Le 8 juin 2006
OTTAWA (Ontario)
2006/8


SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS






NOTES POUR UNE ALLOCUTION


DU MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,


M. DAVID L. EMERSON,


À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DU COMMERCE INTERNATIONAL :

 

« ÉLABORATION D'UN PROGRAMME DE COMMERCE MONDIAL


POUR LE CANADA »







Tout d’abord, j’aimerais vous remercier pour le travail que vous faites. Vous êtes des gens d’affaires chevronnés, des universitaires et des analystes gouvernementaux, vous êtes ceux qui prenez les décisions et concluez les marchés, et je sais que vous comprenez totalement, comme moi, l’importance de la compétitivité du Canada. Je tiens à vous dire que votre travail est apprécié à sa juste valeur par le gouvernement. Plus vous travaillez, plus vous faites des recherches, plus vous faites connaître vos questions dans le domaine public, et plus cela nous est bénéfique. Il faut absolument qu’il y ait un discours public vigoureux et raisonné au Canada sur les questions du commerce et de la compétitivité.


Avant de vous parler de certaines des questions qui me préoccupent, j’aimerais remercier l’organisateur de l’événement ainsi que ses partenaires et commanditaires, particulièrement la Chambre de commerce du Canada ainsi que le Conseil canadien des chefs d’entreprises, les Manufacturiers et Exportateurs du Canada, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante — les petites entreprises sont de plus en plus importantes pour l’avenir de notre économie — et l’Association canadienne des importateurs et exportateurs.


Alors, merci à vous tous pour ce que vous faites. Merci également aux universitaires qui se trouvent parmi nous aujourd’hui, car beaucoup de recherches sont réalisées par ces gens — il y a des personnes qui travaillent pour les ministères fédéraux et, notamment Statistique Canada, qu’on peut aussi qualifier de chercheurs —, et leur travail est incroyablement précieux, car il fournit au gouvernement des renseignements décisifs sur l’évolution de l’économie mondiale. Et dans une large mesure, il s’agit d’un terrain inconnu pour nous, un milieu où il y a beaucoup de turbulences et de changements. Je vous encourage donc à continuer de repousser les frontières du savoir et d’analyser les tendances, les risques ainsi que les solutions qui s’offrent aux pays comme le Canada.


Nous avons connu des périodes de grande prospérité au Canada. Je pense que tout le monde ici sait que nous venons de connaître au moins huit années, sinon plus, d’une économie vigoureuse et que nous avons également enregistré d’excellents résultats commerciaux. Mais je tiens à dire que malgré un dollar canadien très fort, qui provoque beaucoup d’inquiétude chez les manufacturiers surtout, nos exportations ont tout de même progressé et dépassé les 516 milliards de dollars cette année, un record.


Alors, même si la vigueur du dollar canadien fait que le secteur manufacturier doit subir la pression de la concurrence, elle a eu de bons côtés puisqu’elle a favorisé la hausse de l’achat de machines, d’équipement et de technologies permettant d’augmenter la productivité. Après avoir accusé un long retard, le Canada commence à moderniser considérablement son appareil industriel, et je pense que cela nous permettra de récolter des bénéfices intéressants dans l’avenir.


L’excédent courant a lui aussi atteint un sommet de 30,5 milliards de dollars en 2005. Notre performance est excellente, et les entreprises canadiennes suscitent encore une demande solide et grandissante sur divers marchés du monde. Donc, à bien des égards, la performance économique du Canada devrait être et est une source de fierté bien légitime, comme les politiciens ne se gênent pas pour le rappeler, et on peut s’en féliciter périodiquement.


Comme me disait ma défunte mère, l’orgueil précède la chute. Et dans l’économie mondiale d’aujourd’hui, si cet orgueil entraîne de la complaisance, cela peut créer une situation très dangereuse. Si je dois accomplir une seule chose aujourd’hui, j’espère que cela sera de briser le sentiment de complaisance que les gens peuvent avoir. Je suis convaincu que ce sentiment n’est pas très répandu dans cette pièce, mais il l’est ailleurs au pays. Nous devons reconnaître que notre performance exceptionnelle, aussi bien sur le plan des échanges commerciaux que de l’économie en général, est en grande partie attribuable à la vigueur des marchés des produits de base, particulièrement dans le secteur de l’énergie, ainsi que dans d’autres secteurs liés aux produits de base et aux ressources naturelles.


Je suis originaire de l’Ouest canadien et, dans cette région, on sait que les booms économiques finissent par ralentir et qu’ils cèdent souvent la place à des périodes de crise. Je ne suis pas en train de prédire un effondrement de l’économie, mais je tiens à préciser qu’il ne faut pas penser que nous allons profiter éternellement de ce boom lié aux ressources naturelles. Il ralentira à un certain moment.


Depuis 10 ans, nous avons également tiré des avantages de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis entré en vigueur en 1989 et de l’ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] entré en vigueur en 1994. Le libre-échange a provoqué une croissance très importante des exportations et de la prospérité au Canada. D’ailleurs, nous savons que nos exportations avec les États-Unis ont augmenté de façon spectaculaire et que les salaires dans les secteurs exportateurs sont à peu près 35 p. 100 plus élevés que dans les secteurs importateurs concurrents. Il s’agit donc d’une période qui a été très positive pour le Canada.


Certains signaux d’avertissement sont là et, si vous examinez le rapport que nous avons publié aujourd’hui [Le point sur le commerce : septième rapport annuel sur le commerce international du Canada], vous verrez que la Chine est en train de nous dépasser — ce n’est pas encore fait, mais la tendance est sans équivoque — et de devenir le plus important partenaire commercial des États-Unis. De même, on constate que depuis environ 10 ans, la part du Canada dans l’investissement étranger direct en Amérique du Nord a diminué. Je pense également que les représentants du milieu des petites entreprises présents aujourd’hui vous diront que les PME du Canada ne participent pas assez aux chaînes d’approvisionnement mondiales; en fait, seulement la moitié, et peut-être même moins, sont réellement actives sur le marché mondial.


Par ailleurs, nous sommes sous-représentés dans d’autres marchés d’Europe et d’Asie et, même si les exportations sont en progression dans de nombreux secteurs, il reste qu’elles sont en baisse dans les secteurs de la foresterie, de l’automobile, de l’agriculture et de la pêche. De plus, presque tous les secteurs subissent la pression accrue de la concurrence des pays tels que la Chine et des autres économies industrielles très dynamiques.


Mon message est donc le suivant : le moment est venu de préciser davantage ce que nous devons faire pour réussir et prospérer — l’an prochain, l’année d’après et pour les 10 années qui suivront. Il faut maintenant investir, à partir de notre prospérité actuelle, dans les bases qui nous permettront d’assurer une économie concurrentielle et dynamique à l’avenir. Un fait est certain : les réseaux mondiaux de la finance, de la conception, de la production et de la distribution d’aujourd’hui sont en train de changer fondamentalement les modèles commerciaux traditionnels des stratégies commerciales appropriées, et la base même de l’avantage comparatif et de la compétitivité a changé au cours de la dernière décennie.


La réussite ne dépend plus simplement de la maximalisation des exportations et des excédents courants. Les entreprises et les pays se livrent une concurrence féroce afin de se tailler une place dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Et dans bien des cas, que ce soit des secteurs ou des pays, les pays qui auraient pu être considérés comme des concurrents du Canada dans le passé sont maintenant vus comme des partenaires éventuels très intéressants. Les entreprises et les pays qui œuvrent dans le même secteur travaillent maintenant en complémentarité, dans le cadre de partenariats, pour bâtir des chaînes d’approvisionnement mondiales fructueuses.


On constate par ailleurs que les entreprises, les villes et les collectivités des autres pays tentent d’obtenir des contrats d’approvisionnement et des ententes de partenariat. Tout le monde convoite les possibilités d’emploi liées à l’investissement et découlant de la participation à une chaîne d’approvisionnement mondiale, et la concurrence est incroyablement vive.


Comme je l’ai souvent dit, et vous le savez bien, le Canada est l’un des pays les plus tributaires des échanges du monde industrialisé, et la vérité est qu’un rendement médiocre sur le plan de la compétitivité et du commerce provoquera de graves problèmes économiques en bout de ligne. Nous ne pouvons tout simplement pas envisager ou accepter cette possibilité. C’est pourquoi il est absolument impératif, pour notre avenir économique et pour notre compétitivité dans l’économie mondiale, de stimuler la capacité du Canada à réussir dans cette nouvelle donne et sa capacité de remporter ces batailles quotidiennes pour attirer l’investissement.


Nous devons absolument faire du Canada une destination attrayante pour l’investissement étranger et encourager les entreprises canadiennes à investir sur les principaux marchés mondiaux. Attirer les investissements au Canada ne suffit plus : les entreprises canadiennes doivent investir dans les marchés étrangers et bâtir des chaînes d’approvisionnement mondiales parce que, dans le monde d’aujourd’hui, l’investissement est le moteur du commerce. Le commerce est le moteur de notre économie mais, de plus en plus, l’investissement direct international est le moteur du commerce.


Dans cette nouvelle donne, les chaînes d’approvisionnement intégrées, les nouvelles technologies et une plate-forme économique nord-américaine solide constitueront des éléments essentiels pour assurer notre compétitivité à l’échelle mondiale. Comme je l’ai indiqué, tous les joueurs multiplient leurs efforts en vue de réussir dans la nouvelle économie mondiale.


Alors, en tant que pays, en tant que petite nation commerçante, le Canada a besoin d’un programme commercial mondial qui le positionnera énergiquement sur le marché mondial et qui renforcera les liens entre le commerce et la compétitivité. Je peux vous dire que notre gouvernement sait à quel point il est important d’avoir un cadre commercial et un environnement stables, prévisibles, transparents et fondés sur des règles.


Le Canada continue d’accorder une très grande importance à l’Organisation mondiale du commerce [OMC], et je serai à Genève à la fin du mois pour participer à une réunion ministérielle de l’OMC. Nous nous approchons d’un tournant décisif de notre participation continue à ce processus en vue d’éliminer les obstacles au commerce et de promouvoir les avantages que confère le libre-échange aussi bien aux pays développés qu’aux pays en développement. Le Canada est déterminé à surmonter les obstacles auxquels les membres se sont heurtés pendant le cycle actuel de pourparlers à l’OMC. J’estime qu’il est possible d’arriver à un résultat ambitieux du cycle de Doha si les principaux membres concernés en démontrent la volonté politique.


Aucun d’entre nous ne doit oublier que le cadre commercial de l’OMC est vraiment le seul cadre juridique ou légal — supranational, si vous préférez — qui régit le commerce international. Nous parlons tous de l’ALENA, mais l’ALENA repose à la base sur le respect de la souveraineté nationale et la législation nationale, ce qui explique pourquoi nous éprouvons des problèmes comme le conflit sur le bois d’œuvre. En fait, nous vivons dans un monde où les tarifs ont été éliminés. Il existe quelques dispositions sur le règlement des différends, certes, mais ces différends sont réglés en s’appuyant sur le droit intérieur. L’OMC est véritablement un cadre juridique international, ce qui en fait un cadre très différent, plus stable, plus prévisible, plus fiable et plus favorable pour les pays de plus petite taille.


Cela dit, nous savons tous que notre économie est extrêmement intégrée à celle des États-Unis, ce qui est très bénéfique pour le Canada. Nous devons donc accepter le fait que notre économie est — et demeurera longtemps — étroitement liée à l’économie nord-américaine et reconnaître qu’il existe des possibilités extraordinaires encore inexploitées. Il ne faut pas oublier que malgré les conflits périodiques et les autres irritants, 97 p. 100 des échanges entre le Canada et les États-Unis se déroulent dans l’harmonie. En raison de certains différends, notamment celui du bois d’œuvre, la population voit l’ALENA comme une menace pour le Canada. Mais dans les faits, l’ALENA a ouvert d’immenses perspectives pour le Canada. L’ALENA a certes amené certains problèmes et certains irritants sur lesquels nous devons nous attarder, mais c’est essentiellement au sein du continent nord-américain que nous pourrons renforcer nos capacités de compétitivité pour l’avenir.


Quand j’ai été nommé au sein du cabinet, il y a quelques mois, le premier ministre m’a fait savoir que ma priorité serait de parvenir à un règlement dans le conflit sur le bois d’œuvre, qui perdurait depuis longtemps. Il était clairement indiqué que le règlement devait convenir au Canada, être plus avantageux que tous les règlements qui avaient été proposés jusque là, offrir des avantages concrets à nos producteurs de bois d’œuvre et prévoir des modalités plus intéressantes que l’autre solution, soit la poursuite du litige. Nous devions trouver une solution qui servirait les intérêts du Canada et qui nous permettrait de poursuivre des relations indispensables à notre prospérité.


En conséquence, le 27 avril 2006, grâce au nouveau ton instauré par le premier ministre œuvrant auprès du président des États-Unis, nous avons atteint ces objectifs. Nous avons conclu un accord qui met fin aux droits punitifs imposés par les États-Unis et permet de rembourser aux entreprises canadiennes plus de 4 milliards de dollars américains en droits perçus depuis 2001. Le règlement apporte également un climat de certitude et de prévisibilité pour le secteur du bois d’œuvre — en fait pour le secteur forestier de l’économie canadienne — et pour les entreprises, les travailleurs et les collectivités qui en dépendent.


Présentement, nous travaillons activement avec les États-Unis, les provinces et notre industrie pour régler les derniers points de l’entente. Je sais que les opposants à cette entente ont fait connaître leur opinion et que les médias leur ont accordé beaucoup d’attention. Je voudrais cependant rappeler que l’ALENA repose sur le droit national. On peut remporter une bataille juridique aujourd’hui, mais demain les circonstances économiques peuvent changer et provoquer de nombreux autres cas et litiges. On peut remporter une victoire juridique aujourd’hui et penser qu’on vient de créer un précédent très important, mais le Congrès américain peut modifier les lois s’appliquant à l’industrie et au processus de règlement de ces conflits par les tribunaux dans l’avenir.


Je travaillais dans l’industrie du bois lorsque la menace de l’amendement Byrd est apparue. Les avocats, dirigeants d’association, lobbyistes, tous nous ont dit de ne pas nous inquiéter, que cet amendement était tellement extrême qu’il ne serait jamais adopté par le Congrès. Devinez quoi? L’amendement Byrd a été en vigueur pendant de nombreuses années, et il nous a fallu travailler pendant des années par l’entremise du processus de l’OMC pour finalement nous en débarrasser. Et cela n’est pas encore fait — le retrait de l’amendement ne se fera pas avant le 1er novembre 2007.


Alors, si vous pensez que la contestation judiciaire peut nous apporter le salut et la victoire définitive, repensez-y. Ce n’est pas de cette façon que l’industrie du bois d’œuvre travaille dans ce pays depuis de nombreuses décennies, et je pense que rien n’a changé.


Donc, une fois que nous aurons parachevé l’entente sur le bois d’œuvre, nous pourrons tourner la page et mettre à profit l’esprit renouvelé de coopération canado-américaine. Nous pourrons jeter des fondations solides qui misent sur le respect mutuel et la bonne volonté. Et quand vous avez un accord commercial reposant sur le principe de la souveraineté nationale, comme l’ALENA, il vaut mieux compter sur la bonne volonté. Les critiques sournoises à l’endroit des Américains ne favorisent pas cette bonne volonté. Elles n’améliorent pas l’ALENA. En fait, cette approche alimente la rancune et l’envie de durcir les lois pour nous ébranler encore plus. Nous devons donc changer notre approche des relations canado-américaines, et je suis ravi de faire partie du gouvernement qui fait une si grande place au rétablissement des relations basées sur le respect et la courtoisie avec les États-Unis, parce que les Canadiens s’en trouveront mieux.


Comme je le disais plus tôt, nous estimons également que les économies nord-américaines peuvent œuvrer en collaboration pour récolter de grands avantages. Si vous pensez que nous allons avoir de la difficulté à nous attaquer à la Chine par nous-mêmes, vous avez parfaitement raison. Mais nous pouvons bâtir des chaînes d’approvisionnement nord-américaines extrêmement efficaces. Nous avons des groupes transfrontaliers, des chaînes d’approvisionnement transfrontalières qui procurent une efficacité exceptionnelle à nos industries et qui nous permettent, à partir d’une plate-forme nord-américaine, de nous attaquer à certaines des économies les plus compétitives au monde.


Lors de ma rencontre récente avec mes homologues de l’ALENA au Mexique, nous nous sommes attachés à déterminer comment les partenaires de l’ALENA pourraient commencer, pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA, à œuvrer ensemble pour renforcer la compétitivité en Amérique du Nord. Cette question a également été discutée lors du Sommet trilatéral des dirigeants. De toute évidence, l’intégration des chaînes d’approvisionnement nord-américaines est bien avancée dans beaucoup de secteurs. Mais par ailleurs, il est évident qu’il y a encore des obstacles inutiles — de nombreux obstacles que le gouvernement du Canada et que les gouvernements nationaux des partenaires de l’ALENA peuvent éliminer.


Par exemple, nous pouvons créer des normes, des règlements et des régimes d’investissement plus compatibles pour favoriser des interactions commerciales harmonisées et des partenariats plus solides. Nous pouvons également en faire plus pour assurer que les mouvements transfrontaliers, les ports et les voies aériennes en Amérique du Nord encouragent un commerce efficace tout en offrant une protection accrue contre le terrorisme et le crime. Par ailleurs, nous pouvons coopérer avec nos partenaires de l’ALENA afin d’aligner davantage nos initiatives d’échanges bilatéraux sur la plate-forme de l’ALENA, et nous avons convenu d’explorer ces possibilités avec nos partenaires de l’ALENA.


Il s’agit d’un secteur dans lequel le Canada a pris du retard. Je n’ai aucune hésitation à affirmer que nous n’avons pas été assez agressifs et assez concentrés pour permettre au Canada de soutenir le rythme rapide, presque compétitif, de l’expansion des accords commerciaux bilatéraux. Le Canada est la seule grande nation commerçante à ne pas avoir conclu un seul accord de libre-échange au cours des cinq dernières années. Un pacte avec le Costa Rica, signé il y a déjà trois administrations et deux premiers ministres, ne laisse pas entendre que nous sommes actifs à l’échelle internationale en tant que nation commerçante. Par conséquent, nous prenons du retard par rapport à l’Australie, au Mexique et, surtout, aux États-Unis pour ce qui est des échanges bilatéraux, et cela se répercutera en bout de ligne sur nos industries exportatrices, qui subiront de la discrimination sur les marchés des pays tiers.


Nous devons donc renforcer la compétitivité du Canada et de l’Amérique du Nord. Pour ce faire, nous devons être plus dynamiques concernant les accords commerciaux, mais nous devons également tenir compte des autres piliers de la compétitivité, comme nos systèmes de transport, de façon à permettre aux industries canadiennes et nord-américaines de soutenir la concurrence mondiale. D’ailleurs, l’amélioration de l’accès aux marchés en Amérique du Nord est l’un des principaux objectifs énoncés dans le rapport Priorités du Canada en matière d’accès aux marchés internationaux, qui accompagne Le point sur le commerce, publié aujourd’hui, qui expose notre stratégie pour améliorer l’accès aux marchés pour nos exportateurs et investisseurs, et présente une nouvelle base de données en ligne sur les barrières commerciales afin d’aider les entreprises canadiennes à réussir à l’étranger.


Notre gouvernement fait également les investissements nécessaires dans la porte d’entrée canadienne du Pacifique, parce qu’il s’agit d’un élément essentiel du commerce et de la compétitivité de l’Amérique du Nord.


Parlons de l’Asie pour un moment. L’Asie est un autre élément déterminant du programme commercial mondial du Canada. Nous savons tous que les économies asiatiques, dont la Chine, l’Inde et la Corée du Sud, ont connu une croissance extraordinaire et subi une importante transformation. Cette région, ainsi que les partenaires de l’ANASE [Association des nations de l’Asie du Sud-Est], l’Inde et notre bonne amie l’Australie, offre des possibilités commerciales très intéressantes pour le Canada. Mais pour en tirer parti, nous devons nous assurer du caractère stratégique de nos efforts. Nous devons créer les liens appropriés sur les bons marchés.


Prenons l’exemple de la Chine. Ici, on ne parle pas seulement d’un énorme marché qui offre des occasions créées par 25 années de croissance économique sans précédent et des changements qui font intervenir 1,3 milliard de consommateurs potentiels. On parle aussi d’un pays qui joue un rôle primordial dans les chaînes d’approvisionnement en Asie et qui concentre ses efforts sur l’aménagement de son infrastructure dans les secteurs de l’énergie, des transports, des communications et des services financiers — tous des secteurs d’expertise canadienne. Il n’y a aucune raison pour que le Canada ne puisse devenir un « partenaire de choix » dans le boom que connaît le secteur de l’infrastructure en Chine. Pour y parvenir, nous devons relever la part de l’investissement étranger direct du Canada en Chine au-dessus du niveau actuel de 1 p. 100, qui est dérisoire. Le gouvernement apportera son concours en négociant un accord de protection des investissements étrangers avec la Chine et en continuant de faire en sorte que les entreprises canadiennes soient bien assistées par nos spécialistes sur le marché.


Parlons de l’Inde maintenant. L’Inde présente elle aussi les conditions appropriées pour établir des relations productives avec le Canada. Elle est la 10e économie du monde et sa population dépassera celle de la Chine en 2050. Elle possède une classe moyenne qui ne cesse de s’accroître et une nouvelle ouverture à l’égard de l’investissement, sans compter qu’elle fournit un effort soutenu en vue de devenir l’un des principaux acteurs mondiaux dans le domaine de la haute technologie. Conscient que l’Inde et le Canada ont en commun de nombreux points forts complémentaires en matière de sciences et de technologie, notre gouvernement recherche de façon prioritaire à conclure un accord visant à rapprocher les secteurs de la recherche-développement ainsi qu’un accord visant à protéger les investissements étrangers.


Voyons la Corée du Sud. C’est la troisième économie de la région, un chef de file de l’investissement étranger en Chine et un lien actif dans les chaînes d’approvisionnement en Asie du Nord. La conclusion d’un accord de libre-échange avec la Corée du Sud — ce que nous recherchons activement à l’heure actuelle, à l’instar des Américains — aidera toute une série de secteurs du Canada, de l’agriculture à la haute technologie, à tirer parti d’une vaste chaîne concurrentielle de production et d’approvisionnement en Corée du Sud.


Puis, il y a le Japon. On ne parle pas beaucoup du Japon, mais il est, et de loin, la plus importante économie d’Asie. Le Japon est le plus gros investisseur de la région, un centre financier, une puissance industrielle et un chef de file mondial de la recherche-développement. Sans le Japon, il sera difficile de faire des percées en Asie. C’est pourquoi nous tentons de développer et de renforcer notre engagement économique dans ce pays par l’entremise du Cadre économique Canada-Japon.


Bien entendu, on ne peut pas évoquer les marchés émergents d’Asie sans parler des occasions qu’ils offrent. Aucune région du monde n’a adhéré à la mondialisation dans la même mesure que l’Asie. La Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Japon se préparent tous à devenir des concurrents importants dans les secteurs clés où les entreprises canadiennes et nord-américaines ont traditionnellement exercé leur domination. L’Australie et les pays de l’ANASE sont manifestement engagés eux aussi, et ils s’affirment rapidement comme des acteurs importants dans la région de l’Asie-Pacifique.


Nous ne pouvons tout simplement pas demeurer passifs. Nous devons renforcer notre capacité compétitive, intensifier notre engagement et nous lancer dans le jeu plus énergiquement. Nous devons également examiner les grands paramètres de notre économie, et je pense que notre gouvernement a pris un bon départ à cet égard. Nous devons reconnaître que nos politiques nationales sont étroitement liées à notre performance sur les marchés mondiaux. Nous devons faire les bons choix en ce qui concerne les questions fiscales, la réglementation commerciale et les règles d’investissement. Nous devons investir de façon judicieuse dans l’éducation et la formation, l’infrastructure, les sciences et la technologie. Nous devons nous attaquer aux grands problèmes qui affectent les marchés financiers et du travail. Nous devons reconnaître que des villes sûres et fiables constitueront un atout déterminant pour le Canada dans la compétition pour attirer des travailleurs instruits et qualifiés — ceux qui détermineront, en bout de ligne, notre avenir économique.


Dans notre budget de mai 2006, nous proposons un certain nombre de nouvelles mesures importantes visant à nous mettre sur la bonne voie. Nous offrons des allégements fiscaux aux petites et grandes entreprises ainsi que des mesures incitatives au marché du travail pour soutenir la formation et l’éducation. Nous proposons également des réformes du système judiciaire qui feront en sorte que tous les membres de la société, particulièrement les plus vulnérables, se sentent plus en sécurité dans leurs collectivités.


En conclusion, notre rôle en tant que dirigeants politiques et du monde des affaires n’est pas de savourer les réussites actuelles du Canada, mais plutôt de repérer et d’éviter les risques et les difficultés qui nous attendent. Les menaces pour notre prospérité, notre compétitivité et notre place dans le monde sont bien réelles. Il existe un lien clair et indéniable entre notre compétitivité sur les marchés mondiaux et les emplois, la qualité de vie et les programmes sociaux qui sont si chers aux Canadiens.


Si les dernières années nous ont appris quelque chose, c’est qu’en tant que nation nous devons adopter une approche plus proactive, plus ciblée et plus disciplinée à l’égard du commerce et de la compétitivité. Nous devons être plus fermes dans notre détermination à établir des relations commerciales et à participer aux plates-formes fondamentales et chaînes de valeur qui nous permettront de prospérer dans l’économie mondiale. Il ne suffit pas de voir la fin de la partie; nous devons également avoir la vision, la volonté et le plan d’action nécessaires pour rester dans la partie et même devancer les autres joueurs.


Comme notre gouvernement, je suis déterminé à aider le Canada à commencer à planifier pour l’avenir. Je me réjouis à la perspective de travailler en étroite collaboration avec beaucoup d’entre vous qui êtes présents aujourd’hui, et avec le milieu des affaires du Canada en général, afin que le Canada demeure l’une des nations les plus prospères au monde pour les générations à venir.


Je vous remercie.