Le 16 janvier 2007
BEIJING, Chine
2007/1
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL
ET MINISTRE DE LA PORTE D'ENTRÉE DU PACIFIQUE
ET DES OLYMPIQUES DE VANCOUVER-WHISTLER,
L'HONORABLE DAVID EMERSON,
À L'OCCASION D'UN DÎNER OFFICIEL
AVEC LE MONDE DES AFFAIRES CHINOIS ET CANADIEN
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier, vous qui appartenez au monde des affaires chinois et canadien, pour le travail de pionniers que vous accomplissez pour
le Canada ici en Chine.
Les frontières économiques que vous explorez, les affaires que vous établissez et les amitiés que vous forgez constituent une base importante pour nos relations
futures avec la Chine.
De nos jours, les relations du Canada avec la Chine sont aussi riches que profondes. J'ajouterais qu'elles remontent loin dans l'histoire, mais nous devons
considérer cela avec un certain recul.
À travers l'histoire, la Chine a été un chef de file mondial, et ce, pendant la plus grande partie des trois derniers millénaires, sinon davantage.
Le Canada est un pays jeune. Nos relations avec la Chine remontent à moins de 200 ans.
Cependant, au cours de cette période nos deux pays ont su tisser des liens étroits.
Situées stratégiquement autour du bassin du Pacifique, nos populations, nos économies et nos histoires respectives se sont entremêlées.
Près de 1 million d'immigrants chinois au Canada ont apporté une importante contribution à notre pays tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Des villes comme Vancouver et Toronto comptent actuellement les communautés chinoises les plus dynamiques d'Amérique du Nord. De plus, la langue chinoise
est la plus parlée après l'anglais et le français (nos deux langues officielles).
Si vous considérez tous ces éléments, vous découvrirez aussi que le « facteur chinois » est à la base d'autres virages et changements au Canada.
Comme la Chine et d'autres économies dynamiques en Asie attirent le centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Orient, le centre de gravité de l'économie
canadienne se déplace aussi vers l'Ouest et vers le Pacifique.
Vous auriez de la difficulté à trouver un secteur ou une région du Canada qui ne doit pas s'adapter au facteur chinois, notamment pour répondre à la demande de
biens et de services de la Chine et pour s'adapter aux structures de coûts de ce pays et à ses chaînes d'approvisionnement de plus en plus recherchées.
Toutefois, l'influence et le changement s'exercent dans les deux sens.
Des missionnaires canadiens ont bâti des hôpitaux et des écoles ici même en Chine. Le Dr Norman Bethune a laissé une marque qui évoque toujours des
sentiments positifs parmi la population chinoise.
Notre présence humanitaire ainsi que les réseaux commerciaux historiques d'entreprises comme Manulife ont permis au Canada de voir le potentiel de la Chine et
de réagir en conséquence.
Il y a trente-six ans, nous avons été l'un des premiers pays occidentaux à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine.
Plus récemment, nous avons appuyé avec force et conviction l'accession de la Chine à l'OMC [Organisation mondiale du commerce] et nous sommes d'excellents
partenaires au sein de l'APEC [Coopération économique de la zone Asie-Pacifique].
Des entreprises canadiennes, telles que Bombardier, SNC-Lavalin, SunLife et la Banque de Montréal, sont maintenant bien établies ici.
Les Canadiens ont manifestement participé à l'ascension de la Chine, qui est passée de son état de « colosse assoupi » à celui de « grande puissance mondiale ».
Reflétant cette histoire, les relations entre le Canada et la Chine se sont raffermies et consolidées.
Sommes-nous en train de réaliser le réel potentiel pour les deux pays?
Ma réponse, la réponse du Canada, est que nous ne le sommes pas et nous ne l'avons pas fait depuis plusieurs années.
Dans le domaine commercial, la Chine est notre quatrième marché d'exportation et notre deuxième partenaire commercial en importance, tout de suite après les
États-Unis.
Toutefois, les échanges commerciaux ne sont pas bien équilibrés. Les importations de marchandises au Canada sont plus de quatre fois supérieures aux
exportations du Canada vers la Chine.
Alors que les importations de la Chine en provenance du Canada se sont accrues de 2,3 p. 100 en 2005, les États-Unis ont enregistré une croissance de 9,14
p. 100, cependant que l'Australie a marqué une hausse de 40 p. 100. Dans le cas du Canada, je crois que les résultats enregistrés en 2006 ont été encore moins
reluisants que ceux de 2005.
L'investissement étranger direct accuse lui aussi des faiblesses. La Chine n'a reçu que 0,2 p. 100 de l'investissement canadien à l'étranger en 2005, alors que
l'investissement étranger direct de la Chine au Canada était de 0,3 p. 100.
Dans l'intervalle, la Fondation Asie Pacifique du Canada a constaté récemment que très peu d'entreprises canadiennes importantes avaient une « stratégie
chinoise ».
Conclusion : nous avons du travail à faire.
Notre gouvernement réagit.
L'énoncé économique du ministre des Finances de l'automne dernier a présenté une feuille de route pour les orientations politiques, appelée « Avantage Canada ».
Les politiques fiscales, ainsi que les priorités et règlements financiers, seront tous harmonisés afin de former une stratégie permettant d'assurer la compétitivité et
la prospérité du Canada.
L'une des principales composantes d'Avantage Canada est la Stratégie de commerce international, qui est axée directement sur le commerce et l'investissement
au niveau international.
Premièrement, nous allons revigorer notre politique commerciale; le Canada préconise depuis longtemps les accords commerciaux multilatéraux fondés sur les
règles.
Cette priorité est maintenant plus importante que jamais.
Et notre préoccupation immédiate sera de faire un dernier effort afin d'obtenir une conclusion ambitieuse des négociations du Cycle de Doha.
Aujourd'hui, cependant, nous assistons à une prolifération d'accords commerciaux bilatéraux et régionaux, dont un grand nombre concernent les partenaires
commerciaux les plus proches du Canada.
Bien que notre objectif premier est de réussir les négociations à l'OMC, le Canada ne peut demeurer passif et être désavantagé dans cette course pour l'obtention
d'accords commerciaux bilatéraux.
Par conséquent, nous allons intensifier la négociation d'accords commerciaux bilatéraux, ce qui comportera non seulement des accords de libre-échange « de
grande envergure », mais aussi des accords plus ciblés portant sur des domaines comme les services aériens et l'investissement.
Le Canada a conclu récemment un certain nombre d'accords sur les services aériens, y compris un accord avec la Chine, qui augmenteront sensiblement la
fréquence des vols et stimuleront le commerce, l'investissement et le tourisme.
Nous accordons également la priorité à la conclusion d'un Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers [APIE] avec la Chine.
Sur le marché mondial d'aujourd'hui, l'investissement stimule le commerce et constitue le catalyseur essentiel pour le transfert de technologie et la création de
liens dans la chaîne d'approvisionnement.
Un APIE Canada-Chine encouragera les entreprises canadiennes à investir et à s'implanter en Chine; il encouragera également les entreprises chinoises à faire de
même au Canada.
Les négociations sont en cours et nous espérons pouvoir conclure un accord dans les mois à venir.
Dans le secteur du tourisme, le Canada essaye depuis un certain temps de conclure un Accord de statut de destination approuvée.
Compte tenu des quelque 115 000 visiteurs chinois qui se sont rendus au Canada en 2005, ce pays est devenu la dixième source de touristes pour le Canada. Il
constitue l'un des marchés touristiques qui se développent le plus rapidement dans le monde.
Aujourd'hui, nous avons l'occasion « qui n'existe qu'une fois dans une génération » de porter le tourisme bilatéral à des niveaux sans précédent et durables.
En 2008, la Chine sera l'hôte des Jeux olympiques d'été. Deux ans plus tard, Vancouver et Whistler accueilleront les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver
de 2010. Plus tard cette même année, la Chine sera l'hôte de l'Exposition universelle de 2010.
Puisqu'à ce moment l'attention du monde sera tournée vers nos deux pays, nous devrions travailler de concert dans notre intérêt mutuel. Des occasions manifestes
s'offrent à nous d'échanger les pratiques exemplaires à titre de pays hôtes.
La principale occasion, cependant, réside dans le fait de pouvoir nous servir des Jeux olympiques pour promouvoir les échanges Canada-Chine dans les domaines
du commerce, de l'investissement, du tourisme, de la culture et de l'éducation.
Par exemple, le Canada profitera des Jeux d'hiver de 2010 pour projeter l'image d'un centre de l'excellence et de l'innovation dans le monde.
Cette démarche comprend aussi la présence importante d'un pavillon Colombie-Britannique-Canada à Beijing, en 2008.
Ceci m'amène à aborder le deuxième élément de la Stratégie de commerce international.
Nous allons montrer au monde entier de nouveaux aspects du Canada.
Nous allons continuer d'accumuler les succès dans le domaine des ressources naturelles -- l'énergie, les mines, la foresterie et l'agriculture.
Nous allons démontrer à la Chine et au reste du monde que nous nous élevons dans la chaîne de valeur. Nous devenons un chef de file dans le domaine de la
science et de la technologie.
Nous figurons parmi les chefs de file mondiaux dans les secteurs de l'aérospatiale, des technologies de l'information et des communications, de la technologie
sans fil et des sciences de la santé -- dans des domaines tels que la biotechnologie, la cybermédecine et le matériel biomédical. Des entreprises novatrices comme
RIM et Ballard s'établissent actuellement en Chine, et d'autres les imiteront.
En fait, plusieurs grandes entreprises actives dans les « technologies vertes » se joignent à moi dans cette visite, y compris des fournisseurs de biodiésel, de piles à
hydrogène et d'autres technologies éconergétiques.
Nous allons rappeler aussi au monde que le Canada est un excellent endroit où implanter des plates-formes commerciales en Amérique du Nord, en particulier
dans les secteurs où les liens avec la science, la technologie et l'innovation sont essentiels.
Nous allons encourager également les partenariats en matière de science et de technologie à l'échelle mondiale.
Des partenaires comme la Chine.
Ce matin, j'ai rencontré le ministre chinois de la Science et de la Technologie, M. Xu Guanhua, afin de signer un Accord Canada-Chine dans le domaine de la
science et de la technologie.
Cet accord reflète un engagement clair de la part des deux pays de travailler ensemble, de rapprocher nos secteurs respectifs de la science et de la technologie,
d'encourager les partenariats de haute technologie et de combiner les technologies canadienne et chinoise et de les faire entrer sur les marchés.
Fait important, cet accord respectera la créativité et l'innovation humaines. Il comprendra des dispositions strictes au sujet de la propriété intellectuelle.
En plus de montrer d'autres facettes du Canada, nous devons intensifier nos efforts sur le terrain dans des marchés comme la Chine.
Aujourd'hui, nos délégués commerciaux en Chine appuient plus de 3 000 entreprises actives dans toute une variété de secteurs.
Ils fonctionnent cependant à la limite de leurs capacités.
La Stratégie de commerce international permettra d'accroître notre capacité à servir ce marché.
Notre démarche reconnaîtra que le marché chinois n'est ni uniforme ni monolithique.
Ce marché est composé d'un réseau de 28 régions et compte de nombreux sous-secteurs et créneaux.
Les entreprises canadiennes, grandes et petites, peuvent connaître du succès en Chine et nous y serons présents de façon ciblée et pratique afin de veiller à ce
qu'elles y arrivent.
Transport et logistique... Avantage Canada reconnaît que le succès d'un engagement à l'échelle mondiale requiert des liaisons très développées sur le plan du
transport et le Canada est donc tenu d'apporter d'ambitieuses améliorations.
La stratégie globale, dite Initiative de la Porte et du Corridor de l'Asie-Pacifique, est une preuve de notre engagement de créer des portes d'entrée et des corridors
compétitifs sur la scène mondiale, qui relieront l'Asie à l'Amérique du Nord.
Le premier ministre est déterminé à mener à bien ce projet, tout comme l'est le gouvernement du Canada.
Les ports de la côte Ouest du Canada, Vancouver et Prince Rupert, se trouvent à deux ou trois jours plus près des ports asiatiques clés que nos principaux
concurrents américains.
Nos ports et nos aéroports sont étroitement intégrés aux liaisons routières et ferroviaires qui permettent d'accéder au cœur du continent nord-américain. Ainsi,
nous améliorons et élargissons l'ensemble du système de transport et de logistique.
Le secteur privé, de concert avec les gouvernements fédéral et provinciaux, investira des milliards de dollars pour améliorer l'infrastructure des transports.
Outre l'infrastructure, nous nous occupons de nos frontières. Nous investissons en technologie afin d'améliorer la sécurité et de faciliter le passage aux frontières.
Et nous mettons en place un cadre de réglementation qui permettra d'améliorer continuellement et considérablement les aspects économiques « de l'origine à la
destination » de la porte d'entrée.
Nous voulons avoir des partenaires chinois. Nous voulons des investisseurs chinois. Nous voulons des clients chinois. Nous voulons des partenariats stratégiques
qui nous aideront à resserrer encore plus les liens entre l'Asie et l'Amérique du Nord.
À titre de gouvernement, nous sommes déterminés à renforcer notre position commerciale et concurrentielle.
- Nous sommes déterminés à améliorer la politique commerciale, tant sur les plans multilatéral que bilatéral.
- Nous sommes déterminés à montrer de nouveaux aspects des capacités du Canada de s'élever dans la chaîne de valeur.
- Nous sommes déterminés à établir des liens concurrentiels à l'échelle internationale entre l'Asie et l'Amérique du Nord.
Nos relations avec la Chine constituent une priorité stratégique et ces initiatives nous permettront de faire de grands progrès quant à la réalisation de notre vrai
potentiel.
Cependant, les échanges commerciaux ne se renforcent pas dans l'isolement.
En tant que Canadiens, nous apportons nos valeurs et nos perspectives au-delà du Canada, au reste du monde.
Nous parlons franchement de la gouvernance démocratique, de l'importance de la primauté du droit et de la responsabilité sociale des entreprises.
Comme la Chine, nous préconisons des règles et des normes qui favorisent la paix, l'harmonie et la coopération dans le monde.
En tant que Canadiens, nous croyons généralement au développement basé sur l'économie de marché, au commerce fondé sur des règles et aux droits de la
personne. Nous considérons ces questions comme essentielles pour éliminer la pauvreté et améliorer le niveau de vie.
Les discussions franches sur ces questions et l'engagement envers celles-ci ne devraient pas être en conflit avec les intérêts commerciaux.
Le succès économique époustouflant de la Chine s'est produit parallèlement à l'instauration de réformes économiques et de libertés. Et il a créé des occasions sans
précédent pour la population chinoise.
Comme je l'ai dit plus tôt, la Chine est l'une des grandes sociétés de l'histoire. C'est là que sont nées certaines des plus grandes idées dans divers domaines,
notamment la philosophie, l'imprimerie, la fonction publique et la science et la technologie.
Nous sommes conscients du rôle important et déterminant que la Chine joue encore de nos jours sur la scène internationale.
En tant que deux grands pays, continuons de tirer parti de nos liens traditionnels sur le plan de l'histoire, de la géographie et du commerce. Travaillons
conjointement à améliorer la vie de nos populations.
Ensemble, amenons les relations Canada-Chine à un tout autre niveau.
Je vous remercie.