Le 15 janvier 2007
HONG KONG, Chine
2007/2
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL
ET MINISTRE DE LA PORTE D’ENTRÉE DU PACIFIQUE
ET DES OLYMPIQUES DE VANCOUVER-WHISTLER,
L’HONORABLE DAVID EMERSON,
DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA À HONG KONG
Je voudrais d’abord saluer la grande qualité des travaux réalisés ici. C’est grâce à vous
et à vos organisations que Hong Kong constitue une part essentielle de la masse
critique du commerce canadien en Asie.
Et vous apportez une formidable contribution à l’énergie et au dynamisme de Hong
Kong, reconnus à l’échelle internationale.
Plus de 160 entreprises canadiennes sont représentées ici, parmi lesquelles quelques
grands noms tels que Mitel, Nortel, Methanex, RIM, Manuvie, Sunlife, CIBC et RBC,
pour ne citer que ceux-là.
De bien des façons, les relations entre le Canada et Hong Kong sont plus
profondément établies que nos liens avec le continent.
Nous partageons un héritage britannique commun. Et, bien entendu, des soldats
canadiens se sont battus et sont morts ici, pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors
que de nombreux autres étaient emprisonnés.
Le commerce entre Hong Kong et le Canada est solide. Je n’hésiterais pas à le
qualifier de spectaculaire. Le commerce bilatéral entre le Canada et Hong Kong
atteignait près de 2 milliards de dollars en 2005.
Mais selon moi, l’indicateur clé de l’état de relations bilatérales repose sur
l’investissement direct. Les chiffres les plus récents indiquent 3,8 milliards de dollars en
investissements canadiens à Hong Kong et rien de moins que 6,3 milliards
d’investissements directs de Hong Kong au Canada.
Comme c’est fréquemment le cas, le facteur humain constitue un moteur essentiel des
relations commerciales.
La ville de Hong Kong compte plus de 250 000 ressortissants canadiens. Soit
3,6 p. 100 de la population, qui n’incluent pas les quelque 100 000 autres personnes
qui ont étudié au Canada.
Et au fil des années, près de 1 million de personnes ont immigré de Hong Kong au
Canada. Ces personnes, ainsi que les milliers d’immigrants issus des autres nations
asiatiques contribuent de manière déterminante à construire et à façonner le Canada.
Ainsi, le Canada et Hong Kong entretiennent-ils des liens étroits; ne serait-ce qu’en
termes de personnes, d’histoire et de commerce.
J’aimerais cependant parler de l’avenir du commerce et de l’investissement, ce qui
m’amène à un autre élément que nous avons en commun : le fameux « éléphant dans
la pièce ».
Votre avenir est inextricablement lié à celui de la Chine. L’avenir du Canada est
inextricablement lié à celui des États-Unis.
Hong Kong fait à présent partie intégrante de la Chine, en dépit de systèmes
économiques et de gouvernance différents.
Le lien principal entre le Canada et les États-Unis est économique, notamment grâce à
l’ALENA [Accord de libre-échange nord-américain].
Au cours des 10 dernières années, Hong Kong a opéré avec succès la transition de
son économie de manière à tirer profit de ses relations avec la Chine. Si bien que la
réussite de Hong Kong est devenue étroitement liée à celle de la Chine.
Auparavant le siège de la fabrication à faible coût, Hong Kong se situe à présent au
sommet des chaînes de valeur mondiales.
Cette ville incroyable est en quelque sorte devenue le « New York » de l’Asie. Elle a
même dépassé New York, l’an dernier, en ce qui concerne les premiers appels publics
à l’épargne.
Hong Kong est l’un des plus grands centres financiers du monde. La ville s’est dotée
d’un système juridique particulièrement bien développé. Elle dispose des talents, de
l’infrastructure et de tous les ingrédients critiques susceptibles de soutenir ses
entreprises et autres activités organisationnelles haut de gamme.
En outre, l’entente de resserrement de partenariat économique de Hong Kong avec la
Chine vous offre une occasion extraordinaire d’ouvrir encore plus grand votre porte
d’entrée sur la Chine.
Il y a 15 ans de cela, le Canada, les États-Unis et le Mexique instauraient l’ALENA.
Aujourd’hui, ce sont 84 p. 100 de nos exportations qui sont destinées aux États-Unis.
Contrairement à Hong Kong, le Canada est riche de territoires et de ressources
naturelles, en particulier en matière d’énergie. C’est ce qui a constitué une base solide
pour la prospérité du pays au cours des dernières années.
Mais nous avons pleinement conscience que nos ressources naturelles ne seront pas
éternellement en mesure de soutenir notre prospérité; c’est pourquoi, nous aussi,
passons à l’échelle supérieure des chaînes de valeur mondiales.
Alors que le Canada et Hong Kong évoluent sur des voies relativement parallèles, des
complémentarités et des possibilités indéniables de convergence se dessinent.
D’un point de vue canadien, nous souhaitons un partenariat plus ancré et plus étroit
avec Hong Kong.
Nous avons pris des mesures qui, parmi tant d’autres, nous rapprochent de Hong
Kong.
Dans un premier temps, notre gouvernement est déterminé à renforcer le rendement
commercial et compétitif du Canada.
L’exposé économique d’automne du ministre des Finances présentait une feuille de
route des orientations politiques, intitulée « Avantage Canada ».
Des politiques et des priorités fiscales ainsi que toute une panoplie de réglementations
seront harmonisées de manière à consolider le rendement économique du pays à long
terme.
Par exemple :
• dégrèvements d’impôts pour les personnes et les entreprises;
• investissements dans la science et la technologie;
• réduction du fardeau réglementaire;
• accent sur l’infrastructure économique.
Par ailleurs, une composante clé d’Avantage Canada réside dans la Stratégie
commerciale mondiale axée directement sur le commerce et les investissements.
Dans le domaine de la politique commerciale, le Canada est depuis longtemps un
défenseur actif des accords commerciaux multilatéraux fondés sur des règles. Cette
priorité est désormais plus importante que jamais.
À court terme, le gouvernement concentre ses énergies à trouver une conclusion
ambitieuse au cycle de Doha dans le cadre des négociations de l’OMC [Organisation
mondiale du commerce].
Plus tard ce mois-ci, le ministre de l’Agriculture, M. Chuck Strahl, et moi-même allons
nous rendre à Davos pour assister à une réunion ministérielle de l’OMC.
Nous espérons que cette réunion se révèlera le catalyseur nécessaire au sauvetage du
cycle de Doha.
À plus long terme, il va s’agir d’améliorer les règles, les processus et l’architecture du
système commercial international. Il importe ici d’établir un cadre qui fonctionne pour
les grands comme pour les petits pays, pour les pays développés comme pour les pays
en développement.
Cependant, bien que le cadre de l’OMC constitue de loin l’approche que nous
favorisons, le Canada ne peut et ne saurait rester en retrait en tant que spectateur
impuissant dans un mode de bilatéralisme et de régionalisme compétitifs.
Nous entendons par conséquent accélérer la négociation d’accords commerciaux
bilatéraux. Seront concernés non seulement les accords de libre-échange importants,
mais également des accords plus spécifiques couvrant les services de transports
aériens et les investissements.
Le Canada a récemment conclu un certain nombre d’accords de services de transports
aériens, dont un avec la Chine, qui vont nettement améliorer ce type de service et
stimuler le commerce, l’investissement et le tourisme.
Nous entendons par ailleurs donner priorité à la conclusion d’un accord de promotion et
de protection de l’investissement étranger avec la Chine. Dans le contexte du marché
mondial actuel, les investissements constituent le moteur du commerce, et se posent
en outre en catalyseur essentiel du transfert des technologies et du développement des
liens de la chaîne d’approvisionnement.
Les négociations sont en cours et nous espérons pouvoir conclure un accord dans les
mois à venir.
Les politiques d’encadrement sont essentielles, mais un effort plus soutenu sur le
terrain s’impose également.
Notre troisième priorité consistera à présenter une nouvelle image du Canada sur les
marchés comme la Chine. C’est pourquoi il importe d’assurer le soutien nécessaire aux
entreprises sur place, à savoir convertir cette image en autant d’initiatives pratiques
créatrices de valeur.
Nous nous devons de faire la preuve que le Canada se place au-delà du seul
fournisseur de ressources naturelles. Notre nouvelle histoire ajoute un accent sur
l’innovation, la science et la technologie.
Notre quatrième priorité consiste à diriger notre propre stratégie de porte d’accès. Nous
allons créer un point de passage aussi efficace que compétitif sur le plan économique
entre les vastes marchés nord-américain et asiatique.
J’ai le privilège d’être accompagné d’une délégation composée de sommités
canadiennes en science et technologie, et de fournisseurs de services de transport et
de logistique.
Les entreprises canadiennes sont des chefs de file dans les domaines de
l’aérospatiale, des technologies de l’information et des communications, de la
technologie sans fil et des sciences de la santé, notamment en matière de
biotechnologie, de cybermédecine et de matériel biomédical.
Les entreprises à potentiel technologique telles que RIM, Nortel et Ballard se sont
établies avec succès ici, en Asie.
Nous souhaitons également que le Canada s’impose éventuellement comme le
rendez-vous nord-américain des chaînes de valeur à composante scientifique et
technologique.
Plus tard cette semaine, je me joindrai au ministre chinois de la Science et de la
Technologie, M. Xu Guanhua, à Beijing, où nous signerons un accord Canada-Chine
en science et technologie.
Cet accord marquera le lancement de nouveaux partenariats de haute technologie
impliquant des entreprises et des chercheurs des deux pays.
Il nous permettra de bâtir des réseaux d’expertise canadienne et chinoise. Ces réseaux
permettront à leur tour de mettre en relation les travaux de recherche et de
développement réalisés au sein des universités, des instituts de recherche et des
firmes de haute technologie, avec les personnes qui se spécialisent en
commercialisation.
La technologie « verte » est un point d’intérêt essentiel. Je sais que Hong Kong est aux
prises avec des problèmes de pollution, dont une grande partie émane du Nord.
Notre expertise dans le domaine des technologies propres s’accommode naturellement
des plans de développement dans ce domaine en Chine.
La Chine peut rattraper assez facilement les économies industrielles. Elle peut
rapidement mettre en place l’infrastructure et les cadres de soutien nécessaires à une
application généralisée des technologies vertes.
Les entreprises canadiennes novatrices comme Westport, Ballard et Dynamotive
possèdent une expertise mondialement reconnue en matière de sources d’énergies
propres et renouvelables. On pourra de plus en plus recourir à la biomasse, au charbon
écologique et aux piles à hydrogène si une masse critique peut être atteinte sur le
marché. La Chine détient cette clé.
Tout comme Hong Kong est une porte d’entrée sur la Chine, le Canada est une porte
d’entrée sur l’Amérique du Nord.
La proximité naturelle de notre côte Ouest avec l’Asie a depuis longtemps attiré les
compagnies de transport qui cherchent le meilleur itinéraire vers et depuis le marché
nord-américain.
C’est en outre un avantage encore plus marqué depuis l’instauration de l’ALENA.
Chaque année, 13,5 millions de camions et plus de 200 millions de personnes
traversent la frontière Canada–États-Unis. Et le commerce des marchandises atteint
1,9 milliard de dollars chaque jour.
Alors que l’ALENA et une géographie favorable constituent des avantages indéniables,
nous tenons à nous assurer que l’économie fonctionne dans la pratique.
Pour ce faire, nous avons besoin de connexions plus performantes en matière de
transports et de logistique. Je suis accompagné de personnalités éminentes qui
cherchent à établir ces connexions.
Ces mêmes personnalités sont à la source du système intégré de connexions
portuaires, aéroportuaires, de routes et de voies ferrées qui pénètrent au cœur du
territoire nord-américain.
Le premier ministre du Canada et le gouvernement du Canada se sont engagés en
faveur de cette initiative.
Le gouvernement et le secteur privé investissent des milliards en infrastructures. Au
delà de l’infrastructure, nous investissons des centaines de millions dans
l’assouplissement des frontières.
Notre ministre de la Sécurité publique, M. Stockwell Day, vient d’annoncer près de
400 millions de dollars en faveur de la technologie pour la sécurité aux frontières.
Et nous sommes en train de façonner notre cadre réglementaire dans la perspective
d’une amélioration continue dans l’économie « origine-destination » de notre commerce
transpacifique.
Nous voulons que les importateurs et exportateurs asiatiques constatent combien il est
aisé et efficace de passer par le Canada pour le transport de leurs marchandises.
Nous tenons à ce qu’ils sachent que nos ports de la côte Ouest, à savoir Vancouver et
Prince Rupert, se trouvent à deux ou trois jours plus proches des principaux ports
asiatiques que nos concurrents américains.
Et nous tenons à ce qu’ils sachent que nous sommes déterminés à accroître et à
étendre notre porte d’entrée sur l’avenir, ainsi qu’à soutenir les investissements
appropriés pour y arriver.
Nous voulons les investisseurs chinois et asiatiques comme partenaires stratégiques. Il
n’est pas seulement question d’argent. Nous savons que vous avez les compétences,
la technologie et le savoir-faire pour nous aider à réussir. Et nous savons que vous
voulez pouvoir compter sur la capacité nécessaire en Amérique du Nord pour répondre
à votre propre croissance.
Permettez-moi de conclure. L’économie canadienne s’est peu à peu intégrée à
l’économie nord-américaine selon un modèle vigoureux et dynamique.
Hong Kong s’est quant à elle intégrée, de façon profonde et tout aussi vigoureuse, à
l’économie chinoise.
Le Canada est déterminé à ajouter des liaisons plus solides à travers le Pacifique. Non
pas pour remplacer ses liaisons commerciales nord-américaines, mais pour les
compléter.
Nous sommes d’avis que Hong Kong et le Canada peuvent coopérer de manière
stratégique en liant leurs portes d’entrée, ce qui leur profitera à tous les deux.
Nous sommes d’avis que Hong Kong et le Canada ont adopté des optiques similaires
quant à la primauté du droit, à la transparence et à la responsabilité sociale des
entreprises.
Je vous invite instamment à travailler avec le Canada, avec les Canadiens et avec les
entreprises canadiennes dans la perspective de créer des chaînes de valeur
florissantes à l’échelle internationale.
Notre réussite ne pourra que renforcer les impératifs environnementaux et contribuer à
conclure des amitiés et des partenariats harmonieux.
Le Canada est engagé et il ira de l’avant, sans jamais faire marche arrière.
J’espère que vous serez des nôtres afin que nous puissions y arriver ensemble.
Je vous remercie.