Le 27 avril 2005
MONTRÉAL (Québec)
2005/19
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DEVANT
LE CONSEIL DES RELATIONS INTERNATIONALES DE MONTRÉAL
« CONFIANCE ET CONSCIENCE : LA PERSONNALITÉ
INTERNATIONALE DU CANADA »
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui; je suis toujours honoré de prendre la
parole à une tribune aussi prestigieuse que celle du Conseil des relations
internationales de Montréal.
Je constate que les affaires internationales sont en pleine effervescence à Montréal. De
plus en plus de groupes et d'universités offrent l'occasion de débattre des grands
enjeux globaux, et c'est mon souhait que Montréal devienne la plaque tournante
canadienne des affaires internationales, avec notre chère capitale Ottawa, bien sûr!
Sachez qu'Affaires étrangères Canada compte beaucoup sur le travail des nombreux
chercheurs universitaires et organismes établis ici. Comme j'en ferai la démonstration
dans mon discours, la politique étrangère canadienne exprime notre personnalité
politique internationale, et aucun autre endroit au Canada ne représente mieux cette
personnalité et notre succès que Montréal, ville de diversité, d'accommodement et de
tolérance.
La semaine dernière, nous avons enfin rendu public l'Énoncé de politique internationale
du Canada. Je dis enfin parce que, je l'admets, le processus a été long. Cependant —
et je tiens à mettre l'accent sur ce point — pour la première fois au Canada, nous
adoptons une approche pangouvernementale et complètement intégrée en affaires
internationales. Diplomatie, défense, commerce et développement se conjuguent et se
complètent.
Ceux d'entre vous qui ont travaillé à Ottawa le diront : faire travailler ensemble ces
quatre ministères est en soi un défi considérable! Ce qui a le mérite de montrer une
chose : la détermination du premier ministre Paul Martin à vouloir transformer la
manière de faire les choses à Ottawa.
J'ai choisi aujourd'hui de vous parler de ma conception de la politique étrangère qu'un
pays comme le Canada doit avoir, de ce qui sous-tend l’Énoncé de politique
internationale du Canada en termes de personnalité, de ce qui nous a mené à adopter
une approche responsable et axée sur les résultats.
J’écrivais, il y a maintenant sept ans déjà, dans mon livre, Pour une politique de la
confiance, en page 153 : Le Canada, de l'an 2005, sera placé devant des choix
stratégiques quant aux enjeux internationaux qu'il ne pourra ignorer.
Je faisais référence à une politique mondiale grandement globalisée et à une
redéfinition de notre politique étrangère. Et c'est exactement ce que nous avons fait la
semaine dernière : nous avons bien identifié nos intérêts et nous avons précisé nos
valeurs essentielles, nos principes fondamentaux, et nous en avons dégagé des
objectifs réalisables et concrets qui seront soutenus par des investissements
stratégiques et ciblés. Surtout, notre action sera coordonnée.
Avec une nouvelle approche complètement intégrée dans l’Énoncé de politique
internationale du Canada, et des investissements majeurs dans le Budget 2005, le
pays peut aspirer à un rôle de fierté et d'influence dans le monde.
L'originalité du projet politique canadien
Je parle souvent du succès du projet politique canadien.
À l'époque de [Louis Hippolyte] La Fontaine et de [Robert] Baldwin, nous avons
délibérément opté pour une voie différente de celle des autres pays, une voie tout à fait
originale. Dès 1840, lors de leur poignée de main historique, La Fontaine et Baldwin ont
manifesté leur détermination à faire fi du rapport de Lord Durham qui recommandait
une forme d'assimilation de la population francophone « inférieure ». Ce choix était
déterminant pour l’avenir de notre citoyenneté politique et il s’est trouvé renforcé en
1867 avec l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui précisait qu’en adoptant le
fédéralisme, le Canada protégerait les droits de la minorité francophone, majoritaire au
Québec.
Le Canada se proposait de n'être ni un État strictement anglophone ni un État
strictement francophone. Au lieu d'opter pour l'État-nation traditionnel, avec une seule
langue, une seule religion, un seul système juridique et une seule culture, nous avons
créé un pays où cohabitent deux langues, de multiples cultures et religions et deux
systèmes juridiques représentés par la common law et le Code civil. C'est ainsi que les
vagues successives d'immigrants ont trouvé un pays différent, pluraliste et accueillant,
où ils étaient encouragés à célébrer leurs propres racines. Ces immigrants ont
contribué au fil des ans à la formation de l'originale mosaïque canadienne.
Nous avons créé une forme originale de citoyenneté politique qui incite nos citoyens à
adopter un certain nombre de valeurs fondamentales, dont le respect de l'individu et
une conception commune de la justice. Je crois que ces valeurs sont au cœur du
libéralisme. Nous n'avons pas voulu d'un melting pot qui brasse les identités pour n'en
faire qu'une seule.
Nous disons aux immigrants : vos groupes, vos personnalités, vos terres d'origine
étaient et sont toujours considérées comme des atouts de ce pays. Au contraire de
l'État-nation homogène qui cherche à éliminer les différences et à assimiler les
minorités, cette grande mosaïque canadienne constitue un pays qui, pour moi, reflète
beaucoup de nos valeurs libérales.
Par ce choix, aujourd'hui, le Canada est un pays bien équipé pour affronter l'ère
postmoderne et la mondialisation.
Les particularités de la personnalité politique canadienne, unique au monde, sont
fondées sur des principes et des valeurs dont nous devons faire profiter le reste du
monde : le respect, la tolérance, la générosité et l’ouverture, entre autres.
Ces valeurs et ces principes ont formé ce que j'ai toujours appelé « la personnalité
internationale du Canada ». Et c'est de ce concept dont je veux d'abord vous entretenir.
La personnalité internationale canadienne
Au cours des deux dernières années, nous avons tenu un nombre considérable de
consultations avec les Canadiens, avec le Parlement mais aussi entre nous, les
ministres et le premier ministre. Et je dirais que nous nous sommes rapidement mis
d'accord au sujet de ce que j'appelle « la personnalité internationale canadienne ».
En 2005, le monde est un endroit complexe, multidimensionnel, où l'on retrouve un
nombre grandissant d'acteurs qui ont des opinions variées, et dans lequel on
communique à la vitesse de l'éclair. Lorsque s'est amorcée la mondialisation, il était
inévitable que survienne une convergence de la communauté mondiale, qui dépasse
les simples acteurs gouvernementaux. Mais la mondialisation, c'est aussi une grande
piscine dans laquelle baigne une diversité incroyable, où parfois les valeurs
fondamentales des uns sont remises en question par les autres.
Le Canada a choisi, avant même la mondialisation, d'opter pour une société ouverte.
Cette ouverture sur le monde comporte son lot de risques et nous confronte à toute une
gamme de difficultés et de disparités.
Mais le Canada a montré de façon éclatante que ces risques peuvent devenir de
véritables avantages. Tout en maintenant une société ouverte, multiculturelle et
démocratique, nous avons su gérer — et transformer en avantages — les risques que
posent notre ouverture et notre diversité.
Mais qu'est-ce qui nous anime? Quelles sont nos motivations? Comment
pouvons-nous, nous Canadiens, faire une différence dans un monde où les rapports de
force sont inégaux, où les institutions multilatérales, si chères à la communauté
internationale, sont mises à rude épreuve?
La réponse, selon moi, se trouve dans deux traits typiquement canadiens : la
conscience et la confiance.
Conscience et confiance
Historiquement, au Canada, il y a d'abord eu une démarche visant à trouver un juste
équilibre entre l'intervention de l'État et le libre jeu des forces du marché dans
l'économie internationale, particulièrement en ce qui touche les effets qui en découlent
pour l'économie des pays en développement.
La relation entre l'État et le marché est dynamique. À mon avis, en cherchant à mettre
fin à l'intervention de l'État pour laisser libre cours aux forces du marché, nous ferions
l'erreur même qu'ont commise les régimes communistes en attribuant à l'État tous les
pouvoirs de décision. Ici, plus que n'importe où ailleurs, la recherche de l'équilibre est
un impératif. Entité abstraite, l'État a pour but essentiel la légitimité, c'est-à-dire la
recherche délibérée de ce qui est juste, raisonnable et équitable. Son action s'exerce à
long terme, au moyen de lois et de constitutions. L'État fait un usage privilégié de la
contrainte. C'est l'univers de la conscience.
De son côté, le marché veut réagir aussi bien et aussi rapidement que possible aux
besoins de consommation et de production de la société. Ses objectifs essentiels sont
l'efficience et le profit. Axé surtout sur les instincts et les désirs, le marché ne partage
pas l'horizon temporel de l'État, étant impérativement tributaire de l'immédiat. C'est
l'univers de la confiance.
Pour que la confiance continue à engendrer le progrès, nous devons veiller à ce qu'une
éthique de la conscience lui fasse contrepoids. Confiance et conscience doivent aller
de pair.
De ce point de vue, les pires ennemis du progrès sont la méfiance et l'insouciance.
Je l'ai répété à toutes les tribunes pendant mon mandat de ministre du Commerce
international : le développement et la démocratie vont de pair. J'ai même avancé, au
grand dam du mouvement antimondialisation, que le commerce doit mener au
développement. Et j'y crois plus que jamais.
On le voit : l'esprit de confiance qui anime le développement doit être assorti d'une
éthique de la conscience.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples :
Exemple 1 : la diversité culturelle
J’ai souvent dit qu’on doit donner un visage plus humain à la mondialisation. Le combat
que livrent les gouvernements du Canada et du Québec pour la diversité culturelle
témoigne de l’importance de notre action. Si rien n’est gagné d’avance à l’UNESCO, où
les membres travaillent actuellement à un projet de Convention sur la diversité des
contenus culturels, nous demeurons optimistes. Le Canada est actif dans ce dossier
depuis de nombreuses années et nous continuerons de collaborer avec d’autres pays
afin de veiller à ce qu’une éventuelle Convention ait le mordant nécessaire tout en étant
compatible avec les obligations qui nous incombent en matière de commerce, de droits
de la personne et de droit international. Nous continuons, avec ma collègue Liza Frulla,
d’appuyer l’excellent travail de la Coalition pour la diversité culturelle, qui fait la
promotion de la Convention et de l’importance de la diversité culturelle à l’échelle
internationale.
Exemple 2 : La ratification de l'accord de Kyoto
Prenons l'accord de Kyoto : le Canada est un ardent promoteur du développement
durable et nous croyons qu'il est possible d'adopter un modèle de consommation qui
satisfasse les besoins de la population tout en permettant aux générations futures de
satisfaire les leurs. Eh bien, pour réussir Kyoto et réaliser nos objectifs, nous devrons
coordonner les efforts du gouvernement canadien, de manière horizontale, avec les
différents acteurs de l'économie et avec les provinces.
La promotion du développement durable est un élément central de notre énoncé de
politique internationale. Les Canadiens et les Canadiennes nous l'ont dit clairement :
oui au commerce, mais dans la conscience des limites de notre planète et de la finalité
de ses ressources.
C’est donc avec grande fierté que mon collègue, Stéphane Dion, a rendu public le
Projet vert, notre plan d’action pour contrer le changement climatique. Le plan vise à
canaliser les forces du marché afin d'intégrer les considérations de changement
climatique dans les décisions quotidiennes des Canadiens et des Canadiennes. C’est
un plan pragmatique et axé sur les résultats.
L’automne prochain, Montréal sera l’hôte de la première réunion des parties au
Protocole de Kyoto. La Conférence de Montréal sur le climat, la CdP11, marquera le
début des négociations internationales pour définir la démarche mondiale à plus long
terme en matière de lutte contre les changements climatiques après 2012.
Exemple 3 : l'aide au développement
Prenons un autre exemple, celui de l'aide au développement international. De même
qu'il existe une compétition féroce entre les multinationales sur les marchés mondiaux,
de même les gouvernements sont en concurrence sur le marché de l'aide
internationale. J'ai été ministre de la Coopération internationale au moment où la
mondialisation s'accélérait et je constate que la situation aujourd'hui ne s'est
qu'amplifiée : chaque pays veut augmenter son influence, faire une différence et
participer au règlement des conflits. Trop longtemps, au Canada, nous avons essayé
de trop en faire avec trop peu, en saupoudrant un peu partout nos efforts sans réussir à
les concentrer assez pour faire une véritable différence.
Premier constat : nous ne pouvons pas être tout pour tout le monde. Plus que jamais,
nous savons que l’aide internationale est essentielle. Mais nous sommes également
conscients que la qualité de l’aide internationale doit avoir préséance sur sa quantité.
Nous devons faire des choix difficiles pour nous adapter à cette réalité.
La mondialisation fait de plus en plus d'heureux et de champions mais force est de
constater qu'elle a créé des disparités plus profondes et davantage de laissés pour
compte, surtout en Afrique.
L'Énoncé de politique internationale du Canada exprime clairement notre intention de
mieux cibler nos efforts :
• d'ici 2010, au moins les deux tiers du budget d'aide bilatérale sera concentré sur
un groupe de pays plus restreint;
• d'ici 2010, nous doublerons notre aide au développement en Afrique;
• nous mettrons l'accent sur une approche coordonnée qui intègre le
développement économique, la bonne gouvernance, le progrès social et les
institutions démocratiques.
Enfin, pendant trop longtemps notre politique commerciale agissait sans se soucier de
l’orientation de notre aide internationale. Dorénavant, la politique internationale
canadienne sera concertée et stratégique.
Exemple 4 : la relation canado-américaine
Conscience et confiance doivent également aller de pair dans notre relation complexe
avec les États-Unis. Il n’y a nulle part ailleurs de relation bilatérale aussi
multidimensionnelle et progressiste. L'Énoncé de politique internationale du Canada
place à l'avant-plan notre relation avec l'ami du sud, et pour cause.
La confiance d'abord, parce que c'est elle qui anime les rapports entre voisins, amis et
partenaires d'affaires et parce que nous partageons des principes démocratiques
inaliénables, des idéaux de liberté et de primauté de la règle de droit.
La conscience ensuite, parce que nous partageons la responsabilité au sujet de la
sécurité et des menaces qui planent sur notre continent et parce qu'en nous
connaissant davantage, nous pouvons encore mieux nous influencer mutuellement tout
en préservant notre souveraineté.
Le Canada et les États-Unis ont une longue histoire de collaboration, de tradition, de
solidarité mais nous avons aussi nos désaccords et nos différends. Ce qui doit nous
distinguer, c'est plutôt notre attitude en cas de divergences d'opinions, une attitude de
respect, de dialogue et d'accommodement des différences. Je crois sincèrement qu'au
cours des deux dernières années, nous avons fait progresser la relation
canado-américaine. Avec le nouveau partenariat nord-américain, nous avons une
occasion en or de faire bénéficier l'autre de nos différences tout en étant d'accord sur
des priorités continentales. Je suis particulièrement fier que nous ayons ajouté
sept nouvelles missions dans ce vaste pays.
Les États fragiles et en déroute
L'énoncé de politique internationale du Canada accorde une attention particulière à ces
endroits instables que nous appelons les États fragiles ou en déroute.
Il n'est pas rare aujourd'hui, lors d'un désastre naturel par exemple, qu'en l'espace de
quelques minutes, la moitié de la planète puisse voir des images de cette catastrophe.
Et il en va de même en cas de crise politique majeure. Cela inflige une pression
immédiate aux gouvernements.
Nous nous sommes posé des questions. Quels sont nos succès? Comment
pouvons-nous faire une véritable différence? Comment insuffler la confiance en un
idéal de société et comment associer la conscience à cette opération? Autrement dit,
comment pourrions-nous prendre nos responsabilités d'aider et de protéger?
Fiers de nos expériences en Haïti, dans les Balkans, en Afghanistan et plus récemment
en Asie, après la catastrophe du tsunami, nous avons fait le constat suivant : toute
intervention doit absolument coordonner les moyens et les outils à notre disposition.
À cet égard, notre Énoncé de politique internationale, comprend quelques nouveautés
sur lesquelles je veux attirer votre attention :
• nous mettons sur pied le START, un Groupe de travail pour la stabilisation et la
reconstruction, que nous épaulerons avec le Fonds pour la paix et la sécurité
mondiales; ce Fonds, doté de 500 millions de dollars, sera géré et coordonné
par Affaires étrangères Canada; ce Fonds nous aidera également à renforcer
notre capacité en matière de sécurité et de maintien de la paix;
• nous allons privilégier un rôle accru pour nos militaires qui se verront confier des
mandats bien précis dans les situations d'instabilité politique et de crises
humanitaires, en particulier en ce qui a trait à la règle de droit et aux droits de la
personne.
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse au sujet d’Haïti où je me suis rendu à deux
reprises au cours des derniers mois. L’avenir démocratique en Haïti, nous y croyons.
Haïti est à une étape cruciale de son histoire en 2005. La communauté internationale
s’est mobilisée derrière le peuple haïtien et le Canada continuera d’appuyer Haïti dans
son développement.
Nous ferons de même dans les Amériques. À l’approche du Sommet des Amériques à
Buenos Aires cette année, le Canada jouera un rôle prépondérant pour renforcer
l’Organisation des États américains et maintenir le cap vers la démocratie et la
coopération partout dans l’hémisphère. Tout comme nous l’avons fait à l’OMC
[Organisation mondiale du commerce] et pour la ZLEA [Zone de libre-échange des
Amériques] nous plaiderons en faveur des besoins particuliers des petites économies;
on pense ici aux Caraïbes.
Transformer la diplomatie canadienne
Le Canada a toujours joué un rôle plus important que ce que permettait sa
démographie. Nous avons atteint nos propres limites dans les années 1990 : nous
devions mettre de l'ordre dans nos finances et recalibrer nos ambitions internationales.
Nous sommes membres de tous les clubs, petits et grands. Nous sommes amis de
tous ou presque. Mais force est d'admettre que le monde a changé : de nouvelles
puissances émergent, le multilatéralisme connaît ses limites et doit être plus efficace, et
nous vivons une ère où la sécurité est devenue primordiale.
En ce qui a trait aux organisations internationales, le seul attachement aux principes et
à un idéal de suffit plus. Si nous avons tant à cœur la prévention et la résolution des
conflits, la promotion du développement durable et l’amélioration de la qualité de vie
des moins nantis, la coopération multilatérale doit plus que jamais se concentrer sur les
résultats. Nous pouvons avoir une influence encore plus grande. C’est dans cet esprit
que nous appuyons le projet de l’ONU de créer un Conseil des droits de la personne.
C’est aussi pourquoi nous appuyons la réforme des Nations Unies et que nous
maintenons fermement notre soutien à la création de la cour pénale internationale. De
plus, nous verserons 5 millions de dollars au Haut-Commissariat de l’ONU pour
renforcer sa capacité de surveillance sur le terrain.
Nous avons également créé le Centre mondial du pluralisme en collaboration avec la
Fondation Aga Khan. Le Centre sera établi au Canada et favorisera le pluralisme dans
le monde entier.
Nos idéaux démocratiques ne se sont pas non plus dilués. Au contraire! Nos valeurs se
sont cimentées, et nous croyons plus que jamais à un équilibre dans les rapports de
force. Mais par-dessus tout, nous avons la responsabilité de protéger les populations.
En conséquence, nous allons également actualiser notre diplomatie et l'équiper d'outils
pour mieux faire son travail.
Je suis très fier des changements majeurs à la diplomatie canadienne proposés dans
l'Énoncé de politique internationale du Canada et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, nous mettrons en œuvre un plan de renouvellement et de
transformation d'Affaires étrangères Canada comprenant un nouveau mandat de
cohérence pangouvernementale canadienne de la politique étrangère, des
changements structurels et un coffre d'outils plus adapté pour offrir un meilleur service
aux Canadiens. Si les quatre ministères centraux sont visés, je parle aussi des quinze
autres ministères à Ottawa qui ont une composante internationale, des provinces et
des territoires, et des villes. Si une province veut intervenir sur la scène internationale,
elle doit pouvoir le faire de manière coordonnée et avoir l’appui du gouvernement
canadien, peu importe le ministère. Mon ministère, Affaires étrangères Canada, aura
donc un mandat de pilier, de pivot central pour la coordination de l’action et de la
planification gouvernementale canadienne dans les affaires internationales.
Deuxièmement, nous occupons aujourd'hui la dernière place du G8 en ce qui a trait au
ratio de diplomates au travail à l'étranger par rapport à ceux qui sont en fonction dans
la capitale : seulement 25 p. 100 de notre corps diplomatique est à l'étranger. Forts de
nos nouvelles priorités politiques et régionales, nous allons examiner soigneusement la
présence diplomatique du Canada sur le terrain et nous augmenterons à 50 p. 100
d'ici 2010 la proportion de nos diplomates en poste à l'étranger.
En troisième lieu, les Canadiens et les Canadiennes sont de plus en plus actifs à
l'extérieur du pays, que ce soit pour des raisons de voyage, par affaires ou pour les
études. Il en découle des pressions supplémentaires sur mon ministère. Permettez-moi
de vous donner un exemple frappant : de 1999 à 2004, le nombre de cas consulaires
est passé de 1 million à 1,42 millions!
Quatrièmement, nous avons constaté qu'il y a un besoin aigu de compétences reliées à
la nouvelle situation internationale, notamment en ce qui touche la connaissance de
langues complexes comme l'arabe et le mandarin. En comparaison, l'Australie dépense
trois fois plus que le Canada par agent diplomatique pour la formation linguistique et la
Nouvelle-Zélande près de neuf fois plus.
En conclusion
L'Énoncé de politique internationale du Canada nous donne les outils et l'orientation
stratégique dont nous avons besoin pour faire face à nos responsabilités et influencer
le cours des événements dans le monde.
J'ai eu la chance unique d'avoir eu la charge de trois des portefeuilles ministériels parmi
les quatre dont traite l'Énoncé de politique internationale du Canada. J'ai donc mis à
contribution mes expériences et les différentes perspectives propres à chaque
portefeuille.
Nous devons nous connaître nous-mêmes, avoir confiance en ce que nous sommes,
en ce que nous avons réalisé et en ce que nous avons à offrir. Et plus que jamais, cette
confiance doit être associée à une éthique de la conscience. Nous avons amorcé une
nouvelle ère, une ère de passions éthiques, de conscience globale. D’ores et déjà, les
jeunes et les femmes y sont très engagés. Nous avons pris nos responsabilités et nous
avons fait des choix difficiles.
Nos diplomates et nos troupes réagiront intelligemment, agiront rapidement, feront
preuve de plus d'agilité et de coordination et seront dotés des bons outils. Notre aide
internationale sera ciblée et efficace.
Nous avons plus que jamais un rôle essentiel à jouer auprès des États en déroute et
des États fragiles.
Mais nous n'avons pas la solution à tout. Nous en ferons davantage dans les domaines
où nous avons du succès, là où notre action peut faire une véritable différence.
Les Canadiens sont fiers de la société qu'ils ont bâtie ensemble. Nous avons prouvé
qu'en restant attachés à nos valeurs, il est possible de surmonter les différences qui
nous séparent. Nos valeurs font partie de ce qui définit notre personnalité à l'étranger,
et elles sont un modèle pour bon nombre de pays. Elles continueront d'inspirer nos
choix et d'orienter nos actions.
Nous avons traduit nos idéaux et nos aspirations en mots et en objectifs et nous
verrons à ce que nos actions soient à la hauteur de nos dires.
Je vous remercie.