Le 24 février 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/11
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
PRONONCÉE À LA CHAMBRE DES COMMUNES
AU SUJET DU BUDGET FÉDÉRAL 2005
Monsieur le Président,
Je suis très heureux d'avoir l'occasion de parler du budget que le gouvernement a déposé
hier. À titre de ministre des Affaires étrangères, je suis particulièrement satisfait du fait que ce
budget reconnaît clairement l'importance du rôle que la politique étrangère joue dans la
sécurité, la prospérité et le bien-être des Canadiens.
Il est évident aujourd'hui qu'une politique étrangère moderne est « une démarche 3D » :
diplomatie, défense et développement doivent aller de pair dans un cadre unique cohérent.
Le budget renforce les trois éléments de la démarche. Il apporte d'importants nouveaux fonds
à la défense et au développement et jette les fondements essentiels de la transition à un
ministère des Affaires étrangères du XXIe siècle en ouvrant la voie à une « nouvelle
diplomatie » adaptée aux aspirations et aux capacités des Canadiens.
Une chose est claire : les Canadiens veulent que leur pays joue un rôle de premier plan dans
les affaires mondiales. Ils souhaitent nous voir défendre les intérêts canadiens, promouvoir
les valeurs canadiennes et agir avec vigueur, détermination et intelligence. Le budget prévoit
d'importantes mesures donnant suite à l'engagement du gouvernement d'assurer la place du
Canada dans le monde.
Pour renforcer les capacités diplomatiques du Canada, nous augmenterons le nombre de
nos représentants à l'étranger au cours des trois prochaines années. Nous consacrerons
quelque 42 millions de dollars sur cinq ans à cette initiative. Cet investissement reconnaît la
valeur essentielle de notre réseau mondial d'ambassades ou consulats pour notre sécurité et
notre prospérité, ainsi que la nécessité d'utiliser efficacement les connaissances et les
compétences de notre personnel diplomatique sur la scène internationale. Nous prévoyons
également affecter quelque 40 millions de dollars sur cinq ans à la diplomatie ouverte, ce qui
confirme l'importance de l'activité internationale des artistes et des universitaires canadiens.
Nous travaillons également avec des organisations telles que le Forum des fédérations, qui
recevra un financement d'environ 20 millions de dollars à l'appui de ses activités
internationales, et la Fondation Asie-Pacifique, qui recevra 50 millions de dollars.
Notre budget d'aide internationale augmentera de 3,4 milliards de dollars pendant les cinq
prochaines années. Cela représente une majoration sensible de la contribution du Canada au
développement international. Sur cette enveloppe, un montant d'environ 172 millions de
dollars sera consacré à une nouvelle initiative canadienne d'allégement de la dette.
Dans le domaine de la défense et de la sécurité, je voudrais souligner l'important
investissement que nous faisons dans les Forces canadiennes. De nouveaux fonds
dépassant 12 milliards de dollars seront dépensés dans les cinq prochaines années. Cela
représente l'augmentation quinquennale la plus importante depuis 20 ans. Le gouvernement
tient ainsi l'engagement qu'il a pris d'ajouter 5 000 membres à la force régulière et 3 000
autres à la réserve. Cette initiative renforcera sensiblement les capacités militaires
canadiennes et nous permettra d'en faire un usage plus efficace à l'étranger, à l'appui des
objectifs de notre politique étrangère. Les nouveaux fonds témoignent de notre détermination
à transformer les Forces canadiennes et à mieux les structurer pour qu'elles puissent
s'adapter au nouvel environnement de menaces asymétriques, aussi bien chez nous qu'à
l'étranger.
Ces investissements sont importants parce que nous devons affronter un environnement de
sécurité radicalement différent de celui qui régnait pendant la guerre froide. Même si la
possibilité d'une guerre nucléaire et de graves tensions entre les superpuissances s'est
atténuée, le risque d'être confronté à des menaces asymétriques s'est intensifié. Les progrès
de la technologie ont donné naissance à des menaces plus mouvantes et plus difficiles à
détecter. De plus, les cibles choisies sont le plus souvent des civils innocents et
l'infrastructure civile.
Dans un monde caractérisé par tant de menaces imprévisibles, le renforcement et
l'adaptation de notre démarche 3D sont essentiels. Pour contribuer concrètement à la paix et
à la stabilité, pour affronter les défis du terrorisme mondial, des armes de destruction
massive et des États défaillants et en déroute, nous devons être prêts à réagir aux nouveaux
dangers. Le budget est une importante étape dans la poursuite de ces objectifs. Il prévoit en
effet 100 millions de dollars de plus dans chacune des cinq prochaines années pour la paix et
la sécurité mondiales, ce qui représente un total de 500 millions de dollars.
Ces fonds serviront à financer un certain nombre d'initiatives qui permettront au Canada
d'agir d'une façon efficace et décisive face aux problèmes de sécurité internationale. Ces
initiatives comprendront le renouvellement du Programme de sécurité humaine et une
contribution de 20 millions de dollars à la mission de l'Union africaine au Darfour. Nous
serons également en mesure de créer un Groupe de stabilisation et de reconstruction chargé
de planifier et de coordonner les contributions du Canada après les conflits et dans les
situations d'urgence complexes. Ce groupe nous donnera la possibilité de réagir plus
rapidement aux crises dans le monde pour atténuer les terribles effets de la guerre sur les
populations civiles et rétablir les sociétés dévastées par les conflits.
Je dois également noter une autre mesure essentiellement axée sur la sécurité des citoyens
canadiens : il s'agit d'un montant de 59 millions de dollars qui servira à renforcer la sécurité
dans nos missions à l'étranger. Cet argent nous permettra de veiller à ce que les Canadiens
qui défendent nos intérêts puissent le faire dans les conditions les plus sûres possibles.
Monsieur le Président,
Pour le gouvernement, la toute première responsabilité est d'assurer la sécurité de nos
citoyens et la défense du Canada. Voilà pourquoi nous avons mis en place, il y a près d'un
an, une stratégie intégrée de sécurité nationale qui tient compte de toute la gamme des
menaces à notre sécurité au Canada, en Amérique du Nord et dans le monde. À l'appui de
cette approche globale, nous avons fait d'importants investissements dans notre
infrastructure de sécurité et de défense. En fait, depuis le budget 2001, nous avons consacré
plus de 8,3 milliards de dollars [sans compter les chiffres d'aujourd'hui] à des priorités de
sécurité et de défense allant de la sécurité frontalière au renseignement, à la protection civile
et à la sécurité aérienne.
Le gouvernement du Canada est également conscient de l'importance d'un partenariat fort et
d'une collaboration étroite pour la sécurité du continent. Nous coopérons depuis longtemps
avec les États-Unis pour défendre l'Amérique du Nord. À cet égard, le budget a confirmé un
investissement de quelque 433 millions de dollars sur cinq ans pour la sécurité frontalière.
Que ce soit dans la mise en œuvre du plan d'action sur la frontière intelligente ou dans le
renforcement du NORAD, nous avons travaillé de concert avec nos partenaires américains
parce que nous nous soucions beaucoup de notre propre sécurité, de celle de l'Amérique du
Nord et de nos partenariats.
Cette collaboration s'étend au-delà de l'Amérique du Nord car nous savons que la protection
de notre sécurité doit commencer loin de nos frontières. Le Canada et les États-Unis sont
partenaires à l'étranger, coopérant pour relever les défis du terrorisme, des armes de
destruction massive et des États défaillants et en déroute. En Afghanistan et à Haïti, nous
avons travaillé côte à côte en faveur de la stabilité et de la sécurité. Au Moyen-Orient, le
Canada fait de la formation. En Iraq, nous contribuons à l'aide à la reconstruction. Nous
sommes également associés aux efforts destinés à contenir la prolifération des armes
nucléaires. L'Iran est un exemple caractéristique à cet égard.
Cette coopération avec les États-Unis se poursuivra. En fait, par suite de la décision d'investir
dans les Forces canadiennes, annoncée dans le budget d'hier, nous serons mieux à même
de contribuer à des initiatives de sécurité conjointes. En même temps, il est important que le
gouvernement évalue ses priorités et les examine de près à la lumière des intérêts nationaux.
Monsieur le Président,
Une autre question relevant de la sécurité a beaucoup retenu l'attention ces dernières
années, mais n'a pas été mentionnée dans le budget. Je veux parler de la décision que doit
prendre le Canada au sujet d'une éventuelle participation au système américain de défense
contre les missiles balistiques. Je voudrais profiter de cette occasion pour informer la
Chambre de la position du gouvernement dans cet important dossier.
Le gouvernement étudie la question de la défense antimissile depuis un certain temps. Nous
avons eu de nombreux contacts avec nos homologues de Washington. Les États-Unis ont
évalué le danger pour leurs citoyens et leur territoire en fonction des ressources disponibles
et ont décidé de procéder au déploiement d'un système de défense antimissile. C'est leur
droit. Nous comprenons et respectons leur décision.
Le Canada doit cependant agir en fonction de ses propres intérêts et déterminer où résident
ses propres priorités. Il doit opter pour les investissements qui lui rapporteront les plus grands
résultats tangibles. Après un examen soigneux de la question, nous ne participeront pas au
système américain de défense antimissile.
Cela ne diminuera en rien notre coopération avec les États-Unis. La sécurité demeure une
priorité commune. À part le renouvellement du NORAD, le gouvernement étudie de nouveaux
moyens innovateurs de collaboration avec les États-Unis pour la défense de l'Amérique du
Nord, y compris une approche plus intégrée pour contrer les menaces maritimes,
l'élaboration d'un plan plus global pour affronter les menaces et les urgences touchant nos
deux pays et l'établissement de nouveaux arrangements entre militaires pour le soutien des
autorités civiles en cas de crise.
Nous poursuivrons nos efforts pour renforcer la protection de l'Amérique du Nord, comme le
prévoit la déclaration commune sur le nouveau partenariat, que le président Bush et le
premier ministre Martin ont publiée le 30 novembre. Nous travaillerons en étroite
collaboration pour pousser plus loin le succès enregistré dans le domaine de la frontière
intelligente et à associer le Mexique à se joindre à notre cadre de défense et de sécurité pour
qu'il nous soit possible de mieux aligner nos rôles, nos priorités et nos intérêts.
Nous examinerons soigneusement toutes les options et travaillerons énergiquement sur nos
secteurs prioritaires. Nous avons déjà déterminé des domaines, comme la sécurité frontalière
et la sécurité maritime, qui nécessitent une coopération binationale renforcée et de nouvelles
ressources. Comme nous l'avons montré dans le budget, nous sommes déterminés à investir
dans ces domaines.
Monsieur le Président,
Le gouvernement comprend l'importance qu'il y a à collaborer avec les États-Unis pour
assurer la défense du continent et favoriser la paix et la stabilité dans le monde. Comme ce
sont des priorités pour nous, nous continuerons à prendre des décisions qui favorisent ces
objectifs. Ce faisant, nous nous inspirerons encore et toujours des intérêts du Canada et de
la sécurité de nos citoyens. J'engage tous les partis de la Chambre à expliquer à nos
concitoyens et aux Américains les considérations qui ont mené notre pays à cette décision.
Nous devons également respecter notre voisin qui a décidé de donner suite au projet de
défense antimissile. Quant à nous de ce côté-ci de la Chambre, nous croyons avoir pris cette
décision en nous fondant sur des principes politiques et non sur des émotions.
Monsieur le Président,
Le message du budget 2005 est très clair. Le gouvernement fait un investissement critique
dans la position internationale du Canada, un investissement qui montre que le
gouvernement est à l'écoute des Canadiens et comprend qu'ils souhaitent le voir assumer un
rôle actif et décisif dans le monde.
Je vous remercie.