M. GRAHAM - ALLOCUTION À L'OCCASION DU PREMIER LANCEMENT AU CANADAD'UN APPEL À L'AIDE HUMANITAIRE DE L'ONU - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE BILL GRAHAM,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L'OCCASION DU PREMIER LANCEMENT AU CANADA
D'UN APPEL À L'AIDE HUMANITAIRE DE L'ONU
OTTAWA (Ontario)
Le 19 novembre 2003
Je suis extrêmement heureux de coprésider au premier lancement au Canada d'un appel global des Nations Unies. C'est un
honneur pour nous. Étant donné l'attachement du Canada à l'Afrique, il est particulièrement approprié que nous lancions
cet appel global sous le signe de l'Afrique de l'Ouest. Région souvent ignorée des médias, l'Afrique de l'Ouest est secouée
depuis longtemps par des actes de violence et des déplacements de populations d'une ampleur que nous avons peine à
imaginer au Canada. Cette incertitude occulte l'énorme potentiel de paix et de prospérité qui s'offrirait aux Africains pour
peu que nous réussissions à nous attaquer aux causes de l'instabilité.
J'ai rencontré avant-hier, dans mon bureau, un électeur qui dirige à Toronto un organisme d'aide aux réfugiés africains. Il
m'a fourni un témoignage consternant de l'énorme défi que nous avons à relever aujourd'hui. Nous, Canadiens, ne devons
pas nous laisser gagner par l'indifférence devant la réalité des besoins humanitaires. Quelque énorme et lointain que
paraisse le défi, la communauté mondiale peut changer les choses, et elle le fait. Le temps est venu de réaffirmer notre
volonté de multiplier les fruits de nos efforts.
Dans un monde interdépendant, notre sécurité est étroitement liée à celle des gens qui vivent au-delà de nos frontières. Les
questions que nous abordons ici aujourd'hui, qu'il s'agisse des conflits, de l'environnement ou du VIH/sida, ne concernent
pas seulement l'Afrique. Dans notre quête de solutions, il ne faut pas traiter seulement les symptômes des crises lorsqu'ils
apparaissent, mais aussi les causes profondes des conflits, des déplacements de populations et des destructions.
Le Canada fait preuve de cette volonté dans les efforts qu'il déploie pour promouvoir les principes humanitaires et faire
respecter dans le monde entier les droits de la personne et les lois concernant les réfugiés, pour faire traduire en justice les
auteurs de crimes haineux, et pour aider à créer des sociétés stables grâce à l'engagement politique et aux opérations de
soutien de la paix et de reconstruction.
Nous privilégions les actions susceptibles d'améliorer concrètement le sort des populations vulnérables. En coopération
avec l'ONU [Organisation des Nations Unies], le Mouvement de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales
[ONG], nous avons fait campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel et la lutte contre le trafic des armes légères,
pour l'amélioration de la sécurité dans les camps de réfugiés, pour la protection des personnes déplacées, et pour
l'atténuation de l'impact humanitaire des sanctions. Mais il est évident que nos actions passées n'ont pas suffi. Des millions
de gens attendent encore le jour où ils se sentiront en sécurité, libérés de la lutte quotidienne pour leur survie, et capables de
consacrer leur vie à leur épanouissement social, économique et culturel.
L'action humanitaire n'a jamais été plus complexe et, peut-être, moins bien comprise. Nous entrons dans une nouvelle ère,
où les vieilles règles et les vieux postulats n'ont plus cours. C'est ce qu'a brutalement souligné récemment l'attentat à la
bombe perpétré contre le siège de la Croix-Rouge à Bagdad. La Croix-Rouge, symbole de neutralité bien connu, est
maintenant prise pour cible. Les travailleurs humanitaires, qui s'emploient en notre nom à protéger et à aider les civils
directement touchés par la guerre, sont délibérément maltraités. Trois Canadiens -- Chris Klein-Beekman, Vatche
Arslanian et Gillian Clark -- comptent parmi ceux et celles qui ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions au cours des
12 derniers mois. Le gouvernement du Canada exprime sa profonde gratitude à leurs familles.
Ces attentats abjects ne pourront jamais être légitimés. Ils visent à briser la volonté de la communauté internationale, mais
ils n'entameront pas notre détermination de protéger et d'aider les populations nécessiteuses. Par contre, ils nous obligent à
imaginer de nouvelles façons d'aider les gens face à de tels dangers. Je compte examiner cette question cruciale avec la
communauté internationale le mois prochain à la Conférence internationale de la Croix-Rouge.
La protection de l'accès humanitaire est toujours un grand problème pour la communauté internationale. Trop d'États et
d'acteurs non étatiques continuent de résister aux efforts internationaux d'aide aux populations éprouvées. La communauté
internationale doit donc intensifier ses efforts pour obtenir un accès sans restriction aux personnes qui ont besoin de cette
aide. Rien ne peut justifier le refus de l'aide à ceux et celles qui en ont le plus besoin.
Malgré ces défis, il faut aussi reconnaître que de remarquables améliorations ont été apportées ces dernières années à la
protection juridique et physique des victimes de crises. Par exemple, de plus en plus fréquemment, les États font de la
protection des civils un de leurs principaux soucis dans le règlement des nombreux problèmes occasionnés par les crises. Le
Conseil de sécurité de l'ONU intègre des mesures de protection de la population civile dans ses nouveaux régimes de
sanctions et ses nouveaux mandats de maintien de la paix. Le Plan d'action du G8 pour l'Afrique comporte des activités
spécifiques en faveur des enfants touchés par les conflits armés et au chapitre des femmes, de la paix et de la sécurité. Bien
qu'il reste beaucoup de travail à accomplir, l'amélioration du cadre juridique de la protection des civils est une étape
importante à franchir pour assurer la protection des populations vulnérables dans le monde entier.
Sur un autre front, les institutions de l'ONU et les ONG partenaires s'attaquent aux problèmes difficiles en mettant au point
de meilleurs moyens d'assurer la protection et l'aide matérielle, y compris de nouvelles mesures visant à prévenir la
violence et l'exploitation sexuelles et de nouvelles lignes directrices sur la prise en compte du VIH/sida en situation
d'urgence.
Des progrès impressionnants ont aussi été accomplis dans d'autres domaines. Depuis l'ouverture à la signature de la
Convention d'Ottawa en 1997, 141 États -- plus de 70 p. 100 des pays du monde -- se sont engagés formellement à
renoncer à l'emploi, à la production, au transfert et au stockage des mines antipersonnel. Soixante-trois États parties ont
détruit 30 millions de mines. Le rapport de la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États,
La responsabilité de protéger, a fait avancer les discussions sur les moyens de prévenir les génocides. Le Canada est fier de
contribuer, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, au soutien politique et
stratégique de ces mouvements et aux programmes connexes.
Nous savons tous que l'action humanitaire n'est pas une problématique Nord-Sud, mais une manifestation de notre
sensibilité commune envers notre condition humaine. Le lancement des appels globaux nous donne la chance de réfléchir
aux questions de ce genre, qui ne retiennent que rarement l'attention internationale. Aujourd'hui, nous pouvons mettre en
évidence les luttes et les revendications des gens les plus directement concernés par les conflits et les catastrophes
naturelles du monde.
L'Afrique de l'Ouest, point de mire de notre campagne, présente un potentiel énorme. Le Mali, qui occupe actuellement la
présidence du Réseau de la sécurité humaine, est un modèle de progrès important à cet égard. Il s'efforce depuis longtemps
de réduire le commerce illicite des armes légères et d'accroître la protection des enfants touchés par la guerre. J'ai le plaisir
de signaler que le Canada contribue aux efforts déployés par le Mali dans la région.
En plus de l'aide humanitaire, nous nous concentrons sur la protection des droits de la personne (y compris les droits de
l'enfant) et sur le renforcement des capacités des institutions policières et militaires, et nous sommes partisans de la
Commission de la vérité et de la réconciliation ainsi que du Tribunal spécial pour la Sierra Leone. De plus, dans le cadre de
notre contribution au Plan d'action du G8 pour l'Afrique, nous avons réservé 15 millions de dollars à l'Initiative
Canada/Afrique de l'Ouest pour la paix et la sécurité. Cette initiative met l'accent sur le renforcement des capacités en
matière de consolidation de la paix, la réduction du commerce des armes légères et les services de police communautaire.
Elle permet en outre de soutenir la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest afin qu'elle soit davantage en
mesure de prévenir et de gérer les conflits civils, qui se transforment souvent en crises humanitaires.
Permettez-moi, pour conclure, de vous rappeler la Déclaration du Millénaire de l'ONU, dans laquelle les dirigeants du
monde ont affirmé leur volonté de veiller à ce que les populations civiles victimes de catastrophes naturelles, de conflits
armés et d'autres urgences humanitaires obtiennent toutes les ressources nécessaires pour retrouver une vie normale le plus
tôt possible. Le Canada comprend que l'action humanitaire n'est pas seulement une responsabilité, mais également un
investissement dans notre avenir et dans l'avenir du monde. Je vous assure que nous, Canadiens, allons poursuivre notre
engagement d'aider ceux et celles qui en ont besoin.
Je vous remercie.