Le 18 octobre 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/37
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L’OCCASION DU TROISIÈME SYMPOSIUM ANNUEL
DU COMITÉ CANADIEN SUR LES FEMMES,
LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Distingués membres du Comité canadien sur les femmes, la paix et la sécurité,
représentants de la société civile, collègues du Parlement, représentants étrangers et
fonctionnaires, c’est un privilège que d’être ici avec vous aujourd’hui.
Je voudrais d’abord féliciter le Comité pour le travail qu’il a accompli depuis le dernier
symposium. Je pense notamment ici au renforcement de son partenariat composé de
parlementaires, de membres de la société civile et de fonctionnaires, un partenariat
dont le but est de mieux faire connaître et de mettre en œuvre la résolution 1325 du
Conseil de sécurité de l’ONU qui porte sur les femmes, la paix et la sécurité.
Je tiens à profiter de l'occasion pour souhaiter la bienvenue dans notre équipe à
Mme Maria Minna, députée de Beaches-Woodbine. Elle a gracieusement accepté d'être
ma conseillère spéciale chargée de la question des femmes, de la paix et de la sécurité
et de m'aider à faire en sorte qu'on accorde à cette question toute l'attention qu'elle
mérite. Je suis sûr que nombre d'entre vous connaissez déjà très bien Maria pour le
travail qu'elle a accompli comme ministre responsable de l'ACDI ainsi que pour son vif
intérêt à l'égard de la politique sociale et des affaires internationales.
J'aimerais également adresser un merci tout spécial à la sénatrice Mobina Jaffer, qui,
depuis le tout début, s'est révélée une championne infatigable de la défense de cette
cause et des travaux du Comité canadien. Si je tenais tant à souligner son inestimable
apport, c'est qu'elle a grandement contribué à accroître l'intérêt et l'attention qu'on porte
à ce dossier.
Introduction
Le Troisième symposium annuel du Comité canadien sur les femmes, la paix et la
sécurité coïncide avec la célébration, partout dans le monde, et surtout aux Nations
Unies à New York, du cinquième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de
sécurité. Il est triste cependant de voir que, en même temps, les conflits armés se
poursuivent dans des endroits comme le Soudan, Haïti, la République démocratique du
Congo, l’Afghanistan, l’Iraq et la Colombie, avec chacun son lot de conséquences
particulières pour les femmes, les hommes, les filles et les garçons.
Il convient également que nous prenions un moment pour réfléchir aux catastrophes
majeures qui se sont produites depuis un an, et tout récemment au Pakistan et aux
États-Unis. Dans de telles situations, tout comme lors de conflits, les femmes ont un
rôle crucial à jouer dans les efforts de reconstruction. En outre, les militaires, qui sont
souvent les premiers à intervenir dans de telles circonstances, doivent être formés aux
besoins particuliers des femmes et des filles dans ces situations afin de leur apporter
une aide appropriée.
Les activités du Comité canadien sur les femmes, la paix et la sécurité
Comme beaucoup d’entre vous le savent, le Comité canadien sur les femmes, la paix
et la sécurité a été créé en 2001 par le gouvernement du Canada, en réponse à une
demande des ONG. Coalition nationale de parlementaires, de fonctionnaires et de
membres de la société civile, le Comité est une initiative canadienne unique qui a servi
de modèle à d’autres pays. Sous la gouverne de la sénatrice Mobina Jaffer, le Comité a
établi un dialogue avec les Canadiennes d’origine afghane et sri-lankaise concernant la
participation des femmes à la reconstruction après les conflits. Il s’est aussi engagé
dans les domaines de la promotion, du renforcement des capacités et de la formation
sur l’égalité des sexes pour aider le Canada à remplir ses engagements aux termes de
la résolution 1325.
Plus tard ce matin, vous allez discuter de la structure et des activités à venir du Comité.
Je suis impatient de prendre connaissance de vos recommandations et de voir le
Comité mener de nouvelles initiatives sous l’impulsion de l’honorable Maria Minna.
Comme je l'ai déjà mentionné, ce Comité est vraiment unique, et vous avez une chance
incroyable d'en faire un modèle pour l'ensemble de la communauté internationale. On
reproche souvent aux gouvernements leur manque d’initiative, mais, dans quelques
instants, j'aurai l'occasion de souligner l'excellent travail que le Canada a accompli
jusqu'à maintenant sur cette question, quoiqu'il nous soit toujours possible de faire
davantage. Je vous invite à vous faire preuve d’imagination dans vos discussions
d'aujourd'hui, d'y aller d'idées et de recommandations audacieuses sur les
améliorations que pourrions apporter à nos façons de faire. Je vous engage à
emprunter à la vigueur et au dynamisme de ce groupe unique que vous représentez
pour me donner des conseils à la fois ingénieux et réalistes sur ce nous devrions faire
pour aller de l'avant.
Les réalisations des dernières années
Affaires étrangères Canada s’est engagé à apporter une contribution particulière aux
efforts que déploie le Canada pour aider à construire un monde plus sûr. En fait, le
Canada a été un chef de file mondial dans l’élaboration du programme de la sécurité
humaine, qui cherche à transcender les notions classiques de la sécurité pour mettre
l’accent sur la protection de la personne. Quand nous évoquons la sécurité humaine, il
faut bien comprendre, par exemple, que nous parlons des besoins particuliers à cet
égard tant des femmes que des hommes, et tant des filles que des garçons. Nous
devons donc planifier nos politiques et nos interventions en conséquence.
Affaires étrangères Canada accorde une place prépondérante à la question des
femmes, de la paix et de la sécurité dans le Programme de la sécurité humaine, qui a
pour mandat d’aider les organisations canadiennes et internationales à mieux faire
connaître la résolution 1325 et à faciliter sa mise en œuvre. Le Programme de la
sécurité humaine incarne aussi la complémentarité entre les initiatives menées en
faveur des femmes, de la paix et de la sécurité, et la protection des civils, car les
projets dans ces deux domaines portent souvent sur les mêmes thèmes, par exemple
la série d’ateliers régionaux sur la protection des civils qui sont organisés depuis trois
ans sous les auspices du Programme et qui ont pour objectif de recommander des
mesures propres à chaque région.
Il y a eu d’importantes réalisations dans le dossier des femmes, de la paix et de la
sécurité :
• l’adoption de la résolution 1325
• l’adoption de résolutions connexes sur la protection des civils et des enfants en
situation de conflit armé, comme les résolutions 1296, 1265 et 1379
• la création de la Cour pénale internationale, qui a notamment pour mandat de
juger des crimes de genre.
Le Canada a toujours préconisé une politique de « tolérance zéro » en ce qui concerne
l’exploitation et les violences sexuelles de la part du personnel chargé du maintien de la
paix. Dans le contexte du Comité spécial sur le maintien de la paix, que le Canada
préside, nous avons prôné à haute voix la prise de mesures pour donner suite aux
recommandations faites par le prince Zeid dans son rapport sur cette même question. Il
est certes encourageant de voir que la communauté internationale reconnaît de plus en
plus l’incidence de la violence sexuelle et sexospécifique exercée contre les femmes en
situation de conflit armé, mais nous devons néanmoins veiller à ce que les États et les
autres acteurs contribuant au règlement d’un conflit comprennent et acceptent que les
femmes sont aussi des combattantes, des dirigeantes, des négociatrices et des
artisanes de la paix.
Les récentes activités internationales
Pour planifier l’avenir, il est parfois utile de faire le bilan des acquis. Je soulignerai donc
rapidement certaines des activités dont le ministère est particulièrement fier.
En 2004, le Canada, le Chili, le Royaume-Uni et le NGO Working Group on Women,
Peace and Security ont coparrainé la tenue de deux tables rondes avec les membres
du Conseil de sécurité de l’ONU pour les aider à intégrer la résolution 1325 aux
opérations de soutien à la paix et à la prévention des conflits.
Toujours dans l’optique de son attachement à la résolution 1325, le Canada a joué un
rôle majeur à la session de mars 2004 de la Commission des Nations Unies sur la
condition de la femme, où les États ont adopté les Conclusions convenues concernant
les femmes, la paix et la sécurité. La sénatrice Mobina Jaffer et le général Roméo
Dallaire faisaient partie de la délégation canadienne.
Le Canada a aussi contribué en 2004 au rapport du secrétaire général sur la mise en
œuvre de la résolution 1325 quatre ans après son adoption, rapport qui appelait
notamment les États à élaborer un plan national à cet égard. De plus, la sénatrice
Jaffer a fait une déclaration sur la violence contre les femmes au nom du Réseau de la
sécurité humaine lors du débat public du Conseil de sécurité l’an dernier sur les
femmes, la paix et la sécurité.
Au niveau mondial, le Canada a accordé un soutien financier au Représentant spécial
de l’Union africaine pour la protection des civils, un poste axé sur les besoins
spécifiques des femmes et des filles en situation de conflit.
À la Commission sur la condition de la femme plus tôt cette année, le Canada a
travaillé sans relâche avec d’autres pays de même optique pour amener la
communauté internationale à réaffirmer ses engagements à l’égard de la plate-forme
d’action de Beijing.
Comme vous le savez, le débat public du Conseil de sécurité portera cette année sur la
participation des femmes aux processus de paix. Nous entendons contribuer
activement à cette discussion. D’ailleurs, si la sénatrice Jaffer n’est pas des nôtres
aujourd’hui, c’est parce qu’elle est à Abuja, où elle cherche à faire inclure les femmes
dans le processus de paix au Soudan.
Les activités nationales
Sur le front national, le ministère des Affaires étrangères, en conformité avec son rôle
de principal promoteur de la résolution 1325 pour le Canada, travaille de près avec ses
partenaires clés, notamment les autres ministères fédéraux, le Parlement et les
membres de la société civile, afin de concevoir une approche canadienne unique et
cohérente concernant le thème des femmes, de la paix et de la sécurité. Par exemple,
il préside le Groupe de travail interministériel sur l'égalité des sexes et la consolidation
de la paix, qui agit comme tribune pour le partage de l’information sur la mise en œuvre
du programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité. Le Groupe sert aussi à
déterminer les domaines se prêtant à la coordination interministérielle, ainsi qu’à établir
les priorités. Il se réunira peu après le symposium pour discuter du processus qui
permettra au gouvernement du Canada de rédiger le Plan d’action national pour la
mise en œuvre de la résolution 1325. Les priorités que nous fixons au Comité canadien
sur les femmes, la paix et la sécurité peuvent contribuer à cette importante initiative.
Le succès exige que nous concevions des partenariats novateurs, comme le groupe
Amis des femmes, de la paix et de la sécurité, basé à New York, qui a été lancé et est
présidé par le Canada. Outre des organismes de l’ONU, des ONG et des pays de
même optique, le groupe comprend aussi des États membres jusque-là peu familiers
des questions concernant les femmes, la paix et la sécurité. Le groupe discute des
priorités pour la mise en œuvre de la résolution 1325, et continue de faire pression sur
divers pays pour qu’ils appliquent cette résolution.
L’Énoncé de politique internationale et la résolution 1325
Dans vos discussions d’hier, vous avez examiné les liens entre l’Énoncé de politique
internationale et la résolution 1325.
Pour relever les mille et un défis que posent les États en déroute et les États fragiles,
par exemple, nous devons :
• renforcer les mécanismes de prévention des conflits par des stratégies de
développement; nous devons soutenir les droits de la personne et la
démocratie — ce qui inclut la participation des femmes à tous les aspects des
processus de paix formels et informels
• user de la diplomatie pour prévenir les conflits — ce qui devrait permettre de tirer
parti des efforts des femmes en ce domaine aux niveaux local, régional et
international
• faciliter les initiatives en matière de sécurité humaine.
Affaires étrangères Canada, qui est chargé de la politique sur la sécurité internationale
et de la mise en œuvre de la résolution 1325, veillera à ce que l’approche du
gouvernement à l’égard des États en déroute et des États fragiles tienne compte des
genres.
Ce symposium et les discussions que nous menons ce mois-ci avec les ONG à
New York constituent une première étape dans un processus qui nous amènera à
examiner les liens entre la responsabilité de protéger et le programme relatif aux
femmes, à la paix et à la sécurité. J’ai hâte de voir comment évoluera la pensée sur ces
thèmes interreliés.
En outre, la stabilisation des sociétés après un conflit va de pair avec la création
d’institutions publiques capables de bien comprendre la notion d’égalité des sexes et
l’importance de la pleine participation des femmes à tous les niveaux décisionnels. Là
où les femmes ne contribuent pas à part égale aux organes décisionnels, ne participent
pas aux processus politiques, comme les élections, ou encore n’aident pas au
renforcement des institutions, nous ne pouvons honnêtement dire que nous avons aidé
à créer des institutions démocratiques efficaces et durables. Le ministère des Affaires
étrangères veillera à ce que le Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction,
qui vient d’être créé et a pour mandat la planification à long terme des premières
interventions lors d’une crise internationale, contribue à nos initiatives de mise en
œuvre de la résolution 1325.
Les activités futures du Canada
Avant de terminer, je voudrais mentionner deux activités à venir qui vous intéresseront.
Le ministère des Affaires étrangères procède actuellement à une évaluation de la
formation en matière d’égalité des sexes que le Canada donne aux militaires et aux
civils participant aux processus de paix. Cette évaluation comportera une analyse de la
documentation actuelle et des cours offerts par les différents centres de formation et
les Forces armées au Canada. Elle permettra de déterminer dans quelle mesure le
personnel militaire et civil canadien déployé dans le cadre d’opérations de soutien à la
paix utilise ces ressources. En faisant ressortir les points à améliorer et les domaines
où nous devrons assurer un suivi, cette évaluation guidera nos efforts à cet égard.
Le Ministère travaille aussi à une initiative d’intégration d'une perspective de genre, qui
l’aidera à amorcer la mise en œuvre de nos engagements aux termes du Programme
d'action du gouvernement pour l'égalité entre les sexes. Nous vous communiquerons
avec plaisir de plus amples informations à ce sujet au fur et à mesure que l’initiative
prendra forme.
Conclusion
En conclusion, je dirai que, pour réussir, notre politique étrangère exige davantage que
des bonnes intentions, des idées novatrices ou une excellente réputation. Elle doit être
ciblée. Le Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du
Conseil de sécurité offrira au ministère des Affaires étrangères, à celui de la Défense
nationale et à l’Agence canadienne de développement international une stratégie axée
sur les femmes, la paix et la sécurité, qui répondra à un urgent besoin et sera très bien
accueillie. Je suis impatient de prendre connaissance du document final du symposium,
et aimerais réitérer mon soutien à la mise en œuvre de la résolution 1325.
Enfin, je tiens à vous remercier tous de votre participation à ce symposium et de votre
contribution à la mise en route de ce très important processus. Comme je l'ai
mentionné précédemment, je compte sur vos conseils concernant les mesures à
prendre pour renforcer le leadership du Canada à l'égard de cette cause et pour mener
à bien ce dossier d'importance capitale.
Je vous remercie.