Le 26 juin 2006
WHITEHORSE (Yukon)

2006/12


SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS






NOTES POUR UNE ALLOCUTION


DU


MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES


ET MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE


DU CANADA ATLANTIQUE,


L’HONORABLE PETER MACKAY,


À L’OCCASION DU FORUM DIPLOMATIQUE DE WHITEHORSE




Je tiens d’abord à vous dire combien nous sommes heureux que vous ayez parcouru toute cette distance pour être des nôtres à Whitehorse. Pendant votre séjour au Canada, je suis convaincu que la taille de ce pays n’a pas manqué de vous étonner. Or, le vol jusqu’au Yukon témoigne une fois de plus, de manière éloquente, de cette réalité.


Tout ici est grand et gros : les rivières, les montagnes, les ours. Et, pour ceux d’entre vous qui croient avoir entendu le survol d’avions à réaction, j’ai le regret de vous informer qu’il s’agit plutôt des moustiques du Yukon.


Si vous êtes au Canada, c’est, comme il se doit, pour promouvoir les intérêts de vos pays, mais aussi pour amener vos gouvernements et vos citoyens, dans votre pays d’origine, à mieux comprendre le Canada. C’est pourquoi une visite dans le Nord du Canada revêt une si grande importance; je suis convaincu qu’il est impossible de bien comprendre ce pays sans comprendre d’abord le rôle du Grand Nord dans la genèse de l’esprit canadien.


Les pays ne se résument pas seulement à des territoires physiques, délimités par des frontières reconnues internationalement. L’imaginaire a lui aussi sa géographie, de sorte que la notion de « patrie » ne saurait se borner à un simple tracé sur une carte. Or, pour nous, les Canadiens, le Grand Nord se situe au cœur même de notre imaginaire national.


La population canadienne est fortement urbanisée. Toutefois, lorsque nous parlons à des étrangers, nous évoquons presque toujours d’abord les beautés naturelles de notre pays, c’est-à-dire ces belles étendues sauvages situées à quelques heures de route des grandes villes ou à quelques minutes seulement des petites villes et des villages.


Parfois, je m’imagine dans la peau des premiers colons, il y a 300 ans. Je me prends à penser à un couple de l’an 1720, à peine arrivé du centre de la France, qui se demande à la mi-octobre s’il fera plus froid en Nouvelle-France que dans son pays d’origine!


Cela me fait également penser au célèbre film de Robert Flaherty, intitulé Nanook du Nord. Lancé en 1922, ce film est souvent considéré comme le premier documentaire cinématographique jamais produit. Le réalisateur Robert Flaherty a suivi un chasseur, Nanook, et sa famille, dans leur pérégrination à l’est de la Baie d’Hudson, dans l’Arctique. Son film est un magnifique témoignage de l’esprit et de l’humour de ces gens extraordinaires. Ce que beaucoup ne savent pas, cependant, c’est que le chasseur inuk qui jouait le rôle de Nanook est mort de faim peu après le tournage du film parce que cette année-là la chasse n’avait pas été bonne!


Le Grand Nord, notamment la souveraineté canadienne sur l’Arctique, occupe une place extrêmement importante dans notre politique étrangère. Dans son programme électoral, mon parti a insisté sur l’importance d’exercer cette souveraineté, et nous sommes déterminés à poursuivre cet objectif. Le passage du Nord-Ouest se trouve en territoire canadien, et nous veillons à ce que la communauté internationale respecte notre position à cet égard.


Toutefois, la souveraineté n’est que l’un des nombreux enjeux nordiques auxquels nous nous intéressons. Grâce à une meilleure connaissance de l’écologie terrestre, nous comprenons mieux le rôle crucial des régions polaires du Nord et du Sud dans la régulation de l’écosystème planétaire. Et il faudra poursuivre les études dans ce domaine. Nous célébrerons l’année prochaine l’« Année polaire internationale ». À ce titre, et avec la collaboration de 50 autres pays, le Canada s’emploiera à mieux faire comprendre et à améliorer la gestion des régions polaires. Nous nous sommes engagés à verser 150 millions de dollars sur six ans pour la science, la recherche et la formation dans ce domaine, y compris pour la logistique, les communications et la gestion des données, ainsi que pour le renforcement des capacités de la prochaine génération de scientifiques.


S’agissant du développement durable, c’est l’Arctique canadien qui fait le mieux ressortir la nécessité d’établir un juste équilibre entre la protection de l’environnement et le développement économique.


Si je parle de l’Arctique, ce n’est pas seulement parce que nous sommes ici à Whitehorse, mais aussi parce que j’estime que la place de cette région dans notre politique étrangère permet de comprendre comment mon gouvernement envisage les intérêts généraux du Canada à l’échelle internationale.


La politique étrangère du Canada se fonde sur notre attachement à des principes fondamentaux, à savoir la liberté, la démocratie ainsi que le respect de la primauté du droit et des droits de la personne. Comme vous le savez, la description de la politique étrangère d’un pays s’avère souvent très abstraite; ce n’est que face à des enjeux précis qu’il est possible de parler, en termes concrets, de ce que nous faisons et ferons. Par conséquent, aujourd’hui, j’aimerais donner quelques exemples précis de notre action, de façon que vous puissiez vous faire une idée de notre orientation future. Je souhaite également parler de ma perception du Canada et expliquerai comment, selon moi, celui-ci peut apporter une contribution à nulle autre pareille dans le monde.


Le Canada est conscient que la politique étrangère doit prendre en compte un tissu complexe de relations, d’outils, d’objectifs et d’organisations, ce qui est conforme à la perspective adoptée par notre gouvernement, à savoir que notre action sera d’autant plus efficace que nous nous concentrons sur quelques enjeux importants à la fois. Toutefois, ce matin, je ne parlerai pas de toutes les dimensions de la politique étrangère canadienne. Je n’insisterai pas sur le fait que l’aide publique au développement revêt pour nous une importance fondamentale, pas plus que je ne vanterai les vertus de notre coopération avec l’Union européenne et le G8, ni que je réaffirmerai notre espoir et notre souhait d’intensifier nos relations commerciales avec les nouveaux pays industrialisés. Et ce n’est certes pas parce que je n’attache aucune importance à toutes ces questions : je veux simplement avoir le temps de parler de ce que nous avons fait depuis notre arrivée au pouvoir, sans que l’arbre cache la forêt!


Pour comprendre notre conception des affaires internationales, il faut examiner comment nous poursuivons nos objectifs nationaux. Certes, en début de mandat, un gouvernement minoritaire est soumis à certaines contraintes, mais nous pensons que notre orientation est claire. Celle-ci est d’ailleurs énoncée dans le discours du Trône présenté au début des travaux parlementaires.

 

         Nous préconisons un gouvernement plus petit, menant une action ciblée. Nous estimons en outre que le gouvernement fédéral ne doit pas étendre son action à de nouveaux domaines, étant donné qu’il y a déjà suffisamment à faire là où les Canadiens s’attendent, à juste titre, qu’il agisse avec détermination et de manière judicieuse.

 

         Nous souhaitons réduire le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises, pour qu’ils aient une plus grande latitude dans la poursuite de leur bien-être.

 

         Nous prônons le renforcement de la sécurité publique, pour mieux protéger les Canadiens au Canada. Ceux-ci ont le droit de se sentir en sécurité à leur domicile et dans leur quartier.

 

         Nous voulons que les acteurs de la vie publique fassent preuve d’une plus grande transparence. Travailler pour la fonction publique est un privilège et implique de lourdes responsabilités. Ce n’est pas notre argent que nous dépensons, mais plutôt celui que les Canadiens ordinaires ont gagné à la sueur de leur front, qu’il nous faut dépenser honnêtement et intelligemment.

 

         Nous plaidons en faveur d’une plus grande transparence dans les relations fédérales-provinciales-territoriales, y compris en faveur de l’élimination des chevauchements et des activités faisant double emploi, dans toute la mesure du possible. Pour que le fédéralisme s’avère efficace, nous devons collaborer, et non pas nous quereller.

 

         Nous voulons que le gouvernement inspire de nouveau confiance au public, en précisant ce que nous entendons faire, et en mettant en œuvre les mesures annoncées. Nous refuserons de faire des promesses que nous ne pourrons tenir. Nous voulons être jugés en fonction des promesses tenues.


S’agissant de notre politique étrangère, nous voulons également être évalués en fonction de nos gestes, et non pas de nos paroles. Nous nous concentrerons sur les grandes priorités de l’heure. Nous voulons dépenser avec discernement les fonds publics, et réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés.


Pour nous, il est avant tout essentiel de prendre conscience que le Canada évolue dans un monde en mutation. Les enjeux de politique étrangère actuels sont très différents de ce qu’ils étaient il y a à peine une décennie. Cela vaut également pour les acteurs en présence. Notre capacité à exploiter le mieux possible les nouvelles possibilités, à relever les nouveaux défis et à soutenir l’effort face à des obstacles persistants repose nécessairement sur la prise en compte de ces nouvelles réalités; nous devons créer de nouveaux partenariats et de nouvelles habitudes de coopération, et cela, dans la poursuite d’objectifs communs.


Nous estimons que les ressources habituellement consacrées à la politique étrangère — à la diplomatie, à l’aide au développement et aux forces armées — ont décliné. Le nouveau gouvernement est déterminé à mettre fin à ce déclin.


Nous avons formulé des orientations précises pour notre action future. Cela comprend :

 

         le renforcement de nos relations avec les États Unis;

         une politique de défense robuste, d’abord axée sur le Canada, c’est-à-dire sur la protection de la souveraineté, notamment dans l’Arctique;

         la volonté résolue de poursuivre nos efforts en faveur du rétablissement de la paix et de la stabilité en Afghanistan;

         la promotion de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit;

         une participation accrue du Parlement, des provinces et des Canadiens à la politique internationale;

         la reconstruction et la réconciliation en Haïti et au Darfour;

         le soutien à la prospérité canadienne, en favorisant la croissance des petites entreprises et en tirant mieux parti des débouchés commerciaux à l’échelle de la planète.


À l’évidence, certains de ces objectifs portent sur des enjeux transversaux, par exemple en ce qui concerne notre volonté résolue de promouvoir la démocratie et les efforts déployés en Afghanistan ou en Haïti. Toutefois, nous croyons que tous ces objectifs sont importants, de sorte que nous les poursuivrons tous, mais dans les limites imposées par nos capacités et nos ressources.


Il est toujours difficile de répondre à des demandes concurrentes, mais ce n’est pas impossible. Pour nous, l’importance d’une question dépendra de l’importance des intérêts et des valeurs canadiennes en présence. Par exemple, il est important de mener une action en Haïti pour de nombreuses raisons, y compris :

 

         les droits de la personne, le développement économique, la primauté du droit;

         la stabilité régionale;

         le rôle d’impulsion du Canada au sein de l’Organisation des États américains en ce qui concerne la promotion du développement démocratique;

         la lutte contre la criminalité internationale, notamment le trafic des stupéfiants;

         la viabilité de l’environnement;

         le nombre non négligeable de Canadiens d’origine haïtienne qui nous demandent de rétablir la paix et la stabilité dans leur ancienne patrie.


La Chine est désormais notre deuxième partenaire commercial. À ce titre, elle fait partie intégrante de la prospérité du Canada dans l’avenir, et l’inverse est aussi vrai. De plus, le chinois, et ses différents dialectes, est maintenant la troisième langue la plus parlée au Canada, et la présence au pays de 1 million de Canadiens d’origine chinoise fait en sorte que le développement économique, social et politique de la Chine revêt pour nous un intérêt presque sans égal. Ce développement englobe aussi le renforcement des droits de la personne, de la gouvernance démocratique et de la primauté du droit. À cela s’ajoute la nécessité de faire face aux enjeux que pose la montée de la Chine à l’échelle internationale.


Le Canada apporte son soutien aux populations et aux gouvernements africains qui s’efforcent de concrétiser la vision énoncée dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, à savoir un continent pacifique et prospère, pleinement intégré à l’économie mondiale. Nous sommes conscients des énormes défis auxquels est confrontée l’Afrique et de l’acuité de ses besoins. Toutefois, le continent africain a fait des progrès : le rôle de premier plan de l’Union africaine dans la résolution des conflits; la tenue d’un plus grand nombre d’élections libres; et l’amélioration de la croissance économique. Sur ce continent, le Canada continuera à se concentrer sur la stabilisation régionale, l’amélioration des droits de la personne et le développement démocratique, outre son action face aux crises humanitaires. À titre d’exemples :

 

         nous souscrivons à l’accord de paix signé récemment au Darfour ainsi qu’au passage rapide d’une force de paix sous commandement de l’Union africaine à une mission des Nations Unies; à la suite d’une contribution récente de 40 millions de dollars pour le Darfour, la contribution totale de notre pays dans l’ensemble du Soudan, depuis septembre 2004, se chiffre désormais à 320 millions de dollars;

         nous continuerons à jouer un rôle d’impulsion sur le plan diplomatique en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs, pour favoriser une transition démocratique et la stabilité pendant et après les élections cruciales du 30 juilllet 2006;

         nous souhaitons mobiliser le soutien du G8 aux efforts visant à mettre fin rapidement au conflit dans le Nord de l’Ouganda et à répondre aux besoins des populations déplacées.


Quand nos intérêts sont clairs, et que nous avons la capacité d’agir, nous agissons, et rapidement. En voici deux exemples :


Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul figurent au rang des organisations terroristes. En avril 2006, le gouvernement a pris une mesure nécessaire et décisive, à savoir leur inscription sur la liste des entités terroristes établie en vertu du Code criminel.


Le deuxième exemple tient à notre décision de suspendre l’aide canadienne au gouvernement palestinien dominé par le Hamas. En effet, le Hamas est considéré comme une entité terroriste en vertu des lois canadiennes, de sorte qu’il est interdit de lui octroyer tout financement susceptible d’aider à ses activités. Mais surtout, le Hamas entrave les efforts de paix. Nous prions instamment le Hamas de renoncer à la violence, de reconnaître le droit à exister d’Israël et d’accepter les accords conclus antérieurement, tels que les accords d’Oslo et la Feuille de route pour la paix au Moyen-Orient. Étant donné que nos objectifs sont clairs, il ne faut pas s’étonner que nous ayons décidé de suspendre l’aide financière à l’Autorité palestinienne, puisque le Hamas est à sa tête.


Toutefois, il s’agit d’une décision équilibrée, qui prend en compte le soutien apporté depuis longtemps au peuple palestinien. En conséquence, nous continuons d’apporter une aide humanitaire au peuple palestinien et de protéger ses droits démocratiques et humains, par l’intermédiaire d’organisations multilatérales et non gouvernementales, et cela, en exerçant une surveillance étroite, pour éviter que l’aide ne soit détournée au profit du Hamas ou d’autres groupes terroristes.


De nombreuses personnes favorables à notre décision de couper l’aide au Hamas se sont cependant étonnées que notre gouvernement ait été le premier à le faire. Selon eux, même s’il s’agissait de la bonne décision, le Canada n’a pas pour habitude d’agir seul. Le Canada attend toujours de voir ce que les autres font pour agir, poursuivent-ils.


Croyez-moi, nous n’avions nullement l’intention d’agir précipitamment. Nous ne sommes pas engagés dans une compétition où nous voulons à tout prix arriver les premiers. Toutefois, lorsque vos objectifs sont clairs, lorsque vous connaissez bien vos responsabilités envers le Canada et d’autres pays, il n’y a alors aucune raison d’hésiter et d’attendre que les autres emboîtent le pas. Le rôle de chef de file comporte certes des risques, mais l’indécision et la timidité présentent des risques encore plus grands, et cela, pour nous tous.


Notre participation à la mission menée sous l’égide des Nations Unies en Afghanistan part du même principe : quels sont les intérêts et les valeurs en présence; et avons-nous les capacités nécessaires pour mener à bien la tâche envisagée.


Nos objectifs sont clairs :

 

         Nous sommes en Afghanistan à l’invitation du peuple afghan pour aider à reconstruire ce pays, avec la collaboration de nombreux autres pays, y compris les 36 pays qui participent à la mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité, placée sous le commandement de l’OTAN. À cela s’ajoutent plus de 60 pays qui fournissent une aide au développement.

         Nous sommes là-bas pour protéger les Canadiens et les populations de la planète contre la menace terroriste.

         Nous voulons montrer que le Canada joue un rôle de chef de file sur la scène internationale.


Le soutien au renforcement de l’État en Afghanistan est l’un des enjeux les plus cruciaux auxquels doit s’attaquer la communauté internationale au XXIe siècle. Il s’agit également de l’un des déploiements les plus importants du Canada à l’étranger, de sorte que je tiens à expliquer brièvement comment nous envisageons la situation.


Les événements du 11 septembre 2001 ont mis en péril la sécurité des Canadiens et du Canada; ces événements sont imputables directement à des extrémistes, qui ont pu planifier leur action en toute sécurité de connivence avec le régime taliban, au pouvoir à l’époque. C’est ainsi que la reconstruction de l’Afghanistan, en tant que pays démocratique, revêt une importance centrale dans la campagne contre le terrorisme.


Cette mission comporte certes des risques. Des Canadiens ont perdu la vie au service de leur pays en Afghanistan, mais ce n’est pas en vain qu’ils auront fait ce sacrifice. Nous devons veiller à ce que l’Afghanistan n’abrite plus jamais de terroristes.


Notre action en Afghanistan montre clairement notre détermination à favoriser la recherche de solutions multilatérales à des enjeux internationaux.


L’Afghanistan doit surmonter d’énormes difficultés, qui nécessitent une action intégrée mettant à contribution à la fois la sécurité, la gouvernance et le développement. Il est nécessaire d’œuvrer sur ces trois fronts, mais la sécurité revêt une importance fondamentale; sans sécurité, il est peu probable que les efforts progresseront dans d’autres domaines.


Toutefois, les moyens militaires ne suffisent pas à eux seuls à garantir la réussite de nos efforts. Il faut aussi apporter un soutien à la gouvernance et au développement afghans. Or, le Canada fait figure de chef de file dans tous ces domaines.


L’Afghanistan est le premier bénéficiaire de l’aide au développement bilatérale du Canada. En mai, le premier ministre a annoncé une contribution additionnelle de 310 millions de dollars au titre de l’aide au développement consentie à l’Afghanistan (2006-2007), de sorte que, de 2001 à 2011, le Canada aura versé près de 1 milliard de dollars sur 10 ans au profit de ce pays.


De plus, nous prévoyons acquérir un terrain afin de construire une chancellerie, une résidence officielle et des logements pour le personnel de l’ambassade du Canada à Kaboul. Cela nous permettra de renforcer nos efforts diplomatiques et de développement en Afghanistan.


Comment progressent nos efforts? Nous sommes encore bien loin d’une réussite complète; il reste des obstacles considérables à surmonter, mais les progrès accomplis en Afghanistan, en l’espace de quatre ans seulement, sont pour le moins impressionnants. Le PIB [produit intérieur brut] afghan a doublé. De même, 63 000 anciens combattants ont été désarmés, démobilisés et réintégrés à la vie civile. À cela s’ajoutent l’enlèvement et l’entreposage en lieu sûr de 11 000 pièces d’artillerie lourde. Une force de police nationale est en train de voir le jour. Des femmes démarrent de petites entreprises. Des millions de réfugiés ont regagné leur foyer. Près de 5 millions d’enfants, dont le tiers sont des fillettes, fréquentent l’école primaire.


Toutefois, ces chiffres ne suffisent pas à illustrer la dimension profondément humaine de progrès aussi remarquables. Ces chiffres ne rendent pas compte des nombreuses victoires personnelles remportées par les Afghans depuis 2001 : la petite fille qui fréquente l’école pour la première fois; la veuve qui accède à l’autonomie financière; l’électeur qui peut exprimer ses convictions; la famille de réfugiés qui regagne finalement son domicile.


Le Canada contribue à libérer les Afghans ordinaires du joug de la peur pour qu’ils puissent vaquer à leurs occupations quotidiennes. J’ai pu le constater personnellement lors de ma visite récente à Kaboul et à Kandahar, où le sentiment d’espoir est désormais palpable après de trop nombreuses décennies de destruction. On sent que le pays est sur la voie du relèvement et du renouveau.


Notre engagement collectif s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action international faisant consensus, intitulé le Pacte pour l’Afghanistan. Élaboré par le gouvernement de l’Afghanistan, le Pacte énonce 40 objectifs concrets et mesurables, qui doivent guider les progrès au cours des cinq prochaines années, et cela, face à des enjeux cruciaux liés à la gouvernance, au développement et à la sécurité.


La stratégie du Canada consiste à soutenir la réalisation des objectifs clairs que s’est fixés l’Afghanistan dans le Pacte. C’est en mesurant les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs que nous serons à même de mesurer la réussite de nos efforts.


Les Canadiens ont tout lieu d’être fiers de leur détermination à améliorer les conditions de vie des Afghans. Ce respect inné d’autrui, chez les Canadiens, correspond à la nature même de ce pays. Il est le résultat des nombreux obstacles que nous avons dû surmonter pour nous établir sur ce majestueux territoire. Certes, nous sommes désormais bien loin de l’époque des pionniers, mais cette riche tradition d’entraide est encore forte aujourd’hui, même si nos voisins n’ont parfois ni la même langue ni la même religion que nous.


Au Canada, le rêve d’un avenir meilleur a toujours eu plus d’importance que le souvenir d’un passé difficile.


Il suffit de marcher dans les rues de Whitehorse pour prendre conscience par soi-même de cet optimisme ambiant. En effet, cet optimisme qui habitait les premiers colons nous habite encore, puisqu’il est présent non seulement parmi les vagues successives d’immigrants, mais aussi dans l’ensemble de la population canadienne.


Le Canada veut que sa politique étrangère soit jugée en fonction des résultats, et cela parce que nous prenons très au sérieux nos responsabilités, et que nous continuerons à nous en acquitter jusqu’à la fin.


Je vous remercie.