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<html> <head> <meta name="Generator" content="Corel WordPerfect 8"> <meta name="DATE" content="8/8/2003"> <meta name="Author" content="Default"> <title>M. GRAHAM - ALLOCUTION &Agrave; L'OCCASION DE LA 72e CONF&Eacute;RENCE ANNUELLE D'&Eacute;T&Eacute; DU COUCHICHING INSTITUTE ON PUBLIC AFFAIRS - « SOUVERAINET&Eacute;, INTERD&Eacute;PENDANCE ET INT&Eacute;GRATION » - ORIILLIA (ONTARIO)</title> </head> <body text="#000000" link="#0000ff" vlink="#551a8b" alink="#ff0000" bgcolor="#c0c0c0"> <p><font size="+1"></font><font face="Arial" size="+1"></font><font face="Arial" size="+1"> <u> SOUS R&Eacute;SERVE DE MODIFICATIONS</u></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1">NOTES POUR UNE ALLOCUTION</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1">DE</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1">L'HONORABLE BILL GRAHAM,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1">MINISTRE DES AFFAIRES &Eacute;TRANG&Egrave;RES,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>&Agrave; L'OCCASION DE LA 72<sup>e</sup> CONF&Eacute;RENCE ANNUELLE D'&Eacute;T&Eacute;</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>DU COUCHICHING INSTITUTE ON PUBLIC AFFAIRS</strong></font><font face="Arial" size="+1"><strong></strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>« SOUVERAINET&Eacute;, INTERD&Eacute;PENDANCE ET INT&Eacute;GRATION&nbsp;»</strong></font><font face="Arial"></font></p> <p><font face="Arial" size="+1">ORILLIA (Ontario)</font></p> <p><font face="Arial" size="+1">Le 10 ao&ucirc;t 2003</font><font face="Arial"></font></p> <p><font face="Arial">C'est avec plaisir que je reviens &agrave; Couchiching, surtout que le th&egrave;me de la conf&eacute;rence de cette ann&eacute;e est &agrave; la fois complexe et tr&egrave;s important pour les Canadiens. Je suis navr&eacute; de n'avoir pu participer plus t&ocirc;t aux d&eacute;bats, car je sais que j'aurais beaucoup appris, comme les ann&eacute;es pass&eacute;es, en &eacute;coutant les intervenants et en discutant avec vous. </font></p> <p><font face="Arial">Lorsque l'on r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; ce que les Canadiens comptent retirer de l'int&eacute;gration continentale, certaines choses sont &eacute;l&eacute;mentaires mais m&eacute;ritent sans doute d'&ecirc;tre r&eacute;p&eacute;t&eacute;es. Tout d'abord, le Canada est un pays souverain qui vit en paix, dont l'&eacute;conomie est saine et la soci&eacute;t&eacute;, largement admir&eacute;e dans le monde entier. Nous faisons &eacute;galement partie de l'Am&eacute;rique du Nord et nous entretenons avec les &Eacute;tats-Unis des relations &eacute;conomiques parmi les plus importantes du monde. Nous partageons aussi avec les Am&eacute;ricains, outre des valeurs, d'innombrables liens historiques, g&eacute;ographiques et culturels. Depuis 10 ans, l'ALENA [Accord de libre-&eacute;change nord-am&eacute;ricain] lie nos deux pays au Mexique dans le cadre d'un partenariat qui rend indissociable la prosp&eacute;rit&eacute; des trois pays de notre continent. Enfin, de par sa population fort diverse, ses nombreuses relations commerciales internationales et son attachement de longue date &agrave; trouver des solutions multilat&eacute;rales aux probl&egrave;mes de la plan&egrave;te, notre pays est &eacute;galement ouvert sur le monde.</font></p> <p><font face="Arial">Globalement, ces trois facettes de l'identit&eacute; canadienne signifient que lorsque nous cherchons &agrave; maximiser les possibilit&eacute;s qui se pr&eacute;sentent dans une sph&egrave;re, nous ne devons jamais oublier les exigences des deux autres sph&egrave;res. Cela signifie que nous devons aussi &ecirc;tre tr&egrave;s clairs quant &agrave; nos objectifs dans chaque sph&egrave;re. Autrement dit, nous devons pr&eacute;ciser nos priorit&eacute;s non n&eacute;gociables en tant que nation souveraine, partenaire nord-am&eacute;ricain et membre de la communaut&eacute; internationale.</font></p> <p><font face="Arial">De ce point de vue, il s'agit essentiellement de trouver le juste &eacute;quilibre entre l'int&eacute;gration continentale et l'ind&eacute;pendance, ce que complique sans doute la disparit&eacute; de taille et de puissance entre nos voisins am&eacute;ricains et nous. De plus, le d&eacute;fi n'a rien de nouveau pour les Canadiens. En son temps, Sir Wilfrid Laurier l'exprimait ainsi&nbsp;: «&nbsp;Je voue la plus grande admiration au peuple am&eacute;ricain. J'ai toujours admir&eacute; leurs nombreuses et grandes qualit&eacute;s. Cependant, j'ai d&eacute;couvert pendant la br&egrave;ve exp&eacute;rience qui a &eacute;t&eacute; la mienne lorsque j'ai eu l'immense privil&egrave;ge d'&ecirc;tre plac&eacute; &agrave; la t&ecirc;te des affaires, par la volont&eacute; du peuple canadien, que le meilleur moyen, et le plus s&ucirc;r, de rester amis avec nos voisins am&eacute;ricains est de pr&eacute;server &agrave; tout prix notre ind&eacute;pendance vis-&agrave;-vis d'eux.&nbsp;» Canadien et Lib&eacute;ral typiques, il a tenu une &eacute;lection en 1911 sur la notion de libre-&eacute;change avec les &Eacute;tats-Unis, et il a perdu. Certains se rappelleront que notre campagne &eacute;lectorale de 1988 tournait en grande partie autour de cette question. Je regrette que Michael Wilson ne soit pas ici, car nous aurions sans doute repris nos d&eacute;bats d'alors, mais je suis certain que Mel&nbsp;Hurtig vous a d&eacute;j&agrave; fort bien pr&eacute;sent&eacute; sa perspective et que Lloyd&nbsp;Axworthy aura &eacute;galement ajout&eacute; son point de vue politique perspicace.</font></p> <p><font face="Arial">Depuis quelque temps, donc, les responsables de la politique g&eacute;n&eacute;rale canadienne se demandent comment tirer le meilleur parti d'un partenariat &eacute;conomique et de s&eacute;curit&eacute; avec les &Eacute;tats-Unis, et maintenant avec le Mexique, tout en conservant la capacit&eacute; d'appliquer des politiques bien canadiennes &agrave; l'int&eacute;rieur de nos fronti&egrave;res et d'entretenir les relations que nous voulons avec le reste du monde? Il faut tout d'abord souligner que les avantages que pr&eacute;sente l'int&eacute;gration servent effectivement les priorit&eacute;s nationales de premier ordre, &agrave; savoir la prosp&eacute;rit&eacute; &eacute;conomique et la s&eacute;curit&eacute; de notre pays et de notre continent. Les valeurs que notre pays fait siennes sont tout aussi claires, et nous parlons en l'occurrence de l'&eacute;galitarisme, de la pleine acceptation de la diversit&eacute;, d'un souci du bien-&ecirc;tre de ceux qui vivent au-del&agrave; de nos fronti&egrave;res, de l'adoption d'approches multilat&eacute;rales par rapport &agrave; des probl&egrave;mes mondiaux, et d'attitudes socialement lib&eacute;rales sur des questions int&eacute;rieures allant de la protection des droits de la personne garantie par notre Charte aux pr&eacute;occupations plus r&eacute;centes concernant la d&eacute;criminalisation de la consommation de marijuana. </font></p> <p><font face="Arial">Lorsque nous r&eacute;fl&eacute;chissons &agrave; l'int&eacute;gration continentale, donc, surtout avec une superpuissance, il faut tenir compte de toutes ces priorit&eacute;s. Nous savons que coop&eacute;rer, de quelque fa&ccedil;on que ce soit, revient aussi &agrave; c&eacute;der une part d'ind&eacute;pendance, mais que tel est, en d&eacute;finitive, le prix de plus grands avantages. Il en va de m&ecirc;me lorsque l'on se marie, que l'on pratique des sports d'&eacute;quipe ou que l'on signe des accords internationaux. Si d'aucuns, et g&eacute;n&eacute;ralement ses d&eacute;tracteurs, qualifient ce processus de «&nbsp;perte de souverainet&eacute;&nbsp;», en fait, ce que nous recherchons, c'est une «&nbsp;souverainet&eacute; commune&nbsp;», autrement dit, un gain d'efficacit&eacute; pour tous les participants. Donc, ces compromis sont globalement &agrave; notre avantage et, souvent, dans le monde interd&eacute;pendant actuel, ils repr&eacute;sentent la seule solution face &agrave; des probl&egrave;mes comme la criminalit&eacute; internationale, les pand&eacute;mies telles que le VIH/sida, le terrorisme, la menace des armes de destruction massive ou la d&eacute;gradation de l'environnement transfrontalier.</font></p> <p><font face="Arial">Il va sans dire, par cons&eacute;quent, qu'il est contraire aux int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques et &agrave; la s&eacute;curit&eacute; du Canada de r&eacute;sister &agrave; l'int&eacute;gration continentale uniquement pour nous distinguer des &Eacute;tats-Unis. Pire, nos diff&eacute;rends avec les &Eacute;tats-Unis risquent d'en para&icirc;tre plus grands qu'ils ne sont. En fait, nous partageons avec ce pays bon nombre d'int&eacute;r&ecirc;ts et de valeurs et nous ne devrions jamais perdre de vue que bien des Am&eacute;ricains sont du m&ecirc;me avis que les Canadiens sur des questions &agrave; propos desquelles nous d&eacute;sapprouvons certaines politiques du gouvernement am&eacute;ricain.</font></p> <p><font face="Arial">Nous ne devons cependant pas oublier qu'il arrive que nos int&eacute;r&ecirc;ts, nos perspectives et nos politiques divergent beaucoup de ceux des &Eacute;tats-Unis. &Agrave; ceux qui disent alors que le Canada «&nbsp;n'a pas d'autre choix&nbsp;» que de proc&eacute;der &agrave; une pleine int&eacute;gration sur le plan de l'&eacute;conomie et de la s&eacute;curit&eacute;, je r&eacute;pondrai que je ne suis pas du tout d'accord sur deux points. Premi&egrave;rement, notre marge de manœuvre est, en fait, nettement plus grande que certains veulent bien le croire et, deuxi&egrave;mement, affirmer que nous n'avons pas le choix revient &agrave; miner la l&eacute;gitimit&eacute; d&eacute;mocratique de d&eacute;cisions qui doivent, pour finir, &ecirc;tre responsables par rapport &agrave; tout l'&eacute;ventail de ce que les Canadiens attendent de leur politique &eacute;trang&egrave;re.</font></p> <p><font face="Arial">Cela signifie donc &agrave; mon avis que les propositions d'adh&eacute;sion du Canada &agrave; des accords &eacute;conomiques et de s&eacute;curit&eacute; nord-am&eacute;ricains doivent &ecirc;tre &eacute;valu&eacute;es en fonction de questions et d'enjeux pr&eacute;cis ainsi que de la nature du march&eacute; que nous pouvons conclure. Si nous pouvons b&eacute;n&eacute;ficier d'une plus grande int&eacute;gration politique et institutionnelle, nous devrions &eacute;videmment saisir cette chance. Il est manifestement primordial, dans un nouveau contexte de s&eacute;curit&eacute;, d'assurer la bonne circulation des biens et des personnes &agrave; la fronti&egrave;re canado-am&eacute;ricaine, et c'est avec cette priorit&eacute; &agrave; l'esprit que le gouvernement a voulu conclure notre accord frontalier en 30&nbsp;points. Par ailleurs, nous devons, autant que possible, continuer de chercher &agrave; r&eacute;duire les diff&eacute;rences de r&eacute;glementation et les frais de transaction pour les entreprises qui commercent avec nos partenaires continentaux.</font></p> <p><font face="Arial">Le nœud du d&eacute;bat sur l'int&eacute;gration r&eacute;side justement dans cet «&nbsp; autant que possible&nbsp;». Comme les &Eacute;tats-Unis sont &agrave; la fois la superpuissance voisine et notre principal partenaire commercial, il sera g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; notre avantage d'adh&eacute;rer &agrave; des partenariats continentaux. Toutefois, certains choix politiques doivent &ecirc;tre faits en tenant compte des vœux des Canadiens pour leur soci&eacute;t&eacute; et pour le monde au-del&agrave; de nos fronti&egrave;res, en &eacute;tablissant le contenu et la structure de ce partenariat.</font></p> <p><font face="Arial">Ottawa a choisi, &agrave; propos de l'approche que je d&eacute;cris, de parler de «&nbsp;souverainet&eacute; intelligente&nbsp;», ce qui signifie accepter l'int&eacute;gration afin de servir nos int&eacute;r&ecirc;ts politiques et &eacute;conomiques, tout en conservant notre capacit&eacute; de prendre position et de choisir lorsque des valeurs et des engagements nationaux sont en jeu. &Eacute;tant donn&eacute; tout ce que nous avons en commun avec nos partenaires am&eacute;ricains et mexicains, l'int&eacute;gration sera &agrave; notre avantage la plupart du temps, mais de r&eacute;elles divergences subsistent et nous devons avoir la latitude de choisir souverainement notre propre orientation.</font></p> <p><font face="Arial">C'est sur cette conviction que s'est appuy&eacute; le Canada dans sa d&eacute;cision de ne pas se joindre &agrave; la coalition am&eacute;ricaine qui est entr&eacute;e en guerre contre l'Iraq. La plupart des Canadiens approuvaient la d&eacute;cision du gouvernement et ce, malgr&eacute; le chœur des voix qui affirmaient que notre d&eacute;pendance &eacute;conomique &agrave; l'&eacute;gard des &Eacute;tats-Unis est maintenant telle que nous «&nbsp;n'avions d'autre choix&nbsp;» que de nous aligner sur Washington, en d&eacute;pit de s&eacute;rieuses cons&eacute;quences &eacute;conomiques. &Agrave; l'&eacute;poque de ces d&eacute;bats publics, j'ai souvent r&eacute;p&eacute;t&eacute; qu'&agrave; mon sens, l'hypoth&egrave;se d'un lien de cause &agrave; effet qui &eacute;tayait cet argument &eacute;tait fausse, car l'interd&eacute;pendance &eacute;conomique entre nos deux pays est telle qu'une seule divergence politique ne peut suffire &agrave; tout remettre en question -- et &agrave; l'inverse, en acceptant de participer &agrave; la guerre, le gouvernement n'aurait pas r&eacute;solu les litiges de longue date sur le bois d'œuvre ou le bl&eacute;, ou encore fait dispara&icirc;tre le probl&egrave;me de l'industrie canadienne du bœuf. Bien des exemples dans le pass&eacute;, comme la guerre du Vietnam, montrent que des diff&eacute;rends politiques pr&eacute;cis, aussi majeurs soient-ils, ne sauraient nuire &agrave; nos relations &eacute;conomiques et de s&eacute;curit&eacute; importantes avec les &Eacute;tats-Unis, s'ils sont soigneusement g&eacute;r&eacute;s.</font></p> <p><font face="Arial">En dehors de ces questions de causalit&eacute;, cependant, un principe plus g&eacute;n&eacute;ral est en jeu lorsque l'on affirme que «&nbsp;nous n'avons pas le choix&nbsp;». Comme vous l'avez certainement remarqu&eacute; ces derniers jours ici, et comme je l'ai appris depuis que je suis en politique, les Canadiens souhaitent poursuivre tout un &eacute;ventail d'int&eacute;r&ecirc;ts nationaux, et pas seulement la prosp&eacute;rit&eacute; et une approche particuli&egrave;re concernant la s&eacute;curit&eacute;, mais aussi des valeurs sociales et culturelles distinctes. En ma qualit&eacute; d'&eacute;lu et de membre du Cabinet, j'ai pour mandat de m'assurer que les initiatives prises au nom de l'int&eacute;gration continentale r&eacute;pondent &agrave; toutes les pr&eacute;occupations des Canadiens. Pour l'instant, je pense que c'est le cas. En effet, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la prosp&eacute;rit&eacute; apport&eacute;e par l'ALENA, nous avons vu le Canada se distinguer non seulement par sa position au sujet de l'Iraq, mais aussi &agrave; propos de l'Accord de Kyoto, de la Cour p&eacute;nale internationale, de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines terrestres, de la protection de son r&eacute;gime d'assurance-maladie ainsi que dans d'autres domaines o&ugrave; la vision que les Canadiens ont de la politique sociale diverge de celle qui pr&eacute;vaut aux &Eacute;tats-Unis -- des domaines tels les allocations familiales, le cong&eacute; de maternit&eacute;, le contr&ocirc;le des armes &agrave; feu et le financement des campagnes &eacute;lectorales. En fait, nous poursuivons notre chemin, &agrave; la mani&egrave;re canadienne.</font></p> <p><font face="Arial">L'appui des Canadiens &agrave; des mesures de ce type doit alors nous &eacute;clairer dans notre &eacute;tude des options en ce qui concerne une plus grande int&eacute;gration avec les &Eacute;tats-Unis et le Mexique. Les valeurs et les attitudes toutes canadiennes qui nous distinguent de nos voisins continentaux persistent, et m&ecirc;me aujourd'hui s'accentuent, en d&eacute;pit de l'int&eacute;gration &eacute;conomique et culturelle entra&icirc;n&eacute;e depuis 10 ans par l'ALENA. Et, d'apr&egrave;s le nouvel ouvrage remarquable de Michael Adams intitul&eacute; <em>Fire and Ice</em>, nos concitoyens ne sont pas pr&egrave;s de se transformer en Am&eacute;ricains ou en Mexicains, loin s'en faut. Ses conclusions montrent certainement pourquoi ils restent favorables aux services et aux normes publics, au multiculturalisme, &agrave; des d&eacute;finitions &eacute;largies de la famille et &agrave; la promotion de nos int&eacute;r&ecirc;ts au Canada et &agrave; l'&eacute;tranger par la coop&eacute;ration plut&ocirc;t que par la confrontation. Michael Adams conclut son livre en pr&eacute;disant que les Canadiens continueront de s'&eacute;loigner des Am&eacute;ricains sur le plan des valeurs sociales, position qui contredit ceux pour qui l'int&eacute;gration nous fait ressembler davantage aux Am&eacute;ricains et limite notre marge de manœuvre. Si tel est le cas, les politiques devront &ecirc;tre tr&egrave;s attentifs &agrave; cette r&eacute;alit&eacute; dans l'&eacute;laboration des politiques destin&eacute;es &agrave; renforcer la prosp&eacute;rit&eacute; et la s&eacute;curit&eacute; de notre pays par une plus grande int&eacute;gration continentale. Pour que ces politiques gardent leur l&eacute;gitimit&eacute; d&eacute;mocratique, nous devrons d&eacute;montrer non seulement qu'elles peuvent apporter les avantages qu'elles promettent, mais qu'en plus, ces avantages ne porteront pas atteinte aux valeurs et aux engagements chers aux Canadiens.</font></p> <p><font face="Arial">Or, les valeurs ch&egrave;res aux Canadiens sont un ensemble complexe d'objectifs qui ne se r&eacute;sument pas tout simplement &agrave; un revenu sup&eacute;rieur par habitant ou &agrave; des mesures de s&eacute;curit&eacute; renforc&eacute;es aux fronti&egrave;res. Ce qui ne nous emp&ecirc;che pas de tenir &agrave; beaucoup d'autres biens, pour nous-m&ecirc;mes et pour d'autres par-del&agrave; nos fronti&egrave;res. J'en ai pris conscience gr&acirc;ce au Dialogue sur la politique &eacute;trang&egrave;re que j'ai men&eacute; r&eacute;cemment et dans le cadre duquel des milliers de citoyens ont donn&eacute; leur avis sur les orientations &agrave; long terme de notre politique &eacute;trang&egrave;re. Entre autres choses, les Canadiens veulent nous voir nous engager davantage &agrave; l'&eacute;tranger, continuer de soutenir les organisations internationales et la r&eacute;forme de l'ONU tout en entretenant des relations florissantes avec les &Eacute;tats-Unis. Ils veulent nous voir partager avec des pays &eacute;trangers la tol&eacute;rance, la diversit&eacute; et l'&eacute;galit&eacute; que nous ch&eacute;rissons chez nous. Ils veulent &eacute;galement que le Canada d&eacute;fende une d&eacute;finition g&eacute;n&eacute;rale de la s&eacute;curit&eacute; mondiale qui ne tienne pas seulement compte des menaces directes mais qui cherche &eacute;galement &agrave; pr&eacute;venir les conflits, &agrave; prot&eacute;ger l'environnement et &agrave; faire en sorte que les retomb&eacute;es de la mondialisation profitent plus &eacute;quitablement aux habitants de la plan&egrave;te.</font></p> <p><font face="Arial">Pour bon nombre des raisons que je viens d'&eacute;voquer, l'essentiel du travail n&eacute;cessaire &agrave; une bonne int&eacute;gration continentale devra donc avancer point par point. Cependant, cela ne signifie pas qu'il n'existe pas de voie clairement trac&eacute;e pour les ann&eacute;es &agrave; venir. J'aimerais mentionner quelques-unes des orientations apparemment tr&egrave;s importantes.</font></p> <p><font face="Arial">Ce qui m'oblige &agrave; faire une mise en garde importante. Nous avons entam&eacute; un processus d'Examen de la politique &eacute;trang&egrave;re dont le Dialogue avec les Canadiens ne repr&eacute;sentait que le d&eacute;but. Ces questions font l'objet d'une r&eacute;flexion approfondie au gouvernement et dans la soci&eacute;t&eacute; canadienne en g&eacute;n&eacute;ral. Et pour d&eacute;cider de la route &agrave; suivre, des consultations avec les Canadiens, comme dans le cadre du Dialogue, sont essentielles si nous voulons que les choix strat&eacute;giques futurs aient une l&eacute;gitimit&eacute; d&eacute;mocratique. Le Dialogue n'en constitue cependant qu'un volet. Le Conference Board et d'autres groupes repr&eacute;sentatifs des milieux d'affaires ont accompli un excellent travail qui r&eacute;v&egrave;le &eacute;galement des diff&eacute;rences importantes quant &agrave; savoir si notre approche de l'int&eacute;gration devrait opter pour une nouvelle grande politique ou pour des mesures plus modestes et progressives. Le Comit&eacute; permanent des affaires &eacute;trang&egrave;res et du commerce international a pr&eacute;par&eacute; un rapport tr&egrave;s constructif et exhaustif qui, avec la r&eacute;ponse du gouvernement, couvre quantit&eacute; de questions. (Ce rapport a &eacute;t&eacute; publi&eacute; en fran&ccedil;ais et en anglais ainsi qu'en espagnol, ce qui est une premi&egrave;re pour le Parlement et un signe tangible de nos relations de plus en plus &eacute;troites avec le Mexique.) Cette conf&eacute;rence, j'en suis certain, fournira bien des id&eacute;es qui nous aideront &agrave; continuer d'approfondir notre r&eacute;flexion. Enfin, il serait na&iuml;f de ne pas reconna&icirc;tre qu'il y aura bient&ocirc;t un nouveau gouvernement qui voudra imprimer sa marque sur cet aspect essentiel de la politique &eacute;trang&egrave;re.</font></p> <p><font face="Arial">Cela dit, comme je l'ai expliqu&eacute;, il se dessine manifestement des orientations. Tout d'abord et &eacute;videmment, nous devons veiller &agrave; approfondir les relations avec le Mexique et les &Eacute;tats-Unis et &agrave; les &eacute;largir de la sph&egrave;re politique au grand public. Ce qui veut dire informer davantage par le biais, notamment, d'une expansion commerciale et d'une diplomatie publique visant toutes les r&eacute;gions et tous les secteurs de la soci&eacute;t&eacute;. C'est ce que fait actuellement le gouvernement aux &Eacute;tats-Unis dans le cadre de l'Initiative de repr&eacute;sentation accrue, qui r&eacute;unit de nombreux minist&egrave;res f&eacute;d&eacute;raux afin d'accro&icirc;tre la repr&eacute;sentation canadienne dans de nouvelles villes am&eacute;ricaines, en particulier dans le Sud, au Texas, en Floride et en Californie. Avec une repr&eacute;sentation diplomatique renforc&eacute;e et 20&nbsp;nouveaux consuls honoraires qui d&eacute;fendent les int&eacute;r&ecirc;ts canadiens dans tout le pays, particuli&egrave;rement dans les r&eacute;gions o&ugrave; nous &eacute;tions sous-repr&eacute;sent&eacute;s auparavant mais qui sont devenues de nouveaux centres d'influence politique dans le syst&egrave;me am&eacute;ricain, nous cr&eacute;ons un climat plus favorable aux int&eacute;r&ecirc;ts canadiens.</font></p> <p><font face="Arial">Nous devons &eacute;galement faire conna&icirc;tre clairement et respectueusement &agrave; nos partenaires nos divergences d'opinions lorsqu'elles surviennent. Pendant la guerre en Iraq et ensuite, j'estimais essentiel de faire savoir aux &Eacute;tats-Unis que le Canada agissait en ami et en alli&eacute;, tant en contribuant consid&eacute;rablement &agrave; la lutte contre le terrorisme qu'en d&eacute;cidant que faire la guerre &agrave; l'Iraq sans sanction onusienne n'&eacute;tait ni dans l'int&eacute;r&ecirc;t de la communaut&eacute; internationale ni dans celui des &Eacute;tats-Unis &agrave; long terme. Je suis fermement convaincu que nous sommes un meilleur alli&eacute;, et un meilleur ami, lorsque nous restons attach&eacute;s &agrave; nos convictions et que nous les exposons &agrave; nos amis am&eacute;ricains, au lieu de partir du principe qu'il n'y a pas place pour des divergences de vues dans certains domaines.</font></p> <p><font face="Arial">Notre message n'a sans doute pas convaincu tous les Am&eacute;ricains, mais beaucoup l'ont repris. Dans un article sur le Canada paru r&eacute;cemment dans le magazine <em>New Yorker</em>, on lisait les remarques suivantes&nbsp;: «&nbsp;En envoyant ses soldats servir aux c&ocirc;t&eacute;s des n&ocirc;tres en Afghanistan, le Canada nous a &eacute;paul&eacute; quand nous en avions besoin, en v&eacute;ritable ami. En refusant de participer &agrave; notre aventure iraquienne, il nous a fait comprendre qu'il pensait sinc&egrave;rement que nous commettions une erreur, et l&agrave; encore, il s'est comport&eacute; en ami v&eacute;ritable.&nbsp;» Colin Powell l'a reconnu en rejetant l'id&eacute;e que nos divergences d'opinions sur la guerre repr&eacute;sentaient une rupture fondamentale entre nous. En fait, il a parl&eacute; de relations inextricables et profondes entre nos deux pays, de relations qui, selon lui, survivraient au d&eacute;saccord qui nous opposait sur la meilleure solution &agrave; adopter face &agrave; l'Iraq. Et si nous consid&eacute;rons le monde de la s&eacute;curit&eacute; aujourd'hui, la sagesse de son propos est &eacute;vidente. Songez &agrave; notre engagement, pas seulement en soldats et en mat&eacute;riel, mais aussi en aide substantielle, pour stabiliser l'Afghanistan, &agrave; notre r&ocirc;le dans le golfe Persique, et &agrave; notre pr&eacute;sence croissante en Iraq et &agrave; notre contribution &agrave; la reconstruction de ce pays. Moins loin que cela, voyez nos entretiens sur les meilleures solutions &agrave; retenir pour partager la d&eacute;fense de notre continent, qu'il s'agisse de d&eacute;fense anti-missiles balistiques ou d'autres mesures novatrices qui comprennent une planification conjointe des urgences par les autorit&eacute;s civiles et militaires. Plus les citoyens am&eacute;ricains et leurs d&eacute;cideurs entendront ce message et plus il sera clair pour tous qu'une politique &eacute;trang&egrave;re &agrave; proprement parler canadienne doit et devrait coexister avec notre alliance profonde avec les &Eacute;tats-Unis, une politique capable d'enrichir ces relations fondamentales pour les deux pays.</font></p> <p><font face="Arial">Il importe aussi de se rappeler que le Canada continuera de d&eacute;finir sa politique &eacute;trang&egrave;re en fonction non seulement des valeurs qu'il partage avec les &Eacute;tats-Unis, mais aussi de ses diff&eacute;rences par rapport &agrave; ce pays sur le plan de la taille, de l'histoire et de sa population. Comme l'a montr&eacute; le Dialogue sur la politique &eacute;trang&egrave;re, les Canadiens savent que nous poss&eacute;dons les connaissances particuli&egrave;res n&eacute;cessaires pour que le pluralisme fonctionne dans un &Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral. Nous avons une grande exp&eacute;rience du maintien de la paix et de la mise en place de r&eacute;gimes multilat&eacute;raux fond&eacute;s sur la primaut&eacute; du droit. En outre, la diversit&eacute; sans pareille de notre population nous donne acc&egrave;s &agrave; des pays du monde entier et nous y conf&egrave;re des responsabilit&eacute;s. Les Canadiens veulent que nous conservions ces liens et ils n'accepteront pas de les voir menac&eacute;s par les imp&eacute;ratifs de l'int&eacute;gration.</font></p> <p><font face="Arial">Il est &agrave; noter qu'aujourd'hui, lorsque nous parlons d'int&eacute;gration continentale, nous parlons du Mexique autant que des &Eacute;tats-Unis, ce qui repr&eacute;sente des d&eacute;fis particuliers comme des possibilit&eacute;s. Le Mexique est nettement moins d&eacute;velopp&eacute; que le Canada et les &Eacute;tats-Unis, facteur reconnu dans les accords additionnels de l'ALENA sur le travail et l'environnement, qui n'existaient pas dans l'ALE [Accord de libre-&eacute;change entre le Canada et les &Eacute;tats-Unis]. Il convient sans doute, alors, de consid&eacute;rer diff&eacute;rents degr&eacute;s d'int&eacute;gration, notamment dans des domaines sensibles, comme celui de la libert&eacute; de circulation des personnes. Telle est l'option retenue en Europe, tout particuli&egrave;rement en ce qui concerne la politique mon&eacute;taire (la zone euro), mais elle n'est pas sans probl&egrave;mes. Bien des gens tr&egrave;s pr&eacute;sents au Mexique font &eacute;galement remarquer que par le biais de ce pays, nous sommes de plus en plus attir&eacute;s dans les Am&eacute;riques, dont il fait davantage partie int&eacute;grante sur le plan historique, culturel et commercial. Cela renforce le d&eacute;veloppement du Canada en tant que pays de cet h&eacute;misph&egrave;re, ce qui transpara&icirc;t dans sa d&eacute;termination &agrave; voir se mettre en place la ZLEA [Zone de libre-&eacute;change des Am&eacute;riques] et &agrave; &ecirc;tre plus pr&eacute;sent dans des institutions telles que l'OEA [Organisation des &Eacute;tats am&eacute;ricains].</font></p> <p><font face="Arial">Sur le continent m&ecirc;me, nous devons assur&eacute;ment nous efforcer de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; de nouvelles institutions en faisant preuve de cr&eacute;ativit&eacute; afin de servir les int&eacute;r&ecirc;ts communs de nos trois pays. Le pr&eacute;sident Fox du Mexique a &eacute;t&eacute; &eacute;lu en partie en raison d'une nouvelle vision de l'Am&eacute;rique du Nord s'inspirant quelque peu du mod&egrave;le europ&eacute;en, pr&eacute;voyant un fonds de d&eacute;veloppement r&eacute;gional et de nouvelles ententes institutionnelles. Il ne s'agit peut-&ecirc;tre pas tout &agrave; fait de la voie que nous voulons suivre et, s'il est &eacute;vident qu'elle ne tient pas compte du degr&eacute; de r&eacute;sistance aux institutions supranationales de Washington, l'ambition dont elle fait preuve est int&eacute;ressante et nous rappelle qu'avec les avantages de l'int&eacute;gration viendront de nouvelles institutions pour prot&eacute;ger les int&eacute;r&ecirc;ts canadiens. L'ALENA a mis en place quelques proc&eacute;dures novatrices, notamment en ce qui a trait au r&egrave;glement des diff&eacute;rends. Elles pourraient d'ailleurs, &agrave; mon sens, &ecirc;tre am&eacute;lior&eacute;es. Et pour que leur projet aboutisse, les partisans d'une union douani&egrave;re ou mon&eacute;taire ou d'autres formes d'int&eacute;gration plus pouss&eacute;es doivent &ecirc;tre pr&ecirc;ts &agrave; proposer un cadre institutionnel qui convienne &agrave; la gestion de questions aussi complexes que l'&eacute;tablissement d'un tarif commun et l'&eacute;limination de mesures telles que les droits compensatoires et antidumping. Et, bien s&ucirc;r, de telles modifications institutionnelles doivent convenir aux autres parties.</font></p> <p><font face="Arial">Donc, en conclusion, nous devons rester attentifs aux avantages et aux limites &eacute;ventuelles de l'int&eacute;gration continentale. Et ce faisant, nous devons nous garder d'&eacute;pouser des d&eacute;finitions simplistes de la souverainet&eacute; et des id&eacute;es tout aussi simplistes sur ce qui compte le plus pour les Canadiens. Tout cela signifie que ces questions resteront toujours plus ou moins compliqu&eacute;es. Je suis certain, toutefois, avec cet auditoire, que la complexit&eacute; intellectuelle constitue plus un atout qu'un inconv&eacute;nient. Je suis heureux de poursuivre le d&eacute;bat sur un sujet qui pr&eacute;occupe les Canadiens depuis que les P&egrave;res de la Conf&eacute;d&eacute;ration ont cherch&eacute; &agrave; cr&eacute;er une entit&eacute; loyaliste britannique et bilingue d'un bout &agrave; l'autre du continent, ses diff&eacute;rences avec notre voisin am&eacute;ricain &eacute;tant l'un des moteurs de sa naissance.</font></p> <p><font face="Arial">Nos d&eacute;bats canadiens se poursuivant, cette conf&eacute;rence est d'autant plus enrichie par la pr&eacute;sence de coll&egrave;gues am&eacute;ricains et mexicains. Je f&eacute;licite les organisateurs de la conf&eacute;rence de cette ann&eacute;e d'avoir r&eacute;uni un groupe aussi divers et distingu&eacute;, et je vous remercie de m'avoir donn&eacute; l'occasion de vous faire part de mes r&eacute;flexions aujourd'hui.</font></p> <p><font face="Arial">Je vous remercie.</font></p> </body> </html>

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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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