Le 19 octobre 2006
OTTAWA (Ontario)
2006/21


SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS






NOTES POUR UNE ALLOCUTION DE


L’HONORABLE PETER MACKAY,


MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET


MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE DU


CANADA ATLANTIQUE


DEVANT LES MEMBRES DU CONSEIL INTERNATIONAL DU CANADA



« POURQUOI NOUS SOMMES LÀ-BAS : LE RÔLE DE PREMIER


PLAN DU CANADA EN AFGHANISTAN »



C’est un plaisir pour moi d’être ici aujourd’hui à l’occasion de cet important événement. On s’entend généralement pour dire que la sécurité nationale est intimement reliée à la sécurité à l’étranger. En fait, la mission en Afghanistan est considérée actuellement comme la mission la plus importante de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique Nord]. Dans le même ordre d’idées, il s’agit certainement de la mission la plus importante du Canada.


Aujourd’hui, je voudrais vous expliquer pourquoi nous sommes là-bas. Je tiens à parler du rôle de premier plan du Canada en Afghanistan; de toute évidence, il s’agit de la mission militaire qui retient le plus l’attention des Canadiens. Personne ne devrait se méprendre sur l’importance que les interventions militaires du Canada et de ses alliés revêtent dans ce pays. C’est une mission difficile; c’est pourquoi nous avons des soldats de métier vaillants, dévoués et bien entraînés qui y accomplissent le travail à effectuer.


La mission du Canada en Afghanistan ne se limite pas cependant aux opérations militaires, parce que nous savons que sa réussite ne peut pas être assurée uniquement par des moyens militaires. Nous avons donc déployé des membres des forces canadiennes, des diplomates, des spécialistes du développement, des policiers civils ainsi que des experts dans le domaine des droits de la personne, de la bonne gouvernance, de la primauté du droit et de l’instauration de la démocratie, qui sont tous là-bas dans le même but. Il s’agit d’une équipe formidable très bien entraînée, dont l’apport est souvent mésestimé. Elle représente un tout, une approche pangouvernementale; elle touche à la raison même de notre présence en Afghanistan et montre à quel point la présence et l’engagement du Canada et d’autres pays en Afghanistan ont déjà eu un effet important sur la vie quotidienne des Afghans.


On peut mesurer cette contribution et cette incidence de différentes façons. Par exemple, lorsque le président afghan Hamid Karzai a pris la parole au Parlement ici au Canada le mois dernier, il a dit, et je cite : « Grâce à la contribution du Canada, aujourd’hui l’Afghanistan est un pays profondément différent du pays terrifié et épuisé d’il y a cinq ans. » Il a parlé de la nouvelle constitution de l’Afghanistan et des premières élections démocratiques de toute l’histoire du pays. Il a parlé des 4,5 millions de réfugiés qui sont revenus en Afghanistan et des 6 millions d’enfants et plus qui fréquentent maintenant l’école, dont seulement 35 p. 100 sont des filles, de la récupération des armes et du désarmement des personnes qui possèdent illégalement des armes. Et il a dit qu’il y a des centaines d’exemples de cas où le Canada a déjà amélioré la vie de millions d’Afghans.


Selon ses paroles, « En bref, nous avons, en Afghanistan, embrassé la vision d’une société prospère et pluraliste dont le Canada est l’image et l’incarnation parfaites. » Bien entendu, une société démocratique ne se construit pas du jour au lendemain. Pour transformer une vision en réalité, il faut s’y employer sans relâche et bénéficier de l’aide des autres, mais des progrès sont accomplis sur de nombreux fronts, à commencer par la transformation de la vie de chacun.


Je l’ai constaté au cours d’un séjour en Afghanistan; j’ai vu une petite fille aller à l’école Ashiana de Kaboul, une école parrainée par le Fonds canadien. Le fonds permet à de jeunes Afghans d’aller à l’école et de recevoir une formation professionnelle et d’acquérir des connaissances de base — comme la lecture et l’écriture — et des connaissances de base sur la santé et l’hygiène. Elle vise à offrir des solutions de rechange aux enfants pour qui les rues poussiéreuses et souvent dangereuses de la capitale étaient souvent le seul moyen d’existence. Cette petite fille et des millions d’autres enfants comme elle n’auraient jamais eu la possibilité d’aller à l’école sans l’intervention de la communauté internationale, dont le Canada.


Lorsque je lui ai demandé ce qu’elle voulait faire plus tard, elle m’a regardé les yeux pleins de fierté et m’a répondu avec enthousiasme qu’elle voulait devenir professeur de mathématiques pour pouvoir enseigner à d’autres petites filles qui iraient à l’école comme elle et auraient les mêmes possibilités qu’elle.


Voilà l’effet sur le plan humain que les Canadiens ont sur les Afghans aujourd’hui, et dont ils devraient s’enorgueillir. Ces possibilités n’existeraient pas autrement et elles ne sont pas toujours mesurables, ni toujours tangibles ou concrètes; souvent, on n’en parle pas. Qui plus est, le Canada veille à ce que les jeunes femmes aient l’occasion de fréquenter l’école, de s’instruire et de mener une vie productive. Qu’est-ce qui est le plus utile? Être membre à part entière de la société, assurer la protection et offrir un foyer sûr, avoir la chance de s’instruire (sans exploitation ou pire), instaurer la démocratie, viser l’égalité — ce sont là des fondements importants de notre société. Pourquoi ne voudrions-nous pas les partager avec la population de l’Afghanistan? Si nous croyons dans ces valeurs, au-delà de leur simple notion ou concept abstrait, mais aussi dans leur application, nous devons être prêts à les appuyer par des actions et à combattre afin de bénéficier, de protéger et de promouvoir ces valeurs.


Le partage des valeurs est étayé par le partage des moyens favorisant l’autonomie et l’esprit d’entreprise. Le Canada continue d’être le principal donateur du programme national de microcrédit, qui permet de consentir des prêts à très faible taux d’intérêt aux personnes qui cherchent à sortir de la pauvreté. Par exemple, grâce au microcrédit, une veuve a obtenu un petit prêt pour acheter un magasin qui vend des aliments; un fermier afghan, qui avait dû vendre sa terre pour nourrir sa famille, a pu acheter un magasin, racheter sa terre et offrir du travail à tous les membres de sa famille; une couturière a pu acheter quelques machines à coudre, ce qui permet à ses fils de travailler avec elle pour confectionner des habits pour hommes; un commerçant a acheté un camion d’occasion pour livrer des marchandises aux villages voisins. Il s’agit là de quelques exemples d’améliorations concrètes apportées dans la vie d’Afghans ordinaires. Jusqu’à présent 190 000 personnes ont obtenu de tels prêts — près de 75 p.100 d’entre elles sont des femmes et 99 p. 100 ont remboursé ces prêts ainsi que les intérêts.


Par conséquent, lorsque nous parlons des progrès accomplis en Afghanistan et du rôle de premier plan qu’y joue le Canada, c’est exactement ce que nous voulons dire. C’est la raison fondamentale de notre présence dans ce pays, mais nous exerçons ce rôle pour une autre raison : notre propre sécurité. En tant que gouvernement, nous avons la responsabilité indiscutable de protéger les Canadiens contre le genre d’attentats terroristes perpétrés le 11 septembre 2001 — qui ont coûté la vie à 24 citoyens canadiens et à plus de 3 000 personnes dans les tours jumelles de New York. Au cas où certains l’auraient oublié, les pirates de l’air qui ont perpétré ces attentats s’étaient entraînés et avaient préparé leur plan en Afghanistan. Ils sont venus chez nous.


Pour assurer leur sécurité nationale, le Canada et ses alliés de l’OTAN ont donc tout intérêt à ce que l’Afghanistan ne puisse pas redevenir un refuge ou le pays d’origine de terroristes internationaux. À cette fin, le Canada — de concert avec les Nations Unies, l’OTAN et 36 autres partenaires — a promis d’aider l’Afghanistan, ce que notre Parlement démocratiquement élu a réaffirmé en mai dernier.


Le Canada, ainsi que d’autres pays de la communauté internationale, a donc pris un engagement envers l’Afghanistan. Nous lui avons promis de fournir les forces militaires nécessaires pour l’aider à se stabiliser jusqu’à ce que ses propres forces de sécurité nationales puissent le faire seules. La présence de l’OTAN en Afghanistan constitue un élément clé de ce processus, et le Canada joue un rôle de premier plan dans cette mission essentielle de l’OTAN.


En assumant le commandement du quartier général de la brigade multinationale à Kandahar en février, le Canada a préparé le transfert du commandement des opérations à l’OTAN dans le Sud l’été dernier, et nous ne sommes pas seuls dans cette entreprise essentielle. Plus de 36 pays contribuent à la force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’OTAN. Quinze se trouvent dans le Sud, dont les alliés historiques du Canada, à savoir le Royaume-Uni, l’Australie et les Pays-Bas, et de nouveaux partenaires avec lesquels nous établissons des liens étroits, comme la Roumanie et l’Estonie. Le mois dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé pour une cinquième fois la prolongation du mandat de la FIAS [Force internationale d’assistance à la sécurité]. Selon la résolution 1707, adoptée à l’unanimité, tous les États sont invités à fournir du personnel, du matériel et des ressources pour appuyer les efforts de l’OTAN.


Permettez-moi de souligner que nous ne sommes pas seuls dans cette mission. Les apports récents du Canada répondent tout à fait à cette résolution et sont conformes à l’autorisation internationale de notre intervention en Afghanistan. Seule la présence de la FIAS est à ce stade-ci assez forte pour protéger le droit, inscrit maintenant dans la constitution de l’Afghanistan, des femmes et des filles de s’instruire, de gagner leur vie et de vivre en sécurité, à l’abri de la peur et de l’oppression.


Ce sont là certaines et non toutes les raisons pour lesquelles nous sommes là-bas. Or, certains croient que le temps est maintenant venu de nous asseoir avec les talibans pour négocier l’avenir de la population afghane tout en poursuivant les efforts de reconstruction comme si, d’un coup de baguette magique, nous pouvions arrêter l’insurrection, amener les talibans à promouvoir la paix et les négociations, faire en sorte que les filles continuent d’aller joyeusement à l’école et que les opposants à l’idéologie oppressive et violente des talibans puissent rester et vivre en toute liberté et sans représailles.


Ceux qui avancent ces idées se rendent-ils compte du sort auquel cette naïveté condamnerait les Afghans qui s’opposent aujourd’hui aux talibans? Pensent-ils que les insurgés croient réellement au compromis et à la loyauté? Sont-ils aveugles devant les pratiques innommables et inhumaines de torture et d’avilissement utilisées par le régime des talibans? Il y a aussi ceux qui pensent que les Forces canadiennes devraient quitter le sud de l’Afghanistan, où les défis et les dangers sont les plus grands. Ils veulent utiliser de nouveau leur baguette magique pour arrêter le monde, mais les insurgés ne disparaîtront pas ou ne reprendront pas volontairement des activités démocratiques pacifiques du jour au lendemain. Suggérer le contraire est pure folie.


Il n’y a pas de baguette magique, et le Canada est allé à Kandahar pour lutter contre les insurgés, et non pour les éviter. Nous ferions beaucoup plus pour nos soldats sur place et sur les lignes de front en évaluant cette situation avec réalisme, et non en rêvant en couleurs. Le résultat est contraire à l’effet recherché. Cela frustre et démoralise nos valeureux soldats et cela motive et enhardit les talibans.


Pour revenir à la réalité, Kandahar et la zone du sud constituent encore la région la plus incontrôlée de l’Afghanistan, et nous avons recours aux conseils de l’OTAN pour veiller à ce que nos alliés soient au courant des besoins en soldats sur le terrain de la FIAS, à part les troupes canadiennes. Et je peux vous garantir que nous continuerons de faire entendre notre voix au sujet de cette importante question. La semaine dernière, j’ai soulevé de nouveau la question auprès du secrétaire général de l’OTAN, M. Jaap de Hoop Scheffer, qui, soit dit en passant, a comparé récemment les efforts du Canada en Afghanistan à la libération par le Canada de son propre pays, les Pays-Bas, qui était aux prises avec le mal. Il était d’accord avec le Canada pour dire que d’autres pays que les alliés de l’OTAN devaient se proposer pour partager le fardeau militaire en Afghanistan.


Nous avons également parlé de l’important travail d’aide au développement à réaliser dans ce pays, qui est rendu possible par la présence et la détermination des troupes de la FIAS et de l’exemple donné par le Canada. Mais je lui ai mentionné que nous ne pouvons pas continuer de le faire sans un appui supplémentaire. Aucun pays ni même un petit nombre de pays ne peut faire tout ce qu’il faut pour apporter la sécurité nécessaire pour mener à bien les autres volets de la mission : la reconstruction et le développement.


Ils doivent être réalisés ensemble, en parallèle.


Permettez-moi maintenant d’aborder le sujet de la démocratie et des institutions essentielles à la gouvernance et à la société afghanes. J’aimerais toutefois auparavant rappeler certains points que j’ai soulevés devant le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international et qui touchent à la promotion de la démocratie, au développement et à son rôle dans notre politique étrangère, en particulier en ce qui a trait à la démocratie en Afghanistan.


Notre engagement en Afghanistan n’a rien d’exceptionnel. Tout au long de leur histoire, les Canadiens ont opposé une ferme résistance aux idéologies allant à l’encontre du droit de chacun de mener ses propres affaires. Nous avons affronté des menaces à la liberté et à la stabilité du monde. Nos propres vies en dépendent et nos valeurs l’exigent. Les politiques mises en place par le présent gouvernement en ce qui a trait à la liberté, à la démocratie, à la primauté du droit et aux droits de la personne sont le reflet de nos principes fondamentaux, qui sont à la base, un élément essentiel du succès que nous connaissons aujourd’hui en tant que nation. Ces principes guideront notre action face aux nombreux défis et menaces auxquels nous sommes confrontés dans le monde actuel.


Bref, nous nous sommes engagés à promouvoir la démocratie, pas parce que nos valeurs l’exigent, pas parce que la promotion de la démocratie est à la base de nos efforts visant à bâtir une société plus pacifique, plus sûre et plus prospère dans laquelle nous avons tous une place, mais surtout parce que la démocratie contribue directement à la sécurité des Canadiens.


Le fait que les terroristes méprisent la démocratie et qu’ils ne reculeront devant rien pour la détruire devrait nous faire prendre conscience d’une chose, à savoir que la démocratie est la clé à tout. C’est la clé pour libérer les gens et les investir du pouvoir de modifier leur gouvernement et de transformer leur pays. La démocratie permet aux personnes les plus directement touchées par la pauvreté, l’instabilité et les conflits de se prendre en main. Elle rend tous les citoyens, au sein de leur propre système politique, capables de concentrer leur attention sur les problèmes, de proposer des solutions, d’assumer la responsabilité de leur propre foi en ouvrant la voie à des changements pacifiques et elle rend les solutions de rechange violentes moins intéressantes.


En ce qui a trait à l’Afghanistan, l’Accord de Bonn de 2001 présente toute une série d’étapes pour établir des institutions essentielles à la gouvernance afghane. Grâce à ces étapes et à d’autres énoncées plus récemment à Londres, nous pouvons constater avec plus de netteté les progrès réalisés dans ce pays : une constitution a été ébauchée, des élections — présidentielles, parlementaires et provinciales — ont été tenues à l’échelle nationale, et des millions d’Afghans y ont participé; ces élections ont été remarquables, tant pour ce qui est du nombre d’Afghans que du nombre de femmes qui y ont pris part. Et ce soutien extraordinaire des Afghans leur a donné la capacité d’interagir à nouveau avec la communauté internationale.


Plus de 26 000 bureaux de vote ont été installés dans plus de 8 000 endroits d’un bout à l’autre du pays. On y a affecté 160 000 Afghans qui ont aidé 12 millions de compatriotes à s’inscrire afin de pouvoir voter et d’exercer ainsi leur droit fondamental de choisir qui les dirigera. Bien au-delà de 6 000 candidats, dont 582 femmes, se sont portés candidats aux élections de 2005 et plus de 25 p. 100 des sièges du Parlement ont été comblés par des femmes. Et ce, dans un pays où il y a seulement quelques années, les talibans exécutaient des femmes qui avaient eu l’audace de se plaindre de leur sort. Vingt-cinq pour cent de sièges occupés par des femmes, c’est plus que ce que l’on en compte aujourd’hui au Parlement canadien.


À la faveur de ces élections, le peuple afghan a choisi de façon indéniable de donner une nouvelle orientation à son pays, et le Canada lui a prêté son soutien dans cette voie. Nous l’avons fait grâce à notre présence militaire, en créant un milieu sûr pour que les Afghans puissent exercer leur droit de vote. Nous l’avons fait en soutenant les élections présidentielles de 2004, les élections parlementaires de 2005 et les élections provinciales, et en versant en outre plus de 33 millions de dollars afin de favoriser le processus démocratique. En fait, les Canadiens ont siégé à un comité de gestion électorale mixte chargé de superviser l’ensemble du processus électoral, mais comme je l’ai dit plus tôt, les enjeux fondamentaux vont au-delà d’une simple présence militaire et de la tenue d’élections, aussi importants ces aspects soient-ils.


L’Accord de Bonn a également établi des plans en vue de la création d’autres institutions essentielles de gouvernance nationale. L’Afghanistan a depuis lors institué une banque centrale et instauré une devise unique. Le gouvernement a commencé à établir et à renforcer ses propres ministères. Un budget national central a été dressé. Une commission afghane indépendante sur les droits de la personne a été mise sur pied, initiative qui aurait été impensable sous le régime des talibans.


Tout cela a pu être accompli grâce à l’aide des Canadiens, y compris de douzaines de personnes de notre ministère, le ministère des Affaires étrangères [et du Commerce international]. Les diplomates canadiens participent quotidiennement à plusieurs groupes de travail mixtes, internationaux et afghans, afin d’instituer le fonctionnement du gouvernement à Kaboul. Je devrais également mettre l’accent sur le nombre d’organisations non gouvernementales qui continuent de travailler dans ce pays et qui pourraient faire bien davantage si la stabilité y était assurée.


Les forces de sécurité nationales afghanes, la police et les militaires ont également été formés grâce à l’engagement, à la formation et à la participation du Canada et de ses alliés de l’OTAN. Des écoles ont ouvert leurs portes, des routes ont été construites, des puits creusés, des cliniques mises sur pied — preuves concrètes des progrès réalisés à l’intérieur du pays. Pas plus tard que la semaine dernière, ma collègue et ministre [de la Coopération internationale] Josée Verner a annoncé l’attribution de plus 18 millions de dollars pour aider l’Afghanistan à rebâtir l’infrastructure dont elle a besoin pour assurer des soins de santé, de l’eau potable, des services d’assainissement, l’irrigation des terres et l’éducation — à savoir des services nécessaires et essentiels dans lesquels les gens peuvent avoir confiance.


Le Canada finance également le programme national de solidarité, grâce auquel plus de 12 000 villages — à savoir la moitié des villages afghans — et environ 150 000 familles ont leur mot à dire dans la construction des écoles, des cliniques, des routes, des canaux d’irrigation et des puits au sein de leur propre collectivité.


De plus, les fonds sont acheminés par le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction, qui est administré par la Banque mondiale de façon à ce que les sommes parviennent aux bons endroits, aux gens, et permettent véritablement de réaliser l’important travail auquel elles sont destinées. Le Programme national de solidarité a le double avantage d’aider les Afghans à élire des conseils de village, lesquels permettent aux gens d’intervenir et de façonner leur propre destin. Formés d’hommes et de femmes, ces conseils participent directement à l’amélioration de la prestation des services de santé et d’éducation destinés à leurs enfants.


Nous avons également versé 5 millions de dollars à l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite menée à Kandahar. Cette initiative a pour objet de vacciner plus de 7 millions d’enfants. Un autre montant de 12 millions de dollars sera affecté à un établissement de financement des investissements par microcrédit en Afghanistan, lequel comme nous l’avons dit plus tôt, joue un rôle très efficace en rendant possible le consentement de prêts à la consommation et de démarrage de microentreprises à des gens à faible revenu et, surtout, à des femmes.


Ces exemples illustrent parfaitement ce que nous entendons lorsque nous parlons des efforts intégrés du Canada en faveur du redressement de l’Afghanistan, et c’est ce que nous entendons lorsque nous parlons de progrès réels. Mais, manifestement, il y a encore beaucoup d’autres choses à faire et beaucoup de temps devra encore s’écouler avant que le gouvernement de l’Afghanistan soit en mesure de gérer des budgets nationaux, de mettre en place une administration nationale et un système législatif et d’instaurer une culture durable de service au public.


Le peuple afghan a encore besoin de l’aide du Canada et des autres pays. Nous ne pouvons tout simplement pas les laisser faire le travail tout seul. En tout cas, pas pour le moment. Aujourd’hui, notre défi — et il s’agit d’un défi de taille que l’on partage avec la communauté internationale — est d’aider le gouvernement afghan à assurer la sécurité dans la région du sud et à dispenser des services de base à la population afghane vivant dans le Sud. En fait, ce constat est à la base du Pacte pour l’Afghanistan signé par le président Karzai et le secrétaire général des Nations Unies plus tôt cette année et convenu par plus de 60 pays, y compris le Canada.


Ce pacte énonce 40 objectifs mesurables précis visant à orienter l’Afghanistan et les efforts internationaux au cours des cinq prochaines années. En font notamment partie le renforcement de l’armée nationale afghane, de la police nationale afghane et de la police frontalière afghane, afin qu’elles puissent répondre à leurs propres besoins en matière de sécurité; l’adoption de lois contre la corruption d’ici la fin de 2007 et une augmentation de 20 p. 100 du nombre d’emplois occupés par des femmes d’ici la fin de 2010.


Comme vous pouvez le constater, le travail mené en Afghanistan est complexe, il comporte de multiples aspects, et pose de nombreux défis. Mais le Canada, il faut le répéter, n’est pas là tout seul. Lors du discours qu’il a prononcé devant l’Assemblée générale des Nations Unies le mois dernier, le premier ministre [Stephen Harper] a fait remarquer que la mission du Canada en Afghanistan s’inscrivait dans le cadre d’un effort international, sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Seize agences des Nations Unies sont sur le terrain et des bureaux des Nations Unies sont présents partout au pays, de Kaboul à Kandahar. Plus récemment, les Nations Unies ont élargi ce réseau de bureaux régionaux, y compris dans le Sud, de manière à ce que les Afghans qui en ont le plus besoin reçoivent l’aide qu’ils méritent. Le premier ministre a en outre souligné que nous, les Canadiens, ferions notre part du travail en Afghanistan et que nous nous attendons également à ce que les autres en fassent autant.


Permettez-moi de conclure par une dernière observation. Les efforts déployés par la communauté internationale en Afghanistan rendent compte des liens multiples et interdépendants du défi afghan. Réaliser des progrès durables signifie assurer, de manière simultanée, la sécurité, la gouvernance et le développement. C’est pourquoi des équipes provinciales de reconstruction ont été mises sur pied, 23 en tout, à l’intérieur du pays. Ces équipes comprennent des diplomates, des experts en développement, des experts en politique, des militaires qui s’attaquent aux causes de l’instabilité : la pauvreté, la gouvernance médiocre, la faiblesse des institutions, la corruption, la sédition et la présence de seigneurs de guerre régionaux.


Le Canada dirige l’Équipe provinciale de reconstruction à Kandahar. Il s’agit d’un effort multiministériel mené avec le concours du personnel de la Défense nationale, des Affaires étrangères, de l’ACDI [Agence canadienne de développement international] évidemment, de la Gendarmerie royale du Canada et d’autres corps de police municipaux du Canada. C’est pourquoi la nouvelle réalité des opérations de soutien de la paix n’est pas simple; il ne s’agit pas simplement de séparer les combattants qui ont accepté un cessez-le-feu. Nous contribuons plutôt à bâtir un pays, à favoriser la croissance économique et à renforcer la gouvernance locale tout en étant confrontés à des forces de sédition tenaces. Nous contribuons également aux efforts visant à assurer la sécurité dans l’ensemble du pays.


En fait, il s’agit du type d’approche intégrée qu’il faut mettre en œuvre afin de relever les défis en matière de sécurité que pose le XXIe siècle. Le travail du Canada en Afghanistan est véritablement important et compte vraiment pour les Canadiens. Il compte dans notre lutte contre le terrorisme mondial. Il est important pour les Nations Unies, l’OTAN et d’autres partenaires en Afghanistan. Il s’agit d’un effort multilatéral et il est des plus importants pour la vie de la population afghane.


Les Afghans reconnaissent l’apport du Canada, l’apprécient et ils font l’éloge de sa contribution à la reconstruction de leur pays. Je n’ai à cet égard aucun doute. Les Afghans que j’ai rencontrés, qu’il s’agisse de dirigeants, de fonctionnaires de haut niveau ou de citoyens ordinaires, me l’ont maintes fois répété. Ils ont constamment pris le soin de remercier les Canadiens pour tout ce qu’ils font et qu’ils continueront de faire pour les aider dans leur cause, et leur cause est la nôtre; il s’agit de la cause de l’humanité. Ils ont également pris le temps de reconnaître les sacrifices énormes que nous avons consentis pour eux.


Nous participons à une lutte mondiale contre le terrorisme, dans laquelle nous avons un rôle important à jouer. Je crois qu’au terme de ce conflit mondial s’instaurera une paix durable. Au-delà de tout ce que l’on peut entendre et dire à ce sujet, le fait d’être allé en Afghanistan m’a permis de le voir dans les yeux des enfants, des jeunes filles, des femmes qui commencent à mener une vie digne de ce nom. Je le constate dans leur détermination et dans le courage et les compétences de nos soldats qui se dévouent dans ce pays, en assurant la sécurité et en pavant la voie à une nouvelle vie de paix et d’espoir pour ces jeunes Afghans.


Et je le vois dans la reconstruction des écoles, dans la multiplication des conseils de village élus qui sont le berceau même de la démocratie, dans les premiers pas audacieux du peuple afghan vers la liberté. Et je le vois dans les yeux de cette petite fille dans cette école d’Ashiana. Et je crois que c’est pour tout cela que nous sommes là.


Je vous remercie.