Le 7 octobre 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/33
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L’OCCASION DU SÉMINAIRE CANADA–PAYS-BAS
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
C'est pour moi un grand plaisir que de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui. Le
Canada et les Pays-Bas sont liés par une riche histoire commune et ils ont relevé
ensemble un grand nombre de défis. Aujourd'hui, nos deux pays, au même titre que la
communauté des pays, doivent tout mettre en œuvre pour remédier aux problèmes
suscités par les changements climatiques — en d’autres mots, pour assurer la
préservation de notre environnement naturel et le maintien de la prospérité.
Bien sûr, l'action internationale doit s’appuyer sur les efforts nationaux. Aucun pays ne
pourra contribuer à la préservation de notre patrimoine commun s'il n'est pas prêt à agir
au sein de son propre territoire. Or, le Canada et les Pays-Bas ont tous deux pris des
mesures importantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Comme vous le savez, le Canada poursuit vigoureusement ses efforts en vue de
trouver des moyens efficaces pour pallier aux effets des changements climatiques.
Cette rencontre de deux jours a donné aux représentants des Pays-Bas et du Canada
l’occasion de procéder à un échange de vues sur les pratiques les plus fructueuses, sur
les politiques innovatrices, sur les grandes réussites et, cela va de soi, sur les difficultés
à surmonter. Cet échange se traduira par une collaboration plus étroite entre nos deux
pays dans la recherche de solutions à ce problème qui touche toute la planète.
Le Canada est fermement résolu à s'attaquer aux difficultés posées par le changement
climatique. Le chemin parcouru depuis la rédaction du Protocole de Kyoto en 1997 et
sa ratification par le Canada en décembre 2002 a souvent été semé d'embûches, mais
notre détermination à remplir nos obligations dans ce domaine n'a jamais fléchi.
Lors de l’allocution qu’il a prononcée récemment devant l'Assemblée générale des
Nations Unies, le premier ministre Martin a réaffirmé clairement cette détermination :
« Le changement climatique est bien réel, et tous les pays doivent le reconnaître;
l'activité humaine en est une cause déterminante, et tous les pays doivent intervenir. »
C'est précisément ce que fait le Canada.
Nous avons mis en place un plan d'action national détaillé pour mieux nous acquitter
des engageents pris en vertu du Protocole de Kyoto. Par ailleurs, le Canada accueillera
sera l'hôte la première Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
depuis l'entrée en vigueur du protocole. Cette rencontre nous donnera l'occasion de
régler les questions laissées en suspens depuis la mise en œuvre du protocole, et de
jeter les bases d'une stratégie efficace et équitable pour l'avenir, c'est-à-dire pour
l’après-Kyoto.
Nous n'avons certes pas de temps à perdre, mais nous nous montrerons à la hauteur
de la tâche.
L'efficacité de nos efforts en vue de réduire les émissions dépendra, dans une large
mesure, de celle du régime international. C'est précisément pourquoi le Canada a offert
d’organiser à Montréal la Conférence des Nations Unies sur les changements
climatiques qui aura lieu en novembre.
Depuis un an, le premier ministre Martin a donné une impulsion sans précédent à la
concrétisation de la politique environnementale du Canada. Au nombre de ses priorités,
énoncées dans le discours du Trône, il convient de mentionner 13 engagements
concernant l'assainissement de l'air et de l'eau, l'énergie, le changement climatique et
la préservation de notre patrimoine naturel.
En avril, le gouvernement du Canada a rendu public un plan d'action détaillé, destiné à
nous permettre de respecter les engagements pris en vertu du Protocole de Kyoto. Je
souligne en passant que ce plan d'action a reçu un accueil très favorable de la part d'un
grand nombre de pays européens.
Pour être plus précis, je mentionnerai qu’au cours de l'été, période durant laquelle les
gouvernements ont habituellement tendance à fonctionner au ralenti, nous avons
élaboré un avant-projet de règlements visant les principaux émetteurs canadiens de
gaz à effet de serre. Ces règlements devraient être finalisés d’ici la fin de l’année.
En août, nous avons proposé une série de règles applicables à un régime de crédits
compensatoires. En vertu de ce régime, on accordera des crédits aux grandes et
petites entreprises, aux sociétés de haute technologie, aux municipalités, aux
agriculteurs, aux exploitants forestiers et aux particuliers qui contribuent à réduire les
émissions de gaz à effet de serre. En outre, ce régime établira un marché qui permettra
à ces personnes et à ces entités de vendre leurs crédits, ce qui constitue un bon
moyen de réduire ces émissions au maximum et au coût le plus bas. Des consultations
consacrées à ces règlements se déroulent cet automne à travers le pays.
Par ailleurs, nous ne ménageons aucun effort pour que le Fonds d'action pour le
changement climatique, l'un des pivots du Plan du Canada sur les changements
climatiques, soit pleinement opérationnel d'ici l’an prochain. Le Fonds, dont le
fonctionnement s’apparentera à celui d'une banque d'affaires, achètera les crédits liés
aux réductions d’émissions de gaz à effet de serre réalisées dans le cadre de projets
innovateurs.
Le 3 septembre 2005, le Canada a proposé d'ajouter les six principaux gaz à effet de
serre à l'annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, de façon à
pouvoir réglementer leur utilisation puisqu'ils seront ainsi considérés comme des
substances toxiques à usage contrôlé. C'est là une étape importante et nécessaire
dans l'élaboration d'une réglementation applicable aux sources ponctuelles les plus
importantes.
Le Plan du Canada sur les changements climatiques est conçu de façon à stimuler
l'innovation et le progrès technologique. Cela est essentiel pour apporter les
changements durables qui permettront d'assurer la viabilité et la compétitivité de
l'économie canadienne au XXIe siècle.
Le plan vise en outre à aider le secteur privé à préserver sa vigueur économique tout
en contribuant à résoudre le problème. Le dynamisme des entreprises est essentiel, en
effet, non seulement pour s'attaquer efficacement aux effets des changements
climatiques mais aussi pour assurer la compétitivité du Canada sur le marché mondial.
Il va sans dire que la participation à ces efforts de la société civile et des ONG
[organisations non gouvernementales] canadiennes joue également un rôle crucial
dans la concrétisation du Plan sur les changements climatiques. Le gouvernement est
bien conscient de la nécessité de collaborer avec les ONG et avec l’industrie, aussi
bien au Canada que dans l’arène internationale. Il peut certes arriver que des
divergences, parfois profondes, nous opposent, mais nous devrons trouver un terrain
d'entente si nous voulons avancer. Il ne s’agit pas ici de renoncer aux principes qui
soutiennent l’action de chacun, mais plutôt de prendre conscience des besoins des
autres et de voir comment la collaboration peut s’instaurer.
Je suis convaincu que la stratégie énoncée dans le Plan du Canada sur les
changements climatiques, qui est axée à la fois sur les forces du marché et sur la
responsabilité sociale des entreprises, donnera des résultats fructueux. Au cours des
mois et des années à venir, le Canada poursuivra avec diligence la réalisation de son
programme d'action national et veillera au respect intégral des engagements pris en
vertu du Protocole de Kyoto.
Au cours de la dernière année, nous avons assisté à une intensification remarquable
de la lutte contre les effets du changement climatique à travers le monde. Au Sommet
du G8 de Gleneagles, par exemple, les grandes puissances économiques ont reconnu
que le changement climatique est une réalité qu’on ne peut éluder et avec laquelle il
faut composer. Dernièrement, au Groenland, et ici même à Ottawa, les ministres se
sont réunis pour discuter de la suite à donner à ces efforts, aussi bien à Montréal
qu'au-delà de la conférence.
Ces efforts, et tous les autres que déploie la communauté internationale, témoignent
d’une prise de conscience plus vive de l'urgence d’agir face au changement climatique,
mais il reste indéniablement de nombreux obstacles à surmonter.
Le Canada a rendu public dernièrement son Énoncé de politique internationale, dans
lequel il attire l’attention sur la nécessité de promouvoir le développement durable à
travers le monde. L'Énoncé souligne l'importance cruciale de mener une action efficace
face au changement climatique, de même que la volonté du Canada de jouer à cet
égard un rôle de premier plan dans l’arène internationale.
Il faut aussi rappeler que les enjeux du changement climatique ne se limitent pas à la
protection des ressources. Ce phénomène trouve ses causes profondes dans l'activité
économique et politique de tous les pays du monde. Plus précisément, s'attaquer aux
effets des changements climatiques implique également de répondre aux
préoccupations liées au développement, à la santé, à l’évolution démographique et,
bien sûr, à la sécurité énergétique.
Tous les pays sont conscients de la nécessité d’assurer la viabilité et la sécurité de leur
économie en adoptant des technologies et des sources d'énergie plus efficaces et
moins polluantes. Cela est d'autant plus important que la demande énergétique
mondiale augmente à des taux exponentiels alors même que nous devons tous faire
face à une augmentation des coûts de l'énergie, et sachant aussi qu’au cours du siècle
actuel, la production mondiale de pétrole en viendra à plafonner.
C'est pourquoi j'estime qu'il importe que la politique étrangère du Canada s’emploie à
promouvoir un nouveau multilatéralisme, fondé sur un grand nombre de
responsabilités, y compris celle qui incombe à tous de veiller au bien être des
générations futures. Nous ne pouvons plus nous permettre d'hypothéquer l'avenir de
l'humanité par le gaspillage actuel des ressources.
Il ne sera pas facile de fixer une orientation pour l'avenir. Chaque pays a des besoins
spécifiques, est confrontée à une situation qui lui est propre et privilégie une approche
plutôt qu'une autre pour s’attaquer au problème. Toutefois, la volonté commune de
combattre les effets du changement climatique permettra à la communauté des pays
d’harmoniser ces divers éléments à la conférence de Montréal et d’entamer un débat
fructueux dans le but d’accomplir des progrès concrets sur le long terme.
Même si le Canada a de grandes réalisations à son actif, cela ne veut pas dire pour
autant que la tenue à Montréal de la Conférence sur les changements climatiques nous
permettra de faire des progrès immédiatement, comme par magie. Nous savons très
bien que, pour avancer, nous devons tenir compte des points de vue de toutes les
parties intéressées. Ce n'est qu’à cette condition qu'il sera possible de réaliser des
progrès durables.
C’est précisément pour cette raison qu’au cours des sept derniers mois, le Canada a
engagé un dialogue avec la communauté internationale, à la faveur de plus de
140 réunions bilatérales, pour discuter des orientations possibles en vue d'une action
efficace contre les effets du changement climatique à long terme. Ces rencontres se
sont avérées extrêmement utiles car elles ont permis de connaître les attentes des
pays et, surtout, de savoir ce qu'ils étaient prêts à accepter.
Grâce aux enseignements tirés de ce dialogue, je crois que le Canada sera en mesure
de mettre au point à Montréal une déclaration tournée vers l'avenir qui s'articulera
autour de six grands objectifs :
• l'efficacité de la protection de l’environnement;
• l'élargissement de la participation aux efforts;
• la poursuite des objectifs de développement;
• le renforcement des mécanismes du marché;
• la réalisation du potentiel des technologies de pointe;
• la nécessité de prévoir des mesures d'adaptation.
Alors qu’approche rapidement la Conférence de Montréal, le Canada continuera de
s'employer activement, à titre d'hôte et de président de la rencontre, à recueillir l'appui
de tous à l'orientation de nos futurs efforts.
Au cours de ce colloque canado-néerlandais, nous avons été témoins de l'excellent
esprit de coopération qui règne entre nos deux pays. Au cours des sept derniers mois,
le Canada a constaté une volonté de coopération similaire au G8, au Groenland, le
mois dernier à Ottawa et dans de nombreuses enceintes internationales. J'espère
sincèrement qu’à l’instar des Pays-Bas, les signataires du Protocole de Kyoto aideront
le Canada à assurer le succès de la Conférence de Montréal et à faire en sorte que
tous les pays de la terre s'engageront dans la bonne voie au moment où nous
établirons un nouveau régime de gouvernance face aux effets du changement
climatique.
Pour terminer, il m’apparaît évident que le Canada et les Pays-Bas doivent continuer à
collaborer étroitement dans le dossier du changement climatique. Nos pays doivent
relever de nombreux défis communs et chacun a adopté une multitude de politiques
innovatrices dont l’autre peut s'inspirer.
Le renforcement du partenariat entre le Canada et les Pays-Bas dans le but de relever
les défis du changement climatique se traduira par une efficacité accrue de l'action
menée par chacun de nous. Nous pourrons ainsi nous acquitter de nos responsabilités
en tant que membres privilégiés de la communauté internationale et accomplir des
progrès vers la mise en place d'une économie mondiale qui soit véritablement viable.
Dans une perspective plus large, il est évident que des progrès importants ont été
réalisés depuis Rio et depuis Kyoto. Mais nous reconnaissons aussi qu’à l’heure où
nous nous apprêtons à mettre en place les derniers éléments du Protocole de Kyoto à
Montréal, la communauté internationale se trouve désormais face à un vaste territoire
inconnu. Nous sommes tous conscients des points forts et des carences du protocole,
mais nous savons aussi qu’il ne constitue qu'une première étape. Au-delà de l’horizon
établi par le protocole, la communauté des pays devra relever un défi sans précédent
en ce qui concerne la gouvernance environnementale.
Nous savons qu’il y aura des difficultés à surmonter et nous sommes surtout tout à fait
conscients des conséquences d'un échec. La complexité et la difficulté des discussions
qui ont présidé à la rédaction du Protocole de Kyoto paraîtront insignifiantes en
comparaison des obstacles qui se dessinent à l'horizon alors que nous élaborerons un
régime de lutte contre les effets des changements climatiques au-delà de 2012 qui ait
une portée véritablement mondiale et qui soit inclusif, équitable et efficace. C'est à
Montréal, en novembre, que nous devrons nous attaquer à ce défi.
Pour ma part, j'estime que tous sauront se montrer à la hauteur : aussi bien les
Pays-Bas et le Canada que tous les autres pays de la terre.
En guise de conclusion, je tiens à souligner que le Canada devra pouvoir compter sur
des partenaires internationaux solides et fiables face à ces défis, et nous nous
réjouissons d'avance à l'idée de vous revoir en novembre. Soyez les bienvenus à
Montréal! Soyez les bienvenus pour un nouveau commencement!
Je vous remercie.