Le 7 février 2005
TEL-AVIV, Israël
2005/7
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE
ISRAËL-CANADA
C’est vraiment un plaisir pour moi d’être ici ce soir pour célébrer avec vous les
réalisations des membres de la Chambre de commerce et d’industrie Israël-Canada.
C’est également un hommage au succès des relations d’affaires entre nos deux pays,
des relations dont nous pouvons tous être très fiers.
Je voudrais aussi vous transmettre les salutations et les félicitations de mon collègue
au Cabinet, l’honorable Jim Peterson, ministre du Commerce international. Je suis fier
de dire que j’ai moi aussi été responsable du portefeuille du Commerce international.
Même si je n’ai pas eu l’occasion de visiter Israël pendant que j’occupais ces fonctions,
je suis absolument enchanté d’être ici, parmi vous, à titre de ministre des Affaires
étrangères.
Je suis également heureux d’être accompagné de trois de mes collègues
parlementaires pour qui j’ai beaucoup d’estime, Mmes Alexa McDonough et Francine
Lalonde ainsi que M. Bill Casey.
Un visiteur qui, comme moi, arrive en Israël pour la première fois se rend compte
immédiatement que c’est un endroit très spécial. Votre très belle nouvelle aérogare est
un autre exemple de l’énergie, du dynamisme et du succès des 56 dernières années.
Ces réalisations bien évidentes se passent de commentaires.
Le commerce et l’investissement Canada-Israël sont d’importants éléments de nos
relations bilatérales. Israël est l’un de nos marchés les plus grands et les plus
diversifiés de la région. C’est le troisième pays avec lequel le Canada a signé un
accord de libre-échange. Depuis la mise en œuvre de cet accord en 1997, nos
échanges bilatéraux ont plus que doublé, sans parler des millions de dollars du secteur
des services ni des milliards de dollars d’investissements réciproques. Notre commerce
bilatéral a dépassé le milliard de dollars en 2002 et, même si nos échanges ont
quelque peu diminué en 2003, nous nous attendons à dépasser encore une fois le
milliard de dollars en 2004.
Comme Israël, le Canada est une nation marchande. Nous considérons qu’il existe de
nombreux secteurs dans lesquels nos échanges et notre collaboration peuvent croître.
Les Canadiens ont une réputation d’excellence, d’innovation, de compétitivité et
d’équité. Vous constaterez vous-mêmes que nous sommes de bons partenaires quand
il s’agit d’explorer et de développer des occasions d’affaires.
Je suis très fier du travail que les entreprises canadiennes font en Israël. Il est très
agréable pour moi de voir un certain nombre de symboles commerciaux canadiens à
l’extérieur et à l’intérieur de vos bâtiments et de vos institutions. Air Canada est avec
nous ici ce soir : c’est un important avantage pour Israël et le Canada d’avoir des
liaisons aériennes directes. Ces liaisons contribuent énormément à rapprocher nos
deux pays sur le plan des affaires et du commerce, comme elles contribuent aux liens
entre parents et amis et au tourisme.
Il y a aussi d’autres symboles de la présence canadienne en Israël : Nortel Networks
dans le parc de l’aéroport; Bombardier, qui est l’un des commanditaires de cette
rencontre, le long de l’autoroute Ayalon, près du bureau des chemins de fers nationaux;
et Aecon, qui est l’un des principaux partenaires pour l’autoroute no 6. Bien sûr, toutes
ces sociétés sont honorées ici, ce soir, mais elles ne représentent qu’une petite fraction
de relations d’affaires qui remontent à loin et qui ne cessent de croître. Des entreprises
canadiennes de toutes les tailles sont actives en Israël dans un grand nombre de
secteurs.
Le Canada et Israël partagent de nombreuses valeurs, y compris les pratiques
d’affaires. Nous accordons tous deux une très grande importance à l’éducation de nos
jeunes et veillons à ce que nos industries suivent — ou devancent parfois — les
progrès de la technologie moderne. C’est particulièrement le cas dans nos secteurs de
la biotechnologie et des technologies de l’information. Nos deux pays sont également
profondément attachés aux principes de la libéralisation du commerce.
Toutefois, les statistiques commerciales ne disent pas tout. Il est essentiel pour des
marchés aussi avancés que ceux d’Israël et du Canada d’établir des partenariats en
recherche et développement pouvant mener à la commercialisation de produits. Les
deux pays profitent de tels arrangements puisque ces efforts nous aident mutuellement
à offrir nos produits sur les marchés de pays tiers, et notamment les grands marchés
émergents, que nous ciblons tous deux dans nos priorités et nos stratégies
commerciales.
Au cours des 10 dernières années, la Fondation pour la recherche et le développement
industriels Canada-Israël [FRDICI] a été la pierre angulaire de nos efforts de
coopération industrielle. Une récente évaluation de la Fondation a abouti à des
résultats très positifs : 35 projets de recherche et développement avec un taux de
succès de 70 p. 100 ont rapporté des redevances de 1 million de dollars. C’est un
plaisir pour moi de noter la présence parmi nous d’Henri Rothschild, président de la
FRDICI, et de présenter mes félicitations à la Fondation pour ses réalisations. Affaires
étrangères Canada considère que la FRDICI a contribué positivement aux relations
bilatérales entre le Canada et Israël et le gouvernement du Canada examine
actuellement différentes options pouvant permettre le maintien de cet arrangement.
Les priorités commerciales du Canada, en ce qui concerne Israël, comprennent le
développement de la gamme de produits bénéficiant de tarifs préférentiels dans le
cadre de notre accord de libre-échange, en insistant particulièrement sur les produits
agroalimentaires. Elles comprennent également la modification de l’accord pour le faire
correspondre au système international d’harmonisation des tarifs douaniers. De plus,
notre accord aérien bilatéral qui, comme je l’ai mentionné, constitue un important
moyen de relier nos deux pays, devrait être révisé pour que nos marchés soient bien
desservis.
Début mars, vous aurez la visite d’une délégation de l’Agence spatiale canadienne, que
dirigera l’astronaute Marc Garneau, pour favoriser la coopération entre nos industries et
nos organismes spatiaux. Marc Garneau sera accompagné de plusieurs représentants
d’importantes entreprises aérospatiales du Canada.
Mais, aussi dynamiques, intéressantes et prometteuses que soient nos relations
commerciales, je ne suis pas ici ce soir simplement pour parler de nos échanges. Ma
mission est plus vaste et me donnera l’occasion de passer en revue les questions et les
préoccupations communes qui nous ont rapprochés, comme amis et partenaires, au
cours des 56 dernières années.
Le Canada et Israël ont des relations à toute épreuve, qui ont de profondes racines et
se caractérisent par le respect et l’amitié, depuis la création de l’État d’Israël en 1948.
Au fond, nous avons beaucoup en commun : sociétés ouvertes et démocraties, nous
prenons très au sérieux nos engagements envers le bien-être de nos citoyens. Ces
engagements se reflètent dans nos systèmes sociaux, nos régimes de santé et notre
respect pour la primauté du droit.
Le 24 janvier, j’ai eu le grand honneur de représenter le Canada à la session
extraordinaire que l’Assemblée générale des Nations Unies a tenue à New York pour
commémorer le 60e anniversaire de la libération des camps d’extermination nazis. Le
Canada avait le privilège de compter parmi les membres de sa délégation quelques
survivants de la Shoah, dont M. David Azrieli, que vous honorez ce soir. Des
représentants de tous les coins de la terre ont pris un moment pour réfléchir sur ce
sombre chapitre de l’histoire du monde et sur les défis que nous devons encore
affronter pour renouveler notre engagement envers les principes et les nobles idéaux
qui ont présidé à la création des Nations Unies. J’ai été particulièrement touché par les
propos d’Elie Wiesel, qui symbolise notre conscience collective des droits de la
personne et de la dignité humaine.
Le message éternel de la Shoah est que nous avons tous une responsabilité, comme
individus, comme sociétés et comme gouvernements, de rester vigilants et de continuer
sans cesse à veiller pour que ces crimes odieux ne se reproduisent jamais. Ma visite
aujourd’hui à Yad Vachem — où j’ai déposé une couronne au nom du gouvernement
du Canada — m’a permis de réaffirmer notre engagement.
C’est une grande chance pour moi d’effectuer mon premier voyage dans la région à un
moment aussi favorable. Je crois que les perspectives de progrès — pour sortir du
conflit et revenir à l’engagement, à la négociation et à la paix — sont meilleures qu’elles
ne l’ont été depuis des années.
En exerçant d’une façon pacifique et enthousiaste leur privilège démocratique de voter,
les Palestiniens ont abordé une nouvelle ère avec l’élection, le 9 janvier, de
M. Mahmoud Abbas à la présidence. Le président Abbas a clairement fait état de son
engagement à prendre des mesures en matière de sécurité et de terreur, de réforme et
de gouvernance, et à rechercher la paix avec Israël dans le cadre de négociations
bilatérales destinées à mettre fin au conflit.
Malgré les événements positifs des quelques dernières semaines, je sais que la
prudence s’impose. Nous ne pouvons pas laisser de vagues espoirs masquer de dures
réalités. Une semaine ou deux ou même un mois ou deux de calme et d’absence
d’attentats terroristes ne constituent pas un processus de paix. Mais cela peut être un
début. Il n’y a pas de doute que les choses ont changé.
Les ministres à qui j’ai eu l’occasion de parler aujourd’hui se sont félicités de l’effort
authentique déployé par le président Abbas pour consolider les services de sécurité,
mettre un terme aux attentats terroristes et ramener le calme. Le premier ministre
[Ariel] Sharon a dit qu’une percée historique avec les Palestiniens est dans le domaine
du possible. De fait, tandis que nous sommes réunis ce soir, les derniers préparatifs
d’un sommet devant réunir les deux dirigeants demain sont en cours.
Pour le Canada, les paroles et les gestes du président Abbas montrent clairement qu’il
veut être un partenaire pour Israël et pour la communauté internationale en passant du
conflit à la paix. Mais cela nécessitera un engagement et une action concertés et
soutenus de toutes les parties pour maintenir l’élan et ne pas décevoir les peuples de la
région, qui ont trop souffert pendant trop longtemps.
Le Canada appuie le retrait israélien de Gaza et des colonies du nord de la Cisjordanie.
Nous croyons que c’est, de la part du premier ministre Sharon, une décision politique
courageuse, prise dans des circonstances politiques difficiles pour le pays. Si cette
décision est exécutée de façon à constituer un succès aussi bien pour les Israéliens
que pour les Palestiniens, elle marquera un tournant décisif dans le contexte politique,
qui ouvrira la voie à la reprise des négociations — à la Feuille de route pour la paix —
et à la réalisation de la vision de deux États : un État palestinien démocratique viable,
vivant aux côtés de l’État d’Israël dans la paix et la sécurité.
Le gouvernement du Canada est très conscient des difficultés qu’Israël doit affronter.
En novembre dernier, le premier ministre Martin a réaffirmé que le Canada ne fléchirait
jamais, au grand jamais, dans son appui pour Israël ou pour son droit de se défendre.
De même, nous croyons fortement à la nécessité de trouver une solution juste et
durable au conflit palestino-israélien et d’avancer d’un pas ferme vers l’objectif de la
création d’un État palestinien démocratique.
Le Canada est persuadé que rien de moins qu’une solution permanente du conflit ne
fera l’affaire. La violence et la terreur des dernières années nous ont donné
l’impression que ce but était hors de portée. Aujourd’hui, avec toute la prudence, la
circonspection et les préoccupations que nous devons avoir, à titre de gouvernements
et de dirigeants responsables, je dois dire que je crois encore une fois cet objectif
réalisable.
Nous savons que cela ne se fera pas tout seul. Il faudra une action sérieuse et
soutenue de toutes les parties pour créer des conditions propices à une paix véritable.
Du côté des Palestiniens — comme l’exige la Feuille de route pour la paix —, tous les
efforts concevables doivent être déployés pour mettre un terme à la terreur, c’est-à-dire
à l’infrastructure, aux mécanismes de soutien, aux incitations qui l’alimentent et
l’attisent, de même qu’aux actes eux-mêmes.
Du côté d’Israël, il faudrait accorder à la nouvelle direction palestinienne le soutien et la
flexibilité dont elle a besoin pour agir sur le terrain contre la terreur et pour la sécurité.
Nous sommes encouragés par ce que le gouvernement israélien a fait jusqu’ici pour
donner plus de mobilité aux Palestiniens, assouplir les conditions, quitter les villes
palestiniennes et céder aux services de sécurité palestiniens la responsabilité de la
sécurité. Israël doit également honorer l’engagement qu’elle a pris au sujet des
implantations illicites et du gel des colonies de peuplement.
Mais des efforts sérieux en faveur de la paix et de l’édification d’un État palestinien
nécessitent aussi le soutien d’autres intervenants de la région. Le gouvernement
égyptien fait preuve d’un leadership fort dans les efforts qu’il déploie pour aider les
Palestiniens à régler les questions de dialogue national et de sécurité et à travailler
avec Israël pour assumer de nouvelles responsabilités dans le contexte du retrait de
Gaza.
Les Jordaniens veulent jouer un rôle constructif. Je me suis entretenu hier avec le roi
Abdullah II et le ministre jordanien des Affaires étrangères [Hani] Mulki de ce que nous
pouvons faire ensemble pour profiter de ce créneau qui s’est ouvert dans la région.
C’est également le moment pour d’autres intervenants de la région, des pays comme la
Syrie et l’Iran, de montrer leur véritable engagement envers l’État palestinien. Eux aussi
devraient prendre des mesures qui appuieront les efforts du président Abbas au sujet
de la terreur, de la sécurité et du rétablissement de la paix pour son peuple et la région,
y compris l’État d’Israël.
De toute évidence, il y a aussi un rôle à jouer pour des partenaires de longue date
comme le Canada. Le premier ministre [Paul] Martin a clairement dit dans ses
nombreux entretiens avec les dirigeants de la région que le Canada souhaite être un
partenaire actif pour la paix. C’est l’une des raisons pour lesquelles je fais cette tournée
dans la région : je veux écouter directement les personnes en cause pour évaluer par
moi-même les défis et les perspectives, et surtout les domaines dans lesquels le
Canada peut se rendre utile.
Je ne fais que commencer ma tournée, mais je perçois déjà de l’espoir et des
aspirations, de même que des craintes et de l’inquiétude. Je perçois, par-dessus tout,
l’impression qu’il est urgent d’agir dans cette période de transition tellement importante.
Je crois qu’il y aura de nombreux domaines où l’aide et l’expertise canadiennes
pourront être utiles : gouvernance, primauté du droit, réforme de la sécurité et
développement économique.
Pour mieux orienter notre réflexion et veiller à ce que l’aide canadienne soit opportune
et efficace et réponde vraiment aux besoins des parties, j’envoie sur place une mission
d’experts qui est chargée de s’entretenir avec les Palestiniens, les Israéliens et d’autres
pour nous aider à déterminer ce que le Canada peut offrir et à trouver des moyens
pratiques et concrets de prêter notre concours.
Peut-être parce que j’ai déjà rempli les fonctions de ministre du Commerce
international, je vois un rôle capital pour le secteur privé comme partenaire et comme
moteur de croissance, de prospérité et de paix. Je crois que l’un des moyens pratiques
d’établir une paix permanente est de nouer des relations d’affaires. Je sais bien que
cela ne peut se faire que dans un climat de confiance, où les risques sont réduits et
atténués. Je note qu’Israël et certains de ses importants voisins ont conclu des accords
commerciaux trilatéraux (comme les Zones industrielles qualifiées avec la Jordanie, et
maintenant avec l’Égypte). Nous connaissons également les parcs industriels bilatéraux
palestiniens-israéliens.
Les relations d’affaires doivent être rentables et ne peuvent donc se fonder sur
l’altruisme. Avec le temps, les objectifs pratiques seront la production de richesses, la
création d’entreprises et d’emplois et la sécurité fondée sur l’interdépendance et la
compréhension. J’espère pouvoir revenir vous voir dans les semaines et les mois à
venir pour étudier plus avant certaines de ces idées et quelques-uns des débouchés
possibles.
Permettez-moi de dire, pour terminer, que c’est un honneur et un plaisir pour moi de
me joindre à vous pour célébrer ce partenariat israélo-canadien de l’excellence dans le
domaine des affaires. Je tiens à présenter mes félicitations les plus sincères aux
lauréats dont nous reconnaissons ce soir l’extraordinaire contribution à ce partenariat.
C’est également un privilège très particulier pour moi d’être ici en ce moment
d’opportunité et d’espoir. Comme le savent les bâtisseurs de l’État d’Israël, il faut une
grande cause et beaucoup d’engagement, de conviction et de passion pour transformer
les rêves en réalité. Le Canada est un partenaire pour tous ceux qui travaillent dans cet
esprit en vue d’un avenir partagé de prospérité et de paix.
Je vous remercie.