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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Samantha Power
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Samantha Power discute des défis politiques à la promotion de la démocratie et les besoins pratiques d'une véritable démocratisation.

 

Dre Samatha Power est titulaire de la chaire en Leadership mondial et politique publique Anna-Lindh à la Harvard John F. Kennedy School of Government. 

 

Filmé le 9 Novembre, 2006

 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 Une approche canadienne pour promouvoir la démocratie

 

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:

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Développement et démocratie - Durée: 4:20

 

 

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Transcription:

 

De nos jours, une partie du défi lié à la promotion de la démocratie tient au fait que le président Bush a été incroyablement catégorique lorsqu’il a dit qu’il s’agissait d’une pierre angulaire de ses objectifs en matière de politique étrangère – ce qui est bien sur papier. Toutefois, parce qu’aux yeux de bien des gens, en particulier dans le monde islamique, la promotion de la démocratie est assimilée à un changement de régime, parce que nous avons parlé de promotion de la démocratie en Iraq et que cela s’est fait par la force, mais également parce que la promotion de la démocratie est assimilée à des élections – à cause des élections que les États-Unis ont réclamées en Palestine, en Égypte et ailleurs – quelqu’un doit prendre position maintenant, et c’est peut-être le Canada, et réclamer un concept plus « étoffé » de la démocratie, assurément dissocié du recours à la force militaire et de l’idée d’imposer la démocratie à la pointe du fusil, mais également dissocié de cette vision électoraliste étroite.

 

Au bout du compte, je crois que les Canadiens – ceux qui sont au gouvernement à tout le moins – ont depuis longtemps une vision plus globale de ce dont nous faisons la promotion à l’étranger quand nous consacrons des fonds à des élections, au développement et ainsi de suite, et c’est cette idée éminemment canadienne de la sécurité humaine. Il me semble que la démocratie ou si nous définissons la démocratie comme l’autodétermination pour un instant, les élections, ne sont qu’un volet de la sécurité humaine. Et si vous aussi avez été enclins à le faire dans le passé, comme certains pays occidentaux, dont les États-Unis, vous faites un peu comme si la démocratie se résumait à des élections… Vous savez, regardez le Congo : on consacre des sommes énormes aux élections, mais il est très peu probable que les Congolais voient même une fraction de ces fonds quand cela importera vraiment, quand les intervenants auront été désignés au moyen d’une élection, quand les attentes de la population seront à leur plus haut parce qu’il y a eu un certain renouvellement des gens au pouvoir. Et au moment précis où vous devriez renforcer les institutions et rendre les administrateurs responsables ou renforcer les mécanismes de responsabilisation locaux, nous disons « Sayonara! ». Vous savez, « nous étions là pour les élections, que voulez-vous de plus? Vous avez la démocratie ».

 

L’idée du programme de sécurité humaine, c’est que la démocratie n’en est qu’un aspect et, par conséquent, nous sommes conscients que dans bon nombre de localités, dans bien des pays en développement, les gens voient les élections comme un moyen de nourrir plus facilement leur famille et de faire en sorte qu’il y ait moins de violence dans leurs collectivités, aux mains de la milice ou de la police – la police n’étant pas un outil d’application de la loi mais en fait un véhicule pour répandre la peur. Vous savez, on trouve un appareil politique incroyablement corrompu dans la plupart des pays en développement. Si vous croyez que la sécurité humaine est l’objectif ultime, alors en tenant des élections, vous donnez aux gens l’occasion de « se débarrasser des salauds ». Quand vous discutez avec les gens avant les élections ou au moment où ils vont voter, il est question en partie de leur dignité et de leur désir de s’exprimer, et en grande partie : « Nous ne sommes pas satisfaits de la situation; nous allons l’exprimer ».

 

Donc, si nous étoffons les choses et si nous pensons au bien-être matériel, à la libération de la violence, essentiellement, nous revenons aux quatre libertés de Franklin Roosevelt : l’affranchissement du besoin, l’affranchissement de la peur, la liberté d’expression et d’association, et la liberté de religion en quatrième lieu. Si vous pouviez d’une quelconque façon étoffer vos stratégies de démocratisation pour prendre en compte ces mécanismes – chose si ambitieuse que manifestement le Canada ne peut y arriver à lui seul –, cela doit se faire par l’intermédiaire des institutions internationales. Les États-Unis sont extrêmement généreux en fait de charité privée et assez généreux en fait d’assistance bilatérale, mais si nous prenons vraiment au sérieux le bien-être individuel, ce qui, en passant, est la façon dont nous allons commencer à voir les résultats d’élections que nous privilégions, si les gens sont à l’abri de la faim, s’ils n’ont pas peur de la police, d’un coup de botte au visage, ils seront beaucoup moins susceptibles de voter pour les Hamas de ce monde ou de voter pour les partis en Iraq qui vous donnent la milice qui, croient-ils, va protéger leur voisinage.

 

Si vous pouvez investir dans des institutions centrales et des institutions locales, et véritablement élargir, ou étoffer, le programme de développement avec de nombreux autres bailleurs de fonds – pas seulement le Canada et les pays scandinaves – mais véritablement amener la plupart des pays à verser 0,7 % de leur PIB, si vous commenciez à voir les pays de l’OCDE le faire, et avec des pays qui demeurent crédibles dans le monde islamique et le monde en développement à l’avant-plan, de pair avec des pays qui se sont développés, je crois que vous commenceriez à voir se combler le fossé entre les civilisations et naître une plus grande stabilité dans certaines de ces collectivités.

 

Toutefois, l’idée principale, c’est que pour le moment la démocratie a besoin de réadaptation. Elle est assimilée à des notions que les gens craignent – ce n’est pas la démocratie de votre mère ni de votre grand-père – et par conséquent, nous devrons peut-être penser à revitaliser cette notion de la sécurité humaine, ou à parler dans l’optique du développement, des droits économiques et sociaux ou du droit international.

 

(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTime Windows Media)