M. GRAHAM - ALLOCUTION DEVANT L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES - NEW YORK (NEW YORK)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE BILL GRAHAM,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DEVANT L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
NEW YORK (New York)
Le 23 septembre 2003
Lorsque nous nous sommes réunis ici il y a deux ans pour adopter la Déclaration d'engagement sur le VIH/sida, nous
savions déjà que la crise à laquelle nous faisions face était urgente et catastrophique. Aujourd'hui, les ravages causés par
cette pandémie compromettent la presque totalité de ce que les Nations Unies et les pays membres tentent d'accomplir et
menacent d'arrêter les progrès dans des domaines comme le développement, le commerce et l'agriculture. Nos efforts
collectifs ne seront couronnés de succès que si nous nous attaquons à cette pandémie et aux ravages qu'elle cause dans les
sociétés de par le monde.
Il est vrai que certains progrès ont été enregistrés au cours des deux dernières années. Les Nations Unies ont plus largement
intégré la réalité du VIH/sida dans leurs opérations, inspirées en cela par l'excellent travail du secrétaire général, Kofi
Annan, et du directeur exécutif de l'ONUSIDA [Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA], Peter Piot. De
plus, les efforts nationaux s'intensifient et donnent des résultats encourageants dans des pays comme le Mozambique, la
Thaïlande et le Sénégal. Dans d'autres pays, dont l'Éthiopie et l'Ouganda, la pandémie montre des signes d'essoufflement.
Cette tendance ne se maintiendra que si nous entravons le cycle de la transmission. Cela exige de nous attaquer
sérieusement à l'impact disproportionné du VIH/sida sur les femmes et les jeunes filles, par des mesures comme l'accès à
des soins et services de santé de qualité en matière de sexualité et de reproduction. Et nous devons également lutter contre
la violence que subissent les femmes lorsqu'elles tentent de prendre des mesures préventives.
De nouvelles approches sont recherchées par des regroupements d'États partageant la même optique, notamment par le
Réseau de la sécurité humaine. Un tel effort de réflexion devrait renforcer notre détermination collective à lutter pour
protéger chaque vie humaine contre le danger.
Enfin, d'autres progrès réalisés font en sorte que, désormais, soins et traitements, ainsi que la prévention, sont offerts à la
fois dans les pays développés et les pays en développement. L'accord de l'Organisation mondiale du commerce sur les
ADPIC [aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce] et la santé publique constitue une avancée
significative en ce sens. Malgré ce progrès, cependant, le Secrétaire Général nous a rappelé ce matin qu'il nous reste un
long chemin à parcourir si nous voulons réaliser les engagements déjà pris.
Au Canada, nous nous sommes employés à mettre en œuvre la Déclaration d'engagement, et nous avons entrepris de
renouveler la Stratégie canadienne sur le VIH/sida à la lumière de ce que nous avons appris suite à de nombreuses années
de lutte sur des questions difficiles et de discussions avec nos citoyens.
L'approche du Canada à l'égard du VIH/sida est axée sur les droits et reflète les principes de la Déclaration d'engagement.
Nous accordons la plus haute priorité à la protection des droits de la personne et à la pleine jouissance de ces droits par
toutes les personnes touchées par le VIH/sida. Nous protégeons les droits des personnes les plus vulnérables, soit les
utilisateurs de drogues injectables, les travailleurs de l'industrie du sexe, les autochtones, les femmes, les enfants, les
réfugiés et notre communauté gaie et lesbienne.
Notre stratégie sur le VIH/sida plonge ses racines dans la Charte canadienne des droits et libertés, et elle repose sur un cadre
institutionnel solide qui vient doubler les protections juridiques en procurant des voies de recours quand il y a violation des
droits.
Les efforts du Canada tendent à prévenir la propagation du VIH par l'information et l'éducation. Nous savons que la
prévention donne de meilleurs résultats là où les soins, le traitement et le soutien sont complets. Nous savons aussi qu'il est
primordial de combattre les stigmates et la discrimination pour faire passer le message de la prévention et faciliter l'accès
aux soins. Nous avons appris que les attitudes de la société face à la sexualité et à l'usage des drogues ne doivent pas
empêcher le partage de l'information susceptible de sauver des vies.
Dans ce contexte, je suis fier de dire que j'ai participé hier à Toronto à la marche annuelle pour le sida, organisée par
l'AIDS Committee local pour sensibiliser l'opinion au VIH/sida et pour collecter des fonds pour sa prévention et sa
guérison. Au fil des ans, nous avons recueilli plus de 7,5 millions de dollars grâce aux efforts de citoyens de toutes les
couches de la société, de toutes les communautés multiculturelles de nos villes cosmopolites et avec la participation active
et l'encouragement des élus de tous les partis politiques de notre système, aux niveaux local, provincial et fédéral. Et je suis
fier également de souligner que des manifestations semblables se sont déroulées dans 130 autres localités, partout au
Canada, dans une réaction collective à la pandémie qui nous touche tous.
Par ailleurs, notre stratégie sur le VIH/sida s'est trouvée renforcée par le fait qu'elle va chercher, au-delà du gouvernement,
la participation de tous les secteurs de la société. En travaillant de près avec les personnes qui ont contracté le VIH ou le
sida, les groupes sociaux vulnérables, les organisations non gouvernementales et les entreprises concernées, nous avons
joint des milieux que le gouvernement ne peut atteindre seul.
Enfin, le Canada s'efforce de plus en plus d'étendre sa stratégie sur le VIH/sida à l'ensemble de sa politique étrangère et de
développement. Mieux nous comprendrons l'incidence de ce problème dans tout ce que nous tentons d'accomplir au-delà
de nos frontières, mieux nous pourrons l'aborder dans toutes nos relations bilatérales et multilatérales.
Face à cette pandémie, nous devons assurer un accès universel à la prévention, au traitement et au soutien dans tous les
pays. Plus que jamais, il est urgent que les pays œuvrent de concert avec leurs citoyens sur le plan intérieur et entre eux à
l'étranger. Je puis vous assurer que le Canada est pleinement engagé dans ce sens.
Je vous remercie.