MINISTRE AXWORTHY - ALLOCUTION A LA PAASIKIVI SOCIETY - HELSINKI, FINLANDE

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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

À LA PAASIKIVI SOCIETY

HELSINKI, Finlande

Le 1er septembre 1999

Tout comme le Canada, la Finlande est reconnue pour son engagement positif dans le monde. C'est donc un honneur pour moi d'avoir été invité par la Paasikivi Society, et il me fait plaisir de pouvoir vous entretenir de ma perception des défis mondiaux auxquels nous faisons face, vous donner un aperçu des moyens que prenons pour adapter notre politique étrangère en conséquence, et vous proposer des façons par lesquelles le Canada et la Finlande pourraient étendre leur coopération, particulièrement en ce qui a trait à leurs régions nordiques communes.

Les initiatives du Président Ahtisaari durant la crise du Kosovo sont de remarquables exemples de la tradition d'engagement de la Finlande dans l'intérêt de la paix et de la sécurité. De fait, c'est grâce à l'entente que votre président a aidé à élaborer que les réfugiés du Kosovo ont pu rentrer chez eux. Nous lui sommes tous reconnaissants pour sa contribution, qui lui apportera, ainsi qu'au peuple de la Finlande, tout le mérite qui leur revient.

Alors que le conflit était à son plus fort, je me rappelle avoir été frappé par la présence impressionnante du Président Ahtisaari à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G-8. Son engagement inébranlable à résoudre la crise ne faisait aucun doute, et tant son discours que ses actes ont été une source d'inspiration pour nous tous qui croyons en la poursuite de la paix et de la justice dans un monde incertain.

Les initiatives de votre président ont été d'autant plus exceptionnelles que la crise du Kosovo reflète nombre des nouvelles réalités de conflits dans un monde en mutation, tandis que notre réaction marque un tournant dans la gestion des affaires internationales.

L'individu est au centre de cette nouvelle donne mondiale. La sécurité de la personne -- ce que j'appelle la sécurité humaine -- émerge comme une préoccupation centrale dans les relations entre les nations, un motif important pour une action concertée à l'échelle planétaire, ainsi qu'un lien indispensable dans le continuum qui englobe la sécurité nationale, régionale et mondiale.

Il ne fait aucun doute que, dans les zones de conflits, ce sont les êtres humains, et particulièrement les civils, qui souffrent le plus. Le taux de victimisation est sans précédent. Plus de gens meurent aujourd'hui dans des conflits -- de plus en plus intranationaux qu'internationaux -- qu'à tout autre moment dans l'histoire. Un nombre croissant d'entre eux sont des civils, et ils sont de plus en plus la cible directe d'actes de violence.

On n'a qu'à penser à l'impact qu'ont eu, au cours des dix dernières années, les conflits violents sur les enfants : deux millions d'entre eux ont été tués, quatre millions sont dorénavant handicapés, un million sont devenus orphelins, et dix millions de ces enfants demeurent traumatisés par un enlèvement, une expulsion, un viol, une détention ou la perte d'un membre.

Les menaces à la sécurité humaine ne se limitent pas aux zones de conflit. Les Canadiens et les Finlandais peuvent être largement protégés contre le genre de violence physique qui sévit dans d'autres régions du monde. Pourtant, nos citoyens sont touchés par d'autres menaces transnationales, notamment le trafic illicite des drogues qui fait des victimes, particulièrement parmi nos jeunes, de même que la pollution environnementale qui menace les populations urbaines et rurales. Ainsi, dans l'Arctique par exemple, les déchets toxiques provenant d'autres parties du monde ont de sérieuses répercussions sur la santé et le bien-être de nos populations nordiques.

Parallèlement, notre sécurité est indissociable de celle de nos voisins, qu'ils se trouvent de l'autre côté de la rue ou à l'autre bout du globe. Nous partageons tous une même destinée. Comme voyageurs, donateurs, gens d'affaires et investisseurs, et en tant qu'habitants de pays d'immigration et d'accueil pour les réfugiés, ce qui survient dans le quotidien des autres importe aux Canadiens et aux Finlandais.

Le monde de communications dans lequel nous évoluons nous permet de recevoir des images en temps réel. Le visage de la souffrance humaine nous est dorénavant transmis en direct, avec un degré de définition de plus en plus grand. Nous partageons tous une même humanité. La détresse des autres nous préoccupe.

Voilà pourquoi il est dans notre intérêt et de notre responsabilité d'agir lorsque la sécurité humaine est compromise. C'est dans ce contexte que nous avons adapté la politique étrangère du Canada aux chapitres des enjeux dont nous nous occupons, des méthodes et des institutions auxquelles nous recourons et des partenariats que nous poursuivons.

Un secteur où la sécurité humaine façonne l'approche du Canada est celui du désarmement et du contrôle des armements. La campagne visant à interdire les mines antipersonnel en est peut-être l'exemple le plus connu. D'entrée de jeu, cette campagne a été mue par la conviction qu'il fallait recourir à des actions décisives pour protéger la vie et le bien-être de personnes innocentes, livrées sans ménagement aux horreurs de la guerre.

À cet égard, le processus d'Ottawa est unique. Sa dynamique procède d'un engagement à éliminer une arme qui menace les gens ordinaires de par les occasions de progrès qu'elle fait perdre, ou encore par les blessures et les pertes de vie qu'elle cause.

Depuis la signature de la Convention d'Ottawa, les progrès ont été soutenus, et la mesure du succès du processus est également calculée en termes humains. De fait, le nombre de victimes des mines diminue, plus de 14 millions de ces engins ont été détruits et ne tueront ou ne blesseront jamais plus, de l'aide est apportée aux victimes afin qu'elles puissent mener des vies productives. C'est dans cet esprit que j'applaudis à la contribution significative de la Finlande à ces efforts multilatéraux de déminage et à son travail d'assistance humanitaire.

En prêtant attention à la dimension humaine des armes, soit leurs coûts humains tangibles, nous saisissons véritablement les mesures prises pour relever les défis que présentent les armes de petit calibre et les armes légères à caractère militaire. On trouve souvent dans les zones de conflit une multitude de ces armes peu coûteuses, faciles à obtenir et à transporter.

Lorsqu'elles tombent entre de mauvaises mains, leur utilisation ajoute à la misère des civils, qui en deviennent les victimes dans une très large mesure. Il faut s'occuper de toute urgence de la mauvaise utilisation et de l'importante circulation de ces armes qui servent à terroriser, estropier et tuer. C'est ce qui explique que le Canada en a fait un volet clé de son activité, que ce soit aux Nations Unies, par l'entremise de mécanismes régionaux comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ou de concert avec les pays touchés et d'autres pays de même opinion.

Le Canada et la Finlande sont déjà des partenaires à cet égard. En Irlande du Nord, par exemple, un ex-premier ministre de votre pays et le président en exercice de votre société, M. Harri Holkeri, a collaboré, aux côtés du général canadien à la retraite John de Chastelain, à la Commission de démilitarisation du Processus de paix en Irlande du Nord -- un élément crucial dans l'établissement d'une paix durable.

La façon dont nous avons procédé dans le dossier des mines terrestres et dont nous procédons dans celui des armes de petit calibre et des armes légères à caractère militaire reflète un changement dans nos réflexions et nos actions dans les domaines traditionnels de la paix et de la sécurité internationales.

La sécurité humaine vise aussi à englober les nouvelles menaces qui pèsent sur la sécurité de la personne, par exemple le fléau des drogues illicites, le trafic des civils et l'expansion de la corruption et de la criminalité dans le secteur financier. Elle comprend en outre les efforts faits pour s'attaquer à des défis particuliers, qu'il s'agisse des enfants-soldats, de l'exploitation des travailleurs ou des victimes du trafic mondial du sexe et du cybersexe.

En cherchant à contrer les menaces existantes et émergentes, les initiatives prises dans tous ces domaines ont pour but de renforcer la sécurité humaine. Ces actions doivent s'accompagner d'un engagement à décourager avant tout les abus et à fixer de nouvelles normes de comportement mondial pour l'avenir. Dans cette optique, une pleine reddition de comptes est essentielle.

C'est pourquoi le Canada a joué un rôle actif dans l'établissement de la Cour criminelle internationale. Depuis qu'un accord-cadre visant la création de la Cour a été conclu à Rome, l'été dernier, des progrès ont été accomplis pour faire de la Cour une réalité.

Dès qu'elle sera en place, la Cour contribuera à décourager certaines des violations les plus graves du droit humanitaire, à savoir le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Elle aidera à donner un sens nouveau et une portée mondiale à la notion de protection des vulnérables et des innocents.

Les tribunaux de l'ONU, et maintenant la Cour criminelle internationale, sont un baromètre des opinions de la communauté mondiale. Ils transmettent un signal sans équivoque aux éventuels transgresseurs : ceux qui se rendent coupables des violations les plus graves du droit humanitaire ne peuvent agir en toute impunité. Ils doivent répondre de leurs actes.

Ces deux volets du concept de la sécurité humaine -- une action mondiale pour le promouvoir et la responsabilité individuelle de ceux qui le menacent -- étaient manifestes au Kosovo. L'intervention de l'OTAN a marqué une étape importante dans l'émergence de la sécurité humaine comme norme d'action mondiale. L'Alliance a été motivée à agir non pas par de froids calculs que dictait la réalpolitik, mais par souci de défendre le simple droit qu'avaient des gens de vivre en paix et en sécurité, à l'abri de la spirale vicieuse du meurtre prémédité, de la terreur et de la brutalité.

L'option militaire au Kosovo n'a pas été choisie à la légère. Cette décision montre que parfois, quand les autres moyens ont échoué, lorsque l'inaction est inacceptable et que l'impératif humanitaire commande clairement d'agir, c'est peut-être la seule et la plus juste des options.

Les accusations de crime de guerre déposées par la juge Arbour ont contribué à accélérer la fin de la crise du Kosovo en isolant et en dénonçant le leadership serbe. L'action résolue de la juge Arbour et du Tribunal montrent comment des interventions concertées peuvent aider à mettre un terme à la culture de l'impunité et à faire avancer la cause de la sécurité humaine.

Néanmoins, au fur et à mesure qu'elle pèse plus lourd dans les relations entre les nations, la sécurité humaine suscite davantage de contradictions avec les normes existantes tout en soulevant des questions sur les institutions mises en place pour gérer les affaires mondiales.

Plus tard ce mois-ci, les leaders du monde se réuniront pour ouvrir la session de l'Assemblée générale des Nations Unies qui nous guidera vers le XXIe siècle. C'est donc un moment opportun pour examiner comment l'ONU réagit face au monde transformé et très dangereux dans lequel nous vivons. C'est dans l'enceinte de cette organisation que se trouvent peut-être les contradictions les plus flagrantes entre la nouvelle et l'ancienne réalité.

Le Conseil de sécurité, en particulier, n'a pas su faire montre de la pertinence nécessaire. Il est impératif que nous nous penchions sur la façon d'adapter le Conseil aux nouvelles réalités afin de mieux protéger les peuples. Seul instrument mondial pour assurer la paix et la sécurité, le Conseil doit être partie prenante -- et non être absent -- de ce processus.

Le Canada est résolu à faire en sorte que le Conseil joue un rôle de leadership central. C'est pourquoi en février dernier il a mis de l'avant le dossier des civils touchés par des conflits armés, et a demandé que le Secrétaire général Annan étudie la question et fasse des recommandations sur la façon dont le Conseil peut mieux promouvoir la sécurité des gens. Le rapport du Secrétaire général et ses propositions seront publiés sous peu.

L'un des défis les plus manifestes que nous devons tous relever, mais particulièrement propre au Conseil, est de définir les articulations du concept de la sécurité humaine, de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires internes des États -- deux notions qui demeurent des composantes fondamentales de la paix et de la sécurité mondiales.

La norme de la non-ingérence dans les affaires internes des autres États reste fondamentale à la paix et à la sécurité internationales. Le Kosovo ne doit pas être considéré comme un précédent qui justifie d'intervenir n'importe où, n'importe quand et pour n'importe quelle raison.

Par ailleurs, dans les cas de violations extrêmes, comme au Kosovo et au Rwanda, le concept de souveraineté nationale ne peut être absolu. Il faut établir des normes et des critères permettant de juger et de décider de la nécessité et de la légitimité d'une intervention internationale en faveur de la sécurité humaine. Pour ce faire, le Conseil doit participer activement à la définition de ces paramètres ainsi qu'au règlement des divergences de vues entre ses membres sur les principes premiers. Il pourra ainsi mieux réagir et être davantage proactif quand survient une crise.

L'intervention n'est que l'une des composantes de l'action du Conseil. Sur d'autres plans, allant de l'établissement et du maintien de la paix à sa consolidation, le Conseil peut et devrait faire davantage pour intégrer la dimension humaine dans ses travaux.

Les Nations Unies devraient être la plaque tournante autour de laquelle s'articule l'action mondiale au service de la sécurité humaine. Mais, nonobstant cette position centrale, l'ONU n'est que l'un des instruments à notre disposition pour servir la cause de la sécurité humaine.

Des partenariats innovateurs entre pays de même opinion peuvent aussi jouer un rôle. C'est cette conviction qui a motivé le Canada et votre voisin, la Norvège, à créer un réseau de pays de même opinion -- qui transcende les vieux clivages Nord-Sud et Est- Ouest -- afin d'envisager et d'organiser des actions au service de la sécurité humaine.

De surcroît, la politique étrangère ne peut plus être décidée et conduite uniquement par les États nations et les diplomates. De nouveaux acteurs, dont les organisations non gouvernementales, les associations d'affaires, les syndicats et les groupements régionaux, exercent une influence croissante sur la scène internationale.

Ils peuvent y jouer un rôle positif et influent. C'est une coalition unique de pays de même opinion, d'ONG et de simples citoyens qui ont fait de la campagne d'interdiction des mines antipersonnel un tel succès, et qui ont contribué à concrétiser le projet de création de la Cour criminelle internationale.

Pour promouvoir la cause de la sécurité humaine -- tant celle de leurs propres citoyens que celle des autres habitants de la planète -- des pays comme le Canada et la Finlande doivent s'allier à d'autres acteurs au service de causes communes.

J'ai mentionné des domaines dans lesquels le Canada et la Finlande ont fait équipe. Cependant, ce que nous avons le plus manifestement en commun, c'est notre patrimoine nordique.

Il y a un an, à Iqaluit, dans le nouveau territoire canadien du Nunavut, nous avons tenu la première réunion ministérielle du Conseil de l'Arctique. Ce conseil a été mis sur pied en raison des défis uniques que devait relever cette région particulière, et de la conviction qu'il fallait une façon différente et globale d'y faire face.

Le défi tient à promouvoir le progrès en faveur des peuples de la région, et ce, tout en préservant l'intégrité du milieu arctique et en protégeant les valeurs sociales et culturelles. Ces enjeux ont un impact direct dans la vie quotidienne des habitants de l'Arctique. Toutefois, comme ils transcendent les frontières, ils appellent une nouvelle forme de coopération entre les États arctiques et leur population.

L'alliance du Canada et de la Finlande sur ce plan s'est avérée particulièrement solide. C'est la Finlande qui, par sa stratégie de protection de l'environnement arctique, a jeté les fondements d'une coopération englobant maintenant le développement durable, la gouvernance, l'éducation, la santé et le bien-être.

À cet égard, je suis tout particulièrement encouragé par la multiplication des relations entre les peuples autochtones du Nord, les Inuit du Canada et les Saami du nord de la Finlande.

Le Canada et la Finlande sont aussi des sociétés à la fine pointe dans le secteur de l'information. Je suis donc heureux que nous travaillions à utiliser la haute technologie dans le Nord dans le cadre de projets comme celui de l'Université de l'Arctique qui mettra le téléenseignement au service des jeunes de cette région.

Le Conseil de l'Arctique et les activités qu'il mène illustrent le genre d'ententes novatrices qu'il nous faut pour relever les défis transnationaux auxquels nous sommes tous confrontés.

À titre de président de l'UE, vous avez fait une priorité manifeste de l'avancement de la Dimension nordique de l'UE, et notamment de la Russie et des pays baltes. En ce qui a trait au développement des sources d'énergie, aux liens de transport, à la protection de l'environnement et au secteur de la santé et du bien-être, il existe des recoupements considérables avec les activités et les discussions déjà en cours au plan circumpolaire et dans le cadre de nos relations bilatérales avec ces pays.

Le Canada et la Finlande devraient intensifier leur coopération. Votre mandat à la tête de l'UE constitue une occasion idéale de faire avancer les choses. Demain, je rencontrerai la présidence finlandaise de l'UE et des représentants de la Commission de l'UE, et je suis convaincu que nous discuterons de ces questions ainsi que d'autres aspects des relations Canada-UE. Je me réjouis également du séminaire que parraineront en octobre le Canada, la Finlande et la Commission européenne et qui explorera les moyens concrets d'atteindre ce but.

Il ne fait aucun doute que les changements que nous avons connus au cours de la dernière décennie ont transformé notre monde. Que ce soit dans le secteur des affaires, dans le monde des médias, dans les milieux de l'enseignement ou au sein des gouvernements, le défi est maintenant de déterminer comment ces changements touchent nos vies et d'élaborer les stratégies appropriées.

Le Canada a mis de l'avant le programme de sécurité humaine afin de promouvoir la cause de la paix et de la sécurité mondiales. Reconnaissant que la sécurité des Canadiens ne saurait être dissociée de celle des autres habitants de la planète, le Canada cherche par cette initiative à édifier une société mondiale où la sécurité de l'individu est au coeur des priorités internationales. Il souhaite également contribuer à bâtir une société où la sécurité de la personne est une force motivante au plan international; où des normes humanitaires internationales et la primauté du droit sont promues et deviennent un filet de sécurité cohérent qui protège l'individu; où ceux qui violent ces normes doivent répondre de leurs actes; et où les institutions mondiales, régionales et bilatérales -- actuelles et futures -- sont conçues et outillées pour faire respecter ces normes et pour faire avancer la cause de la sécurité humaine.

J'ai exposé certaines des façons dont le Canada met en oeuvre cette approche. Que ce soit sur la scène internationale ou dans notre environnement immédiat, les valeurs que nous partageons et notre tradition commune de coopération multilatérale font du Canada et de la Finlande des partenaires bien assortis pour promouvoir la cause de la sécurité humaine.

Merci.