Le 16 juin 2005
MONTRÉAL (Québec)
2005/27
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L'OCCASION DE LA
CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE MONTRÉAL SUR HAÏTI
Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à Montréal à l'occasion de cette Conférence sur Haïti. C'est la
deuxième fois que nous organisons une conférence internationale sur Haïti en moins de six mois. En
décembre dernier, le Canada réunissait ici la diaspora haïtienne. Une diaspora préoccupée par la situation en
Haïti, mais surtout déterminée à agir.
Six mois plus tard, la volonté du Canada n'a pas faibli et notre objectif demeure le même : encourager la plus
grande coordination possible entre les acteurs clés participant au processus de reconstruction en Haïti afin
d'assurer une action efficace et des résultats concrets. Par cette conférence, le Canada illustre une fois de plus
sa résolution à continuer de jouer un rôle de premier plan dans la reconstruction d'Haïti.
Un an a passé depuis la création de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti [MINUSTAH] et
onze mois se sont écoulés depuis les annonces de contributions financières faites à Washington par les
bailleurs de fonds en appui au Cadre de coopération intérimaire. Où en sommes-nous? Avons-nous progressé
depuis la Conférence de Cayenne de mars dernier? Quels sont les principaux problèmes auxquels nous
faisons face, et comment chacun d'entre nous peut-il contribuer à leur résolution? Ce sont les questions
auxquelles vous serez amenés à répondre demain.
En matière de sécurité, beaucoup reste encore à faire malgré les efforts soutenus de la MINUSTAH et de la
Police Nationale d'Haïti. La récente vague d'enlèvements à Port-au-Prince est particulièrement préoccupante.
Ce climat de violence doit changer en prévision des élections de l'automne. La transition vers le calme passera
par le désarmement et par la promotion d'une culture de paix et de réconciliation. En ce sens, je me réjouis de
la signature par les partis politiques d'un code de conduite électorale, qui laisse entrevoir un espoir dans
l'établissement de l'ordre démocratique en Haïti.
Port-au-Prince, où a lieu la plus grande partie des actes de violence, doit être sécurisée. Nous devons étudier
avec le plus grand sérieux la possibilité d'augmenter les contingents de militaires et de policiers. Je salue
d'ailleurs la participation à cette conférence de M. Juan Gabriel Valdès, représentant spécial du Secrétaire
général des Nations Unies en Haïti et chef de la MINUSTAH, et de Mme Gessie Cameau Coicou, porte-parole
de la Police Nationale d'Haïti, qui nous offriront leur expertise sur cet enjeu primordial.
Le maintien de la sécurité, en plus de comporter des avantages pour la population haïtienne, est nécessaire à
la tenue d'élections libres, transparentes et démocratiques cet automne. Ces élections mèneront, au plus tard
en février 2006, à l'entrée en fonction d'un nouveau président et d'un nouveau gouvernement en Haïti.
Le Comité électoral provisoire, la MINUSTAH et l'Organisation des États américains auront un rôle important à
jouer tout au long du processus électoral. Leurs efforts ainsi que ceux de la communauté internationale doivent
être coordonnés et leurs objectifs priorisés, car le manque d'efficacité a un prix qu'aucun d'entre nous n'est
désireux de payer, et surtout pas la population haïtienne.
Les élections de l'automne devront être libres, démocratiques, transparentes, et permettre la participation de
tous les partis. Eleksyon san magouy é tout tandans politic ladan! [Élections sans magouille et toutes
tendances politiques là-dedans!]
Plus tôt aujourd'hui, des représentants de plusieurs pays ont participé à un forum technique au cours duquel
ont été discutées les lignes directrices d'une mission d'observation électorale en Haïti. La mission sera
présidée par Élections Canada et recevra une contribution canadienne de 3,5 millions de dollars. Le Brésil, le
Chili, la République dominicaine, le Panama, les États-Unis, la Jamaïque et le Canada participeront à la
mission.
Nous devons accroître nos efforts pour répondre aux besoins de base de la population haïtienne : remettre en
place les infrastructures, renforcer les institutions démocratiques et administratives du pays, assurer un accès
aux services de base et reconstruire l'économie haïtienne. Pour les Haïtiens, cela se traduit en mots simples,
comme « emplois », « électricité », « écoles », « eau potable », « terrains de jeu », sans jamais négliger la
dignité, essentielle à un véritable projet de société.
En juillet 2004, les bailleurs de fonds réunis à Washington se sont engagés à contribuer 1,3 milliard de dollars
américains à la mise en œuvre du Cadre de coopération intérimaire. Il nous faut déterminer combien a été
déboursé jusqu'à présent, identifier les segments du Cadre qui ont été mis en œuvre, et surtout, ceux qui ne
l'ont pas été.
Cette conférence nous offre à tous l'occasion de réaffirmer notre engagement envers Haïti et sa population,
non pas en mots, mais en gestes concrets. Saisissons cette opportunité pour démontrer à ceux qui aimeraient
prouver le contraire qu'Haïti n'est pas une cause perdue, mais un défi que le peuple haïtien, avec notre appui,
est en mesure de relever.
Je suis confiant que cet effort de coordination portera fruit et vous souhaite une conférence des plus
productives.
Je vous remercie.