Le 7 février 2005
OTTAWA, Canada
2005/8
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JIM PETERSON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA CHAMBRE DES COMMUNES,
AU SUJET DU PROJET DE LOI C-31,
LOI CONSTITUANT LE MINISTÈRE DU COMMERCE INTERNATIONAL
ET APPORTANT DES MODIFICATIONS CONNEXES
À CERTAINES LOIS
Monsieur le Président, j'ai aujourd'hui le grand plaisir d'intervenir au sujet d'une mesure
législative qui officialise la création du ministère du Commerce international. Dans ce
dossier, je suis ravi d'avoir l'aide du secrétaire parlementaire chargé des marchés
nouveaux et émergents.
Le 12 décembre 2003, le gouverneur en conseil a pris un décret scindant le ministère
des Affaires étrangères et du Commerce international en deux entités distinctes.
La mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui officialise les changements
effectués en vertu de ce décret. Elle pose un jalon dans la création des deux ministères
qui fonctionnent indépendamment l'un de l'autre depuis l'annonce que le premier
ministre a faite il y a un an.
La raison d'être du nouveau ministère est simple, c'est le commerce international et la
création de richesses pour les Canadiens.
La politique internationale est une réalité extrêmement complexe et aux facettes
multiples qui associe des éléments aussi divers que les droits de la personne, le
développement, la diplomatie, la défense, la sécurité internationale et le commerce.
Dans ce nouveau siècle, le rôle actif du Canada sur la scène mondiale doit être fondé
sur des stratégies intégrées qui reconnaissent les liens entre ces divers éléments.
Cependant dans ce ministère, notre priorité est évidemment celle du commerce
international.
Le projet de loi C-31 prévoit la constitution d'un ministère du Commerce international
dirigé par un ministre qui assure, au Canada comme à l'étranger, la direction et la
gestion du ministère. Les attributions du ministre sont énoncées aux paragraphes 6 et 7
du projet de loi où il est notamment prévu que :
Dans le cadre de ses attributions, le ministre [...] conduit les négociations
internationales; [...] dirige et coordonne les relations du Canada à l'égard du
commerce et des investissements internationaux; [...] favorise le développement
du droit international et son application, en ce qui concerne le Canada, au
commerce et aux investissements internationaux; [...] Le ministre peut, avec
l'agrément du gouverneur en conseil, conclure avec les gouvernements et
administrations provinciaux des accords relatifs à l'application de programmes...
Derrière ces mots se cache une réalité : notre économie mondiale. C'est un monde en
évolution dans lequel les entreprises s'internationalisent à un rythme étourdissant, un
monde qui nous entraîne dans sa course. Les investissements commerciaux et tous les
autres aspects du commerce moderne nous ancrent solidement dans cette économie,
des partenariats en sciences et technologie aux accords d'octroi de licences, des petites
entreprises de design et d'innovation éloignées les unes des autres au plan
géographique jusqu'à la distribution mondiale de produits et services renommés
mondialement en passant par les milliers de petites et moyennes entreprises. Notre
prospérité en tant que nation est attribuable à notre réussite dans l'économie mondiale.
Cette prospérité nous permet de faire les choix qui façonnent notre identité en matière
de programmation sociale, de culture, de développement économique durable -- et
l'identité de la myriade d'intervenants qui contribuent à offrir au Canada la qualité de vie
qui fait l'envie du monde entier.
Une réussite soutenue dans le commerce international ne saurait être une question de
chance. Une telle réussite est vitale pour tous les Canadiens, et c'est pour cela que la
Chambre est saisie de ce projet de loi portant création d'un ministère du Commerce
international qui défendra notre compétitivité internationale dans le cadre de
négociations, de relations et d'expansion commerciales, dans le cadre
d'investissements, ainsi que dans le cadre d'un régime juridique équitable et transparent
et de programmes offerts avec nos partenaires du gouvernement fédéral, des
gouvernements provinciaux et territoriaux, du milieu des affaires et de tous les autres
intervenants.
Je rappelle aux députés que les exportations sont à la base d'un emploi sur quatre au
Canada, que les exportations de produits et services représentent 38 p. 100 de notre
PIB [produit intérieur brut], soit près d'un billion de dollars par année, et que notre
commerce bilatéral avec les États-Unis représente plus de 1,2 million de dollars la
minute. Les investissements étrangers au Canada dépassent 357,5 milliards de dollars
et, ce qui est peut-être plus important, les investissements directs des Canadiens à
l'étranger avoisinent les 400 milliards de dollars.
Il n'y a pas une seule entreprise au Canada qui ne dépende, directement ou
indirectement, des ventes à l'exportation ou des intrants importés, de la technologie
étrangère, des compétences de nos immigrants ou, en un mot, d'un aspect quelconque
du commerce international. Il n'y a pas un seul Canadien qui, d'une façon ou d'une
autre, ne participe à l'économie mondiale. Même dans nos relations commerciales avec
les États-Unis, nous les fournissons et, à leur tour, ils fournissent le monde.
C'est ainsi que l'avionique canadienne aboutit dans les airbus européens. Il en est de
même du fonctionnement de nos chaînes d'approvisionnement ici, au Canada. Bien que
de plus en plus d'entreprises tournent leur regard en direction de l'étranger, d'autres
vendent leurs services sur le marché interne, sans se rendre compte qu'elles contribuent
à la compétitivité internationale de leurs clients.
La prospérité du Canada dépend de notre commerce mondial et c'est pourquoi le
maintien de notre compétitivité sur les marchés internationaux est une priorité du
gouvernement. Dans le dernier discours du Trône, on mettait le Canada au défi de
pousser son rendement économique d'un cran en prenant l'engagement de l'excellence
et en adoptant une vision tournée vers les possibilités et les défis que le monde
présente.
Les échanges et les investissements internationaux constituent un des cinq éléments
clés qui étaient soulignés dans le discours. Même si Commerce international Canada
n'aura pas d'existence juridique tant que le projet de loi n'aura pas été adopté, je peux
assurer à la Chambre que nous existons bel et bien et que nous travaillons dur pour
aider les Canadiens à relever les défis de l'économie moderne. Nous avons des outils
pour tous les besoins d'affaires critiques, à commencer par la liste de contacts établie
par les gens sur le terrain et les renseignements commerciaux que nous pouvons fournir
aux 1 200 clients commerciaux canadiens inscrits auprès du Service du délégué
commercial virtuel.
Les outils ne sont utiles qu'en proportion des objectifs qu'ils permettent d'atteindre. Ceux
que nous offrons servent en particulier à s'assurer et à conserver un accès au marché
nord-américain et à faire en sorte que les entreprises canadiennes aient accès à des
possibilités d'affaires que l'on trouve de plus en plus chez les nouvelles puissances
économiques comme la Chine, l'Inde et le Brésil.
Nous voulons positionner le Canada avantageusement au palmarès des pays du monde
grâce à des initiatives innovatrices et au renforcement de la collaboration économique
avec des puissances économiques établies comme les États-Unis et le Japon.
Ce travail ne s'effectue pas uniquement à l'étranger. En fait, nous ne pouvons pas dire
vraiment où se situe réellement la frontière de notre économie. C'est pourquoi,
conformément à l'approche définie dans le discours du Trône, nous œuvrons pour faire
en sorte qu'aucun facteur interne qui concourt à l'innovation et à la compétitivité ne soit
négligé. Si nous ne réussissons pas au niveau national, nous ne pourrons pas réussir à
l'étranger.
Je veux rappeler à la Chambre certains des défis auxquels nous sommes confrontés et
certaines choses que nous avons faites.
Tout d'abord, grâce à notre partenariat permanent avec Affaires étrangères Canada --
et, en passant, j'apprécie la collaboration et la bonne volonté de mon collègue le ministre
des Affaires étrangères -- nous avons pu gérer une transition complexe et importante
tout en améliorant le niveau de service aux entreprises. Le ministère sert maintenant ses
clients à partir de 12 bureaux régionaux répartis au Canada et de ses bureaux
commerciaux établis dans plus de 140 villes du monde.
Nous renforçons nos partenariats avec les entreprises, les provinces, les territoires, les
municipalités et d'autres intervenants. Je rencontrerai personnellement mes vis-à-vis
provinciaux et territoriaux à Winnipeg dans dix jours pour des consultations et un
échange de vues sur les défis et les possibilités du commerce international. Cela fait
partie de notre dialogue permanent avec tous les intervenants canadiens.
J'ajouterai que les députés ont été et, je l'espère, continueront d'être pour moi des
sources indépendantes d'avis et de conseils dans la poursuite des objectifs stratégiques
du Canada en matière de commerce international.
Je suis reconnaissant au sous-comité, présidé par le député de Scarborough-Centre,
d'entreprendre des audiences pancanadiennes sur ces questions.
Les États-Unis sont notre principal partenaire économique, et nos relations avec le
Mexique gagnent rapidement en ampleur et en maturité.
En décembre dernier, le premier ministre et le président Bush ont reconnu la nécessité
de briser le cercle vicieux du protectionnisme qui a nui à l'efficacité des mécanismes de
règlement des différends de l'ALENA dans des dossiers comme celui du bois d'oeuvre.
Mais le poids politique des intérêts protectionnistes ne disparaîtra pas comme par
magie : nous devons cultiver nos rapports avec nos alliés, afin de leur montrer comment
deux économies qui sont étroitement liées et qui, ensemble, font face à une concurrence
de plus en plus farouche à l'échelle mondiale ne peuvent laisser de telles aberrations se
produire.
Par conséquent, nous avons poursuivi nos représentations dans les régions des
États-Unis visées par l'IRA [Initiative de représentation accrue], initiative qui nous a
permis d'ouvrir sept nouveaux consulats et d'en promouvoir deux autres au rang de
consulat général. Cette stratégie nous permet de renforcer notre capacité à défendre les
intérêts du Canada, non seulement dans les différends dont j'ai parlé, mais aussi en ce
qui concerne des sujets variés et importants comme l'énergie ou l'accessibilité des
marchés pour nos produits agricoles comme le blé, le boeuf ou le porc.
Cette initiative nous permettra de tisser des liens plus étroits avec les façonneurs
d'opinions et les décideurs de partout aux États-Unis et je compte m'appuyer sur cette
base solide pour diriger personnellement des journées de sensibilisation dans des
centres clés des États-Unis. J'espère que les parlementaires de toutes les allégeances
participeront activement à ce projet.
Dans une perspective d'avenir, le premier ministre et le président ont annoncé un
nouveau partenariat visant la prospérité et la sécurité. Son volet commercial vise à
multiplier les possibilités qui s'offrent à nous en rendant nos entreprises plus
concurrentielles sur les marchés internationaux. Cela renforce les décisions que mes
homologues de l'ALENA et moi-même avons prises relativement au programme de
travail de l'ALENA.
Le lancement du partenariat Canada-Mexique a aussi été couronné de succès au cours
de la dernière année. Ce partenariat offre des possibilités à de petites et moyennes
entreprises, il améliore les échanges commerciaux et le mouvement des
investissements, il encourage l'établissement de liens entre les groupes à vocation
culturelle et les groupes de chercheurs et d'universitaires, et il permet d'améliorer la
compétitivité de nos économies respectives à l'échelle mondiale, le tout s'inscrivant dans
le contexte nord-américain.
En planifiant pour le futur, nous ne pouvons pas perdre de vue les enjeux importants
d'aujourd'hui. Nous avons défendu les intérêts du Canada dans le domaine du bois
d'oeuvre en intentant des actions dans le cadre de l'ALENA et de l'OMC [Organisation
mondiale du commerce] et en agissant en étroite collaboration avec les provinces et
l'industrie. Nous avons obtenu quelques succès. Nous demeurons résolus, tout en
faisant preuve de souplesse dans notre détermination de trouver une solution
permanente et équitable à ce problème.
De même, nous aurons recours aux outils à notre disposition pour défendre les intérêts
de nos producteurs de blé, entre autres, qui sont confrontés au protectionnisme
américain.
Les Canadiens ont d'importants intérêts dans de nombreuses régions du monde, de
l'Autriche au Chili, de la Russie au Golfe persique. Je parlerai cependant de l'Union
européenne et du Japon, qui sont d'importants partenaires du Canada dans les
domaines du commerce, de l'investissement, des sciences et de la technologie. Comme
les États-Unis, ces pays sont également les forces vives des réseaux à valeur ajoutée
qui caractérisent de plus en plus la production mondiale.
En mars dernier, nous avons accepté la mise en place d'un cadre d'accord
Canada-Union européenne sur l'amélioration du commerce et de l'investissement. Cet
accord, qui permettrait de consolider et d'étendre le partenariat économique,
constituerait un complément de la politique de l'OMC visant à faciliter l'accès aux
marchés. Le Canada et l'Union européenne négocient actuellement des mandats.
Le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France ainsi que d'autres États européens comptent
parmi nos partenaires commerciaux les plus importants et constituent des cibles
majeures en matière d'investissement. C'est une relation qui mérite d'être renforcée.
Toutes aussi importantes sont les discussions bilatérales engagées avec le Japon en
vue de structurer un nouveau cadre d'amélioration de nos relations économiques avec
ce pays.
Je suis également en train d'élaborer une nouvelle approche dynamique en vue de
positionner les entreprises canadiennes sur les marchés émergents, notamment la
Chine, l'Inde et le Brésil, et chez certains de leurs partenaires stratégiques, comme la
Corée. Nous avons récemment tenu des consultations et organisé récemment des
tables rondes auxquelles participaient des entreprises, des universitaires et des sociétés
civiles, en vue de façonner cette stratégie et pour évaluer les priorités. Le dialogue se
poursuit.
Nous prenons déjà des mesures pour élargir nos options. Le premier ministre a annoncé
l'ouverture des pourparlers exploratoires en vue de la conclusion éventuelle d'un accord
de libre-échange avec la Corée. J'ai déjà dépêché une équipe pour engager ces
discussions.
L'année dernière, nous avons repris le dialogue avec la Chine et l'Inde concernant les
négociations sur la protection des investissements. En novembre dernier, j'ai dirigé une
mission commerciale au Brésil. Je viens de retourner en Chine, où j'ai accompagné le
premier ministre, et j'envisage d'entreprendre une mission commerciale en Inde au début
du printemps. L'honorable Gar Knutson, à l'époque ministre d'État responsable des
marchés nouveaux et émergents, a conduit une mission commerciale en Amérique
centrale.
En outre le secrétaire parlementaire responsable des marchés nouveaux et émergents a
récemment entrepris une mission commerciale en Syrie, dans les Émirats arabes unis,
au Qatar, au Yémen et en Égypte.
Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur le programme de développement de
l'Organisation mondiale du commerce établi à Doha, sur d'autres éléments de notre
politique de commerce et d'investissement dynamique, sans oublier la façon dont mon
ministère est organisé pour chercher et mettre en œuvre de nouvelles solutions au profit
de divers groupes clients comme les petites et moyennes entreprises, sur divers
moteurs de la concurrence, notamment la science, la technologie et l'investissement, et
divers obstacles à contourner sur la route du succès auprès de partenaires
économiques établis et émergents.
Nous aurons d'autres occasions de discuter de stratégie générale ou de questions
précises comme la mise à jour commerciale annuelle. Pour l'instant, je suis impatient de
m'unir à tous les députés pour promouvoir la prospérité du Canada par l'amélioration
des échanges commerciaux et de l'investissement. Je demande humblement aux
députés d'appuyer le projet de loi C-31, afin de permettre la poursuite de cet important
travail que nous avons entrepris.
Je vous remercie.