Le 14 juin 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/26
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DEVANT LE COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
DE LA CHAMBRE DES COMMUNES
« HAÏTI : CAYENNE ET LA VOIE À SUIVRE »
Je tiens d’abord à remercier les membres du Comité de m'avoir invité pour discuter de
la situation en Haïti. Ce pays est une des priorités du gouvernement canadien. Le
Canada continue à jouer un rôle clé dans les efforts internationaux pour stabiliser et
reconstruire Haïti; il réitère son engagement à long terme envers ce pays chaque fois
qu’une tribune lui en offre l’occasion.
Afin d'encourager le gouvernement intérimaire d'Haïti dans ses efforts, l'Agence
canadienne de développement international y versera plus de 180 millions de dollars
répartis sur deux ans. Une partie importante de la contribution canadienne est
l'affectation de 100 policiers civils à la mission des Nations Unies en Haïti, y compris le
commissaire de police de cette mission.
Cayenne : les objectifs
La Conférence de Cayenne sur Haïti, organisée par la France en Guyane française, a
eu lieu le 18 mars 2005. Ses objectifs étaient doubles :
• dresser un bilan de la mise en œuvre du Cadre de coopération intérimaire, huit
mois après son adoption, et des promesses de financement faites à la
Conférence de Washington en juillet 2004;
• faire le point sur certains dossiers délicats et certaines politiques, tels que les
élections, le désarmement et les droits de la personne.
Cayenne : les participants
Lors cette conférence, cinq ministres des affaires étrangères étaient présents; j’étais
l’un d’eux. Les autres ministres provenaient de la France, du Chili, du Mexique et de
la République dominicaine. Des chefs de délégation de différents niveaux
représentaient les autres pays. Au total, douze pays étaient représentés, dont cinq en
provenance de l’Amérique latine. Cinq organisations internationales ont participé
également à la conférence.
Cayenne : les résultats
La Conférence de Cayenne a atteint d'importants résultats :
• Elle a recentré et renforcé l'intérêt envers Haïti, alors que d'autres urgences
mondiales comme le tsunami en Asie, le Darfour et l’Afghanistan monopolisaient
l’attention et une forte part de l'aide internationale.
• La Conférence a également permis d’examiner certaines « politiques » de nature
délicate, en permettant des discussions franches sur des questions comme la
faisabilité et le budget des élections, le programme de désarmement ainsi que
les droits de la personne, notamment le cas de l'emprisonnement prolongé de
l'ancien premier ministre Neptune.
• Et surtout, la Conférence a permis de renouveler l'engagement des pays
participants envers le Cadre de coopération intérimaire et de reconnaître
l'importance de mettre en œuvre rapidement des projets ayant un impact visible
et concret afin de satisfaire les attentes des Haïtiens et des Haïtiennes.
Bien que la communauté internationale ait investi des efforts considérables pour venir
en aide à Haïti, elle ne pourra réaliser ses engagements sans être appuyée par le désir
du peuple de s'engager envers la réconciliation nationale. Cette réconciliation
demeurera difficile tant que la population ne verra ni progrès concret, ni amélioration
dans sa vie de tous les jours.
En ce sens, je pense que le résultat le plus important de la Conférence de Cayenne a
été la création d'un inventaire détaillé de 380 projets en cours de réalisation ou de
planification en Haïti, afin d'inciter les pays donateurs à concrétiser plus rapidement
leurs activités et leurs promesses de dons. Cet indicateur a démontré que le Canada a
su répondre à la crise entourant le Cadre de coopération intérimaire et est en avance
sur ses promesses, avec près de 100 millions de dollars décaissés en 2004-2005, par
rapport aux 90 millions prévus.
La situation actuelle
Aujourd'hui, la situation demeure précaire en Haïti, tout particulièrement à
Port-au-Prince. Cependant, malgré le climat qui règne dans la capitale, des progrès
tangibles ont été accomplis dans le pays grâce à la Mission des Nations Unies pour la
stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Même si les préparatifs des élections accusent près de deux mois de retard sur
l'échéancier initial, nous croyons que des élections pourront toujours se tenir comme
prévu à l'automne.
Permettez-moi de soulever un autre élément, celui-ci lié au versement des fonds par
les pays donateurs. La lenteur de la communauté internationale à honorer les
engagements pris à Washington il y a un an envers l’avenir d’Haïti menace le
processus démocratique, un processus crucial. Les lourdeurs administratives sont
injustifiées; ces gens ne peuvent attendre. Je peux assurer mes collègues
parlementaires que je vais continuer à faire pression sur mes collègues ministres afin
qu’il s’engagent personnellement à faire en sorte que les procédures administratives
soient accélérées de manière à ce que les fonds soient versés à Haïti le plus
rapidement possible.
La Conférence de Montréal
C'est dans ce contexte que, dans deux jours, soit les 16 et 17 juin, le Canada tiendra la
Conférence internationale de Montréal sur Haïti, afin de mettre en évidence les
réalisations accomplies ainsi que les difficultés qui se présentent un an après la
création de la MINUSTAH, et onze mois après les annonces de contributions
financières faites par les donateurs, à Washington, à l'appui du Cadre de coopération
intérimaire.
Cette conférence, dont je donnerai le coup d'envoi, offrira aussi aux hauts
responsables qui y participeront l'occasion d'examiner la mise en oeuvre de la
prochaine résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et d'étudier les mesures à
prendre afin d'accroître la sécurité et la justice; de discuter du processus électoral, y
compris de l'observation des élections; et de se consulter sur la mise en application
opportune du Cadre de coopération intérimaire.
Par cette conférence, le Canada illustre une nouvelle fois sa résolution à continuer de
jouer un rôle de premier plan dans la reconstruction d'Haïti.
Conclusion
Aujourd'hui, Haïti se trouve à nouveau à la croisée des chemins. L'occasion s'offre d'un
nouveau départ, d'une reconstruction fondée sur la primauté du droit, la démocratie, la
sécurité et l'accès à des conditions de vies décentes pour tous les Haïtiens et
Haïtiennes. Le Canada entend être aux côtés du peuple haïtien pour l’aider à relever ce
nouveau défi sous la conduite du gouvernement de transition et ensuite, du
gouvernement élu résultant des élections prochaines.
La communauté internationale a l'obligation de mettre un terme au cycle de crises qui
secoue Haïti tous les 15 ans. Le Canada est conscient qu'il s'agit là d'une entreprise
formidable, qui n'ira pas sans occasionner des coûts; mais il est impératif que cette
fois-ci, les efforts de la communauté internationale portent fruit. Le Canada veut
contribuer à l'édification en Haïti d'une société stable, démocratique et, à terme,
prospère. Afin d'atteindre cet objectif, nous sommes parfaitement disposés à
poursuivre la collaboration avec l'ONU.
Il me fera plaisir de vous tenir informés des développements dans ce dossier au cours
des prochains mois.
Je vous remercie.