M. PETTIGREW - ALLOCUTION À L'OCCASION DU DÉJEUNER DU CONSEIL DE COMMERCE CANADO-ARABE - MONTRÉAL (QUÉBEC)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU DÉJEUNER
DU CONSEIL DE COMMERCE CANADO-ARABE
MONTRÉAL (Québec)
Le 23 mai 2003
Je vous remercie de m'avoir invité à ce déjeuner qui souligne le 20e anniversaire du Conseil de
commerce canado-arabe qui a enregistré, sur tout autant d'années, un parcours jalonné de succès dans la
promotion des intérêts commerciaux du Canada au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
J'anticipe depuis un certain temps déjà le plaisir de partager avec vous mes vues sur le Moyen-Orient et
l'Afrique du Nord, et je tenterai de rectifier quelques-unes des fausses perceptions fréquemment
véhiculées.
Je souhaite, aujourd'hui, vous livrer trois messages. D'abord, il importe que le Canada développe
davantage ses relations avec le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Ensuite, le Conseil de commerce
canado-arabe constitue un instrument précieux pour pénétrer les marchés de la région et favoriser les
échanges économiques avec ceux-ci. Enfin, les perceptions négatives que d'aucuns nourrissent sur cette
région du monde ne devraient pas dissuader les entreprises canadiennes d'y faire des affaires. Alors que
certains n'y voient qu'instabilité, j'y vois des occasions d'affaires à saisir et des avancées significatives
vers un environnement favorable au commerce.
Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que l'heure est venue de renforcer les liens commerciaux, déjà
impressionnants, qui unissent le Canada aux pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Cette région du
monde -- qui s'étend de la Mauritanie à l'Arabie saoudite et du Liban au Yémen -- recèle
d'innombrables occasions d'affaires que les entrepreneurs canadiens gagneraient à exploiter davantage.
L'importance du monde arabe pour le Canada
En 2002, les échanges de biens et de services entre le Canada et les pays du Moyen-Orient et de
l'Afrique du Nord ont franchi la barre des 8 milliards de dollars. Toutefois, nos liens avec les pays arabes
ne se résument pas seulement aux échanges commerciaux. Notre association s'inscrit dans le sillon d'une
longue tradition de partenariats qui remonte à une quarantaine d'années, et constitue un appui aux
progrès enregistrés en matière de saine gestion publique et de démocratie.
La façon dont le Canada aborde les questions internationales est citée comme modèle et a l'assentiment
des pays arabes qui ont en haute estime le rôle du Canada en faveur de la paix dans la région. La plupart
de ces pays sont également d'importants partenaires au sein de nombreuses organisations internationales.
Les événements du 11 septembre 2001 et les conséquences plus récentes de la guerre en Iraq renvoient,
aux yeux de certains, l'image d'un monde arabe replié sur lui-même, rejetant tout lien avec l'Occident.
Toutefois, plus près de nous, la réalité témoigne du contraire. Le nombre grandissant d'étudiants qui
choisissent de poursuivre leurs études universitaires dans des établissements d'enseignement canadiens
comme l'Université Concordia de Montréal ainsi que la multiplication des missions provenant de la
région, sont des exemples qui illustrent bien cette réalité.
En septembre, c'est à Doubaï au nouveau Palais des congrès, que quelque 20 000 délégués et
observateurs convergeront pour assister aux réunions annuelles du Conseil des gouverneurs du Fonds
monétaire international et de la Banque mondiale.
Doha et Doubaï illustrent bien le rôle de premier plan que jouent aujourd'hui les pays arabes en vue de
bâtir un monde à la fois plus ouvert au commerce et conscient de ses obligations. Il en va de même des
institutions bancaires arabes qui ont choisi Montréal pour tenir leur sommet international le mois
prochain.
Je vois dans cette manifestation une volonté des pays arabes de s'ouvrir sur le Canada et d'intensifier
leurs liens commerciaux avec nous. Le Canada est bien placé pour réagir à ces signes favorables alors
que la qualité des produits et des services offerts par les entreprises canadiennes est de plus en plus
reconnue dans les pays arabes.
Plus globalement, l'accroissement de nos échanges avec le Moyen-Orient répond aux objectifs du
gouvernement du Canada en faveur d'une plus grande diversification de nos marchés.
Je crois qu'il faut interpréter les différentes démarches entreprises par les pays arabes comme
s'inscrivant dans une stratégie à long terme d'intégration et d'ouverture sur le monde.
Rappelons que la Quatrième Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce en 2001,
à Doha, au Qatar, a constitué un pas en avant pour la libéralisation du commerce international,
notamment au Moyen-Orient. Cette conférence a donné lieu à la naissance du nouveau Programme de
Doha pour le développement. Les priorités du Canada dans ces négociations sont axées sur la réforme du
commerce mondial des produits agricoles, l'ouverture des marchés de biens et de services industriels et
le renforcement des règles.
Au cours des dernières années, nous avons enregistré certains progrès en matière de facilitation de nos
échanges commerciaux, notamment des conventions concernant la double imposition avec le Koweït, les
Émirats arabes unis et Oman, ainsi que des accords aériens avec l'Égypte, le Liban et les Émirats arabes
unis.
La présence canadienne dans les pays du Maghreb
Mais parlons de certains marchés en particulier, à commencer par les pays du Maghreb, notre principal
allié commercial en Afrique. Au cours de ma visite au Maroc et en Algérie, en octobre 2000, j'ai eu
l'occasion d'assister aux transformations engagées à la suite de l'implantation d'importantes réformes
gouvernementales.
Tout dernièrement, mon collègue, le secrétaire d'État Denis Paradis, accompagné d'une délégation de
gens d'affaires canadiens, a effectué une visite fructueuse en Algérie. Force est de reconnaître que la
présence canadienne n'a cessé de croître dans les pays du Maghreb.
Le Canada et les pays de la péninsule arabique
De leur côté, les pays de la Péninsule arabique, qui sont à la recherche de solutions de rechange à
l'exploitation pétrolière, ont également accompli d'importants progrès ces dernières années. Les
politiques prudentes ont cédé le pas à des projets novateurs, comme au Qatar, qui dispose d'un centre des
médias avec la station de télévision renommée al-Jazeera, ou encore, à Bahreïn, le noyau financier du
Golfe.
Le commerce avec Israël
Je m'en voudrais de vous entretenir de nos échanges commerciaux avec le Moyen-Orient, sans
mentionner Israël, avec qui nos échanges sont à la hausse. Ces échanges se composent, en grande
majorité, de produits à valeur ajoutée liés à la biotechnologie et aux technologies de l'information.
Le commerce avec l'Iran
L'Iran est également un autre marché offrant d'immenses possibilités d'affaires. Avec plus de 65
millions d'habitants et une économie qui s'ouvre et se libéralise peu à peu, les besoins à pourvoir des
consommateurs iraniens sont nombreux, et les occasions ne manquent pas en ce qui a trait au transfert de
technologies et à la création de partenariats d'affaires.
Le commerce avec le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Égypte
Des entreprises canadiennes continuent à remporter des contrats lucratifs dans les secteurs des
télécommunications, de la construction, du pétrole et du gaz naturel, et de l'approvisionnement de
logiciels à des fins didactiques sur différents marchés tels le Liban, la Syrie et la Jordanie.
Le marché égyptien, soutenu par un vent de réformes et de libéralisation, est un partenaire commercial
important pour le Canada. À la suite d'une foire commerciale destinée à promouvoir les échanges dans le
domaine de l'éducation, plusieurs établissements d'enseignement canadiens et égyptiens négocient
actuellement des projets conjoints dans le domaine de l'éducation postsecondaire.
Je me rendrai d'ailleurs en Égypte dans quelques semaines pour assister à la réunion ministérielle de
l'Organisation mondiale du commerce. Il s'agit là d'un exemple que cette région accroît continuellement
son rôle au niveau du commerce international.
La reconstruction de l'Iraq
J'imagine que la reconstruction de l'Iraq vous préoccupe. Il est à prévoir que l'Iraq, dont les
infrastructures se sont grandement détériorées durant la guerre et devront être reconstruites, pourra offrir,
dans l'avenir, des débouchés commerciaux très intéressants. Avant l'application des sanctions de l'ONU,
l'Iraq constituait l'un de nos plus importants marchés d'exportation dans la région. Jusqu'à ce que la
situation sur place se normalise, c'est dans le cadre de projets coordonnés par les organismes américains
chargés de la reconstruction que les entreprises canadiennes trouveront les meilleures possibilités.
Nous comptons, dès que possible, rouvrir notre ambassade à Bagdad afin de pouvoir aider nos
entreprises dans leurs efforts d'exportation en Iraq. En attendant, il est conseillé aux entreprises qui
souhaitent faire des affaires en Iraq de communiquer avec le ministère des Affaires étrangères et du
Commerce international pour se renseigner et pour obtenir de l'aide.
Les exemples de réussite des entreprises canadiennes
Les succès remportés par des entreprises canadiennes, membres du Conseil, sont nombreux :
• En Algérie, SNC-Lavalin poursuit actuellement des projets hydrauliques totalisant 850 millions de
dollars et administre en Libye le projet du Grand Fleuve artificiel.
• En Tunisie, 85 p. 100 des locomotives de la société nationale des chemins de fer ont été fournies par
Bombardier, qui a également remporté d'importants contrats dans le domaine aéronautique en Égypte.
• Nexen dirige une grande exploitation minière et entreprend de nouveaux travaux de prospection au
Yémen, où elle exerce une influence particulièrement positive. Cette semaine même, 10 étudiants
yéménites ont obtenu leur diplôme de l'Université de Calgary, où ils étudiaient grâce à des bourses
accordées par Nexen dans des disciplines essentielles pour l'économie du Yémen. Voilà un exemple
d'intervention du secteur privé qui appuie le développement et la démocratisation du pays, modèle que le
ministère des Affaires étrangères et du Commerce international espère voir largement imité en
encourageant l'adoption du Code de déontologie international des entreprises canadiennes.
Les enjeux liés à la sécurité
J'ai évoqué l'étendue géographique du monde arabe et sa diversité. Pourtant, la région est trop souvent
présentée et perçue comme un bloc homogène en crise politique perpétuelle. Cette image, comme vous le
savez mieux que quiconque, est loin de la réalité. C'est une région qui travaille, de concert avec la
communauté internationale, à améliorer la sécurité dans le monde. Nombreux sont les pays de la région
qui ont signé la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme adoptée par
l'ONU et qui ont entrepris une démarche sérieuse pour contrer le blanchiment d'argent.
Nous devons prendre acte de la volonté manifestée par les pays du monde arabe de bâtir des relations
commerciales et politiques, et surtout, ne pas nous laisser arrêter par des perceptions qui pourraient
compromettre toute démarche engagée, de part et d'autre. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'évolution
à long terme amorcée par les réformes sociales, politiques, économiques et judiciaires.
Nul pays n'est à l'abri d'actes de violence insensés, mais il demeure dans la région même des zones aux
prises avec une certaine instabilité, dont certaines sont des marchés importants. Les Canadiens qui s'y
installent ou qui y fondent une entreprise doivent, par conséquent, prendre des mesures de sécurité
rigoureuses et efficaces.
Les ambassades et les consulats, aussi bien que les entreprises et les organisations établies depuis
longtemps, peuvent fournir des renseignements utiles quant à la sécurité dans le pays et en quoi elle
influe sur les conditions de vie et de travail.
Conclusion
Je constate que les personnes réunies ici reflètent bien l'éventail et la richesse des partenariats constitués
avec les pays arabes, et je remarque également la présence de représentants de différents organismes du
gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux, ainsi que des ambassadeurs arabes et des
membres des associations et des représentants des secteurs les plus dynamiques de l'économie
canadienne.
Je tiens à souligner l'apport du Conseil et de son comité exécutif, en particulier de MM. Jim Metcalfe et
Samir Zalzal, qui prennent leur retraite après 20 années de loyaux services. Ils ont su partager leur
passion à l'égard du monde arabe et ont contribué de façon importante aux relations commerciales
canado-arabes.
Je suis confiant que les nouveaux dirigeants du Conseil poursuivront dans la foulée de leurs
prédécesseurs. Je sais également que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
continuera à faire progresser les relations déjà bien établies avec le Conseil et ses nouveaux membres.
Si vous n'aviez qu'à retenir un élément de mon message d'aujourd'hui, j'espère que cela serait que les
entreprises canadiennes doivent profiter davantage des possibilités qui s'offrent dans la région et qu'elles
sont tout à fait en mesure de relever les défis qui, somme toute, et vous êtes là pour le prouver, peuvent
être très profitables.
Je compte sur votre dynamisme et votre volonté de chercher des partenariats dans toutes les régions du
monde pour que nous puissions tisser des liens étroits avec tout ce qui y est novateur et progressif. Je
vous invite à suivre l'exemple du Conseil de commerce canado-arabe et des entreprises qui prospèrent
déjà dans la région. Je sais que vous saurez établir une collaboration profitable, là où notre savoir-faire et
nos technologies de renommée mondiale méritent d'être partagés.
Je vous remercie.