèrement
compensé.
• Les exportations de services ont augmenté de 1,2 milliard de dollars en 2002.
• Nos importations de biens et de services ont augmenté de 6,6 milliards de dollars, ou 1,6 p. 100, en
2002, avec une progression dans les deux catégories par rapport à 2001.
• Le solde courant du Canada a diminué, l'excédent commercial baissant de 9,3 milliards de dollars, et le
déficit des revenus de placement a augmenté de 2,8 milliards de dollars.
• Nos investissements directs, tant au Canada qu'à l'étranger, ont chuté de 20 p. 100 environ, reflet de la
piètre conjoncture internationale.
• Le produit intérieur brut [PIB] en prix courants a atteint 1,14 billion de dollars en 2002, soit 36 357
dollars par habitant.
• Le PIB réel, soit le produit intérieur brut après correction pour l'inflation, a augmenté de 3,4 p. 100 en
2002, comparé à 1,5 p. 100 en 2001.
• Il y a eu en 2002 plus de deux fois plus de nouveaux emplois nets créés en comparaison avec l'année
précédente. De fait, notre taux de croissance en matière d'emplois a dépassé celui de tous nos partenaires
du G7. De plus, notre marchandise et notre compte courant affichent un excédent. Nous sommes un des
rares pays du monde aujourd'hui à obtenir de tels résultats.
Dans l'ensemble, donc, le Canada affiche d'assez bons résultats pour 2002, compte tenu de la conjoncture
économique et politique mondiale difficile. Et l'avenir est, selon moi, encore plus prometteur.
L'année 2003 et au-delà
Nous savons, tandis que nous avançons dans 2003, que l'incertitude plane sur les perspectives du
commerce mondial et de notre propre commerce. Je m'attends cependant à ce que l'économie mondiale
redémarre, et avec elle le commerce et l'investissement international, dès que l'incertitude actuelle due
aux tensions géopolitiques et au SRAS se dissipera. S'il n'y a pas d'autre mauvaise nouvelle, en dehors du
double déficit courant et budgétaire américain, l'économie mondiale commencera à se ressaisir et, avec
elle, le commerce international et l'investissement. La situation s'améliorant sur le reste de l'année, je
pense que 2003 ressemblera beaucoup à 2002.
Nos secteurs de ressources naturelles traditionnels, comme les produits chimiques, les minerais et les
métaux, l'énergie dont les prix sont plus élevés, l'agro-alimentaire, la foresterie, les biens de
consommation et l'équipement industriel, resteront probablement nos principaux atouts commerciaux,
avec l'aide de notre politique budgétaire judicieuse et de nos commerçants canadiens dynamiques et
novateurs. En revanche, le secteur de l'automobile et le secteur de l'aérospatiale, tous deux importants,
traverseront des temps difficiles, même s'ils sont très concurrentiels.
Je suis convaincu qu'un nouvel élan se dessinera dans le reste de cette année et que nous aborderons
2004, surtout ici, au Canada, avec une confiance et un dynamisme économique et commercial
renouvelés.
Importance de l'image de marque
J'aimerais passer maintenant à la question de l'image de marque, sujet auquel ceux parmi vous qui
étudiez à la Sprott School of Business vous êtes intéressés récemment, d'après ce que j'ai cru
comprendre. Aujourd'hui plus que jamais sans doute, il est important de renforcer la réputation du
Canada à l'étranger. Nous savons qu'il y a une grande variété de publics à l'étranger et la nature d'un pays
ne saurait être réduite à un slogan accrocheur dans une annonce télévisée de 30 secondes. Nous ne
vendons pas du savon!
Idéalement, notre réputation à l'étranger devrait contribuer chez les décideurs et les citoyens étrangers à
nourrir une certaine bonne volonté qui serve les intérêts du Canada. Elle devrait aider à ouvrir des portes
à nos entrepreneurs. Les Canadiens en voyage devraient être accueillis chaleureusement. Elle devrait
attirer un plus grand nombre de visiteurs vers notre pays, qu'il s'agisse de touristes, d'investisseurs ou de
travailleurs qualifiés et brillants souhaitant participer à notre économie dynamique.
On comprend donc pourquoi il est si important que le Canada présente une bonne image à l'étranger :
cela a des répercussions sur les entreprises, sur les possibilités qui s'offrent à nous dans le monde et sur
l'influence que nous exerçons à l'étranger. À propos du SRAS, par exemple, le fait que notre système de
santé ait la réputation d'être moderne et efficace nous a beaucoup aidés à convaincre rapidement l'OMS
[Organisation mondiale de la santé] et les gouvernements étrangers de lever leurs avis aux voyageurs.
Le fait que nous soyons jugés dignes de confiance nous aidera aussi à nous faire entendre dans la
campagne que nous menons actuellement pour informer la communauté mondiale que le Canada -- et
plus particulièrement Toronto -- ne présente aucun danger. Je suis certain que le monde sera réceptif à
notre invitation à venir au Canada et à Toronto, à y investir et à travailler avec les Canadiens dans toutes
sortes d'entreprises.
Cependant, comme je l'ai dit, il faut bien plus qu'un slogan accrocheur pour susciter l'estime des autres.
En effet, cette estime s'acquiert au prix d'efforts soutenus et durables, concentrés sur les auditoires
particuliers que nous souhaitons influencer. La Commission canadienne du tourisme et ses partenaires
provinciaux, municipaux et de l'industrie font une superbe promotion du tourisme au Canada.
Toutefois, nous avons encore beaucoup à faire pour renforcer la réputation du Canada en tant que
partenaire moderne et dynamique avec qui et chez qui faire des affaires. Bâtir une image de marque peut
sembler simple, puisqu'il s'agit en somme de présenter des éléments clés à des auditoires, mais la tâche
est bien plus facile en théorie qu'en pratique. Aux États-Unis, par exemple, nous voulons que les
Américains comprennent mieux toute l'importance de notre partenariat dans la prospérité économique.
Au cours de l'année écoulée, le Canada a défendu plus activement ses intérêts aux États-Unis sur des
questions commerciales clés. Ces efforts ont aussi permis aux Américains de mieux comprendre
l'importance du Canada, premier partenaire commercial et premier fournisseur étranger d'énergie de leur
pays, fait connu d'à peine plus d'un Américain sur dix.
Je suis heureux que le gouvernement ait l'intention d'accroître notre représentation aux États-Unis, car
nous serons alors en mesure de soutenir et de mieux cibler la défense de nos intérêts, et d'améliorer par
là-même notre image de marque. Nous ne connaîtrons jamais vraiment l'ampleur des retombées sur notre
commerce et nos investissements bilatéraux, mais il y aura sans aucun doute des avantages.
De façon générale, le gouvernement du Canada a pris un certain nombre de mesures ces toutes dernières
années pour asseoir notre réputation, pour que le Canada soit reconnu comme un pays multiculturel, aux
multiples facettes, qui a beaucoup à offrir dans quantité de secteurs, pas seulement en matière
commerciale, mais aussi sur le plan culturel.
Par exemple, des programmes tels que le « Programme d'image de marque du
Canada » et le « Programme des routes commerciales » d'Équipe Canada inc, obtiennent d'excellents
résultats. Le Canada est de plus en plus connu en tant que partenaire commercial novateur, créatif et
compétitif et comme lieu d'investissement. En trois ans, le Programme d'image de marque du Canada a
investi 9 millions de dollars pour améliorer sensiblement l'image du Canada dans plus de 30 grandes
foires internationales du monde, dans 12 secteurs prioritaires. Cette contribution est certes importante,
mais il s'agit, selon moi, d'un investissement modeste dans ce qui doit être un effort soutenu de tous les
segments de l'industrie, du gouvernement et des universités du Canada pour définir et promouvoir
l'image du Canada que nous voulons voir appréciée dans le monde.
Bien entendu, et malheureusement, trop de Canadiens ne connaissent pas les éléments clés qui sont
souvent si importants pour façonner notre image de marque. C'est notamment pourquoi, le Ministère et
moi-même, nous nous investissons sans relâche dans ce que nous appelons les activités internes de «
sensibilisation à l'exportation » et qui nous amènent à parcourir le pays pour faire comprendre toute
l'importance du commerce pour le Canada et pour parler de nos atouts en la matière.
Tout Canadien est un ambassadeur de son pays et peut contribuer utilement à son image de marque, que
ce soit auprès de personnes en visite au Canada, ou à l'étranger, lors de voyages d'affaires ou d'agrément.
Ainsi, il importe que les Canadiens soient mieux informés de ce que le Canada a à offrir. Et il y a
beaucoup à en dire.
Conclusion
En conclusion, je ferai tout simplement remarquer que le commerce est un instrument clé, pas le seul,
mais un instrument très important pour instaurer la sécurité et la prospérité mondiales. Le Canada a
démontré qu'il est un chef de file dans cette sphère d'influence majeure. Le Rapport annuel présenté
aujourd'hui le prouve encore. Dans les années à venir, forts de nos compétences et de notre expérience
ainsi que de notre image de marque bien méritée, nous continuerons de réussir non seulement sur le plan
économique, mais également sur le plan social, en faisant en sorte que nos valeurs trouvent écho au
Canada et dans le reste du monde.
Je vous remercie de votre attention et c'est avec plaisir que je répondrai à quelques questions. Je sais
aussi que John Curtis est prêt à répondre à vos questions sur ses travaux de recherche et son analyse.